samedi 13 février 2021

Collèges privés pour étudiants étrangers anglophones, une filière d'immigration

Filière d’immigration 

Au cours des dernières années, des milliers d’étudiants étrangers ont été recrutés, en Inde principalement, par une poignée de collèges, dont ils sont devenus la principale, voire la seule clientèle. Ils déboursent près de 25 000 $ pour une formation professionnelle d’environ 2 ans, avec à la clef la possibilité d’obtenir un permis de travail au Canada. Permis de travail qui ouvre sur l’immigration au Canada. Ces collèges aux diplômes douteux (selon Yves-François Blanchet) sont donc une filière d’immigration déguisée contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Rappelons  que sur Twitter, Yves-François Blanchet a quant à lui évoqué un racket de l’immigration sous prétexte de diplôme douteux [qui] contourne la loi et nuit aux intérêts du Québec.

Vers une interdiction du paiement en liquide

Que compte faire Québec ? Selon nos informations, le gouvernement Legault devrait resserrer la Loi sur l’enseignement privé. Comme l’admet la ministre McCann, des failles potentielles y figurent.

Alors que le gouvernement a déjà fait part de ses préoccupations concernant la qualité de l’enseignement fourni par ces établissements, Québec s’inquiète aussi de l’argent qui circule au sein de ce marché très lucratif.

Paiement en espèces

Selon Radio-Canada, toutes les semaines, les étudiants déposaient des milliers de dollars. Selon la direction, c’était mieux de payer en espèces.

Je n’ai jamais eu accès à un budget transparent, officiel, qui ventile exactement d’où vient et où va l’argent. Aussitôt qu’il y a un manque de transparence, ça amène des doutes, affirme un haut responsable d’un établissement, en évoquant ses patrons.

La ministre Danielle McCann parle d’une situation « très préoccupante » dans le réseau des collèges privés non subventionnés.

À l’heure actuelle, cette pratique n’est cependant pas interdite. Rien n’empêche les collèges, dans les lois québécoises, de demander ces frais en espèces.

Je ne suis pas sûre que ce soit normal, rétorque néanmoins la ministre McCann. On va se pencher sur cette question et établir des règles encore plus claires dans le futur.

Il faut qu’on mette des garde-fous pour que les choses se passent le mieux possible, dans les règles de l’art.

Québec, qui y voit un dérapage potentiel, pourrait ainsi imiter la Colombie-Britannique, qui a interdit, en 2019, aux établissements d’enseignement de recevoir en espèces les frais de scolarité, afin de limiter les risques de blanchiment d’argent.

C’est un bon exemple. C’est très intéressant, admet Danielle McCann.

Une pratique illégale 

D’autres éléments sont dans la mire du gouvernement. Des collèges réclament par exemple le paiement en avance des frais de scolarité, ce qui est interdit au Québec.

Chez nous et dans d’autres établissements, cette pratique a lieu, reconnaît ce haut responsable d’un collège privé montréalais. Cette demande est faite aux étudiants par les agents de recrutement ou directement avec certaines directions qui ont moins de scrupules, détaille-t-il.

On va exiger de faire un dépôt, ce qui contrevient à la loi. On va même parfois jusqu’à demander aux agents [de recrutement] de demander un dépôt aux étudiants. Et comme ce n’est pas l’école qui le demande, on essaie de contourner à ce niveau-là. 

 Rising Phoenix International

Dans une demande d’autorisation de recours collectif déposée fin octobre en Cour supérieure, des étudiants indiens reprochent à la firme de recrutement Rising Phoenix International et au Collège de l’Estrie (CDE) l’impossibilité d’obtenir un remboursement complet avant le début des cours.

Cette firme de recrutement, Rising Phoenix International, et le CDE étaient alors dirigés, notamment, par Carol Mastantuono et sa fille, Christina Mastantuono. Ces dernières ont récemment été accusées de fraudes par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), dans le cadre de leurs activités au sein de la Commission scolaire Lester-B.-Pearson, entre 2014 et 2016. L’UPAC les suspecte d’avoir établi un stratagème de fraude en lien avec le recrutement d’étudiants étrangers et le processus d’immigration.

À la suite de ces accusations, en décembre, Carol Mastantuono et Christina Mastantuono ont quitté leurs postes au sein des collèges privés et entreprises qu’elles dirigeaient.

Vers une plus grande vérification des antécédents

À l’heure actuelle, avant d’accorder un permis à des collèges privés, le ministère de l’Enseignement supérieur s’assure, selon un porte-parole, qu’aucun dirigeant n’a été déclaré coupable ou ne s’est reconnu coupable, dans les trois ans précédant sa demande, d’une infraction à la Loi sur l’enseignement privé ou d’un acte criminel commis à l’occasion de l’exercice des activités d’un établissement d’enseignement.

À l’avenir, ce processus pourrait être revu et durci, admet la ministre McCann. C’est un autre aspect de la loi qu’il va falloir regarder. On va avoir besoin de l’avis de nos contentieux pour nous guider, reprend-elle.



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