vendredi 12 avril 2013

Affaire Gosnell : l'absence des médias. Quand ça saigne, ça baigne, non ?

Quand ça saigne, ça baigne.

Il y a un dicton que les médias apprécient: si le sang coule, le sujet sera porteur; plus les images seront spectaculaires, plus grandes seront les chances de faire la une.

Or l'affaire Gosnell baigne dans le sang et l'horreur... Et pourtant, non seulement les gros médias francophones n'en ont pas du tout parlé, mais même les médias anglophones couvrent très peu ce scandale.

Voici les bancs réservés à la presse ce jeudi dans la salle (304) où se tient le procès Gosnell à Philadelphie :



Photo de JD Mullane, chroniqueur pour le Bucks County Courier Times.

Étonnement de ce désintérêt dans la blogosphère américaine.


Documentaire en anglais sur l'affaire Gosnell :

Où l'on apprend que les salons de coiffure ou de manucure seraient plus surveillés que la « clinique de santé féminine » du Dr Gosnell. Au fil des ans, plusieurs plaintes avaient été déposées contre l'avortoir (morts suspectes, utérus perforé, etc.), ni l'État de Pennsylvanie ni la Ville n'ont enquêté... Voir le rapport du Grand Jury (chercher le mot « inaction »). Le pot aux roses  fut découvert à la suite d'une perquisition pour vente illégale de drogues de synthèse (Oxycodone). 

Autre mort suite à avortement tardif passée sous silence

Jennifer Morbelli,
victime des suites
d'un avortement tardif
On apprend par ailleurs que, plus tôt cette année, une enseignante de maternelle de 29 ans est morte quand l'avortement de son enfant à naître « a mal tourné ». La femme aurait été enceinte de 33 semaines. Et le médecin qui a pratiqué cet avortement, soit deux mois après la limite légale de 24 semaines, était le célèbre, très célèbre aux États-Unis, docteur Leroy Carhart. Dr Carhart est ce bonhomme qui s'est bravement battu contre les interdictions du Nebraska et du gouvernement fédéral contre « les prétendus » « avortements par naissance partielle ». Les guillemets-épouvantail sont obligatoires. Carhart a ouvert une succursale dans le Maryland il y a quelques années afin de partager sa spécialité — tuer des bébés bien après le moment où ils pourraient vivre séparés de leur mère — avec une population plus diverse, plus nombreuse que dans son Mid-Ouest natal.

Personne dans les médias traditionnels n'a pleuré la mort de cette femme, mais une chroniqueuse du Washington Post n'a pas craint de dénoncer l'indicible intrusion dans la vie privée dont a été victime la défunte quand des militants pro-vie ont exprimé leurs inquiétudes après son décès : « Les manifestants exploitent la mort de cette femme et font comprendre aux autres femmes que leur vie privée n'est jamais vraiment protégée quand elles considèrent une IVG. » Surtout la vie privée des femmes décédées des suites d'un avortement tardif bâclé...?

On comprend mieux le silence de la classe médiatique dans le cas de l'avortoir Gosnell : il faut respecter la vie privée des mères et des enfants morts ?

#gosnell en tête de Twitter

Entre-temps, sur les médias sociaux #gosnell est le premier mot-croisillon de Twitter ce soir au Canada et aux États-Unis et l'image de Kermit Gosnell est la plus populaire parmi les gazouilleurs.











« Nous ne savons plus ce qui devrait être à la une »

Face à cet intérêt, la chroniqueuse d'USA Today, Kirsten Powers, titre « Nous avons oublié ce qui devrait faire la une ».

Un des employés de la clinique a déclaré au procès : « Il pleuvait des fœtus. Il y avait des fœtus et du sang partout. C'était à proprement parler des décapitations. On séparait le cerveau du corps » pour décrire ensuite l’insalubrité des lieux et les avortements bâclés. Il aurait été témoin d'une centaine de bébés  nés vivants et que l'on aurait tué en sectionnant la moelle épinière dans la nuque. » Que titre l'agence de presse AP dans une dépêche décrivant ce témoignage ? « Employé décrit chaos dans une clinique IVG en Pennsylvanie »... Comme le souligne Kirsten Powers, le chaos n'est pas l'élément principal, c'est plutôt le fait tuer des enfants nés.

Une recherche dans Lexis-Nexis révèle qu'aucun des trois grands réseaux de télévision américains n'a mentionné le procès Gosnell au cours des trois derniers mois. Il n'y a qu'une exception lorsque la chroniqueuse Peggy Noonan du Wall Street Journal a détourné pendant quelques instants l'émission de Meet the Press qui devait être consacrée à l'indignation soulevée par une loi anti-avortement dans quelque État républicain rétrograde.

Le Washington Post n'a pas publié aucun reportage de ses journalistes sur le sujet pendant le procès et le New York Times n'a jugé bon que de produire un article original sur le sujet à la page A-17 le premier jour du procès. Ils ont gardé le silence depuis, malgré des témoignages dignes des manchettes.

Pour la chroniqueuse d'USA Today, « Nul besoin d'être contre l'avortement pour trouver l'avortement par naissance partielle odieux ou pour trouver le procès Gosnell éminemment digne d'intérêt. Il ne s'agit pas  d'être « pro-choix » ou « pro-vie ». Il s'agit de droits fondamentaux. Le silence assourdissant de trop de médias, naguère une force pour la justice en Amérique, est une honte. »




Ci-dessous, augmentation fulgurante à partir du 10 avril des mentions à Gosnell sur Twitter :


Voir aussi

Silence médiatique embarrassé autour d'un avortoir...

Robert Ménard sur l'instinct grégaire bien-pensant des journalistes


9 commentaires:

Loulou a dit…

« Vous vous imaginez le tintouin si le Dr Gosnell avait traité des chiens de la sorte ? »

Can You Imagine the Coverage If It Were Dogs?

http://www.redstate.com/2013/04/12/can-you-imagine-the-coverage-if-it-were-dogs/

Prévaricateur a dit…

Vidéo comique d'un représentante du Planning familiale.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=qEv1afKaLhA

Qu'est-ce qu'il faudrait faire si un enfant a survécu à un avortement et qu'il se débat pour vivre, là sur une table ?

Réponse très à la Gosnell de la lobbyiste : C'est une décision qui doit rester entre la femme, la famille (marmonnée) et le docteur.

Question reposée plus tard, réponse, c'est une décision qui revient à la patiente et au docteur (avorteur).

Question d'un membre du comité de la législature floridienne : mais est-ce que le patient n'est pas le bébé qui tente de survivre ?

Réponse de la lobbyiste du Planning familiale visiblement embarrassée : c'est une très bonne question....

Jeanne a dit…

On n'en parle pas ici parce que, inévitablement, les gens se demanderaient si cela ne se passe pas aussi ici... Alors que la chose est légale ici contrairement aux États-Unis !

Athée et fier de l'être a dit…

Deux problèmes que je vois c'est

1) insalubrité et manque d'humanité envers les mères,

2) si on interdit plus l'avortement, il y aura encore plus d'avortements dans des conditions comme celles-ci.

Anonyme a dit…

Charles Krauthammer sur le manque de couverture : les progressistes savent que c'est de la très mauvaise publicité pour l'avortement et craignent que l'interdiction de ces infanticides pourraient signifier l'interdiction de tout avortement. Pour lui, il devrait y avoir consensus contre ces infanticides, sans que cela signifie que l'avortement précoce soit nécessairement interdit.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=ak7oThj8ju4

Anonyme a dit…

Deux anciennes travailleuses dans des cliniques pour avortement disent que ce qui est reproché à Gosnell est assez fréquent :

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=K7TTWddQwKQ&NR=1

Anonyme a dit…

Les bébés tués. Les femmes exploités. Le raciste sous-jacent. Les nombreux dysfonctionnements gouvernementaux.

Tout cela fait de l'affaire Gosnell, une affaire digne des manchettes et des unes.

The Atlantic.

http://www.theatlantic.com/national/archive/2013/04/why-dr-kermit-gosnells-trial-should-be-a-front-page-story/274944/

Will a dit…

http://www.nationalreview.com/corner/345510/mass-murderer-who-didnt-make-mass-media-mark-steyn

The bad news is that the vast ranks of newspaper publishers, TV executives, editors, news producers, radio assignment editors, and reporters somehow reached an instant, near universal consensus that a man who may well be America’s all-time champion mass murderer isn’t a story at all, never mind one to hold the front page for. Because they didn’t see him as a murderer, they saw him as a “choice-provider” who got a little out of hand.

That’s a dark, disturbing stain on our culture and our morality. It says nothing good about where we’re headed as a society – and all the dreary misdirection from the likes of Salon can’t change that.

Josh a dit…

Débat sur Foxnews sur le silence des médias de gauche :

http://video.foxnews.com/v/2296742760001/abortion-trial-blackout-media-ignoring-murder-case?intcmp=related?playlist_id=940325740001

http://video.foxnews.com/v/2294306500001/debate-over-media-bias-in-dr-gosnell-trial/

On apprend qu'Obama ne voulait pas protéger les enfants nés vivants (malgré tentative d'avortement) quand il était sénateur en Illinois.