mardi 10 septembre 2024

Brevet — Confusion entre « la » ou « l’a» n’est pas considérée comme une faute car l'élève a eu l’idée du son

 Myriam Meyer (professeure de français et de latin) affirme que « Pour le brevet des collèges, si l’élève écrit "la" ou "l’a", cela n’est pas considéré comme une faute car il a eu l’idée du son. C’est l’une des consignes que nous recevons. »

 

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Myriam Meyer se confie sur ses années en tant que prof dans un collège appartenant à un réseau d'éducation prioritaire (REP) et nous livre son regard sur les actions de l'Éducation nationale.

 

 LA VRAIE VIE D’UNE PROF DE BANLIEUE

Pendant six ans, cette jeune prof a enseigné le français, le latin et le grec dans un collège de la banlieue parisienne. Avoir encore foi en son métier quand on se retrouve face à des enfants de culture étrangère, dans une société qui ne croit plus à l’exemplarité ni à la transmission, est un combat de tous les jours. Elle le raconte avec talents dans un livre publié chez Robert Laffont, « Wesh, Madame ?! ».

Ses élèves l’ont baptisée la « Sénégauloise », parce que Myriam Meyer est née au Sénégal, où sa mère était prof et que non, elle n’est pas « une rebeu qui a réussi », même si elle s’appelle Myriam. En découvrant son prénom, les enfants de l’immigration du collège du Val-de-Marne où elle enseignait pensaient volontiers qu’elle était arabe – à l’époque où elle y a été parachutée, elle ne portait pas encore le nom de son mari, Meyer. A l’Éducation nationale, les affectations dépendent d’un système complexe de points. Au bout de trois ans seulement d’expérience professionnelle, enseigner en réseau d’éducation prioritaire (REP) n’était pas le choix de cette trentenaire. Mais avec le recul, ces six années auront été « les plus fécondes, les plus riches et les plus fortes » de sa carrière, comme elle l’écrit dans l’avantpropos de son livre. Myriam Meyer a le talent de faire partager ses émotions au lecteur de Wesh, Madame ? ! Rires et larmes d’une prof de banlieue. Enseigner le français, mais aussi le latin et le grec à des jeunes qui ne parlent parfois que la langue de leurs parents, sans même l’écrire, est une gageure. Cette frêle jeune femme relève le défi avec humour.

Au début, les cours de langues mortes de « Madame Vieuxmots » – un autre de ses surnoms – n’attirent pas les foules. Elle n’a que six élèves. Les collégiens sont réticents, pour des raisons parfois incongrues. Elle s’entend dire : « J’veux pas faire de latin, Rome, c’est trop la honte […] Ça a fait les Roumains. C’d’la merde les Roumains, les Roms. »

CONTRE LA VICTIMISATION

Mais les malentendus finissent par être levés et Myriam Meyer se retrouve avec des classes de 25 élèves. Les parents, dans ces banlieues où le chômage sévit, pourraient douter de l’utilité du latin et du grec pour leur progéniture, mais c’est souvent le contraire qui se produit selon le professeur : « Pas mal de parents me suppliaient de prendre leur enfant parce qu’ils étaient convaincus que c’était le meilleur moyen qu’il se retrouve avec de bons élèves. Du coup, je pouvais avoir dans la même classe des gamins superbrillants, superdisciplinés, et des vrais terribles qui passaient six mois à se demander ce qu’ils faisaient là. »

En cours, l’enseignante montre « à des enfants qui viennent d’environnements et de pays très différents que la France appartient à une culture commune, fondatrice pour notre civilisation, la littérature, la philosophie, la poésie, l’art en général. » Le récit des conquêtes romaines lui permet, au passage, de démonter les discours de victimisation identitaire en expliquant qu’ « Européens ou Africains, on a tous été colonisés à un moment donné, qu’il n’y a pas les oppresseurs et les opprimés ».

Pas facile de lutter contre les idéologies délétères, mais aussi contre ce que Myriam Meyer appelle les « forces obscures », « l’attraction des écrans et de l’argent facile », à une époque où, regrette-t-elle, « l’exemplarité a disparu, dans les familles comme dans la société ». Mais à la lire, elle y parvient souvent, entre rires et larmes.

Wesh, madame ?!,
Rires et larmes d'une prof de banlieue,
par Myriam Meyer
publié chez Robert Laffont,
le 22 août 2024,
240 pp,
ISBN-13 : 978-2221277225

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