mercredi 22 janvier 2020

« Vérification des faits » par JdM : l’avortement est (et devrait continuer d'être ?) un soin de santé…

Amusante cette tendance des débusqueurs de fausses nouvelles qui semblent surtout vouloir utiliser leur tribune réputée factuelle et impartiale pour faire passer leurs propres préjugés politiquement corrects sans comprendre le fond de la critique (avorter, ce n'est pas vraiment soigner) et sans gratter un peu pour vérifier si la réponse reçue est complète (le fédéral rembourse-t-il vraiment tous les frais de santé aux provinces sans droit de regard et sans considérer la classification de ces frais de santé par les provinces en question ?)

Campagne Québec-Vie relève ainsi [avec quelques corrections éditoriales] :


Répondant aux questions partisanes de Dutrizac sur les ondes de QUB radio, Richard Décarie, qui songe à se lancer dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC), avait simplement déclaré, parlant de la façon dont il agirait par rapport à la question de l’avortement en tant que potentiel chef du parti et éventuel Premier ministre, selon Le Journal de Montréal (JdM) :

Au niveau fédéral, la loi, elle est au niveau du financement des soins de santé à travers tout le pays. [...] Au niveau des soins de santé, un soin doit être qualifié comme étant un soin de santé avant d’être financé, et je vous annonce que l’avortement, ce n’est pas un soin de santé, et pourtant c’est financé à 100 %. 

Le petit passage « l’avortement ce n’est pas un soin de santé » n’a pas échappé aux traqueuses de « fausses nouvelles », Sarah Daoust-Braun et Marie-Christine Trottier, qui font profession au JdM de dénicher, entre autres, les déclarations (qu’elles croient) fallacieuses des politiciens.

Ayant déniché ce qu’elles s’imaginent sans doute être une perle en son genre, Mmes Daoust-Braun et Trottier, déclarant que l'avortement est un « soin de santé », révèlent que le Collège des médecins du Québec considère que « l’avortement est bel et bien considéré comme un soin de santé dans la province et est financé par le régime public québécois. L’interruption volontaire de grossesse est assurée en vertu de la Loi québécoise sur l’assurance maladie ». Elles ont manqué l’occasion de ne pas tomber dans les « fausses nouvelles ».

Car quand même la loi ou le Collège des médecins lui-même déclarerait que l’avortement est un « soin de santé » cela n’en ferait pas un pour autant. Un soin de santé vise à rendre ses saines facultés au corps malade ou a une partie de celui-ci si l’on ne peut sauver le reste, mais non à tuer volontairement, directement ou indirectement (comme quoi l’« aide médicale à mourir », ou euthanasie, n’est pas un soin de santé).

L’avortement, lui, est un acte dont le but est de tuer volontairement, directement ou indirectement, l’enfant à naître (ou produit vivant de la conception : œuf fécondé, zygote, embryon, fœtus) présent dans le ventre de sa mère. Lorsqu’un médecin administre à une mère enceinte de la chimiothérapie pouvant éventuellement tuer son enfant à naître, et que la mort de celui-ci survient, ce n’est pas un avortement, car le but du médecin en appliquant cette médication était d’éliminer la maladie et non de tuer le bébé – au fait, pourquoi ne parlons-nous pas d’« interruption de maladie » ?

Quand Mmes Daoust-Braun et Trottier proclament que l’avortement est un « soin de santé », il faudrait au moins qu’elles expliquent en quoi il en est un.

Ces dames assurent aussi qu’au fédéral, selon la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement détermine comment il finance les systèmes de santé des provinces, mais non qu’un « soin médical est assurable ou non assurable, et nécessaire ou non nécessaire. Ce sont les provinces qui déterminent quels sont les services médicaux qu’elles couvrent ». Peut-être ont-elles raison sur ce point.

N’empêche que le fait que le gouvernement fédéral n’ait pas son mot à dire sur ce qui est soin de santé ou pas, si celui-ci est financé ou non, cela n’a pas empêché Justin Trudeau d’imposer l’avortement à l’Île-du-Prince-Édouard [en 2016, voir Global TV], notamment en menaçant cette province de suspendre les fonds fédéraux pour son système de santé… 

Quod erat demonstrandum.

Voir aussi

Médias — Membre de l'équipe chasseur d'intox du Monde condamné pour intox

Des groupes défendant le droit à l’avortement exhortent le fédéral à agir

[Federal] Health minister ‘will be checking’ on provinces’ abortion access plans

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