mardi 9 août 2022

« Écologie » — Forêt millénaire allemande détruite pour faire place à des éoliennes

Chêne centenaire de la forêt du Reinhardswald
 
 Dans le quotidien suisse NZZ, la Neue Zürcher Zeitung, Christian Saehrendt écrit sur « l’absurdité » de l’abattage d’une des dernières forêts intactes d’Europe pour faire place à de monstrueux parcs éoliens.

Le Reinhardswald couvre une superficie d’environ 200 kilomètres carrés, on trouve des chênes séculaires, une biodiversité naturelle très développée qui abrite par exemple des chats sauvages rares et des populations de cerfs blancs — un équilibre qui a mis 1000 ans à s’établir. Cette forêt est le cadre de nombreuses légendes populaires. S’y trouve le château de Sababourg, dont les frères Grimm on fait le château de la Belle au bois dormant dans leurs Contes de l’enfance et du foyer.

La NZZ rapporte : « À l’automne, la direction de la Documenta [une grande exposition de Cassel] a planté des chênes dans le féérique Reinhardswald près de Cassel pour sauver le climat. Maintenant, la forêt va céder la place aux éoliennes, ce qui sauvera encore mieux le climat. Un bel exemple de l’absurdité de la transition énergétique allemande.

Dans le nord de la Hesse, au centre de l’Allemagne, se trouve l’une des plus grandes zones forestières contiguës d’Europe centrale, le Reinhardswald, surnommé la “forêt féérique”. Les Allemands et leur forêt — c’est un sujet chargé d’histoire, dans lequel l’identité nationale, les mythes historiques et le romantisme politisé jouent des rôles importants. »

« Pour libérer l’Allemagne des importations d’énergie russe »

Le quotidien suisse ajoute : « Ce printemps, les autorités du nord de la Hesse ont approuvé la construction d’un parc éolien avec au moins dix-huit éoliennes de 240 mètres de haut au milieu de cette zone forestière, ce qui a semé la consternation générale.. »

La forêt-relique sur la place des Frères Grimm à Cassel

La région rurale et densément boisée autour de Cassel, où se tient cette année encore l’exposition artistique mondiale Documenta, a en fait traditionnellement misé sur le tourisme au « pays des contes de fées » et est desservie par la « Route allemande des contes de fées ». « Par le passé, cette stratégie a également été couronnée de succès auprès des touristes étrangers, notamment asiatiques », écrit la NZZ.

Les partisans des usines éoliennes défendent la déforestation de l’une des dernières forêts vierges d’Europe en affirmant que seules des zones malades de la forêt sont déboisées et que les turbines « libéreront l’Allemagne de l’emprise des importations d’énergie russes ».... et sauveront notre climat pour les générations à venir. « Le ministère fédéral allemand de l’Environnement a récemment autorisé la construction de parcs éoliens dans les aires naturelles protégées. En outre, la protection des espèces sera affaiblie », rapporte avec précision la NZZ. L’initiative « Windpark-Reinhardswald-against » a déclaré : « Le prétendu trésor des forêts européennes — est en ruine depuis des décennies. Nous sommes consternés. »

La haie d’épines du Monde de Grimm
 
 
Pas de souci, qu’ils se promènent dans des forêts succédanées

« Alors que la vraie forêt féérique, historiquement enracinée, à l’extérieur de la ville, est en train d’être abattue, on en crée des ersatz artificiels à l’intérieur de la ville. Ainsi, la société civile de Cassel se bat depuis des mois pour le réaménagement de la place des Frères Grimm, qui est conçue sous la forme d’une » forêt de conte de fées », composée de pins et d’arbustes — ce qui permet au mieux d’illustrer une forêt miniature sur un ilot de circulation. »

La NZZ ajoute : « Dans le musée Grimm de Cassel — le Grimmwelt, — qui sera à nouveau un site de la Documenta cet été, on a déjà aménagé une forêt artificielle, une “haie d’épines” créée par ces brosses vertes verticales que l’on rencontre dans les lave-autos. Même dans ces événements locaux, une tendance de notre époque devient visible : la désensibilisation et le filtrage médiatique de notre expérience. La nature est de plus en plus mise en scène et irréelle. Des bosquets urbains au lieu de forêts vierges, des mondes artificiels au lieu de la nature, tandis que le paysage extérieur devient de plus en plus inhospitalier et perd son visage. »


« Les voix qui sortent des haut-parleurs de la haie de la Belle au bois dormant créent un agréable effet effrayant. »

Aucun commentaire: