lundi 18 février 2013

Ne pas trop parler des dysfonctionnement de la DPJ afin de garder la foi dans le système

Lise Ravary dans un article récent aborde le problème des dysfonctionnements de la DPJ (« protection de la jeunesse ») :

Comme bien des gens ce matin, j’ai été révoltée par l’affaire Malenfant, ce monstre qui a maltraité des petits garçons placés chez lui par la DPJ, et ce, pendant des années.

Depuis le documentaire de Paul Arcand, Les voleurs d’enfance, sorti en 2005, les choses ont-elles évolué au sein de la DPJ ? Qui sait. À l’époque, le directeur de la DPJ au Saguenay avait dit, grosso modo, qu’il valait mieux ne pas trop parler de ces choses-là car les gens pourraient perdre confiance dans le système et faire moins de signalements. Il invitait les gens à ‘faire confiance au système’, rapportait Le Devoir.

Voleurs d'enfants (1 sur 4)
Les sévices sexuels en famille


Pendant ce temps, la DPJ fait confiance à des types comme Malenfant qui a dėclaré ce matin que c’était lui la vraie victime…

Difficile d’accorder une confiance aveugle à un organisme aussi fermé, aussi hermétique que la DPJ. Qui bénéficie de l’immunité et ne peut être poursuivie !

Aucune enquête sur la DPJ

Faites une recherche sur Google avec les mots ‘enquête sur la DPJ’. En fait, ne perdez pas votre temps, je l’ai fait. Ça ne donne rien. Y’en a pas d’enquêtes sur la DPJ. La Direction de la protection de la jeunesse du Québec, c’est un État dans l’État. Un État quasi-stalinien, bureaucratique, idéologique, dans un État mou. Enveloppé dans une culture de l’impunité. Vous en connaissez des employés de la DPJ qui ont été inculpés au criminel pour malversations ? Pas moi.

Le Québec n’est pas fou de ses enfants, le Québec se fout de ses enfants.

C’est comme si le fait d’avoir le mandat de protéger les enfants accordait à la DPJ une aura de sainteté qui la mettait à l’abri de toutes questions sur la place publique. Des enfants qui meurent (Lauréalie, Anaïs et Loic à Drummondville, Rébecca Lévesque dans un centre jeunesse), des appels à l’aide non entendus (les filles Shafia, les enfants confiés à Langis Malenfant, un bourreau qui porte bien son nom), des décisions insensées pour le commun des mortels mais pas pour les lologues instruits de la DPJ (imposer à une fillette de vivre une semaine sur deux avec son agresseur sexuel, forcer une autre fillette à voir son père qui l’a violée une fin de semaine sur deux). La liste est longue et probablement encore plus longue qu’on ne le croit car une enquête journalistique sur la DPJ, c’est à toutes fins pratiques impossible. À moins de l’infiltrer.

L’omerta est cimentée par la loi sur la confidentialité. Nécessaire pour protéger les mineurs dit-on. Je comprends cette notion, plus que valable, mais il faudrait peut-être se demander si le silence aide les victimes au final.

On est condamnés à vivre avec des allégations qui fusent de tous bords, tous côtés.


Voleurs d'enfants (2 sur 4) 
[Pour les francophones hors Québec, CSLC = dispensaire]
DPJ et sa taille à partir de la 10e minute

« Signalements » bidons ?

Dans la foulée du meurtre des trois enfants de Sonia Blanchette à Drummondville, la plupart des journalistes ont reçu des appels et des courriels de parents frustrés qui voulaient raconter leur petite histoire d’horreur au sujet de la DPJ. J’en ai écouté quelques unes. La majorité venaient de mères démolies parce qu’elles avaient perdu la garde de leurs petits. Qui n’avaient rien fait du tout pour mériter cela, que la voisine cherchait à se venger en faisant des signalements bidons. [Note du carnet : Nous connaissons personnellement des cas similaires avec, par exemple, des grands-parents peu reluisants qui signalent leur beau-fils dont ils n'approuvent pas le conservatisme religieux et qui instruisaient ses enfants à la maison.]

Peut-être. Et je compatis. Dans une fonction publique gangrainée par la bien-pensance, il y a de quoi s’inquiéter des motifs de retrait des enfants de leur famille. La DPJ, par exemple, garde à l’oeil de dangereuses familles chrétiennes qui font la classe à leurs enfants à la maison. Ce qui n’est pas illégal.

Il doit certes y avoir des erreurs, de la négligence, du travail mal fait, mais je veux croire que la DPJ ne retire pas des enfants à leur famille sans raison valable. Le commérage de quartier ne suffit pas. Mais comment savoir où se situe la vérité ? Le parent lésé raconte son histoire mais il n’y a personne pour la confirmer, à moins qu’on ne se retrouve avec une cause au criminel.

Mais ce qui m’inquiète encore plus que les abus dans les cas de retraits, ce sont les cas d’enfants qu’on laisse dans des environnements à risque.

Un bourreau ordinaire responsable d’une maison d’accueil

Prenons le cas du bourreau de Sainte-Françoise, Langis Malenfant, responsable d’une maison d’accueil. Il a été trouvé coupable de sévices graves sur deux enfants qui lui avait été confiés par la DPJ, de 2001 à 2005. Ils dormaient dehors au froid, ils recevaient régulièrement la strappe [frapper avec une courroie, une ceinture], portaient des sous-vêtements souillés. On les a même forcés à décaper une porte avec leurs ongles.

Voleurs d'enfants (3 sur 4)
La discipline dans les centres de la DPJ, les salles d'isolement, les tranquillisants, le risque suicidaire des « clients » de la DPJ, les changements fréquents et brusques de famille d'accueil

[...]

J'ai fait un signalement

J’ai fait un signalement dans ma vie. La petite fille de six ans d’une voisine portait des marques de brûlures sur les mains. Je lui ai demandé ce que c’était. Sa mère la brûlait avec des cuillers qu’elle faisait chauffer sur la cuisinière, m’a-t-elle dit, en toute candeur, comme si c’était normal.

J’ai appelé la DPJ sur-le-champ. Que s’est-il passé ? Rien du tout. J’ai fini par savoir que l’enseignante de la fillette, et de ma fille, avait aussi signalé le cas et s’était fait dire que c’était culturel, qu’on ne s’en mêlait pas. Et que le père, un mafieux iranien, caïd de l’importation de l’héroïne à Montréal, avait menacé tout le monde dans le dossier. ‘Mêlez-vous de vos affaires, ou il pourrait vous arriver des malheurs.’

Le père a fini par être expulsé du Canada mais la mère est restée ici avec ses enfants. La famille est disparue dans la nature. [...]

Voleurs d'enfants (4 sur 4)
La ministre demande à ses fonctionnaires de la rassurer,
 le désir des enfants de la DPJ, briser le cycle, une enfance saine pour leurs enfants, 

Voir aussi

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Un enfant de la DPJ créé par procréation assistée au frais du gouvernement

La DPJ intervient, dans le meilleur intérêt de l'enfant, vraiment ?

Droits parentaux amoindris — Des parents en furie contre le DPJ

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