jeudi 13 mai 2021

Écologie — Non, le ciel ne nous tombera pas sur la tête !

Le 9 mai, des « marches pour le climat » ont eu lieu dans plusieurs villes françaises pour réclamer une législation environnementale plus contraignante. « Écoutez la science ! » s’écrie Greta Thunberg, égérie du mouvement écologiste mondial. Selon elle, ou selon Jacques Attali le 7 mai sur la chaîne Cnews face à Éric Zemmour, l’apocalypse climatique est proche à cause du réchauffement climatique dont serait responsable l’activité humaine. Le niveau des océans monte, la glace disparaît aux pôles, des tempêtes géantes, des sécheresses et des inondations monstrueuses condamnent notre planète. À court terme, l’économie mondiale va s’effondrer si nous ne changeons pas radicalement le mode de fonctionnement de nos sociétés…

« Je ne crois pas que “la science” dise ce que vous croyez qu’elle dit », répond Steven Koonin, Docteur en physique diplômé du M.I.T., sous-secrétaire d’État responsable de la recherche dans le domaine de l’énergie pendant la présidence Obama. Il a aussi été responsable des énergies renouvelables pour le géant pétrolier BP. Koonin est un scientifique d’abord agacé, puis inquiet, de voir la dérive d’activistes et de grands médias qui cherchent à imposer par idéologie ou intérêt économique une vision catastrophiste du futur. Oui, la Terre se réchauffe (comme elle le fait de manière cyclique depuis la nuit des temps). Oui, le développement industriel a contribué à amplifier le phénomène ces dernières décennies. Il est donc normal de s’en préoccuper, mais pas de soumettre la politique à une fable apocalyptique.

Une importante littérature scientifique, émanant d’experts de l’ONU, existe déjà. Il s’agit de savoir la lire, en évitant tout prisme idéologique, explique Steven Koonin. Les épisodes caniculaires ne sont pas plus nombreux aujourd’hui aux États-Unis qu’au début du XXe siècle. Les pics de température n’ont pas augmenté depuis 50 ans. La calotte glaciaire du Groenland ne fond pas plus vite qu’il y a 80 ans… Et, contrairement aux déclarations de Greta Thunberg et autres collapsologues, l’économie mondiale ne va pas s’effondrer à cause du changement climatique.

Steven Koonin a étudié le rapport entre réchauffement climatique et économie, à la demande d’une grande firme d’investissement. Il a fondé son analyse sur les études d’évaluation réalisées par les experts de l’ONU, comme le AR5 (5th Assessment Report—2014).

1°) Les prédictions cataclysmiques ne se sont pas vérifiées jusqu’à maintenant. Sans doute parce que le niveau d’incertitude climatique particulièrement élevé à l’échelle régionale rend l’extrapolation globale fragile, voire impossible. Selon Koonin, les incertitudes sont telles qu’on pointe du doigt l’activité humaine pour expliquer tout épisode inhabituel.

2°) De nombreux facteurs influencent l’économie. La politique suivie par un gouvernement, les règles régissant le commerce, le développement technologique, la corruption ont un impact majeur, et ces facteurs peuvent changer d’un pays à l’autre sans qu’on puisse les prévoir. Il est donc très difficile de prédire que l’économie du monde va s’effondrer à cause du changement climatique global tant l’échelle régionale prévaut. C’est d’autant plus hasardeux qu’on devrait prendre en compte la capacité d’adaptation des sociétés humaines. Le réchauffement peut même dans certaines régions se révéler une aubaine, par exemple en permettant de cultiver plus et mieux…

Malgré toutes ces incertitudes, le rapport de l’ONU (AR5, 2e groupe de travail) a échafaudé un scénario à l’horizon 2100. L’augmentation de la température sur la Terre ne dépasserait pas 3 °C. L’impact négatif de ce réchauffement à l’échelle planétaire sur l’économie globale serait au maximum de 3 %. 80 ans nous séparent de l’année 2100. On parle donc d’un impact négatif sur la croissance économique annuelle de 0,04 % en moyenne (3 % divisés par 80). Or, les experts de l’ONU tablent sur une croissance économique annuelle de 2 % jusqu’en 2100. L’impact climatique serait alors de 0,04 % sur 2 % chaque année, c’est-à-dire une croissance rendue à 1,96 %. L’ONU table donc sur une conséquence négligeable du réchauffement climatique sur l’économie mondiale. Leur rapport souligne que les autres facteurs comme l’évolution démographique, le développement technologique, la gouvernance ont un poids sensiblement plus lourd. Il n’y a pas non plus aujourd’hui d’évidence scientifique démontrant que ces facteurs décisifs seraient influencés par le réchauffement climatique. Concernant par exemple les mouvements migratoires, la politique et la pauvreté restent les critères déterminants.

Écoutons donc la science, pas les mauvais augures, conclut Steven Koonin (voir son article dans le National Review en lien ci-dessous). L’état actuel de nos connaissances scientifiques indique que le réchauffement climatique ne provoquera pas d’apocalypse ni en 2040 ni en 2100… Méfions-nous de ceux qui brandissent « l’urgence climatique » comme priorité politique. Ils ont souvent des motivations idéologiques.

Sources : La Sélection du jour et National review


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