lundi 13 février 2012

Radio-Canada et sa sélectivité dans les sondages sur l'éducation

Radio-Canada nous « informe » que « les parents » sont pour l'anglais intensif à l'école, puis « Anglais intensif : les parents favorables, mais expriment des réserves »

Les parents ?

Non.

Quelques parents, des parents, oui.

Il s'agit en réalité de l'opinion de 87 % des parents réunis lors de leur conseil général de la Fédération des comités de parents du Québec tenu le fin de semaine dernière, au cours duquel les délégués présents ont voté pour l'implantation de l'anglais intensif à la fin du primaire.

Il ne s'agit en rien d'un échantillon représentatif ni, donc, bien sûr, d'un sondage scientifique.

Ce qu'il faut noter ici, c'est que ce ne sont pas les parents en général (tous milieux confondus) qui sont sondés mais ceux qui font partie de ladite fédération (moins de 600 parents en tout, soit un très petit échantillon). La nuance est grande. Quels parents s'impliquent dans les comités de parents, sont-ils ceux qui viennent de milieux aisés ou défavorisés ? Gageons qu'il s'agit plutôt de la première catégorie. On a donc sondé les parents qui s'impliquent dans leur école : ceux des enfants plus favorisés. Ce n'est pas une règle absolue, mais il est clair que les parents des enfants favorisés s'impliquent plus. Il est donc normal que ces parents soient plus enclins à être pour l'anglais intensif : les enfants de milieux favorisés réussissent mieux, alors leurs parents veulent en obtenir plus, c'est normal, surtout dans notre ère qui fantasme quelque peu sur l'importance de l'anglais pour le moindre emploi et déconsidère le français.

Selon la FCPQ, la recherche est claire quant aux bénéfices associés à l'enseignement intensif de l'anglais, un programme scolaire « qui a fait ses preuves ». « On l'a testé au cours des 30 dernières années. Il y a eu des études, des rapports, et de beaux succès », souligne Gaston Rioux, président de la FCPQ. C'est loin d'être l'avis unanime de linguistes ou de pédagogues pourtant. Certains enfants connaîtront sans doute mieux l'anglais (est-ce là la seule mesure du succès ?), mais prendront du retard en français et d'autres matières (il faut aussi mesurer cela...) En France, on a remarqué que la diminution du nombre d'heures de français aurait eu un effet notable sur la maîtrise de la langue française. Sur le fond, à nouveau,  on note les résistances à tout modèle monolithique du MELS qui impose d'en haut une même solution à travers le Québec (bien que nous soyons conscients que la ministre dit aujourd'hui vouloir moduler la mise en place de ce programme).

Évidemment, la ministre de l'Éducation est très contente de ce « sondage » et du ramdam assuré par Radio-Canada.

Car Radio-Canada a mis cette nouvelle bien en évidence sur son site et dans ses bulletins radios. Pourtant, ce « sondage » ne vaut pas grand-chose comme on l'a expliqué.



Bizarrement, quand à deux reprises sur des échantillons deux fois plus grands et, eux, représentatifs, on a montré que 75 % des parents s'opposaient au dogmatisme du MELS qui impose le seul cours d'éthique et culture religieuse, Radio-Canada N'A JAMAIS relayé à notre connaissance la nouvelle et la ministre de l'Éducation n'a jamais eu à les commenter.

Étrange sélectivité...






Voir aussi

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7 commentaires:

Yvon a dit…

Qu'est-ce qu'on parie que le parti "nationaliste" du Québec, le PQ, n'osera pas hausser la voie.

Beaucoup plus important de parler de sujets bien à gauche : lutte contre l'intimidation des homosexuels, l'écologie, l'international, les luttes intestines, etc.

Anonyme a dit…

À noter qu'on ne cesse de parler des avantages "d'apprendre une seconde langue". Or jamais n'a-t-il été question qu'on apprenne "une seconde langue".

C'est juste une question d'imposer à TOUS LE SEUL anglais. Loin de favoriser l'ouverture culturelle, ça favorise la fermeture: l'anglais prend toute la place.

Toute autre chose (la musique, le chinois, la physique), y compris le français, est mise de côté.

Coudonc a dit…

Je partage cet avis de Bock-Coté :

Le Québécois est étrange. Pendant deux siècles, ses ancêtres ont résisté pour conserver leur identité. Depuis 50 ans, il s’est fait croire qu’il deviendrait normal. Maître chez lui. Avec son propre pays. Il a failli réussir.

Mais aujourd’hui, il semble épuisé. Deux référendums perdus, ça fait mal. Le Québécois sent bien qu’un peuple qui ne s’est pas levé finit par se coucher pour de bon.

Aujourd’hui, le Québécois est las d’exister.

Mais il ne veut pas s’avouer qu’il démissionne.C’est la fierté des faibles. Alors il parle de la mondialisation. Mais le fond de l’affaire est simple : qui veut vraiment d’une société qui s’est dit non à elle-même ? Alors il se l’imagine soudainement trop petite. Et rêve de s’exiler de sa culture.

Encore une fois, c’est dans notre rapport à l’anglais que cette névrose s’exprime.Sur une planète où le Québec est quantité négligeable, parler anglaissans accent », c’est se croire porteur d’un passeport vers un ailleurs meilleur.

Ainsi, le parent québécois désire une chose : délivrer son jeune d’une société dont il se sent prisonnier.

Qu’attend-il du système d’éducation ? Que sa marmaille soit parfaitement bilingue. Le français sera décoratif. L’anglais, c’est la promesse des vraies affaires ».

Vous n’entendrez pas souvent un parent se plaindre du sac-cage de l’histoire à l’école. De la difficulté des enfants de distinguer les continents. L’inculture de ses gamins, il s’en fout. De toute façon, il y a Google, non ?

Le bilinguisme est devenu un fantasme

Mais fiston n’est pas parfaitement bilingue ? Scandale ! On croit que son fils sera mieux préparé à vivre sa vie s’il peut bosser dans n’importe quel Starbuck de la planète et suivre le rythme de la pop culture mondialisée. Prolétaire partout plutôt que maître chez lui !

Le bilinguisme est devenu un fantasme. Évidemment, connaître plus d’une langue, c’est merveilleux. Mais les Québécois ne se veulent pas polyglottes. Mais bilingues de naissance. Ils veulent deux langues maternelles.

Dans notre Québec qui ne s’aime pas, on veut même punir les unilingues. Comme s’il était désormais normal de se dédoubler au quotidien. Comme si partout sur terre, l’immense majorité des gens ne vivaient pas leur vie dans leur langue maternelle.

Un jour, les Québécois se réjouiront d’entendre leurs enfants leur parler anglais en sortant du berceau. Ils seront enfin soulagés. Soulagés d’une histoire qu’ils n’avaient plus le courage d’assumer.Ce n’est pas très beau, un peuple qui se laisse mourir. Ça fait pitié. Surtout quand c’est le nôtre.

On s'interroge a dit…

Le dernier sondage connu sur le cours ECR, mené en mars 2010 par Léger Marketing pour le compte de l’Agence QMI a permis de constater ce qui suit : soixante-cinq pour cent (65%) des 1001 répondants se sont dits d’accord avec l’énoncé suivant : « Cela est une bonne chose que les étudiants québécois aient l'obligation de suivre un cours sur l'éthique et les cultures religieuses ». (Voir Le Journal de Montréal, 29 mars 2010). Ce résultat ne contredit évidemment pas l’idée que les parents puissent avoir le choix, comme du reste, le révèlent d’autres sondages, ils voudraient majoritairement pouvoir choisir la langue d’enseignement de leurs enfants. Mais le consensus en faveur de ce cours est manifestement plus grand que l’image qu’en donne PUEL.

Walter a dit…

Jean-Pierre Proulx on vous a reconnu !

Il ne vous aura pas échapper que l'article porte sur la sélectivité des sondages de Radio-Canada qui ne publie pas ceux qui pourraient chagriner les convictions gauchistes de ses fonctionnaires à majorité bien à gauche.

Anonyme a dit…

Seulement 65 % en faveur du cours ECR !

Malgré toute la propagande de Radio-Canada et du gouvernement en sa faveur !

On s'interroge a dit…

" Jean-Pierre Proulx on vous a reconnu !"

C'est me faire beaucoup d'honneur!

" Seulement 65 % en faveur du cours ECR !"

Effectivement, 33% d'opposants, ce n'est pas rien.