jeudi 30 janvier 2020

Enfants anxieux ? Normal... avec l'école et la société actuelles

Chronique de Denise Bombardier sur le fait qu’il y aurait entre 8 % et 14 % de petits Québécois qui sont considérés comme anxieux et traités pour celle-ci. Notons qu’il y a déjà plus de dix ans une étude internationale s’était penchée sur cette grande conquête québécoise, les garderies fortement subventionnées et syndicalisées, et avait découvert qu’un bambin sur 6 était déprimé ou anxieux. Une autre étude en 2015 soulignait une nouvelle fois les points négatifs des garderies dites universelles. Rappelons que les mères qui veulent garder elles-mêmes leurs enfants sont financièrement défavorisées par l’État québécois par rapport à celles qui confient leurs enfants en bas âge à des tiers dûment approuvés par l’État.


L’anxiété des enfants québécois est bien connue. Il y aurait entre 8 % et 14 % de petits qui ont reçu un diagnostic et ont ainsi été mis sous médication au Québec. Les causes sont multiples et le déni des adultes est évident. Personne ne veut être culpabilisé.

Éclatement de la famille

L’éclatement de la famille y joue un rôle. Plus de la moitié des enfants assistent à la rupture de leurs parents. À 12 ans, certains ont traversé parfois trois ou quatre ruptures amoureuses d’un parent. Ils ont dû s’adapter à de nouveaux conjoints et ont vu défiler des grands-parents, demi-sœurs et demi-frères passagers.
« À la maison, je m’ennuie !
À la garderie, je suis content ! »
Affiche soviétique des années 30

Maternelles gouvernementales

À l’école, des enfants de maternelle à Montréal ont subi neuf suppléants depuis septembre dernier faute d’enseignants permanents.

Écoanxiété entretenue

De plus, les discussions sur l’environnement, qui devraient être à l’initiative d’enseignants responsables et rassurants, plongent de nombreux enfants dans l’écoanxiété. Celle-ci est aussi relayée par les médias portés à dramatiser la santé de la planète pour un public très diversifié. Et l’enfer d’antan est remplacé par l’apocalypse planétaire prophétisée par la jeune et perturbée Greta Thunberg.

École du correctivisme politique, LGBTQ

En classe, l’enseignement impose la rectitude politique nourrie du relativisme. Des enfants se font mettre en garde contre l’intolérance par des enseignants adeptes de la fluidité des genres. Exit le féminin et le masculin.

Les enfants apprennent le libre choix. « Je serai bisexuelle quand je serai grande », a déclaré une fillette de 11 ans, entendue par hasard à Radio-Canada la semaine dernière.

Une garderie de Notre-Dame-de-Grâce reçoit régulièrement une drag queen [un travesti] avec la bénédiction de la directrice et l’assentiment des parents. Le travelo lit des contes aux enfants bluffés par son déguisement.

SQDC = Société gouvernementale québécoise qui vend du cannabis


Faut-il se surprendre que ce regain d’anxiété se poursuive chez les adolescents qui auront, eux, à 21 ans, la possibilité légale de se déstresser en fumant des joints ? Du moins, ils l’espèrent.

Au secours !



Une nouvelle étude souligne les conséquences néfastes des garderies « universelles » québécoises

Les enfants québécois surmédicamentés, selon des pédiatres



Manifeste contre le dogmatisme universitaire

Il faut subir son temps pour agir sur lui », nous disait Sainte-Beuve au XIXe siècle. Ce propos ne pourrait être plus vrai pour nombre d’étudiants actuels qui ont le malheur de ne pas souscrire à l’idéologie universitaire dominante. En effet, beaucoup de départements d’arts, de sciences humaines et de droit dans les universités et les cégeps sont, depuis plusieurs années, noyautés par des professeurs de la gauche postmoderne.

Ayant réussi à monopoliser les lieux de pouvoir, ils sélectionnent minutieusement leurs camarades idéologiques au sein du corps professoral. Véritables apôtres de la tolérance, ces enseignants ont ironiquement du mal à tolérer toute forme de pensée contraire à la leur. Leurs opinions sont présentées comme des faits, et les faits sont délogés au statut de « construction sociale ».

Amateurs de l’intersectionnalité, ils accumulent les luttes victimistes propulsées par les campus américains, tout en évitant soigneusement d’aborder la question de la subordination du Québec au Canada. On ne sélectionne que les victimes utiles pour mieux resserrer le cilice de la mauvaise conscience occidentale.

Ce qui s’avérait n’être d’abord qu’une mode idéologique tend de plus en plus à se cristalliser et à étendre ses tentacules. C’est l’extension du domaine de la lutte pour la reconnaissance. Tout comme l’avare n’est jamais assez riche en argent, le professeur n’est jamais trop bien nanti en signaux de vertu. Le goût prononcé pour l’école anglo-saxonne, de par sa présence hégémonique, révèle une forme avancée de colonisation mentale.

Les universités et les cégeps québécois n’ont ainsi de français que le nom : pratiquement tout l’esprit est maintenant soumis à l’Empire. En témoignent l’indifférence aux penseurs français et la tombée en pâmoison devant les real thinkers américains. Au mieux, les Français ne sont lus que lorsqu’ils font preuve d’anglophilie bien affichée. C’est un fait : le Bob Gratton de 2020 possède une charge de cours.

Novlangue

Dans ce sillage, la novlangue s’enrichit d’année en année : islamophobie, transphobie, décolonialisme, capacitisme, spécisme, séparatisme lesbien et système de domination genrée ne sont là que quelques termes du volapük universitaire. L’indifférenciation fait son œuvre : il n’y a plus d’hommes et de femmes, simples sexes désignés à la naissance, ne reste que des genres fluidifiés dans les théories absconses.

C’est le retour au chaos originel, où la discrimination n’est pas de ce monde. Cette aspiration régressive fait même l’objet de programmes d’études féministes et de genres. En ce qui concerne les autres programmes, la matière est désincarnée et mortifiée au nom de la théorie critique : c’est l’âme de l’élève qui s’en trouve désarmée. La déconnexion au peuple est totale, autant que la simple considération, celui-ci n’étant après tout qu’un construit.

Le Québécois est réduit à l’état d’homme blanc privilégié, piétinant un territoire autochtone non cédé. Exit la réalité historique et la nuance : le réflexe autopénitentiel est de mise pour sauver nos âmes. Dans ce contexte, l’Histoire se répète, car après avoir une fois de plus perdu la mémoire, le peuple québécois se retrouve déboussolé, en perte de repères et faisant face à de graves dangers qui menacent son existence précaire.

Évoquer ce genre de problèmes fait l’objet de suspicion dans les établissements postsecondaires. Défendre une terre et son identité nationale ne suscite que roulements d’yeux et soupirs agacés, lorsque ce n’est pas une pluie d’invectives qui s’abat sur le dissident ou sa prise à partie par les autorités. Remettre en question la religion du Progrès déclenche un ahurissement généralisé devant une jeunesse écoanxieuse et manichéenne, au bas niveau de littératie.

Dissidence

Nous, jeunes signataires nationalistes, étudiants et finissants d’études postsecondaires, proclamons notre devoir de dissidence. Nous n’écrivons pas pour nous victimiser et nous plaindre d’une atteinte à nos droits. Non plus pour remplacer une idéologie par une autre. Nous ne nous asphyxions pas, mais l’air est vicié.

En bons écologistes, permettez-nous de préférer un air sain. Nous signons ce texte parce que nous savons que la médiocrité n’a pas vocation à l’éternité. Nous lançons ce manifeste pour encourager nos pairs à démolir le temple de la rectitude politique. Ils doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls. En temps d’incertitude et de tourmente, que Louis Pauwels les rassure : « il nage forcément à contre-courant, celui qui se dirige vers la source ».

Car lorsque l’un des nôtres ose remettre en question l’ordre établi, que ce soit par des conférences « controversées », des travaux aux thèses divergentes ou même l’expression d’une opinion discordante, son action ne demeure pas vaine. Chaque fois, ce sont les colonnes de l’empire du politiquement correct qui s’en trouvent ébranlées.

« Lentement la brèche s’élargit, se rétrécit, s’élargit encore. […] À nous l’imprévisible passion ; à nous le risque total dans le refus global », scandaient nos ancêtres en 1948. Soixante-dix ans plus tard, nous sommes toujours au poste. Face au dogmatisme global, nous opposons la responsabilité entière.

Que les nouveaux curés se le tiennent pour dit : nous ne céderons rien, nous ne reculerons pas, nous ne nous tairons pas, nous ne donnerons aucun gage de respectabilité. Les universités et les cégeps doivent être le lieu de la pluralité des opinions et de leur échange dans un cadre respectueux et juste. Sans quoi, il faudra changer leur nom pour camps de rééducation. Nous ne voulons pas en arriver là.

Jordanne Blais-Rochefort, étudiante en science politique et philosophie, Université de Montréal
Gabriel Jarvis, étudiant en enseignement secondaire de l’Univers social, Université de Montréal
Philippe Lorange, étudiant en science politique et philosophie, Université de Montréal
Claude Pelletier, étudiant en administration publique, ENAP
Samuel Vanasse, bachelier en philosophie, UQAM
Jérémie Allaire-Ménard, réalisateur
Tristan Ampleman-Tremblay, étudiant en Philosophie, Université Laval
Antoine Arbour, étudiant en Affaires publiques et Relations internationales, Université Laval
Guillaume Bédard, étudiant en Économie et politique, Université Laval
François-Xavier Bélanger, étudiant
Maxime Bell, étudiant en Sciences, lettres et arts, Cégep Lionel-Groulx
Vincent Benatar, étudiant en Administration, UQÀM
Maé Bonnet, étudiante en Sciences humaines, Cégep Limoilou
Félix Brassard, cinéaste
Ariane Brochu, étudiante en Sciences humaines, Cégep régional de Lanaudière à l’Assomption
Éric Chalut, musicien
Riccardo Chmielowiec, étudiant en Littérature comparée, UdeM
Jordan Craig Larouche, étudiant en Sciences humaines, Cégep Lionel-Groulx
Wolfgang D’Aoust, étudiant en Cinéma, Cégep Saint-Laurent
Vincent D’Astous, étudiant en Philosophie, Université Laval
Jean-Philip Desjardins-Warren, étudiant en Histoire, UQÀM
Mathieu Desroches, étudiant en Sciences économiques, UdeM
Orian Dorais, étudiant en Cinéma, UdeM
Léonard Duchesneau, étudiant en Urbanisme, UdeM
Philibert Dumontier-Ménard, étudiant en Science politique et philosophie, UdeM
Lukas Gagnon, étudiant en Droit, UdeM
Morgane Gauvin, étudiante en Langues modernes, Cégep Limoilou
François Gervais, étudiant en Histoire et civilisation, Cégep Lionel-Groulx
Marc-Antoine Gervais, étudiant en Enseignement secondaire de l’Univers social, UdeM
Samuel Hamelin, étudiant en Enseignement secondaire de l’Univers social, UdeM
Olivier Jolicoeur, étudiant en Géographie, UdeM
Alexis Kelly, étudiant en Histoire et civilisation, Cégep du Vieux-Montréal
Tomas Labelle, étudiant en Histoire, UdeM
Gabriel Laflamme, étudiant en Arts, lettres et communications, Cégep Limoilou
Matthieu Laflamme-Boucher, étudiant en Sciences économiques, UdeM
Olivier Lamanque Galarneau, étudiant en Histoire, UdeM
Mark Landry, étudiant, Montréal
Michaël Lauzon, ex-étudiant en Sociologie
William Lauzon, étudiant en Génie chimique, Université de Sherbrooke
Philippe Lavoie, étudiant en Immigration et relations interethniques, UQÀM
Léo Leclerc, étudiant en Questions internationales, Cégep du Vieux-Montréal
Maxime Lépine, caméraman
Louis-Philippe Le Sieur, étudiant
Félix L’Heureux Bilodeau, étudiant en Génie agroenvironnemental, Université Laval
Olivier Malo, LL. B, Université Laval
Samuel Massicotte, historien et étudiant en Enseignement secondaire
Yassir Najmaoui, étudiant en Génie informatique, Université de Sherbrooke
Isaac Prasow-Émond, étudiant en Science politique et philosophie, UdeM
Félix Racine, étudiant en Science politique et philosophie, UdeM
Samuel Rasmussen, étudiant à l’École de Politique appliquée de l’Université de Sherbrooke
Jonathan Raymond, étudiant en Électronique industrielle, Cégep de Sherbrooke
Nicolas Rioux, étudiant en Droit public, Université d’Ottawa
Benjamin Roy, étudiant en Science politique, UdeM
David Santarossa, enseignant au secondaire
Aram Shoujounian, étudiant en Études internationales, UdeM
Marius Tarigradschi, étudiant en Économie politique, UdeM
Sacha Thibault, ancien président du Forum Jeunesse du Bloc Québécois
Maxence Toureche, étudiant en Science politique, UdeM
Anthony Tremblay, ex-étudiant en Études politiques appliquées, Université de Sherbrooke
Natasha Tremblay, étudiante en Littérature anglaise et création littéraire, Université Concordia
Samuel Turcotte, étudiant en Économie politique, UdeM
Maxance Vincent, étudiant en Cinéma, UdeM

« L’essentiel est d’aider les jeunes à avoir confiance en eux »

Quelle est la mission de l’école catholique ?

Quels objectifs pour le développement des jeunes ?

Parmi les acteurs des communautés éducatives des écoles, des collèges et des lycées, les animateurs en pastorale scolaire ont une place toute particulière. Cécile de Vitton, animatrice en pastorale chrétienne au Lycée Professionnel Joseph Wrezinski à Angers, est l’invitée de Geoffroy d’Aillières. Parmi les objectifs de son action, aider les jeunes à avoir une meilleure estime d’eux-mêmes. Un des axes forts du projet de l’enseignement catholique, centré sur la dignité de la personne.



Inquiets pour la planète contre inquiets pour leur patrie

La chro­nique d’Éric Zem­mour sur le dernier livre de Régis Debray, Le Siècle Vert.

Pas un jour sans sa une alarmante. Pas un jour sans son incendie dévastateur. Pas un jour sans son espèce animale qui disparaît. Pas un jour sans sa prophétie apocalyptique du GIEC. Pas un jour sans son ouverture d’un nouveau magasin bio. Pas un jour sans son discours vindicatif de la demoiselle Thunberg. Pas un jour sans son émission de télévision sur le réchauffement climatique. Pas un jour dans les écoles de nos enfants sans sa leçon sur le « développement durable ».

L’écologie matin, midi et soir. Notre maison brûle et tout le monde est sommé de ne pas regarder ailleurs. On y verra au choix la prise de conscience d’une question de vie ou de mort ou la puissance inédite d’une machine de propagande bien huilée. À chacun d’entre nous est intimé l’ordre de se positionner. Les climatosceptiques sont excommuniés comme jadis les libertins athées. Les dévots de la religion verte ne tolèrent ni les tièdes ni les incroyants. Toute contestation rationnelle est bannie ; toute ironie est suspecte. On peut les tuer d’un mot de mépris assassin qui tombe comme le couperet de la guillotine : « OK boomer ! » Ce qui signifie : tu n’as pas le droit à la parole, toi qui, grandi dans l’Occident d’après-guerre (les fameux baby-boomers !) as largement profité de la société de consommation sur le dos de cette pauvre planète et des générations suivantes.

Vestales du culte de la Terre-Mère à Davos (avant rognage par l'agence de presse AP)


C’est pourtant la quintessence du baby-boomer, son incarnation très « French touch », l’homme qui côtoya Fidel Castro et Che Guevara dans les années 1960, François Mitterrand et Jean Paul Sartre dans les années 1970, Régis Debray, qui relève le gant vert. Il ne défie pas nos nouveaux maîtres sur le champ de bataille ; il a remisé depuis longtemps au clou la Kalachnikov de sa jeunesse. Courageux, mais pas téméraire. Il utilise l’arme favorite de Voltaire contre une Église encore puissante : l’ironie.

Une ironie grinçante dès la première phrase qui parodie la célèbre ouverture du manifeste communiste de Karl Marx : « Un spectre hante l’Occident : l’effondrement du système Terre. » [La phrase de Marx est « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme ».]

Une ironie qui court tout au long du court tract. Une ironie qui fait rire : « Au “Ah ça ira ! Ça ira !” succède le “Ah ça triera, ça triera !” ». Une ironie qui fait mouche : « Pendant un millénaire, l’homme moral s’est demandé : “Où en suis-je avec Dieu ?” Puis, à partir de la Renaissance : “Où en suis-je avec mes congénères ?” Et aujourd’hui “Où en suis-je avec les animaux ?” »

Une ironie qui fait peur : « La prime à l’immature paraît augmenter chaque année (…). Avec le tous-ado de rigueur, il devient clair que l’adulte est lui aussi une espèce menacée. »

L’ancien adorateur de l’Histoire et du Prolétariat a tout pour détester les adorateurs des arbres et des ours. Mais il n’ose pas les prendre de front. Peur de passer pour un « vieux con ».

Peur de se mettre à dos la jeunesse. Peur de perdre sa médaille d’homme de gauche, alors que le lettré qu’il est ne peut ignorer que cette vague verte est profondément réactionnaire : « Nous revenons au fétichisme de nos ancêtres. »

Vestales du culte de la Terre-Mère à Davos (après rognage par l'agence de presse AP)

Alors, il biaise ; après l’ironie, il s’essaie à la pédagogie : « Ne sous-estimons pas l’ingéniosité de l’homo sapiens. Les enfants de la révolution néolithique, que nous sommes tous, se rappellent-ils le considérable réchauffement climatique correspondant à la fin de l’ère glaciaire, au paléolithique supérieur ? Les mammouths s’en sont allés, avec le gros gibier, mettant les chasseurs-cueilleurs à la peine (…). » Et après avoir décrit la naissance de notre civilisation de sédentaires agriculteurs, il conclut : « Sur le terrain d’un malheur il arrive ainsi qu’on rebondisse, en extrayant d’un pire un mieux. »

Mais il sait ses efforts inutiles. Il rend les armes. Il reconnaît dans cette idéologie verte l’avènement contemporain d’une société féminisée, mais s’empresse de croire (ou fait-il mine d’y croire ?) que cela nous protège contre la contagion djihadiste alors qu’au contraire c’est la faiblesse féminine, pacifique et tolérante, de nos sociétés qui favorise son expansion.

« La peur est un réveille-matin », nous dit très justement Debray. C’est elle qui tient nos sociétés loin de l’endormissement et de la mort. La peur des rouges et la peur des bourgeois, la peur des curés et la peur des bouffeurs de curés, autant de peurs qui ont structuré notre passé politique depuis deux siècles. L’avenir idéologique et politique sonnera l’affrontement entre deux nouvelles peurs. Ceux qui ont peur pour la planète et ceux qui ont peur pour leur patrie.

Ceux qui se sentent plus proches des animaux et ceux qui se sentent plus proches des Français. Ceux qui craignent le grand réchauffement et ceux qui craignent le grand remplacement.

En Allemagne, les deux partis qui montent sont les Verts et l’AfD, au détriment du duo hégémonique des Trente Glorieuses, CDU et SPD. Aux dernières européennes, en France, les grands vainqueurs ont été les listes du RN Bardella et de l’écologiste Jadot.

« Le culte de la jeunesse aura été le nom du fascisme sous toutes ses couleurs. » Debray sait de quoi il parle. Il a connu les totalitarismes rouges de près. Et voit arriver son héritier vert : « Nous changeons d’englobant. Nous avions vécu sous la cloche de l’Histoire ; nous vivrons sous celle de la Nature. » Le siècle vert succède au siècle rouge. « Théocratie, idéocratie, et demain biocratie ? » Hier, les Gardes rouges, aujourd’hui et demain les Khmers verts ? Et encore, ne nous dit-il pas que souvent, ce sont les mêmes qui sont passés du rouge désabusé au vert exalté.

Debray, revenu de tout, essaie de passer entre les gouttes. Il est trop patriote pour le nouvel universalisme vert ; il est trop universaliste pour les patriotes d’aujourd’hui et de demain. Il cite son cher Paul Valéry : « Le monde ne vaut que par les extrêmes (...) et ne dure que par les modérés. » Le jeune extrême qu’il fut est devenu un vieux modéré qui regarde ses successeurs avec un mélange
indistinct de frayeur et de tendresse.





Le Siècle Vert : Un changement de civilisation
de Régis Debray
publié le 9 janvier 2020
chez Gallimard
à Paris,
64 pages
ISBN-13 : 978-2072879289