L'économie canadienne devrait éviter un atterrissage brutal, mais elle est confrontée à des turbulences à court terme.
Les économistes de la Banque nationale du Canada affirment que la croissance de 2,8 % attendue par la banque centrale est pratiquement irréalisable. Ils ajoutent que le PIB par habitant poursuit sa chute amorcée en 2022.
Un certain nombre d'indicateurs économiques récents suggèrent que la croissance s'est essoufflée au troisième trimestre, « malgré » une croissance démographique continue et trois réductions de taux à ce jour de la part de la Banque du Canada, ce qui la place en tête des autres banques centrales du Groupe des Sept.
Selon les analystes, cet affaiblissement incitera probablement la banque centrale du Canada à revoir à la baisse ses prévisions de croissance et à procéder à des baisses de taux d'intérêt encore plus importantes afin de stimuler la consommation et de relancer l'économie.
Les économistes interrogés par le Wall Street Journal prévoient pour le dernier trimestre une croissance légèrement supérieure à 1 % en rythme annuel, contre 2,1 % au deuxième trimestre. La Banque du Canada, qui prévoyait une croissance de 2,8 % pour le troisième trimestre, devrait actualiser ses perspectives la semaine prochaine, lorsque les responsables se réuniront pour discuter des taux d'intérêt.
Ce rythme morose semble bien pire si l'on tient compte de l'augmentation rapide de la population, due à l'immigration, et les économistes s'attendent à ce que le PIB par habitant baisse pour le sixième trimestre consécutif.
« Bien qu'il ait évité une récession, le Canada est aux prises avec un excédent de ressources économiques », ont écrit cette semaine les économistes de Pimco. Ils prévoient un écart de production pour le pays au cours du dernier trimestre comparable à celui observé lors de la chute des prix du pétrole en 2015 et 2016.
L'estimation rapide de Statistique Canada indique un volume de PIB par industrie essentiellement inchangé en août, après une croissance mensuelle de 0,2 % en juillet. Les indicateurs récents confirment cette tendance.
Les chiffres publiés cette semaine montrent que les volumes des ventes des usines ont diminué de 0,8 % par rapport au mois précédent en août, tandis que les volumes du commerce de gros ont baissé de 0,7 %. Les dernières enquêtes trimestrielles de la banque centrale auprès des entreprises et des consommateurs indiquent que la demande est faible et que l'économie dispose de capacités inutilisées. Et le marché du logement, même après trois réductions successives des taux d'intérêt d'un quart de point de pourcentage depuis le mois de juin, reste atone.
Les chiffres des ventes au détail publiés à la fin de la semaine prochaine montreront comment se portent les dépenses des ménages. Les données anonymes de la Banque Royale du Canada sur les cartes de crédit laissent entrevoir une chute, avec une baisse des achats de produits alimentaires et d'essence et un recul des achats de vêtements et de chaussures après la frénésie de la rentrée scolaire.
Par ailleurs, deux signaux optimistes pour les consommateurs comportent des mises en garde qui inquiéteront probablement le conseil d'administration de la Banque du Canada et qui pourraient avoir renforcé les arguments en faveur d'une réduction plus importante d'un demi-point du taux d'intérêt la semaine prochaine, et peut-être d'une autre en décembre.
Tout d'abord, l'inflation annuelle continue de reculer et les pressions sur les prix s'atténuent. Toutefois, avec un indice des prix à la consommation de 1,6 % en septembre, l'inflation est désormais inférieure à l'objectif de 2 % de la Banque du Canada, ce qui pourrait devenir préoccupant si ce niveau se maintient.
Deuxièmement, l'embauche s'est renforcée le mois dernier et le taux de chômage a baissé pour la première fois depuis le début de l'année, pour s'établir à 6,5 % en septembre. Cependant, le taux de participation a diminué pour un troisième mois consécutif et la proportion de la main-d'œuvre employée a continué à baisser, ce qui indique que les Canadiens sont de plus en plus découragés par les perspectives d'emploi.
Les économistes de la Banque Nationale du Canada écrivent : « Il s’avère que ce taux a poursuivi sa chute en septembre, notamment pour la catégorie des 25-54 ans, alors que les embauches ne suivent toujours pas le rythme ahurissant de l’augmentation de la population. L’enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises ne laisse pas entrevoir de stabilisation à court terme. En effet, les intentions d’embauche demeuraient pratiquement inchangées au T3 et restaient inférieures à la moyenne historique. Un si faible appétit dans un contexte où le bassin de travailleurs augmente à un rythme faramineux n’est pas de bon augure pour une stabilisation du marché du travail. D’autres indicateurs révèlent qu’un nombre important d’entreprises sont en situation de sureffectif. Les plus récentes données montrent que le taux de postes vacants dans le secteur privé s’effondre et a atteint son niveau le plus bas depuis 2016. »
Graphe jusqu'au second trimestre, la baisse du PIB réel (hors inflation) par habitant poursuit sa chute au 3e trimestre 2024 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire