vendredi 21 octobre 2011

Steve Jobs décriait l'éducation américaine, la paralysie des syndicats d'enseignants, était pour les bons scolaires

Dans la biographie de Steve Jobs écrite par Walter Isaacson qui vient de sortir aux États-Unis, le fondateur d'Apple critique vivement le système éducatif des États-Unis d'Amérique, en affirmant qu'il est « paralysé par des règles syndicales ».

« Tant qu'on n'aura pas brisé les reins des syndicats d'enseignants, il n'y avait presque aucun espoir de réforme dans l'éducation. » Jobs proposait que les directeurs d'écoles puissent embaucher et licencier les enseignants en fonction de leur mérite et que les écoles restent ouvertes jusqu'à 18 heures, 11 mois par an. »

Pour réaliser cette biographie, Walter Isaacson a vu Steve Jobs pour la dernière fois quelques semaines avant sa mort. En tout, il se sera entretenu avec lui plus de 40 fois pendant deux ans. Selon l'auteur, le visionnaire de l'informatique a accepté d'aborder tous les sujets et n'a d'aucune façon voulu contrôler le contenu de l'ouvrage. M. Isaacson a, en outre, rencontré plus de cent amis, membres de la famille, collègues et concurrents du fondateur d'Apple.

Steve Jobs avait déjà indiqué dans un autre entretien que, bien qu'il ait pensé à une époque que l'informatique pourrait améliorer l'éducation, il en était revenu : « J'ai probablement été le fer de lance sur la planète dans le don de matériel informatique aux écoles. Mais j'ai été forcé d'admettre que le problème n'en est pas un que l'informatique pourrait résoudre. Ce qui cloche avec l'éducation ne peut être corrigé avec la technologie. »

Pour Steve Job, la cause des problèmes actuels dans l'enseignement aux États-Unis était de nature socio-politique : « Le problème ce sont les syndicats. Si vous tracez côté-à-côte la croissance de l'AEN [National Education Association, un syndicat d'enseignants] et les résultats aux tests SAT des étudiants, vous remarquerez qu'ils sont inversement proportionnels. Les problèmes, ce sont les syndicats dans les écoles. Le problème, c'est la bureaucratie. Je suis une de ces personnes qui croient que la meilleure chose que nous puissions faire est de mettre en place un système de bons scolaires.

Le visionnaire californien continuait :
« J'ai une fille de 17 ans qui est allée dans une école privée pendant quelques années avant l'école secondaire. Cette école privée est la meilleure école que j'ai vue de ma vie. Elle a été classée parmi les 100 meilleures écoles en Amérique. C'était phénoménal. La scolarité coûtait 5500 $ par année, ce qui est beaucoup d'argent pour la plupart des parents. Mais les enseignants étaient moins bien payés que ceux des écoles publiques — il ne s'agit donc pas d'une question de rémunération des enseignants. J'ai demandé au trésorier de l'État [ministre des Finances de Californie] ce que la Californie payait en moyenne cette année-là pour scolariser un enfant, et je crois que c'était 4400 $. S'il est vrai que peu de parents peuvent se permettre de payer 5500 $ par an, nombreux sont ceux qui pourraient se permettre de payer 1000 $ par année.

Si nous donnions des chèques-éducation à chaque parent de 4400 $ par an [et par enfant], on verrait surgir des écoles de tous bords. Les gens diraient : « Démarrons une école ! » On pourrait même avoir une filière à l'université de Stanford au sein du programme de MBA sur comment être un patron d'école. Et ce gestionnaire pourrait se joindre à d'autres personnes, et ils fonderaient une école. Vous auriez de jeunes idéalistes qui lanceraient des écoles et travailleraient pour trois fois rien.

Ils le feraient parce qu'ils seraient en mesure de décider du programme. Quand vous avez des enfants, vous vous dites, qu'est-ce que je veux vraiment qu'ils apprennent ? La plupart des choses qu'ils étudient à l'école sont complètement inutiles. Alors que vous n'apprenez d'autres choses,  incroyablement précieuses, que nettement plus tard  —  mais là on pourrait les enseigner aux enfants quand ils sont jeunes. Et vous commencez à vous dire : « Que ferais-je si je devais décider du programme d'une école ? »

Bon dieu ! comme cela serait passionnant ! Mais vous ne pouvez pas le faire aujourd'hui. Vous seriez fou de travailler dans une école de nos jours. Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez. Vous ne pouvez pas choisir vos manuels, votre programme. Vous ne pouvez enseigner qu'un domaine pointu. Qui voudrait jamais faire ça ? »

3 commentaires:

Et revoilà les syndicats a dit…

Eh bien, c'est pas gagné non plus au Québec. Voir le rôle des syndicats :

Le syndicat qui représente la majorité des enseignants québécois « promet la guerre » au gouvernement du Québec s'il va de l'avant avec son projet de refonte des commissions scolaires.

Radio-Canada révélait jeudi l'intention de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, d'amputer de moitié d'ici trois ans le budget administratif des commissions scolaires pour les transformer « en coopératives de service » et de moduler le financement des écoles en fonction de leur rendement.

En conférence de presse vendredi, à Montréal, le président de la Centre des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, a qualifié de « catastrophique » l'idée de donner plus d'argent aux écoles plus performantes.

« C'est comme si on plaçait l'école dans une dynamique de séries éliminatoires de fin de saison », a-t-il imagé.

M. Parent cite une étude dévoilée en juillet par le gouverneur de la Géorgie, où un système de financement au rendement a été implanté. L'étude démontre que 38 directeurs et 140 enseignants avaient triché en gonflant les notes des élèves pour obtenir plus de financement.

Réjean Parent s'oppose aussi à la réduction des budgets des commissions scolaires de 100 millions par année, durant trois ans. Selon lui, il s'agit d'une réduction pure et simple du budget de l'éducation.

« On retranche des centaines de millions, et on ne le réinjecte pas nulle part. [...] C'est une tentative de mystification pour faire croire que ce sera sans effets », a déclaré M. Parent.

Selon le président de la CSQ, le transfert du pouvoir des commissions scolaires vers les écoles aura pour effet d'isoler les écoles publiques et de les « livrer à la commercialisation et à la marchandisation et d'ouvrir la porte à la sous-traitance et aux fondations ».

Anonyme a dit…

« Qui voudrait jamais faire ça ? »

Des médiocres suiveux, M. Jobs ? Ou alors des naïfs, des anges de patience ?

Francois a dit…

Ce serait une excellente idée ces chèques-éducation, et ce peu importe le niveau : primaire, secondaire, cegep ou universitaire. Ce serait remettre aux parents la possibilité de choisir ce qui leur convient le mieux. Cela créerait une concurrence intéressante, ce qui augmenterait la qualité. En complétant ça, avec une abolition des commissions scolaires, une diminution de la bureaucratie locale et provinciale, nous aurions un système performant. Mais nous sommes au Québec, les syndicats vont-ils le permettre...