mercredi 29 avril 2020

L'instruction à la maison et le confinement selon le niveau culturel des parents

Olivier Babeau président du réseau pensant, du laboratoire d’idées, l’Institut Sapiens et, par ailleurs, professeur en sciences de gestion à l’université de Bordeaux s’est penché dans les colonnes du Figaro sur les effets sociaux du confinent. Il a récemment publié Éloge de l’hypocrisie (Éditions du Cerf, 2018).

Le confinement aura éprouvé en priorité les urbains habitant dans de petites surfaces. Jamais le mètre carré supplémentaire et le bout de jardin n’auront eu une telle valeur. Les salariés du secteur tertiaire auront eu la ressource du télétravail ; pas ceux, en majorité moins bien payés, dont la tâche est manuelle ou implique des services à la personne.

L’école à la maison n’a pas posé de problèmes aux familles éduquées et férues de transmission culturelle. Elles auront constaté que deux heures de préceptorat rigoureux égalaient aisément une journée de classe. D’autres enfants, hélas, n’auront pas eu la chance d’avoir des parents pouvant ou voulant s’investir. Ils auront été laissés à eux-mêmes et à l’abrutissement des écrans. Les élèves les plus faibles seront ceux qui auront décroché en priorité. Notre école était déjà impuissante à endiguer les déterminismes sociaux ; son absence prolongée élargira le fossé qui sépare les décrocheurs des autres.

La décroissance est peut-être un thème qui fait rêver certains cercles intellectuels de la rive gauche, sa réalité est, nous allons nous en rendre compte, beaucoup moins séduisante. Concrètement, la chute de la richesse produite se traduira par un chômage massif et une stagnation voire une régression des salaires. Les Gilets jaunes étaient l’expression de cette classe moyenne française qui craignait le déclassement social entraîné par la disparition des emplois faiblement qualifiés. Ce déclassement sera malheureusement accéléré par une crise qui va précipiter nombre d’entre eux dans la pauvreté. Les technologies, qui sont devenues plus indispensables que jamais pour maîtriser la diffusion du virus, vont symétriquement accroître la concentration de la valeur créée par quelques emplois hautement qualifiés.

Source : Le Figaro

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