lundi 25 octobre 2010

France — L'école incapable d'intégrer les enfants d'immigrés

Un rapport du Haut Conseil à l’intégration français, qui doit être remis au Premier ministre en novembre, dénonce l’incapacité de l’école française à intégrer les enfants de l’immigration.

C’est une étude dérangeante. Une photographie sans concession de l’école face aux enfants issus de l’immigration. Sur ces deux sujets traités séparément, les bibliothèques ministérielles croulent déjà d’enquêtes aussi alarmantes les unes que les autres. Mais l’intérêt du rapport du Haut Conseil à l’intégration (HCI), que révèle le Journal du dimanche, c’est le choc entre ces deux univers. La description d’une réalité souvent « politiquement incorrecte » sans stigmatisation de communautés regroupées dans leurs quartiers.

Ce document de travail, qui ne s’intéresse pas à toute l’école et à tous les enfants d’immigrés mais principalement à ceux qui fréquentent les « établissements ghettos », doit être remis dans sa forme définitive au Premier ministre au début du mois de novembre. Au moment où la chancelière Angela Merkel fustige les échecs de la multi-kulti à l’allemande, il montre que l’école publique, souvent perçue comme dernier rempart à la communautarisation de la société, n’arrive plus, dans de nombreux territoires, à jouer ce rôle.



Les plus fortes concentrations d'« écoles ghettos » se situent en Île-de-France (autour de Paris) : Seine-Saint-Denis (57 %), Paris (41 %), Val-de-Marne (40 %). Cette surreprésentation dépasse même 60 % dans 20 communes, pour l’essentiel situées en petite et grande couronne parisienne, où un jeune sur cinq est d’origine maghrébine et un sur six d’origine subsaharienne.

Dans certaines villes comme Clichy-sous-Bois, Aubervilliers ou La Courneuve, plus des trois quarts de la jeunesse est d’origine étrangère.

« Il n’est pas rare d’avoir des classes primaires et de collèges (jusqu'à secondaire III) entièrement composées d’élèves d’origine étrangère, partageant la même confession, cet ‘effet ghetto’ a des conséquences scolaires et sociétales préoccupantes. »

Plus de 110 millions d’euros sont consacrés par les pouvoirs publics en 2010 au programme de réussite éducative mis en place par la loi de cohésion sociale. Pourtant, « les études de l’OCDE font valoir des résultats qui marquent le pas par rapport à ceux produits par d’autres systèmes éducatifs développés, en dépit des moyens importants que la nation investit. L’école s’essouffle et tout particulièrement vis-à-vis des publics socialement défavorisés, notamment ceux issus de l’immigration. »

« À tous les niveaux de la scolarité, les témoignages recueillis font état d’obstacles croissants. La montée des fondamentalistes et du communautarisme ouvre la porte à des contestations de cours de plus en plus nombreuses. »

Le document du HCI rapporte la difficulté croissante rencontrée par des enseignants d’histoire-géographie à aborder certains aspects du programme : le fait religieux, la Choah et le Proche-Orient. Les professeurs d’autres matières, notamment les sciences de la vie et de la Terre, sont confrontés aux mêmes phénomènes : « L’évolutionnisme est remis en cause au profit d’une action divine ou créationniste imposée par l’élève sans argumentation. Loin d’être marginales, ces contestations sont suffisamment récurrentes pour être remarquées. »

Certaines classes des établissements de quartiers se déclarent 100 % musulmanes. La religion y serait affichée ouvertement et chaque élève serait situé par rapport à ses origines nationales et religieuses. « Ainsi en est-il à Marseille entre Comoriens et Mahorais ou entre Kurdes et Turcs. Dans ces établissements ghettos, les élèves sont prisonniers d’une assignation identitaire et religieuse » explique le HCI, qui s’est rendu à Marseille pour son enquête.

Voir aussi

Allemagne — difficultés d'intégration des immigrés (5 vidéos sous-titrées en français)

Belgique — La moitié des élèves bruxellois ont un retard scolaire d'un an à l'entrée du secondaire




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1 commentaire:

Luc Miville a dit…

À mon avis la même chose est en train de se passer au Québec, on n'y échappera pas avec 50 000 immigrants par an de moins en moins européens.

Rappel : le Québec a un taux de natalité inférieur à la France depuis longtemps.