mardi 21 octobre 2014

Des commissions scolaires vidées de leur sens


Par Yvon Robert, ancien directeur général de commission scolaire et directeur d’écoles privées :


Il faudrait revenir à l’essence même des commissions scolaires de 1841. Dans son programme de 1998, l’Action démocratique du Québec a mis de l’avant l’abolition des commissions scolaires (C. S.) De fait, dans leur forme actuelle, les C. S. sont devenues inopérantes, des coquilles vides. Tous les pouvoirs ont été concentrés au ministère de l’Éducation, leur seule raison d’être est la perception de la taxe scolaire. Depuis, au lieu d’améliorer la situation, le gouvernement Charest a encore accentué sa tutelle sur les C. S. avec l’adoption du projet de loi 88 qui a resserré le carcan de la bureaucratie sur les écoles et étouffé toute initiative.

En 2011, l’ADQ voulait redonner le pouvoir aux écoles et aux parents en inversant la pyramide et reconstruire le système à partir de l’école. Dans les faits, il s’agit de revenir à l’essence même des C. S. de 1841, de petites entités administrées par les parents, ou encore des écoles autonomes (dans le système public) comme on en retrouve en Alberta. Redonner aux écoles l’autonomie qu’elles ont perdue au cours des années, autonomie qui est l’un des facteurs de succès des écoles privées. Cela ne peut se faire sans garder au niveau régional un organisme de coordination pour donner l’ensemble des services compte tenu de la diversité des clientèles. Il faut aussi éviter de créer un fouillis qui déstabiliserait tout le système d’éducation. C’est pourquoi il est proposé de partir de la structure actuelle des C. S. et d’inverser la pyramide, d’établir les priorités à partir des besoins des écoles, et ce, en remplaçant le conseil des commissaires par un conseil d’administration élu par un collège électoral formé des présidents des conseils d’établissements des écoles et des centres de formation professionnelle. Ainsi, la transition se ferait en douceur et permettrait de transférer graduellement les ressources des centres administratifs vers les écoles et permettrait aussi aux instances du ministère de l’Éducation de s’ajuster.

De la même façon, avec le projet du gouvernement d’un nouveau pacte avec le monde municipal, des négociations seraient entreprises pour assurer le transfert de la gestion des équipements scolaires avec les municipalités et les MRC. En plus d’assurer la coordination des ressources humaines et financières sur un territoire donné, la nouvelle C. S. serait une véritable coopérative de services pour l’ensemble des écoles et des centres sur son territoire. Ce seraient les écoles qui décideraient des services communs qu’elles veulent se donner, comme le modèle de la Fédération des écoles privées du Québec. Depuis la naissance des C. S. en 1841, nous avons assisté à une centralisation des pouvoirs à Québec, d’abord par la mise en place du Conseil de l’instruction publique contrôlé par l’Église, ensuite par la création du ministère de l’Éducation. Ensuite, il y eut la mise en place d’une bureaucratie envahissante jusqu’au niveau des écoles avec l’adoption du projet de loi 88. Durant cette période, on a bien tenté de revenir à l’esprit des débuts, de ramener le pouvoir au niveau de l’école et des parents.

Le rapport Parent (1964) préconisait déjà la création de comités scolaires en 1966 et avait déjà entrevu la possibilité que ces comités forment un collège électoral pour élire les commissaires. En fait, le pouvoir doit revenir au niveau des écoles ; les parents et le personnel doivent retrouver une autonomie qui leur permettra de mieux répondre aux besoins de leur milieu. D’autre part, ce sont les écoles qui sont les mieux placées pour définir les services que l’on doit déléguer au niveau régional : la répartition des clientèles, la répartition des services spéciaux ; le plan d’utilisation des bâtiments, etc. Il faut désormais partir des écoles et établir les services qui devraient être offerts régionalement, des services qui peuvent différer selon les besoins de chaque milieu. Si on regarde les instances démocratiques scolaires actuelles, il est difficile de s’y retrouver, car les pouvoirs sont dilués à travers la structure. De fait, le véritable pouvoir appartient au ministère de l’Éducation et aux syndicats.




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