Bien que les questions scolaires relèvent de la compétence des provinces, cela ne signifie pas que le gouvernement fédéral ne s’immisce pas là où il le peut pour imposer un programme social dans les salles de classe. Dernier exemple en date ? Une nouvelle « boîte à outils trans-affirmation » financée par le gouvernement fédéral et destinée aux enseignants, qui contient des connaissances médiocres et des prêches idéologiques.
L’objectif déclaré de cette boîte à outils est d’« informer » les enseignants sur les élèves qui s’identifient comme transgenres, mais ses quelque 100 pages sont truffées de théories sur la justice sociale, de politiques identitaires gauchistes et de fausses affirmations sur la biologie, l’histoire et le sexe.
Les inexactitudes sont flagrantes. La boîte à outils affirme par exemple aux enseignants que le sexe biologique est déterminé par sept éléments (aucun élément ne peut à lui seul déterminer le sexe) : les organes génitaux externes, les organes sexuels internes, les gonades, les caractéristiques sexuelles secondaires, la production d’hormones, la réponse aux hormones et les chromosomes.
Il s’agit d’une présentation comiquement fausse du sexe biologique. Les chromosomes déterminent le sexe. D’autres caractéristiques sont associées au sexe, comme les parties du corps, mais le principal déterminant est l’ADN. Des irrégularités existent au sein d’une infime partie de la population, mais il s’agit clairement de conditions médicales, et non d’une preuve de l’existence d’un spectre sexuel. Dans le même ordre d’idées, une personne née avec une seule jambe ne réfute pas le fait que l’homme est une espèce à deux jambes.
La boîte à outils explique ensuite que la présomption selon laquelle les gens sont soit des hommes (si leur sexe est masculin) soit des femmes (si leur sexe est féminin) est raciste.
« Le binaire de genre est une structure coloniale et suprématiste blanche plutôt qu’une vérité naturelle et indiscutable », peut-on y lire, avant de renvoyer à quelques billets de carnets en ligne et à des articles de la CBC en guise de preuve.
Cette affirmation est, bien entendu, ridicule. Il n’y a rien d’exclusivement « blanc » dans le sexe biologique et les rôles de genre. Pourtant, selon cette boîte à outils, les Européens sont à blâmer pour la croyance oppressive en l’homme et la femme.
« En raison du colonialisme, le genre en Ontario et au Canada, et plus particulièrement dans le système éducatif, tend encore à être compris en termes binaires ou comme se situant à l’une ou l’autre extrémité de ce “spectre”, ou quelque part entre les deux », déplore le document.
« Les colons européens ont imposé leur vision rigide du genre aux civilisations qu’ils ont envahies, réformant les rôles de genre des indigènes par le biais de restrictions coloniales afin d’aligner les structures familiales et de parenté patriarcales qui reflétaient les systèmes familiaux européens privilégiés à l’époque de l’invasion. »
Ce paragraphe est erroné pour toutes les personnes concernées. Les Européens avaient généralement des rôles sexuels mieux définis que les groupes de chasseurs-cueilleurs, certes, mais le terme « rigide » est un peu exagéré au regard des normes historiques. Des femmes étaient institutrices, pionnières, savantes, sages-femmes, patronnes, etc. [La place des femmes au Moyen-Âge : elles votaient, elles ouvraient boutique sans autorisation maritale, La femme au temps des cathédrales (m-à-j vidéo Apostrophes avec Régine Pernoud)] Si la structure familiale européenne traditionnelle a produit dans les faits de bons résultats pour la population, c’est parce qu’elle est performante, et non parce qu’elle est auréolée de privilèges.
En outre, les populations autochtones connaissaient déjà les différences entre les hommes et les femmes. Chez les Dénés, la chasse était traditionnellement un rôle masculin ; dans la culture crie, la fabrication de tentes était typiquement le travail des femmes ; les Apaches célébraient l’initiation de leurs filles à la féminité par une cérémonie (l’équivalent pour les garçons était de participer à leur premier raid). Bien que les études sur ces répartitions des rôles n’aient été produites qu’à partir de l’ère coloniale, ces traditions ont manifestement été transmises à une époque antérieure. Les Européens n’ont pas pu inventer la loge menstruelle des Ojibwés, par exemple.
Cependant, le message que cette boîte à outils entend faire passer est que les normes de genre sont intrinsèquement européennes et qu’elles sont donc intrinsèquement oppressives.
« Le cisgenrisme, le cissexisme et la cisnormativité sont à l’origine de la violence perpétrée à l’encontre des personnes transgenres et des personnes issues de la diversité de genre », déclare le document. Tout au long du document, les enseignants sont encouragés à « soumettre à un examen » leurs propres points de vue sur le genre et à les déconstruire en classe.
C’est bien entendu ridicule. Le terme « cis » désigne simplement les femmes qui s’identifient comme femmes et les hommes qui s’identifient comme hommes, soit 99,7 % de la population, selon Statistique Canada. Ce n’est pas de la « violence » que de supposer que la plupart des gens ne sont pas trans ; c’est simplement la réalité. La boîte à outils insiste cependant sur le fait que de telles suppositions sont cruelles et injustes, et demande aux enseignants de revoir leur « privilège de cis » et de réfléchir aux moments où ils ont fait des « préjugés cisnormatifs ».
Pour remédier à ces abus, la boîte à outils conseille aux écoles de s’occuper des opprimés. Elle suggère une restructuration radicale de la salle de classe : les drapeaux de la Progress Pride (une version modifiée du drapeau arc-en-ciel adopté à l’origine par le mouvement LGBT) devraient être affichés dans les salles de classe, l’idéologie du genre devrait être intégrée au programme, les enseignants devraient parler des personnes transgenres pendant les cours, et les étudiants devraient être informés des hiérarchies dogmatiques de privilèges qui régissent aujourd’hui la pensée gauchiste. Les lycéens devraient être sensibilisés au racisme, au colonialisme et à la suprématie de la race blanche pendant les cours de biologie, et ainsi de suite.
« Chaque élève doit être sensibilisé à la diversité des genres dans tous les domaines du programme scolaire, y compris les sciences et les mathématiques, et pas seulement dans les cours de langue et d’histoire », peut-on lire dans l’instruction. « La connaissance de la diversité des genres dans l’étude de la biologie est importante, par exemple. Il est essentiel d’apprendre à connaître les communautés transgenres et de la diversité de genre pour leur brio au-delà de l’activisme fondé sur le genre, leur survie face à la violence et les récits de transition qui mettent l’accent sur les représentations linéaires de la transition ».
La boîte à outils recommande aux enseignants de lire des livres sur les enfants transgenres à leurs classes et de demander aux élèves de remplir des fiches de travail sur l’introspection sexuelle. L’une des activités recommandées consiste à demander aux enfants d’indiquer dans quelle mesure ils ressentent une attirance émotionnelle et sexuelle pour les hommes, les femmes et les « autres genres ».
« Les élèves doivent être affirmés dans leur identité, et il ne faut donc pas faire de suppositions à leur sujet (par exemple, les éducateurs ne doivent pas supposer que tous les élèves sont cisgenres par défaut) », explique-t-elle.
« Des espaces distincts doivent également être prévus pour les élèves qui sont victimes du phénomène de l’Autre (altérisation/othering) afin qu’ils puissent trouver du soutien si et quand ils subissent des préjudices ».
La fragile base scientifique de la boîte à outils cite les mêmes noms connus pour leurs travaux grotesques issus de la gauche avant-gardiste. L’universitaire Kimberlé Crenshaw, spécialiste des questions raciales, est mentionnée (la boîte à outils encourage les enseignants à appliquer la théorie de l’« intersectionnalité » de Crenshaw pour identifier les couches d’oppression). Susan Stryker, éminente professeure d’études trans, est également citée. Autant utiliser Lénine ou Trotski pour expliquer les bases de l’économie à des chefs d’entreprise ou, encore, Lyssenko pour enseigner la génétique et l’agronomie.
Le « Trans-Affirming Toolkit » est l’œuvre de Wayne Martino, professeur d’« equity and social justice education » à l’université Western, de la doctorante Jenny Klassen et d’un employé de la commission scolaire d’Ottawa-Carleton. Depuis 2007, Wayne Martino a reçu un financement fédéral totalisant 415 000 dollars, dont plus de la moitié a été affectée au projet qui a donné naissance au manuel de transaffirmation actuellement distribué aux enseignants par leurs syndicats.
Source (adaptée) : National Post
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