mercredi 15 octobre 2025

Le projet de constitution québécoise inquiète les pro-avortements

Des groupes féministes et pro-avortements demandent de retirer la protection de l’accès à l’avortement du projet de constitution québécoise. Québec risque d’ouvrir une brèche favorable au mouvement pro-vie, craint-on.

Le ministre Simon Jolin-Barrette croyait bien faire, pourtant il est déjà confronté à une levée de boucliers. Le document présenté jeudi prévoit que « l’état protège la liberté des femmes d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

Mais la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) est inquiète.

Puisque la constitution québécoise pourra être modifiée par une simple majorité du parlement, rien n’empêchera un futur gouvernement de l’amender pour inclure des restrictions, souligne-t-elle.

Les mouvements pro-vie « attendent un tel projet depuis 1988 », affirme la FQPN. On peut penser, par exemple, à l’interdiction des avortements tardifs.


Rappelons qu'un sondage DART & Maru/Blue publié en 2020 par le National Post révèlait que, malgré un fort appui au droit à l’avortement au Canada, les opinions se durcissent concernant les avortements tardifs. Si 71 % des Canadiens soutiennent l’accès à l’avortement « quand une femme le décide », quand les sondeurs poussent plus loin leurs questions, on apprend que 70 % estiment que celui-ci devrait être généralement illégal au troisième trimestre (à partir de 28 semaines), sauf pour des raisons médicales graves. De plus, 57 % souhaitent des restrictions dès le deuxième trimestre (14-28 semaines), et une vaste majorité rejette les avortements pour sélection du sexe du fœtus. Cette dualité reflète une complexité dans l’opinion publique : un engagement théorique fort pour le droit des femmes à choisir (en l'absence de débat social et du silence des médias sur des cas d'avortement tardif), mais une réticence croissante à banaliser les interventions tardives sans justification médicale. 

Nouvelle approche

La même mise en garde avait été faite quand le gouvernement caquiste a voulu faire adopter une loi pour protéger le droit à l’avortement. Québec avait finalement reculé en 2023. Jeudi, le ministre de la Justice assurait que sa nouvelle démarche permettait d’éviter cet écueil.

« Le libellé que nous avons choisi a été mûrement réfléchi pour, justement, prendre en considération ces craintes-là […] », expliquait Simon Jolin-Barrette.

Ainsi, plutôt que de garantir directement le droit à l’avortement, Québec a choisi de protéger « la liberté des femmes » d’y avoir recours.

« Ce que la CAQ fait est dangereux et constituerait un grave recul », affirme la porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal. Le ministre Jolin-Barrette, lui, se dit « très sensible » aux préoccupations de la FQPN, qu’il a rencontrée, précise-t-il.

Sources : Journal de Québec, National Post

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