mardi 11 avril 2023

Viktor Orbán renforce son opposition à l'UE en ce qui concerne l'idéologie du genre

La Hongrie s'éloigne de plus en plus de l'Occident

L'isolement idéologique de Viktor Orbán par rapport au reste de l'Occident s'accentue. Ce week-end, on a appris que des documents qui émaneraient des services de sécurité américains contenaient l'affirmation selon laquelle la Hongrie considérait l'Amérique comme "l'un de ses plus importants adversaires géopolitiques". 
 

Soulignant la gravité du fossé qui sépare la Hongrie de ses partenaires occidentaux, cette révélation est intervenue quelques heures seulement après que la France et l'Allemagne se sont finalement jointes à une action en justice intentée par l'Union européenne devant la Cour européenne de justice contre la position conservatrice de Budapest sur les questions LGBTQ2SAI+.

Paris et Berlin se sont joints à la dernière minute au procès intenté par la Commission européenne contre la "loi sur la protection de l'enfance" hongroise. Samedi, le ministère allemand des affaires étrangères
a écrit que la décision avait été prise parce que la loi hongroise "contre les homosexuels" viole "les valeurs communes de l'UE" qui sont "l'ADN de notre société libre et ouverte".

Quinze pays, soit plus de la moitié de l'Union européenne, composée essentiellement des riches États du Nord et de l'Ouest, se sont finalement joints à la procédure judiciaire engagée par Bruxelles. Outre la France et l'Allemagne, la Finlande s'est jointe tardivement à l'affaire, ce qui est humiliant pour Budapest, immédiatement après que la Hongrie a finalement approuvé sa demande d'adhésion à l'OTAN. 
 
La Hongrie avait mis un point d'honneur à jouer la carte de la fermeté concernant l'adhésion de la Finlande à l'OTAN afin de souligner le manque de respect présumé de ce pays à l'égard des politiques hongroises. Dimanche soir, le président du parlement hongrois a déclaré que les Finlandais avaient poignardé la Hongrie dans le dos en se joignant à l'action en justice.

Les progressistes et les groupes de pression LGBT jubilent déjà : ils veulent à tout prix qu'Orbán se perde la face parce que la "loi sur la protection de l'enfance" de la Hongrie s'oppose à l'hystérie occidentale actuelle en ce qui a trait aux « droits et libertés » LGBTQ2SAI+.  La loi en question interdit la représentation des thèmes LGBT dans les documents accessibles aux enfants et, à l'instar de la loi "Don't Say Gay" de Ron DeSantis en Floride, impose des contrôles stricts sur les cours d'éducation sexuelle à l'école.

La question essentielle est de savoir si la Commission européenne et les États membres de l'UE qui se sont joints à l'action en justice pensent qu'Orbán bluffe et fera marche arrière face à la pression juridique, ou s'ils souhaitent réellement une rupture idéologique potentiellement irrévocable avec la Hongrie. Ces derniers mois, M. Orbán a redoublé d'efforts, faisant de la résistance à l'"idéologie du genre" son principal engagement devant les électeurs, au même titre que le refus d'être "entraîné" dans la guerre en Ukraine.

Les Hongrois ont déjà été préparés à un énorme clivage idéologique avec le reste de l'UE. M. Orbán a affirmé lors d'une récente interview à la radio qu'"il y a un tel fossé entre nos deux positions que je ne vois pas comment il pourrait être comblé. Et comme nous n'allons pas céder, Bruxelles finira par céder". 

En réponse aux décisions de l'Allemagne et de la France de rejoindre le procès de l'UE vendredi, la ministre hongroise de la justice, Judit Varga, a fait passer ce message sans concession. Elle a réitéré l'argument de Budapest selon lequel les États membres ont le droit de décider de leurs propres politiques éducatives au niveau national et a promis de "nouvelles mesures" complétant la loi sur la protection de l'enfance, qui donneront à la Hongrie "la réglementation la plus stricte d'Europe en matière de protection de l'enfance".

Peut-être la Hongrie pliera-t-elle sous la pression de l'Union européenne et ces promesses s'avéreront-elles vides de sens. Mais les adversaires d'Orbán, dans son pays et à l'étranger, ont tendance à sous-estimer la nature idéologique - et intellectuelle - de son projet conservateur. Ils supposent souvent que les valeurs conservatrices de son parti, le Fidesz, ne sont qu'un simple écran de fumée pour gagner de l'argent et du pouvoir ; une façade politique qui s'écroulera dès qu'il sera opportun de le faire.

Mais cette interprétation présente une faille majeure. Alors que la Hongrie n'a déjà plus accès aux fonds de l'Union européenne et qu'elle s'apprête à subir d'autres sanctions européennes, l'Union européenne a de moins en moins de moyens de pression. Peut-être Orban sera-t-il poussé vers l'Est de l'Europe et la Russie. Orb­án joue peut-être la montre et attend-il de voir ce qui se passera en Ukraine avant de décider ou non de couper les ponts.

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 Entretien de Victor Orban sur Fox News (transcription et sous-titrage en français)

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