Un texte de Michel Kelly Gagnon dans le Journal de Montréal de mardi 5 janvier.
Source
Mise en contexte
Les résultats d’une étude récente du professeur Pierre Lefebvre, de l’UQAM, démontrent que la présence accrue du secteur privé dans le système d’éducation profite à tous les élèves québécois, autant ceux qui étudient dans des écoles privées que ceux qui étudient dans des écoles publiques.
« Les résultats suggèrent que la minorité considérable des élèves qui fréquentent l’école privée au secondaire explique en partie les résultats supérieurs du Québec aux tests PISA, tant dans les écoles privées que publiques (par effet de concurrence).
Selon les estimés conservateurs, l’école privée ajoute approximativement une année d’études en termes des scores de lecture et math. De façon plus importante, pour le développement du capital humain, les résultats soutiennent l’existence d’un effet causal important de l’école privée sur les niveaux (hiérarchie) des compétences mesurées par PISA. »
Selon le professeur, la différence s’explique par plusieurs facteurs, dont l’autonomie plus grande des écoles privées et le degré plus grand de responsabilité (et donc de reddition de comptes) du privé dans l’allocation des ressources, notamment l’embauche et le congédiement des enseignants (l’Institut économique de Montréal, IEDM, publiera dans les prochains jours une Note économique sur ce sujet précis).
Le chercheur souligne également que l’effet de la concurrence du privé force les écoles publiques à se surpasser, ce qui bénéficie à tous. Ces résultats ne devraient pas surprendre. Déjà en 2005, l’IEDM recensait les résultats d’expériences internationales sur la concurrence entre écoles, notamment en Suède et aux États-Unis, et les effets étaient similaires.
« En fait, sur sept analyses qui ont examiné la question, cinq montrent un effet positif sur les résultats (notamment en lecture et en mathématique) des élèves des écoles publiques rattaché à une hausse de la proportion des inscriptions à l’école privée, alors que deux ne notent aucun effet significatif.
Les impacts de la concurrence sur d’autres mesures de performance des écoles, comme le taux de diplomation au secondaire, sont également positifs. La concurrence des écoles privées a aussi pour effet indirect de hausser le nombre d’années de scolarité des individus et leur salaire à 24 ans. »
Certains souhaitent que le gouvernement mette fin au financement public des écoles privées. Pourtant, il n’existe aucune preuve que la présence de ce secteur nuit à la performance des écoles publiques. Au contraire, une majorité d’études le démontrent : la présence d’écoles privées performantes entraîne un effet d’émulation par les écoles publiques qui profite à tous.
« Les résultats suggèrent que la minorité considérable des élèves qui fréquentent l’école privée au secondaire explique en partie les résultats supérieurs du Québec aux tests PISA, tant dans les écoles privées que publiques (par effet de concurrence).
Selon les estimés conservateurs, l’école privée ajoute approximativement une année d’études en termes des scores de lecture et math. De façon plus importante, pour le développement du capital humain, les résultats soutiennent l’existence d’un effet causal important de l’école privée sur les niveaux (hiérarchie) des compétences mesurées par PISA. »
Selon le professeur, la différence s’explique par plusieurs facteurs, dont l’autonomie plus grande des écoles privées et le degré plus grand de responsabilité (et donc de reddition de comptes) du privé dans l’allocation des ressources, notamment l’embauche et le congédiement des enseignants (l’Institut économique de Montréal, IEDM, publiera dans les prochains jours une Note économique sur ce sujet précis).
Le chercheur souligne également que l’effet de la concurrence du privé force les écoles publiques à se surpasser, ce qui bénéficie à tous. Ces résultats ne devraient pas surprendre. Déjà en 2005, l’IEDM recensait les résultats d’expériences internationales sur la concurrence entre écoles, notamment en Suède et aux États-Unis, et les effets étaient similaires.
« En fait, sur sept analyses qui ont examiné la question, cinq montrent un effet positif sur les résultats (notamment en lecture et en mathématique) des élèves des écoles publiques rattaché à une hausse de la proportion des inscriptions à l’école privée, alors que deux ne notent aucun effet significatif.
Les impacts de la concurrence sur d’autres mesures de performance des écoles, comme le taux de diplomation au secondaire, sont également positifs. La concurrence des écoles privées a aussi pour effet indirect de hausser le nombre d’années de scolarité des individus et leur salaire à 24 ans. »
Certains souhaitent que le gouvernement mette fin au financement public des écoles privées. Pourtant, il n’existe aucune preuve que la présence de ce secteur nuit à la performance des écoles publiques. Au contraire, une majorité d’études le démontrent : la présence d’écoles privées performantes entraîne un effet d’émulation par les écoles publiques qui profite à tous.
Source
Mise en contexte
Rappelons les chiffres : au Québec, environ 22 % des ados fréquentent le privé au secondaire, trois fois plus qu’ailleurs au Canada. En Ontario, cette proportion n’est que de 3 %. L’écart s’explique parce que le Québec subventionne fortement le privé, un financement dont le principe a été maintenu par tous les gouvernements depuis les réformes des années 60.
Dans une récente étude, l’économiste Pierre Lefebvre, de l’UQAM, tente d’éclaircir le débat en utilisant les fameux résultats de PISA depuis l’an 2000, soit le Programme international pour le suivi des acquis.
Ce programme, rappelons-le, compare les résultats des élèves de 15 ans de partout dans le monde à des tests de mathématiques, de lecture et de sciences. De plus, PISA pose des questions aux répondants sur leur profil socioéconomique.
En math, les ados du Québec se classent parmi les meilleurs au monde depuis plusieurs années et Pierre Lefebvre croit que la présence accrue du privé y est pour quelque chose.
Pour tenter d’y voir clair, l’économiste a comparé les résultats des ados au privé et au public en fonction de certains indicateurs socioéconomiques. Un enfant avec les mêmes caractéristiques socioéconomiques obtient-il de meilleurs résultats au privé ? Et globalement, cet effet du privé rehausse-t-il les notes moyennes de l’ensemble des ados du Québec par rapport au reste du Canada ?
Voyons voir. Les deux variables les plus significatives sondées par PISA à cet égard sont l’indice du statut professionnel (ISP), d’une part, et le nombre de livres à la maison, d’autre part. L’ISP est le niveau d’emploi le plus élevé des parents, rapporté sur une échelle de 10 (1 correspondant aux travailleurs sans qualification et 10 aux travailleurs très qualifiés, comme les juges, les médecins, etc.).
Pierre Lefebvre a constaté que, de deux élèves dont les parents ont le même ISP ou le même nombre de livres à la maison, celui qui fréquente le privé obtient des résultats nettement meilleurs aux tests PISA, en moyenne.
Par exemple, aux tests PISA de mathématiques, ceux qui ont un ISP de 8 obtiennent une note de 543 (sur 650) au public, mais de 589 au privé. Les écarts entre le public et le privé par échelon d’ISP varient de 27 à 58.
Écart semblable entre le privé et le public lorsqu’on tient compte du nombre de livres à la maison. Les enfants de foyers où il y a plus de 200 livres obtiennent de meilleures notes aux tests de maths du PISA (605) que ceux qui vont au public (561).
Cet écart d’environ 40 points dans les notes entre le privé et le public est observé également dans les tests de lecture. Selon les analystes de PISA, un écart de 30-40 points équivaut à environ une année d’étude supplémentaire.
Fait étonnant : en maths, les élèves de 15 ans du public obtiennent une note aussi bonne que la moyenne des élèves du reste du Canada (531 contre 526). C’est donc dire que les ados québécois sont plus forts en maths qu’ailleurs, même en excluant les « calés » du privé.
Pierre Lefebvre conclut qu’à « statut socioéconomique semblable, les élèves obtiennent de meilleurs résultats à l’école privée ». De plus, il estime que ce phénomène a globalement contribué à donner au Québec des élèves mieux formés.
Selon lui, cette différence peut s’expliquer par une série de facteurs mesurés lors des tests PISA. Trois ressortent du lot. Premièrement, il y a l’autonomie plus grande des écoles privées. Deuxièmement, les analystes notent le degré plus grand de responsabilité (et donc de reddition de comptes) du privé dans l’allocation des ressources (embauche et congédiement des profs, répartition des budgets, etc.). Troisièmement, il est question de l’impact du meilleur climat scolaire (moins de retards aux cours, plus grand respect des profs, moins d’intimidation, etc.).
Dans sa logique d’économiste, Pierre Lefebvre croit également que l’effet de la concurrence du privé force les écoles publiques à se surpasser, ce qui bénéficierait à tous.
Cela dit, l’étude ne mesure pas à proprement parler l’effet sur les résultats de la sélection des élèves dans certaines écoles. De plus, la forte croissance du privé au secondaire ces dernières années au Québec devrait avoir un impact sur les résultats moyens des élèves, ce que l’étude ne capte pas.
Enfin, on ne sait pas jusqu’à quel point la composition de plus en plus difficile des classes du public tire les résultats vers le bas et contrebalance négativement les effets du privé.
À cet égard, un comité d’experts concluait, en juin 2014, que la ségrégation des élèves en fonction de leurs aptitudes ou de leurs origines socioéconomiques est nuisible.
« De nombreux chercheurs arrivent à la conclusion qu’une plus grande mixité des élèves au regard de leur genre ainsi que de leur origine sociale et ethnique influence positivement la réussite de tous les élèves. Ainsi, les élèves qui sont plus à risque d’échouer pour des raisons liées à leur statut socioéconomique ou à leur origine ethnique bénéficient significativement de la présence d’élèves forts dans leur classe, alors que les élèves forts ne sont pas pénalisés par la composition hétérogène de leur classe. »
Dans une récente étude, l’économiste Pierre Lefebvre, de l’UQAM, tente d’éclaircir le débat en utilisant les fameux résultats de PISA depuis l’an 2000, soit le Programme international pour le suivi des acquis.
Ce programme, rappelons-le, compare les résultats des élèves de 15 ans de partout dans le monde à des tests de mathématiques, de lecture et de sciences. De plus, PISA pose des questions aux répondants sur leur profil socioéconomique.
En math, les ados du Québec se classent parmi les meilleurs au monde depuis plusieurs années et Pierre Lefebvre croit que la présence accrue du privé y est pour quelque chose.
Pour tenter d’y voir clair, l’économiste a comparé les résultats des ados au privé et au public en fonction de certains indicateurs socioéconomiques. Un enfant avec les mêmes caractéristiques socioéconomiques obtient-il de meilleurs résultats au privé ? Et globalement, cet effet du privé rehausse-t-il les notes moyennes de l’ensemble des ados du Québec par rapport au reste du Canada ?
Voyons voir. Les deux variables les plus significatives sondées par PISA à cet égard sont l’indice du statut professionnel (ISP), d’une part, et le nombre de livres à la maison, d’autre part. L’ISP est le niveau d’emploi le plus élevé des parents, rapporté sur une échelle de 10 (1 correspondant aux travailleurs sans qualification et 10 aux travailleurs très qualifiés, comme les juges, les médecins, etc.).
Pierre Lefebvre a constaté que, de deux élèves dont les parents ont le même ISP ou le même nombre de livres à la maison, celui qui fréquente le privé obtient des résultats nettement meilleurs aux tests PISA, en moyenne.
Par exemple, aux tests PISA de mathématiques, ceux qui ont un ISP de 8 obtiennent une note de 543 (sur 650) au public, mais de 589 au privé. Les écarts entre le public et le privé par échelon d’ISP varient de 27 à 58.
Écart semblable entre le privé et le public lorsqu’on tient compte du nombre de livres à la maison. Les enfants de foyers où il y a plus de 200 livres obtiennent de meilleures notes aux tests de maths du PISA (605) que ceux qui vont au public (561).
Cet écart d’environ 40 points dans les notes entre le privé et le public est observé également dans les tests de lecture. Selon les analystes de PISA, un écart de 30-40 points équivaut à environ une année d’étude supplémentaire.
Fait étonnant : en maths, les élèves de 15 ans du public obtiennent une note aussi bonne que la moyenne des élèves du reste du Canada (531 contre 526). C’est donc dire que les ados québécois sont plus forts en maths qu’ailleurs, même en excluant les « calés » du privé.
Pierre Lefebvre conclut qu’à « statut socioéconomique semblable, les élèves obtiennent de meilleurs résultats à l’école privée ». De plus, il estime que ce phénomène a globalement contribué à donner au Québec des élèves mieux formés.
Selon lui, cette différence peut s’expliquer par une série de facteurs mesurés lors des tests PISA. Trois ressortent du lot. Premièrement, il y a l’autonomie plus grande des écoles privées. Deuxièmement, les analystes notent le degré plus grand de responsabilité (et donc de reddition de comptes) du privé dans l’allocation des ressources (embauche et congédiement des profs, répartition des budgets, etc.). Troisièmement, il est question de l’impact du meilleur climat scolaire (moins de retards aux cours, plus grand respect des profs, moins d’intimidation, etc.).
Dans sa logique d’économiste, Pierre Lefebvre croit également que l’effet de la concurrence du privé force les écoles publiques à se surpasser, ce qui bénéficierait à tous.
Cela dit, l’étude ne mesure pas à proprement parler l’effet sur les résultats de la sélection des élèves dans certaines écoles. De plus, la forte croissance du privé au secondaire ces dernières années au Québec devrait avoir un impact sur les résultats moyens des élèves, ce que l’étude ne capte pas.
Enfin, on ne sait pas jusqu’à quel point la composition de plus en plus difficile des classes du public tire les résultats vers le bas et contrebalance négativement les effets du privé.
À cet égard, un comité d’experts concluait, en juin 2014, que la ségrégation des élèves en fonction de leurs aptitudes ou de leurs origines socioéconomiques est nuisible.
« De nombreux chercheurs arrivent à la conclusion qu’une plus grande mixité des élèves au regard de leur genre ainsi que de leur origine sociale et ethnique influence positivement la réussite de tous les élèves. Ainsi, les élèves qui sont plus à risque d’échouer pour des raisons liées à leur statut socioéconomique ou à leur origine ethnique bénéficient significativement de la présence d’élèves forts dans leur classe, alors que les élèves forts ne sont pas pénalisés par la composition hétérogène de leur classe. »
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