mardi 21 octobre 2014

Un examen difficile ? Il suffit de l'abolir !


Devrait-on abolir l'épreuve uniforme de français au cégep, qui donne du fil à retordre à environ 15 % des cégépiens?

C'est la question, selon Le Soleil, que pose Guy Demers, auteur d'un rapport sur le réseau collégial dévoilé lundi, qui estime qu'une «urgente réflexion s'impose». Règle générale, environ 1000 étudiants par année n'ont toujours pas réussi cet examen cinq ans après leur premier essai alors que sa réussite est obligatoire pour décrocher un diplôme d'études collégiales (DEC).

«On assiste à un gaspillage de ressources. Cette épreuve est obligatoire, mais il n'y a rien dans le parcours collégial pour permettre aux élèves qui ont le plus de difficulté de passer l'examen et d'obtenir leur diplôme. Il y a quelque chose qui ne marche pas», affirme M. Demers en entrevue au Soleil.

L'alternative selon Guy Demers

Au cégep, les cours de français sont axés sur la littérature plutôt que la maîtrise de la langue. Il y a bien des centres d'aide pour les élèves qui ont de la difficulté, mais les étudiants qui en ont réellement besoin ne s'y bousculent pas, ajoute-t-il. Pourquoi ?

Devant cette «incohérence», deux choix s'imposent, écrit M. Demers dans son rapport. Il faut assouplir le contenu de la formation générale pour permettre d'y inclure une meilleure formation en français pour ceux qui en ont besoin ou modifier les conditions d'obtention du diplôme, afin que l'épreuve ne soit plus obligatoire.

Guy Demers, ancien directeur du Cégep de Lévis-Lauzon, opte pour le premier scénario. «Il y a une diversité de profils, il faut revoir la formation générale à l'intérieur du DEC, pour mieux répondre aux besoins des étudiants qui arrivent au collège», affirme-t-il en entrevue. Ce dernier rappelle que les étudiants avec des difficultés d'apprentissage sont de plus en plus nombreux à fréquenter le cégep. À nouveau pourquoi ces élèves parviennent-ils au collège sans ces connaissances de base en français ? N'y a-t-il pas d'examens en fin du secondaire ? Si le gouvernement a bien une fonction légitime, c'est de s'assurer que la langue commune du Québec soit connue après 11 années d'école primaire et secondaire avant de délivrer le diplôme d'études secondaires.

Réaction de Mathieu Bock-Côté

La possibilité d'abolir l'épreuve uniforme de français a fait sursauter le chroniqueur et chargé de cours d'université, Mathieu Bock-Côté.
« [...] Une de ces conclusions est la suivante : il faudrait en finir avec l’épreuve obligatoire de français, échouée par 15% des cégépiens. Le message est clair: puisqu’un tel examen révèle nos limites, aussi bien l’abolir! Quand le réel nous déplait, cessons de nous y mesurer! C’est rusé, c’est futé, c’est une manière admirable de pratiquer l’art de l’esquive. Il s’agit simplement d’abolir les épreuves difficiles, et nous pourrons dès lors nous féliciter de ne pas les échouer.

Et pourquoi les cégépiens peinent-ils à réussir leur épreuve uniforme de français, nous dit-on? Notamment parce que l’enseignement du français, au cégep, est axé sur la littérature et non pas sur la simple maitrise de la langue. Ah bon? Mais les étudiants qui sont passés par le primaire et le secondaire ne sont-ils pas supposés arriver au cégep en maîtrisant leur propre langue, le cégep permettant alors de l’approfondir culturellement (et en passant, on apprend bien la langue en lisant les classiques, et non pas en les fuyant)? La nouvelle pédagogie aurait-elle échoué? Ne promettait-elle pas un progrès culturel et intellectuel assuré? Doit-on surtout en comprendre que le cégep devra faire du rattrapage sur le secondaire, et que l’Université sera aussi happée dans cette spirale régressive? On sait qu’à bien des égards, il arrive que ce soit le cas. »
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