La Reine des Neiges 2 et La Guerre des étoiles IX, fers de lance du credo progressiste de Disney. Libérez-vous du passé, du désir, et de toutes les contraintes qui entravent votre liberté: telle est, en substance, la morale des deux derniers mégaproduction Disney, La Reine des neiges 2 et La Guerer des étoiles IX. Attention, intrigues déflorées et divulgâchées. Texte de Pierre-Henri d’Argenson, auteur d’un Petit traité d’éducation conservatrice (Le Cerf, 2019) et de La fin du monde et le dernier dieu (Liber, 2018).
La Reine des Neiges 2 et Star Wars épisode IX, grosses productions emblématiques des studios Disney sorties au mois de décembre, ont au moins un point commun: leurs bandes annonces étaient très réussies. Dans ce domaine, Disney n’a pas perdu la main. Pour ce qui est des films eux-mêmes, c’est une autre histoire, ou plutôt la même: celle de l’effondrement de la puissance narrative et mythologique qui avait fait la force des premiers opus, au profit d’une tornade de séquences d’action sans profondeur ponctuées des poncifs à la mode de l’idéologie progressiste.
Commençons par le dernier épisode de Star Wars, qui fait suite à deux autres déjà passablement dégradés par rapport à la trilogie historique. Nous ne reviendrons pas sur le scénario abracadabrantesque que l’on peine à suivre, baladés que nous sommes de planètes en course-poursuites. Si les héros de ce dernier opus n’ont pas tous la Force, ils ont de l’Endurance! Mais pas autant que le spectateur qui s’essouffle avant eux, et pour cause, c’est le but recherché: immergés dans l’action perpétuelle, les personnages vivent dans un éternel présent qui les prive de toute épaisseur psychologique, de tout mystère. Il ne reste rien du souffle épique de l’épopée initiale, ancrée dans le tragique de la condition humaine et la patience des constructions stratégiques, des intrigues politiques et amoureuses, des rites initiatiques, des révélations bouleversantes.
Nous retrouvons surtout en creux les grands articles de la foi progressiste, le premier étant la dissolution de tout enracinement des choses dans un présent omniprésent qui réduit l’existence à une succession de séquences. En dehors de Rey et Kylo Ren, les nouveaux personnages et Poe et Finn en premier lieu n’ont quasiment pas d’histoire, pas de pensée, pas d’ancrage symbolique. On a l’impression que les nouvelles productions ont voulu casser les archétypes des mythes, ceux qui rattachaient les anciens personnages à des figures ancestrales: la princesse, le chevalier, le bandit, le père tyrannique… La trilogie de Georges Lucas puisait dans les Atrides, Rome, Aristote, Machiavel, Grimm, Tolkien, Asimov, la Bible, elle n’a pu être écrite que par des hommes de culture.
Cette focalisation sur le présent et l’action n’est pas qu’un procédé de divertissement mais le reflet d’un courant idéologique où il n’est plus question de trouver sa place dans l’ordre des choses, ce qui implique de regarder loin devant et loin derrière, mais de choisir sa place à chaque instant, à commencer par sa famille. C’est ainsi que Rey décide de s’appeler Skywalker sans avoir jamais demandé l’avis aux intéressés (sévèrement décimés il est vrai, mais les Jedi morts parlent quand même). On validera quand même ce procédé très aristocratique de relèvement du nom de la famille fraichement éteinte Skywalker par la petite-fille Palpatine, que l’on comprend gênée par l’héritage grand-paternel (Palpatine, c’est difficile à porter sur Tatooine). Ça, c’est vraiment old school.
Ce choix de patronyme nous amène subtilement au second crédo progressiste de ce dernier opus, fidèle en cela aux deux précédents: la désérotisation à peu près totale des relations amoureuses. En trois épisodes, le bouillonnant (et brouillonnant) pilote de chasse Poe Dameron reste sacrément sage, hormis un pathétique essai de faire revivre une vieille idylle avec Zorii Bliss (très beau costume), mais Disney met le holà: pas de ça chez nous! On aurait pu attendre une vraie histoire entre Finn et Rose, mais là aussi, ça tourne court, pas de ça chez Disney!
Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés : l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.
Donc que reste-t-il? Après trois épisodes de chamailleries entre Kylo et Rey, Kylo a droit à un chaste baiser de Rey avant de mourir à ses pieds, baiser presque incestueux tant ces deux-là paraissent comme frère et sœur. Là aussi, le dernier opus prend le contrepied de la trilogie de Lucas, où la tension amoureuse entre Luke et Leia s’était trouvée résolue par la découverte de leur liens familiaux, ce qui ouvrait la voie à l’émergence d’un couple fondé sur une belle altérité entre Leia et Han. À la fin, on ressort presque soulagé de la mort de Kylo Ren, tant on n’ose imaginer les rejetons issus de l’union de la petite fille de l’horrible Palpatine avec le petit fils de Dark Vador, par ailleurs meurtrier de son père le gentil vaurien Han Solo et presqu’assassin de sa mère Leia dans l’épisode huit, mais il avait renoncé, signe infaillible de rédemption. Finalement, avec Disney, les enfants peuvent voir des Jedi se découper en morceaux (en famille si possible) et un empereur qui se décompose comme au cours d’anatomie (ce n’est plus les Atrides, mais les Putrides), un parricide recevoir le pardon, mais il est hors de question qu’ils soient témoins d’une vraie histoire d’amour, sans parler de sexe évidemment. Dans l’univers magique et désormais progressiste de Disney, les Jedi font des bébés à distance et bien sûr ne vont pas au cabinet. Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés: l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.
La Reine des Neiges 2 présente quelques points communs troublants avec Star Wars IX. D’abord le grand méchant est aussi le grand-père des héroïnes (mais que font les grand-mères?), c’est aussi un mâle blanc de plus de 60 ans qui, en plus, construit un barrage anti-écologique pour asservir une tribu indigène façon Pocahontas. Bref, il se situe quelque part entre Jair Bolsonaro et Donald Trump, alors qu’Elsa aurait plutôt de faux airs d’Hillary Clinton avec son tailleur et son brushing. Comme Rey, Elsa et Anna vont d’ailleurs réparer les horreurs de leur grand-père maléfique.
Grâce à Disney, la figure du jeune mâle n’est pas moins à la peine que celle du vieux. Comme les jeunes aventuriers masculins des nouveaux Star Wars, Kristof fonctionne sur le mode «bouge et tais-toi», sans autre réflexion plus élaborée, revanche peut-être méritée sur les stéréotypes des personnages féminins version «sois belle et tais-toi». Tout de même avec Kristof, ils y sont allés un peu fort dans la niaiserie et la passivité.
En fait Kristof ne sert quasiment à rien, sauf à courir dans tous les sens, un peu comme Poe et Finn. Si l’objectif était de faire un sort au mythe du prince charmant, c’est réussi, même si l’on doute du sex-appeal du bûcheron au chômage un peu enveloppé qu’on a mis à sa place, le renne faisant office de labrador. On dirait que Kristof se fait vaguement draguer par un jeune Northuldra dans la forêt, moment un peu gênant car Kristof ne s’aperçoit de rien, benêt qu’il est, mais au moins la case de l’inclusivité est cochée, comme avec le très discret baiser lesbien de la fin de Star Wars. Kristof est finalement un personnage humilié, qui n’arrive pas à faire sa demande en mariage, et qu’on dévoile en robe de chambre lors d’une affligeante partie de Time’s Up en pantoufles. On ne pouvait imaginer un tue l’amour plus efficace, et l’on frissonne à la pensée que Star Wars IX aurait pu finir par une partie de Scrabble entre Rey, Poe et Finn sirotant des bières sans alcool.
C’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière.
Bien sûr, il y a du second degré dans tout cela, comme au moment de la chanson parodique (espérons) de Kristof «j’ai perdu le nord» qui disqualifie définitivement le bonhomme. La ficelle de l’inversion des rôles, les femmes guerrières et dirigeantes versus les hommes sensibles et vulnérables, est toutefois trop caricaturale pour fonctionner. Et ce second degré est à géométrie variable, car la quête d’Elsa est, elle, traitée de façon très sérieuse et ne supporte pas le moindre trait d’humour. La preuve, comme Elsa est quelqu’un de très organisé (un peu trop quand même, c’est justement son problème), elle a pensé à installer les habitants d’Arendelle sur les hauteurs avant de partir, on ne sait jamais, un dégât des eaux est vite arrivé dans un fjord. Heureusement qu’Olaf détend un peu l’atmosphère.
Ironie du script, c’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière, puisque la réconciliation politique au Royaume des glaces n’est possible qu’à la faveur de la découverte d’une union très féodale entre deux peuples (les parents d’Elsa et Anna), qui n’est pas sans rappeler cette obsession du sang que l’on trouve aussi dans Star Wars, quand Rey décide de s’appeler Skywalker. Notons enfin qu’en guise de progressisme, Anna prend la succession d’Elsa à la tête du Royaume, sans élection ni référendum d’initiative partagée, et ça passe. J’attends avec impatience le troisième opus, où Olaf en gilet jaune prendra la tête d’une grève générale des bonshommes de neige d’Arendelle en criant dans un haut-parleur: «mais c’est quand que tu vas mettre des paillettes dans nos vies, Anna?».
On a finalement bien du mal à suivre les péripéties d’Anna et Elsa dans ce deuxième épisode, tout aussi épuisant de courses-poursuites que Star Wars et tout aussi coupé des structures fondamentales du conte et de sa gradation narrative. Et à la fin tout le monde est gentil, tout le monde est ressuscité, le tout sans la moindre originalité: Olaf est le Gurki de la Reine des Neiges (cf. Taram et le Chaudron Magique) et Elsa son Cinquième Elément (un hommage à Luc Besson?). Et tout rentre dans l’Ordre.
On retrouve au fond, dans La Reine des Neiges 2 comme dans Star Wars IX, le même fil directeur progressiste: libérez-vous du passé, libérez-vous du désir, soyez qui vous voulez, aimez tout le monde et vivez dans un éternel présent qui vous gardera des questions philosophiques angoissantes. Plus tristement, on ressort du visionnage de ces deux films avec un insondable sentiment de gâchis: tant d’effets pour si peu d’émotion, si peu de profondeur, si peu de souffle. Mais n’est-ce pas la recette du bonheur dans le meilleur des nouveaux mondes?
La Reine des Neiges 2 et Star Wars épisode IX, grosses productions emblématiques des studios Disney sorties au mois de décembre, ont au moins un point commun: leurs bandes annonces étaient très réussies. Dans ce domaine, Disney n’a pas perdu la main. Pour ce qui est des films eux-mêmes, c’est une autre histoire, ou plutôt la même: celle de l’effondrement de la puissance narrative et mythologique qui avait fait la force des premiers opus, au profit d’une tornade de séquences d’action sans profondeur ponctuées des poncifs à la mode de l’idéologie progressiste.
Commençons par le dernier épisode de Star Wars, qui fait suite à deux autres déjà passablement dégradés par rapport à la trilogie historique. Nous ne reviendrons pas sur le scénario abracadabrantesque que l’on peine à suivre, baladés que nous sommes de planètes en course-poursuites. Si les héros de ce dernier opus n’ont pas tous la Force, ils ont de l’Endurance! Mais pas autant que le spectateur qui s’essouffle avant eux, et pour cause, c’est le but recherché: immergés dans l’action perpétuelle, les personnages vivent dans un éternel présent qui les prive de toute épaisseur psychologique, de tout mystère. Il ne reste rien du souffle épique de l’épopée initiale, ancrée dans le tragique de la condition humaine et la patience des constructions stratégiques, des intrigues politiques et amoureuses, des rites initiatiques, des révélations bouleversantes.
Nous retrouvons surtout en creux les grands articles de la foi progressiste, le premier étant la dissolution de tout enracinement des choses dans un présent omniprésent qui réduit l’existence à une succession de séquences. En dehors de Rey et Kylo Ren, les nouveaux personnages et Poe et Finn en premier lieu n’ont quasiment pas d’histoire, pas de pensée, pas d’ancrage symbolique. On a l’impression que les nouvelles productions ont voulu casser les archétypes des mythes, ceux qui rattachaient les anciens personnages à des figures ancestrales: la princesse, le chevalier, le bandit, le père tyrannique… La trilogie de Georges Lucas puisait dans les Atrides, Rome, Aristote, Machiavel, Grimm, Tolkien, Asimov, la Bible, elle n’a pu être écrite que par des hommes de culture.
Cette focalisation sur le présent et l’action n’est pas qu’un procédé de divertissement mais le reflet d’un courant idéologique où il n’est plus question de trouver sa place dans l’ordre des choses, ce qui implique de regarder loin devant et loin derrière, mais de choisir sa place à chaque instant, à commencer par sa famille. C’est ainsi que Rey décide de s’appeler Skywalker sans avoir jamais demandé l’avis aux intéressés (sévèrement décimés il est vrai, mais les Jedi morts parlent quand même). On validera quand même ce procédé très aristocratique de relèvement du nom de la famille fraichement éteinte Skywalker par la petite-fille Palpatine, que l’on comprend gênée par l’héritage grand-paternel (Palpatine, c’est difficile à porter sur Tatooine). Ça, c’est vraiment old school.
Ce choix de patronyme nous amène subtilement au second crédo progressiste de ce dernier opus, fidèle en cela aux deux précédents: la désérotisation à peu près totale des relations amoureuses. En trois épisodes, le bouillonnant (et brouillonnant) pilote de chasse Poe Dameron reste sacrément sage, hormis un pathétique essai de faire revivre une vieille idylle avec Zorii Bliss (très beau costume), mais Disney met le holà: pas de ça chez nous! On aurait pu attendre une vraie histoire entre Finn et Rose, mais là aussi, ça tourne court, pas de ça chez Disney!
Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés : l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.
Donc que reste-t-il? Après trois épisodes de chamailleries entre Kylo et Rey, Kylo a droit à un chaste baiser de Rey avant de mourir à ses pieds, baiser presque incestueux tant ces deux-là paraissent comme frère et sœur. Là aussi, le dernier opus prend le contrepied de la trilogie de Lucas, où la tension amoureuse entre Luke et Leia s’était trouvée résolue par la découverte de leur liens familiaux, ce qui ouvrait la voie à l’émergence d’un couple fondé sur une belle altérité entre Leia et Han. À la fin, on ressort presque soulagé de la mort de Kylo Ren, tant on n’ose imaginer les rejetons issus de l’union de la petite fille de l’horrible Palpatine avec le petit fils de Dark Vador, par ailleurs meurtrier de son père le gentil vaurien Han Solo et presqu’assassin de sa mère Leia dans l’épisode huit, mais il avait renoncé, signe infaillible de rédemption. Finalement, avec Disney, les enfants peuvent voir des Jedi se découper en morceaux (en famille si possible) et un empereur qui se décompose comme au cours d’anatomie (ce n’est plus les Atrides, mais les Putrides), un parricide recevoir le pardon, mais il est hors de question qu’ils soient témoins d’une vraie histoire d’amour, sans parler de sexe évidemment. Dans l’univers magique et désormais progressiste de Disney, les Jedi font des bébés à distance et bien sûr ne vont pas au cabinet. Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés: l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.
La Reine des Neiges 2 présente quelques points communs troublants avec Star Wars IX. D’abord le grand méchant est aussi le grand-père des héroïnes (mais que font les grand-mères?), c’est aussi un mâle blanc de plus de 60 ans qui, en plus, construit un barrage anti-écologique pour asservir une tribu indigène façon Pocahontas. Bref, il se situe quelque part entre Jair Bolsonaro et Donald Trump, alors qu’Elsa aurait plutôt de faux airs d’Hillary Clinton avec son tailleur et son brushing. Comme Rey, Elsa et Anna vont d’ailleurs réparer les horreurs de leur grand-père maléfique.
Grâce à Disney, la figure du jeune mâle n’est pas moins à la peine que celle du vieux. Comme les jeunes aventuriers masculins des nouveaux Star Wars, Kristof fonctionne sur le mode «bouge et tais-toi», sans autre réflexion plus élaborée, revanche peut-être méritée sur les stéréotypes des personnages féminins version «sois belle et tais-toi». Tout de même avec Kristof, ils y sont allés un peu fort dans la niaiserie et la passivité.
En fait Kristof ne sert quasiment à rien, sauf à courir dans tous les sens, un peu comme Poe et Finn. Si l’objectif était de faire un sort au mythe du prince charmant, c’est réussi, même si l’on doute du sex-appeal du bûcheron au chômage un peu enveloppé qu’on a mis à sa place, le renne faisant office de labrador. On dirait que Kristof se fait vaguement draguer par un jeune Northuldra dans la forêt, moment un peu gênant car Kristof ne s’aperçoit de rien, benêt qu’il est, mais au moins la case de l’inclusivité est cochée, comme avec le très discret baiser lesbien de la fin de Star Wars. Kristof est finalement un personnage humilié, qui n’arrive pas à faire sa demande en mariage, et qu’on dévoile en robe de chambre lors d’une affligeante partie de Time’s Up en pantoufles. On ne pouvait imaginer un tue l’amour plus efficace, et l’on frissonne à la pensée que Star Wars IX aurait pu finir par une partie de Scrabble entre Rey, Poe et Finn sirotant des bières sans alcool.
C’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière.
Bien sûr, il y a du second degré dans tout cela, comme au moment de la chanson parodique (espérons) de Kristof «j’ai perdu le nord» qui disqualifie définitivement le bonhomme. La ficelle de l’inversion des rôles, les femmes guerrières et dirigeantes versus les hommes sensibles et vulnérables, est toutefois trop caricaturale pour fonctionner. Et ce second degré est à géométrie variable, car la quête d’Elsa est, elle, traitée de façon très sérieuse et ne supporte pas le moindre trait d’humour. La preuve, comme Elsa est quelqu’un de très organisé (un peu trop quand même, c’est justement son problème), elle a pensé à installer les habitants d’Arendelle sur les hauteurs avant de partir, on ne sait jamais, un dégât des eaux est vite arrivé dans un fjord. Heureusement qu’Olaf détend un peu l’atmosphère.
Ironie du script, c’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière, puisque la réconciliation politique au Royaume des glaces n’est possible qu’à la faveur de la découverte d’une union très féodale entre deux peuples (les parents d’Elsa et Anna), qui n’est pas sans rappeler cette obsession du sang que l’on trouve aussi dans Star Wars, quand Rey décide de s’appeler Skywalker. Notons enfin qu’en guise de progressisme, Anna prend la succession d’Elsa à la tête du Royaume, sans élection ni référendum d’initiative partagée, et ça passe. J’attends avec impatience le troisième opus, où Olaf en gilet jaune prendra la tête d’une grève générale des bonshommes de neige d’Arendelle en criant dans un haut-parleur: «mais c’est quand que tu vas mettre des paillettes dans nos vies, Anna?».
On a finalement bien du mal à suivre les péripéties d’Anna et Elsa dans ce deuxième épisode, tout aussi épuisant de courses-poursuites que Star Wars et tout aussi coupé des structures fondamentales du conte et de sa gradation narrative. Et à la fin tout le monde est gentil, tout le monde est ressuscité, le tout sans la moindre originalité: Olaf est le Gurki de la Reine des Neiges (cf. Taram et le Chaudron Magique) et Elsa son Cinquième Elément (un hommage à Luc Besson?). Et tout rentre dans l’Ordre.
On retrouve au fond, dans La Reine des Neiges 2 comme dans Star Wars IX, le même fil directeur progressiste: libérez-vous du passé, libérez-vous du désir, soyez qui vous voulez, aimez tout le monde et vivez dans un éternel présent qui vous gardera des questions philosophiques angoissantes. Plus tristement, on ressort du visionnage de ces deux films avec un insondable sentiment de gâchis: tant d’effets pour si peu d’émotion, si peu de profondeur, si peu de souffle. Mais n’est-ce pas la recette du bonheur dans le meilleur des nouveaux mondes?
Petit traité d'éducation conservatrice
de Pierre-Henri d' Argenson
paru le 12 septembre 2019
aux éditions du Cerf
à Paris
244 pp.
ISBN-13 : 978-2204133135
Présentation de l'éditeur
Le premier enracinement est dans la culture. Défendre les humanités, c'est contribuer à dissiper le nihilisme ambiant. Voici un petit guide pratique à l'usage de tous les parents pour renouer avec le sens profond de l'éducation.
Même un demi-siècle après Mai 1968, nous devons encore résister à cette folle idéologie qui a consisté à tout déconstruire – l'autorité parentale et professorale, la morale, la politesse, les canons des arts, mais aussi la grammaire, l'orthographe, les méthodes de lecture traditionnelles...
Avec ce petit traité à l'usage de tous ceux qui croient, encore, aux vertus de l'éducation, Pierre-Henri d'Argenson en appelle donc à un retour aux fondamentaux. De la formation des professeurs à la virtualisation du savoir, en passant par l'insupportable relativisme des connaissances, il dénonce avec humour la bêtise pédagogiste postmoderne, et rappelle que la tradition et l'apprentissage ne sont pas antinomiques de la créativité ni du bonheur.
Parce qu'il n'y a finalement qu'un seul moyen de sortir des impasses de Mai 1968 : redevenir conservateurs.
Biographie de l'auteur
Ancien élève de l'ENA et de la London School of Economics, Pierre-Henri d'Argenson est haut fonctionnaire et essayiste. Il a notamment publié un Petit guide pratique et psychologique de la préparation aux concours.
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