jeudi 12 juillet 2012

Les énergies vertes : un tonneau des Danaïdes



Le Québec doit mettre en place un « programme de tarifs de rachat garantis » s'il veut que les énergies émergentes se taillent une place viable sur le marché énergétique québécois. Telle est la recommandation centrale du rapport de l'Équipe spéciale sur les nouvelles énergies renouvelables, dont Québec avait confié la présidence à l'écologiste militant Steven Guilbeault, du groupe Équiterre, à l'été 2009.

Le système de tarifs garantis préconisé par ce rapport a d'abord été institué dans les pays européens, comme l'Allemagne et l'Espagne. Ce système impose aux distributeurs d'acheter leur électricité à prix fixes garantis par la loi pour de longues périodes et d'acheter toutes les quantités d'énergie provenant des technologies émergentes. Bref, d'assurer des subventions massives à long terme. Ces tarifs garantis ont stimulé les productions vertes, entraîné des baisses de prix en raison de la croissance des marchés et fait passer ces pays au premier plan des « producteurs verts » à l'électricité chère et subventionnée.

Exclure l'hydro, la grande éolienne et les économies d'énergie...

Les principales énergies renouvelables émergentes qui seraient subventionnées de la sorte sont les biocarburants (éthanol et biodiesel principalement), le biogaz tiré des déchets ou des fumiers, les biocombustibles comme les granules, les écorces ou les rebuts d'exploitation forestière, les différentes formes d'énergie solaire (photovoltaïque, le solaire thermique actif, la géothermie, les hydroliennes et les petites éoliennes de moins de 300 kW), l'hydrogène et les réseaux de chaleur. L'équipe spéciale a mis de côté la « grande éolienne », qu'il considère comme une « énergie mature » au Québec, au même titre que l'hydroélectricité. Mais il a écarté les économies d'énergie que des consommateurs auraient pu revendre à Hydro-Québec à un prix avantageux, comme on le fait aux États-Unis.

Pour le solaire s'il est rentable, contre des subventions mal placées

Notons d'abord que nous n'avons rien contre le solaire en tant que tel, bien au contraire. Si nous pouvons vraiment produire de l'électricité à moindre coût grâce à cette source d'énergie, c'est une excellente nouvelle. D'après certains, le coût de l'énergie photovoltaïque devrait pouvoir être produite à un prix égal à celui de l'électricité du réseau conventionnel d'ici 2020 (ceci nous apparaît cependant optimiste) principalement par l'industrialisation de la filière et des progrès techniques sur les capteurs et l'électronique. Le problème est de savoir si les Québécois doivent payer aujourd'hui plus cher leur électricité (déjà en grande partie verte grâce à l'hydo) pour subventionner cette filière et à qui profiteraient ces subventions.

La politique allemande de subventions au solaire profite aux Chinois

Comme Équiterre prend comme exemple l'Allemagne et l'Espagne, il est sans doute intéressant de se pencher sur ces pays et voir les résultats de ces politiques de subventions et plus particulièrement dans le domaine de l'énergie solaire.

En principe, l'industrie allemande du solaire et ses salariés devraient pouvoir profiter à plein de la sortie du nucléaire du pays. Or, c'est au scénario inverse que l'on assiste actuellement : heures supplémentaires non rémunérées, contrats intérimaires au détriment de postes fixes, licenciements... Et le grand gagnant de l'énergie solaire subventionnée par l'Allemagne semble avoir été la Chine...

Des entreprises comme Suntech et Yingli dominent désormais le marché mondial du photo-voltaïque. Les Chinois génèrent déjà près de la moitié des ventes mondiales et près de 60 pour cent des bénéfices dans l'industrie, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en gestion PRTM. Cela place le Chinois parmi les « grands gagnants » de la dernière année, conclut l'étude. Huit entreprises de Chine et Taïwan sont sur parmi les dix joueurs les plus dynamiques dans l'industrie. Il n'ya plus de sociétés allemandes sur la liste, toutefois.

Cela signifie que la concurrence chinoise est aujourd'hui nettement plus susceptible de bénéficier des milliards investis dans les tarifs de rachat en Allemagne que les producteurs nationaux. Les consommateurs d'électricité allemands subventionnent donc massivement les producteurs chinois de panneaux solaires. Selon l'Institut rhénan pour la recherche économique, la moyenne des ménages allemands verse environ 123 € < par an pour subventionner l'électricité verte.

Le photovoltaïque est de loin la méthode la plus coûteuse et la plus inefficace de production d'énergie. Il consomme des milliards, et pourtant il produit seulement 2 pour cent des besoins énergétiques de l'Allemagne. Un programme de conservation de l'électricité serait au moins aussi rentable et nettement moins cher.

Les producteurs de panneaux solaires chinois bénéficient également du soutien de leur gouvernement. Mais la Chine ne favorise pas l'industrie via les consommateurs — elle aide directement les entreprises. Le pays finance le développement de grandes capacités de production, qui permettent aux fabricants de réduire davantage leurs coûts. 





Faillites dans le domaine solaire

Le vétéran allemand du solaire, le groupe Solon, est devenu le 15 décembre 2011, la première grosse faillite du secteur solaire en Allemagne. Le groupe déjà en difficulté, qui avait fermé une usine aux Etats-Unis, vient d'annoncer qu'il avait échoué à conclure un accord avec ses banques créancières et de potentiels investisseurs, et s'est déclaré en faillite, espérant pouvoir se restructurer à l'issue du processus. Selon la presse, elle aurait accumulé plus de 400 millions d'euros de dettes.

Pour les analystes, Solon risque fort d'être la première d'une série de faillites dans l'industrie solaire allemande et européenne.

C'est aussi la première qui frappe un groupe solaire allemand coté. Solon avait été en 1998 le premier fabricant allemand de panneaux photovoltaïques à entrer en Bourse.

Une semaine plus tard, l'entreprise allemande spécialisée dans l'énergie solaire thermique Solar Millenium a également annoncé qu'elle déposait son bilan. Solar Millenium, basé dans le sud de l'Allemagne et qui comptait un peu plus de 300 salariés en avril 2011, a expliqué être à court de liquidités en raison de retards pris dans des projets aux États-Unis et dans le financement d'un grand projet de centrale solaire en Espagne.

Il ne s'agit pas des seuls groupes allemands menacés par la chute des prix des panneaux,  résultat de la concurrence asiatique et du ralentissement du marché allemand et européen : ses compatriotes Q-Cells, Solarworld (qui a fermé deux sites), Phoenix Solar et Conergy sont, de l'avis des analystes, également tous très menacés.

La situation n'est guère meilleure de ce côté de l'Atlantique : déjà trois groupes solaires américains ont mis la clé sous la porte, en tête Solyndra, pourtant très richement financé par le gouvernement américain et de grands fonds privés, mais aussi Evergreen Solar et SpectraWatt. Le leader First Solar vient de réviser ses prévisions à la baisse et annoncé des suppressions d'emplois et de nombreux grands groupes ralentissent leur production.

Les industriels estiment que seule une poignée de grands acteurs survivront à la guerre des prix, et même chez les producteurs chinois, la guerre de prix fait de tels ravages que la moitié d'entre eux aurait déjà fermé, selon une récente étude parue dans la presse chinoise. Les États-Unis envisagent eux d'imposer des taxes douanières sur les panneaux chinois pour protéger leurs fabricants locaux.

Fin des subventions au solaire

Berlin a réduit ses subventions à l’industrie solaire, le gouvernement ayant pris clairement parti pour l’éolien dans sa nouvelle politique énergétique et ciblé ses subventions vers cette industrie. De nouvelles usines ne devraient donc plus être financées à partir de juillet 2012, lorsque la capacité nouvellement installée en Allemagne atteindra la limite de 1 000 mégawatts.

Le pionnier BP se retire du solaire

Le soleil vert de BP
Les dirigeants de BP reconnaissent que la décision a été difficile à prendre. Mais ils ont tranché et annoncé la nouvelle à leur personnel  avant de l'officialiser le 20 décembre 2011 : le groupe britannique va sortir du marché de l'énergie solaire. La filiale BP Solar, qui employait 900 personnes en début d'année, va être fermée, et ses actifs seront cédés.

BP était pourtant l'un des pionniers de l'aventure solaire. Dans ses présentations, BP Solar se targue d'avoir « quarante ans d'expérience » dans ce domaine, et d'avoir vendu au fil du temps des installations représentant plus de 1.300 mégawatts dans quelque 160 pays.

En 2001, le groupe avait même abandonné le nom de British Petroleum pour se rebaptiser « Beyond Petroleum » (« Au-delà du pétrole »), insistant sur son engagement dans le solaire, l'éolien, les biocarburants, etc. Il avait alors promis d'équiper l'intégralité de ses stations-service de panneaux solaires.

En 2000, il se situait déjà au deuxième rang mondial des fabricants de cellules photovoltaïques.

Mais face à la concurrence chinoise et au durcissement du marché, BP Solar a fermé peu à peu l'essentiel de ses activités de production, notamment aux États-Unis et en Espagne, pour se concentrer sur la réalisation de projets à partir de modules fabriqués par d'autres.

Mais jugeant impossible d'atteindre des niveaux de rentabilité corrects dans ce nouvel environnement, la direction de BP a préféré tirer un trait définitif sur cette diversification. Tout en maintenant sa présence dans les autres énergies vertes.

Côté pétrole, en revanche, les nouvelles sont plutôt positives pour BP. Le groupe a décroché récemment les droits sur cinq nouveaux blocs d'exploration en eaux profondes au large de l'Angola, où il compte investir en masse ces prochaines années. Ses rivaux Statoil, Total, ConocoPhillips, Cobalt International, ENI et Repsol ont également obtenu des permis. L'enjeu est majeur : l'Angola est déjà l'un des grands pays producteurs d'Afrique, et les experts estiment que la structure géologique des fonds marins pourrait être similaire à celle, très prolifique, identifiée au large du Brésil.

Difficultés dans l'éolien allemand


Confrontés à leurs difficultés, les anciens rois du soleil se consoleront peut-être du fait que leurs homologues dans l'éolien sont également aux prises à de graves difficultés.

L'éolien est également subventionné en Allemagne et il connaît des ratés importants dans le raccordement des éoliennes au large d'Héligoland dans la Mer du Nord, un des sites les plus venteux d'Europe, au réseau continental à 85 km de là.  Nordex, l'un des pionniers dans l'industrie, a plongé dans le rouge au premier semestre de l'année 2011, le forçant à éliminer plus de 100 emplois et à réduire ses coûts de 50 M € (70 M $). En 2010, les fabricants d'éoliennes allemands dans leur ensemble ont vu baisser les revenus et d'emplois pour la première fois.


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Tempête dans la gazouillosphère québécoise : « Les filles attachent moins d'importance au salaire que les garçons »

Selon le Huffington Post Québec (dont nous avons pu déjà goûter du peu de sérieux), François Legault aurait commis « une gaffe » sur Twitter et aurait déchaîné « de vives critiques et risées sur Twitter » pour ses propos « sexistes ».

Précisons tout de suite que M. Legault a déjà tenu des propos très approximatifs que nous avons dénoncés ici.

De quoi s'agit-il ? Qu'est-ce qui a donc bien pu troubler le landerneau gazouillant québécois ?

La discussion partait de la proposition de M. Legault d'augmenter le salaire des enseignants, tout en haussant les exigences des facultés d'éducation. (Nous ne sommes pas convaincus qu'il s'agisse d'une solution efficace : plus d'autonomie tant au niveau administratif que sur le programme pourrait  améliorer les écoles à moins de frais et plus sûrement, voir ici, ici et .)

M. Legault a lancé que les garçons choisissaient moins la profession d'enseignant « entre autres à cause du salaire moins élevé », ce à quoi le chroniqueur Vincent Marissal a répondu.



Le tweet de Legault est alors qualifié de sexiste par plusieurs internautes :

Laurence Yanakis
  Monsieur Legault, vos propos sont sexistes... pour ne pas dire autre chose...




Enord Telasco
Si François Legault continue avec ses twittes sexistes, il se cassera les dents aux prochaines élections.












Personnellement, nous trouvons la remarque de Vincent Marissal bien plus caricaturale que la réplique de M. Legault, même si celle-ci heurte les préjugés des bien-pensants.

En effet, ce que la différence de priorité que M. Legault mentionne peut se défendre alors que la « question » de Marissal est à la limite insultante, car les femmes peuvent avoir d'excellentes raisons de privilégier d'autres valeurs que le simple salaire, la maternité par exemple. Maternité essentielle à la reproduction de la société et qui les éloignent du travail pendant quelques années. Elles ont donc intérêt à choisir des carrières à faible obsolescence et qui offre plus de souplesse : l'enseignement plutôt que l'informatique par exemple.  C'est ce que le professeur Thomas Sowell explique ci-dessous.


Le chef de la CAQ a publié mercredi matin sur son compte Twitter un lien vers une étude de l'OCDE qui soutiendrait que la « rémunération joue moins dans la considération du champ d'étude pour les femmes que chez les hommes ». Étude qui s'en plaint et vise à inciter les gouvernements à intervenir pour que cela change (et certains osent prétendre que l'OCDE est de « droite »).

François Legault a également publié un lien vers une entrevue du journal Le Devoir avec la psychologue Susan Pinker qui affirme que « les femmes ne seront jamais des copies conformes des hommes ».

Notons qu'il est bien connu que la féminisation de la profession médicale (près de 65 % des étudiants en médecine sont des filles) a des effets négatifs : les femmes ont tendance à travailler moins longtemps que les hommes et évitent de fonder des cabinets. Il s'agit là de faits. Pour citer une médecin qui s'exprimait dans les colonnes du Devoir :
« Les filles, du moins celles qui choisissent la médecine, et je m'y inclus, sont moins portées à l'entrepreneuriat nécessaire pour ouvrir et gérer un cabinet. [...] La féminisation de la pratique a amené d'autres changements qui contribuent à la pénurie de médecins. Ne vous fâchez pas : je ne veux pas faire diminuer le nombre de filles en médecine, mais seulement analyser les causes de la pénurie d'omnipraticiens. Les femmes prennent souvent plus de temps pour évaluer un patient, ce qui est bien, mais elles voient moins de patients dans une journée. Les femmes médecins ont un conjoint qui travaille. Elles ne subissent donc pas la pression pour « produire » plus, voir plus de patients. »
Cette féminisation de la médecine inquiète une pionnière du féminisme en médecine comme la docteur Monique Boivin. Celle-ci pense que « quand il y aura assez de femmes, on baissera les prix pour en arriver à une médecine bon marché. Pour une raison fort simple : les femmes revendiquent moins. » Elle en veut pour preuve la perte de prestige de la profession d'infirmière massivement féminisée.

Pour Mme Boivin, « les filles investissent en masse la médecine avec la mentalité de la nouvelle génération, soit la culture du moi, du "je m'occupe d'abord de ma vie privée" ».

Voir aussi

Idées fausses sur les différences salariales entre hommes et femmes

Wall Street Journal : « Il n'y a pas d'écart salarial hommes-femmes »