lundi 1 mai 2023

Québec accuse de nombreux immigrants d’avoir menti sur leurs compétences linguistiques en français

Québec accuse de nombreux immigrants d’avoir menti sur leurs compétences linguistiques et les recale lors d’une entrevue orale, en dépit d’une preuve attestant qu’ils ont déjà réussi le niveau requis en français, a appris Le Devoir. Plusieurs d’entre eux peuvent même être « bannis pour cinq ans » du processus de sélection du Québec, dénoncent des avocats. Ces derniers — et leurs clients — déplorent ce qu’ils qualifient d’acharnement de la part du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). 

Le Devoir s’est entretenu en français, à l’oral et à l’écrit, avec plusieurs candidats à l’immigration n’ayant pas le français comme langue maternelle qui ont été convoqués à une entrevue. Il préserve leur anonymat pour ne pas nuire à leurs démarches. Le Devoir ne donne pas son appréciation du niveau de compétence en français des gens avec qui il a parlé.

D’origine chinoise, Chang déplore la façon dont il a été traité par le MIFI, qu’il qualifie d’« arrogant » et d’« irresponsable ». Le jeune homme a fait une maîtrise dans une université anglophone d’ici et dit être « tombé en amour » avec le Québec. Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) lui permettait de réaliser son rêve d’immigrer, mais il devait apprendre le français et obtenir l’équivalent du fameux « niveau 7 » sur l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français. Au printemps 2022, après avoir réussi tous les tests de français oraux et écrits agréés par le MIFI, il a demandé le Certificat de sélection du Québec (CSQ), le précieux sésame lui permettant de demander la résidence permanente au gouvernement fédéral. 

Or, son rêve s’est effondré lorsqu’il a été convoqué quelques mois plus tard à une entrevue de contrôle par le ministère de l’Immigration du Québec. Celui-ci lui a dit avoir des raisons de croire qu’il avait soumis des « documents faux ou trompeurs » pour attester de son niveau de français, ce que nie le principal intéressé. Au terme de l’entretien, qui « s’est très mal passé », Chang s’est vu octroyer un niveau 4. 

Dans la lettre du MIFI, on l’informe aussi que sous prétexte qu’il a menti sur ses compétences en français, toute nouvelle demande qu’il voudrait soumettre pourrait ne pas être évaluée, et ce, pour les cinq prochaines années. « J’étais dévasté », a-t-il dit. En 2016, des soupçons de fraude et de production de faux documents avaient mené l’Unité permanente anticorruption à ouvrir une enquête, ont révélé des documents de cour. C’est ce qui avait incité le ministère de l’Immigration du Québec à prendre les devants et à vérifier davatange le niveau de français oral des candidats au PEQ en les convoquant pour un entretien. D’après les données du MIFI, plus de 2000 personnes se sont soumises à cette entrevue depuis l’automne 2016. Les convocations ont connu une augmentation et sont en voie de rattraper le niveau prépandémique. Quant au taux d’échec, il varie beaucoup, allant de 16 % à 84 % selon les années. 

Source

Aucun commentaire: