Avec un taux de fécondité tombé à 1,66 enfant par femme en 2024 (selon les données provisoires de l’Insee), loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1, les auteurs alertent sur les risques démographiques et économiques à long terme.
L’objectif principal est de proposer une stratégie ambitieuse pour relancer la natalité, en mettant l’accent sur l’encouragement du troisième enfant comme levier clé.
Proposition principale : une Prime de 40 000 € sans condition de ressources
Les auteurs avancent une mesure audacieuse : l’instauration d’une prime unique de 40 000 €, non imposable et versée en une seule fois, accordée aux familles à la naissance de leur troisième enfant. Cette initiative vise à faire passer le taux de fécondité de 1,60 à 1,80, soit une augmentation estimée de 80 000 naissances par an. Cette somme, évaluée à un coût annuel de 6 milliards d’euros, serait destinée à couvrir les coûts supplémentaires liés à l’arrivée d’un troisième enfant, tels que l’achat d’un véhicule plus spacieux, un apport pour un logement plus grand ou des travaux d’agrandissement.
Pourquoi le Troisième Enfant ?
D’un côté, la recherche empirique établit une très faible efficacité de l’encouragement financier des naissances de premier enfant, à l’instar de la politique massive de soutien au premier enfant en Pologne qui n’a pas eu d’effet de long terme sur la fécondité. Cela s’explique par le fait que le choix de faire ou non un premier enfant n’est que rarement la résultante d’un calcul économique pouvant être influencé par une subvention de quelques milliers d’euros, mais bien plutôt de préférences fortes préexistantes ou de l’existence préalable d’un couple stable permettant de réaliser le projet familial.
À l’inverse, il est établi que les naissances de troisième rang sont particulièrement sensibles aux prestations financières. En effet, le fait d’avoir déjà deux enfants atteste d’une aspiration parentale et d’un couple a priori solide, les éléments bloquants étant dès lors souvent matériels (effets de seuil dans la taille du logement et/ou du véhicule dont dispose le ménage, etc.) et pratiques (temps nécessaire au quotidien). De surcroît, il apparaît que c’est précisément ce cap que la plupart des ménages renoncent à dépasser — alors que le taux de passage du premier au deuxième enfant est de près de 80 % en France, celui du deuxième au troisième n’est que de 40 %, offrant une marge de progression bien plus considérable.
Le troisième enfant doit donc constituer la cible privilégiée des mesures d’incitation financière d’une politique nataliste bien conçue, ce d’autant plus que le nombre de troisièmes naissances étant par construction beaucoup plus faible, l’effet d’aubaine est moindre et il est possible à enveloppe financière constante de concentrer presque quatre fois plus de moyens par enfant et donc d’en démultiplier les effets.
Justification Démographique
D’un point de vue démographique, les auteurs insistent sur la nécessité de promouvoir les familles de trois enfants pour prendre en compte le quart des femmes (estimé à 25 %) qui n’ont pas d’enfant. Dans un scénario où deux enfants deviendraient la norme pour les deux tiers des familles, le taux de fécondité moyen chuterait à 1,33, rendant irréaliste l’atteinte du seuil de 2,1 sans un niveau de natalité excessif chez une minorité. À l’inverse, si 50 % des familles optaient pour trois enfants, le taux de renouvellement pourrait être approché de manière réaliste, alignée sur les aspirations exprimées dans les sondages (nombre d’enfants souhaité autour de 2,24).
Financement et Solidarité Intergénérationnelle
Le financement de cette prime, représentant 6 milliards d’euros annuels, serait assuré par une contribution des retraités actuels, perçue comme une forme de solidarité intergénérationnelle. Les auteurs proposent une hausse de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) sur les pensions et la suppression de l’abattement pour frais professionnels dont bénéficient les retraités. Cette mesure s’appuie sur l’argument que la faible natalité des générations précédentes a contribué à la crise des retraites, justifiant un effort en faveur des jeunes parents.
Mesures Complémentaires
Outre la prime, l’étude recommande des ajustements à la politique familiale existante : suppression du plafonnement des allocations familiales instauré sous François Hollande en 2013 (coût estimé à 900 millions d’euros), rétablissement de l’universalité des aides, augmentation des places en crèche et facilitation de la construction de logements pour répondre à la pénurie qui frappe particulièrement les familles. L’objectif global est de faire des jeunes parents « la catégorie sociale la plus heureuse », en alignant les politiques sur leurs besoins concrets.
Conclusion et Perspectives
L’étude défend une relance de la politique nataliste avec une vision à long terme, où l’encouragement du troisième enfant devient un pilier stratégique. En s’appuyant sur des données démographiques solides et des projections réalistes, les auteurs appellent à un changement de paradigme, dépassant les approches traditionnelles pour répondre aux défis d’une société où la natalité stagne. Cette proposition, bien que coûteuse, est présentée comme un investissement dans l’avenir démographique et économique de la France.
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