Lettre ouverte de plusieurs psychiatres publiés dans Le Soleil de ce jour :
Dans le contexte du projet de légalisation du cannabis, des experts ont expliqué scientifiquement comment cette drogue pouvait être nuisible au cerveau. Au-delà de la science, il y a de vraies personnes et leurs familles. Voici l’histoire de Léa.
Léa, 19 ans, vient de terminer son CÉGEP en sciences pures et appliquées. Elle débute l’université en architecture à l’automne. Avec son copain Simon, elle projette faire le tour de l’Espagne en sac à dos au mois d’août. Ses parents sont fiers d’elle. La vie va bien.
Au début mai, Léa et Simon se sont retrouvés dans un parc à écouter les tam-tams. Pour célébrer l’arrivée de l’été, ils ont acheté un gramme de pot et ont fumé quelques joints. Simon a eu un bon buzz [hallucination] : le soleil caressait sa peau, le son des tam-tams le faisait vibrer.
Pour Léa, les choses ont mal tourné. Elle s’est tout à coup sentie épiée. Inconfortable, elle s’éloigne pour chasser son malaise. À travers les percussions, elle s’est mise à entendre des voix « Je vais te tuer ». Le rythme des tambours devient l’écho de son cœur qui bat, comme pour la narguer, pour lui dire « on t’a, tu ne peux pas t’échapper ». Elle court retrouver Simon, mais il n’est plus là. Elle s’imagine maintenant qu’il a été enlevé. Affolée, elle fuit. Une policière l’intercepte alors qu’elle tente de traverser un boulevard en courant dans le trafic. Heureusement, personne n’est blessé.
Amenée à l’urgence psychiatrique, ses trois premiers jours se vivent dans la terreur, sans que personne, ni ses parents, ni son copain, ni le personnel hospitalier ne puisse la rassurer. Simon se sent coupable. Ses parents sont morts d’inquiétude. À sa sortie de trois semaines d’hospitalisation, Léa comprend qu’elle a fait une psychose déclenchée par le cannabis. Son cerveau est englué, la concentration est difficile, la mémoire aussi. Elle ne sait pas comment elle pourra reprendre ses études. Elle a peur de s’éloigner de sa famille craignant que la psychose revienne. Elle annule son voyage en Europe. La vie de Léa a été totalement bouleversée par quelques petits joints de rien du tout.
Ça vous semble exagéré ? Ça ne l’est pas. L’histoire de Léa, c’est aussi celle de David, de Catherine, de Thomas et de Mégan. Une psychose, ça peut détruire des vies et impossible de savoir à l’avance qui en sera victime. Bien sûr, plusieurs personnes consomment du cannabis sans être affectées, mais on ne peut prédire chez qui la consommation déclenchera une psychose. C’est une roulette russe.
Nous sommes des médecins psychiatres qui voyons, tous les jours dans nos cliniques, de jeunes adultes dont la vie a basculé par la prise de cannabis. Souvent, ça se produit après une utilisation de plusieurs mois, mais parfois, quelques consommations viennent tout changer. Nous avons vu la maladie mentale s’installer dans la vie de jeunes pourtant promis à un bel avenir. Ils ne sont pas des statistiques, ils ont des noms.
Lorsque nous demandons au gouvernement de fixer l’âge légal à 21 ans, c’est à eux que nous pensons. Ces jeunes que l’on soigne pourraient aussi être les vôtres dès 2018. À tous ceux qui croient que le cannabis, c’est banal, que le Canada deviendra « cool » en le légalisant dès 18 ans, peut-on se rappeler que nous avons aussi une obligation de leur donner les moyens de se protéger et de les informer des risques.
Dr Patrick Bordeaux, médecin psychiatre, CIUSSS de la Capitale Nationale, responsable de l’enseignement clinique en toxicomanie au Centre de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Québec
Dre Anne-Pierre Bouffard, médecin psychiatre, Institut universitaire en santé mentale de Québec (IUSMQ)
Dre Marianne De Bonville, médecin psychiatre, IUSMQ, Clinique Notre-Dame des Victoires, clinique pour les jeunes souffrant d’un premier épisode de psychose
Dr Jean-François de la Sablonnière, médecin psychiatre, Centre hospitalier régional du Grand-Portage, Rivière-du-Loup
Dr Yvan Gauthier, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dre Nathalie Gingras, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, CIUSSS de la Capitale Nationale, responsable du programme de dépistage et d’intervention précoce de la psychose
Dre Édith Labonté, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dre Geneviève Legris, médecin psychiatre, CHU - Centre hospitalier de l’Université Laval
Dre Sophie L’Heureux, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dr Ronald Ouellet, médecin psychiatre, CHU - Hôpital du Saint-Sacrement
Dr Marc-André Roy, médecin psychiatre, IUSMQ, responsable médical et fondateur, Clinique Notre-Dame-des — Victoires et vice-président du consortium canadien en intervention précoce
Dre Amal Abdel-Baki, médecin psychiatre, présidente de l’Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP)
Dre Karine Igartua, médecin psychiatre, présidente de l’Association des médecins psychiatres du Québec
Dr David Olivier, médecin psychiatre, vice-président de l’AQPPEP
Voir aussi

Sondage — Les Québécois sont contre la légalisation du cannabis
Fumer du cannabis, ne serait-ce qu’une fois par mois, mine les résultats scolaires
Étude — La légalisation du cannabis inciterait les ados à en consommer
Légalisation du cannabis — Ottawa prévenu du risque pour la sécurité routière
Cannabis — Des dégâts congénitaux à l’ADN ?
Hausse des hospitalisations d’enfants exposés à la fumée secondaire de cannabis
France — Augmentation des incidents dus à la drogue dans les écoles
Cannabis chez les adolescents : le QI en fumée
Le cannabis facilite le décrochage scolaire et le développement de la schizophrénie
Dans le contexte du projet de légalisation du cannabis, des experts ont expliqué scientifiquement comment cette drogue pouvait être nuisible au cerveau. Au-delà de la science, il y a de vraies personnes et leurs familles. Voici l’histoire de Léa.
Léa, 19 ans, vient de terminer son CÉGEP en sciences pures et appliquées. Elle débute l’université en architecture à l’automne. Avec son copain Simon, elle projette faire le tour de l’Espagne en sac à dos au mois d’août. Ses parents sont fiers d’elle. La vie va bien.
Au début mai, Léa et Simon se sont retrouvés dans un parc à écouter les tam-tams. Pour célébrer l’arrivée de l’été, ils ont acheté un gramme de pot et ont fumé quelques joints. Simon a eu un bon buzz [hallucination] : le soleil caressait sa peau, le son des tam-tams le faisait vibrer.
Pour Léa, les choses ont mal tourné. Elle s’est tout à coup sentie épiée. Inconfortable, elle s’éloigne pour chasser son malaise. À travers les percussions, elle s’est mise à entendre des voix « Je vais te tuer ». Le rythme des tambours devient l’écho de son cœur qui bat, comme pour la narguer, pour lui dire « on t’a, tu ne peux pas t’échapper ». Elle court retrouver Simon, mais il n’est plus là. Elle s’imagine maintenant qu’il a été enlevé. Affolée, elle fuit. Une policière l’intercepte alors qu’elle tente de traverser un boulevard en courant dans le trafic. Heureusement, personne n’est blessé.
Amenée à l’urgence psychiatrique, ses trois premiers jours se vivent dans la terreur, sans que personne, ni ses parents, ni son copain, ni le personnel hospitalier ne puisse la rassurer. Simon se sent coupable. Ses parents sont morts d’inquiétude. À sa sortie de trois semaines d’hospitalisation, Léa comprend qu’elle a fait une psychose déclenchée par le cannabis. Son cerveau est englué, la concentration est difficile, la mémoire aussi. Elle ne sait pas comment elle pourra reprendre ses études. Elle a peur de s’éloigner de sa famille craignant que la psychose revienne. Elle annule son voyage en Europe. La vie de Léa a été totalement bouleversée par quelques petits joints de rien du tout.
Ça vous semble exagéré ? Ça ne l’est pas. L’histoire de Léa, c’est aussi celle de David, de Catherine, de Thomas et de Mégan. Une psychose, ça peut détruire des vies et impossible de savoir à l’avance qui en sera victime. Bien sûr, plusieurs personnes consomment du cannabis sans être affectées, mais on ne peut prédire chez qui la consommation déclenchera une psychose. C’est une roulette russe.
Nous sommes des médecins psychiatres qui voyons, tous les jours dans nos cliniques, de jeunes adultes dont la vie a basculé par la prise de cannabis. Souvent, ça se produit après une utilisation de plusieurs mois, mais parfois, quelques consommations viennent tout changer. Nous avons vu la maladie mentale s’installer dans la vie de jeunes pourtant promis à un bel avenir. Ils ne sont pas des statistiques, ils ont des noms.
Lorsque nous demandons au gouvernement de fixer l’âge légal à 21 ans, c’est à eux que nous pensons. Ces jeunes que l’on soigne pourraient aussi être les vôtres dès 2018. À tous ceux qui croient que le cannabis, c’est banal, que le Canada deviendra « cool » en le légalisant dès 18 ans, peut-on se rappeler que nous avons aussi une obligation de leur donner les moyens de se protéger et de les informer des risques.
Dr Patrick Bordeaux, médecin psychiatre, CIUSSS de la Capitale Nationale, responsable de l’enseignement clinique en toxicomanie au Centre de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Québec
Dre Anne-Pierre Bouffard, médecin psychiatre, Institut universitaire en santé mentale de Québec (IUSMQ)
Dre Marianne De Bonville, médecin psychiatre, IUSMQ, Clinique Notre-Dame des Victoires, clinique pour les jeunes souffrant d’un premier épisode de psychose
Dr Jean-François de la Sablonnière, médecin psychiatre, Centre hospitalier régional du Grand-Portage, Rivière-du-Loup
Dr Yvan Gauthier, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dre Nathalie Gingras, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, CIUSSS de la Capitale Nationale, responsable du programme de dépistage et d’intervention précoce de la psychose
Dre Édith Labonté, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dre Geneviève Legris, médecin psychiatre, CHU - Centre hospitalier de l’Université Laval
Dre Sophie L’Heureux, médecin psychiatre, CHU - Hôpital de l’Enfant-Jésus, Québec
Dr Ronald Ouellet, médecin psychiatre, CHU - Hôpital du Saint-Sacrement
Dr Marc-André Roy, médecin psychiatre, IUSMQ, responsable médical et fondateur, Clinique Notre-Dame-des — Victoires et vice-président du consortium canadien en intervention précoce
Dre Amal Abdel-Baki, médecin psychiatre, présidente de l’Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP)
Dre Karine Igartua, médecin psychiatre, présidente de l’Association des médecins psychiatres du Québec
Dr David Olivier, médecin psychiatre, vice-président de l’AQPPEP
Voir aussi

Sondage — Les Québécois sont contre la légalisation du cannabis
Fumer du cannabis, ne serait-ce qu’une fois par mois, mine les résultats scolaires
Étude — La légalisation du cannabis inciterait les ados à en consommer
Légalisation du cannabis — Ottawa prévenu du risque pour la sécurité routière
Cannabis — Des dégâts congénitaux à l’ADN ?
Hausse des hospitalisations d’enfants exposés à la fumée secondaire de cannabis
France — Augmentation des incidents dus à la drogue dans les écoles
Cannabis chez les adolescents : le QI en fumée
Le cannabis facilite le décrochage scolaire et le développement de la schizophrénie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire