vendredi 4 juin 2010

France — collège privé d'élèves pour cause de « vision catholique du monde » et manque « d'ouverture aux autres »

L'Inspection académique a effectué un second contrôle à l'école Saint-Projet de Bordeaux le 7 mai dernier. Il s'agit d'une école privée catholique hors contrat, elle ne reçoit donc pas de subventions de l'État. Les parents de la vingtaine d'élèves du collège Don Bosco Saint-Projet seront mis en demeure d'inscrire leurs enfants dans un autre établissement, ont indiqué hier après-midi l'inspecteur d'académie André Mercier et le recteur Jean-Louis Nembrini.

Le recteur explique :

« Un certain nombre de carences ont été relevées et des observations ont été formulées à la direction des deux établissements. »

Et celui-ci de pointer des éléments « fondamentaux » du socle commun qui ne serait pas enseignés comme « l'ouverture aux autres ». Un second contrôle opéré le 7 mai dernier a laissé penser que l'école primaire était « en bonne voie de prise en compte des observations formulées », le collège qui correspond aux trois premières années du secondaire n'a lui pas convaincu les inspecteurs. En cause, selon l'académie, «  une quasi-absence d'enseignement des sciences et notamment des sciences de la vie  » et un enseignement de l'histoire « scientifiquement décalé ». Concrètement, il est reproché au collège de ne fournir aucun enseignement sur l'histoire des religions (hormis le catholicisme) et de distiller une instruction historique uniquement marquée par « une vision catholique du monde » qui, « en l'absence de cours d'instruction civique » ne permet pas aux élèves de « se former un esprit critique ».

Si le collège n'est pas à proprement parler « fermé », les autorités ont mis en demeure la directrice du collège de leur fournir la liste des parents, afin qu'eux-même soient mis en demeure d'inscrire leurs enfants dans un autre établissement. « Si la mise en demeure n'était pas respectée, les parents s'exposeraient à des poursuites pénales », a précisé André Mercier. En clair, le collège existe toujours, mais plus aucun parent ne peut y inscrire ses enfants !

L'école primaire peut en revanche continuer à accueillir des élèves.







L'inspecteur d'académie André Mercier et le recteur Jean-Louis Nembrini lors d'un point presse.




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13 commentaires:

Anonyme a dit…

Cela est extrêmement grave et marque un cran de plus particulièrement inquiétant dans la persécution des écoles catholiques. Des amis avaient monté une école hors contrat dans le sud, et les françs maçons de la région les menaçaient. Ils sont même venus sur place le jour de l'ouverture pour perturber la journée, empêcher le bon déroulement... il a fallu que la directrice appelle la police pour qu'ils s'en aillent. Aujourd'hui cette école cartonne. Comme quoi le nerf de la guerre est bien là, et IL FAUT SE BATTRE ! Envoyez des dons aux écoles hors contrat, à la fondation creer son école, impliquez vous personnellement, inscrivez vos enfants, militez... :)

Ayez peur ! a dit…

Horreur : les écoles catholiques pourraient redevenir catholiques...
Un syndicat de l'école catholique, le Sundep, s'élève contre ce qu'il considère comme une «volonté de l'Église de redonner une orientation catholique aux écoles privées»...

http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/finistere/ecoles-catholiques-les-inquietudes-d-un-syndicat-02-06-2010-940706.php

Romanus a dit…

On devrait tous avoir l'esprit combatif ratzingérien... comme le cardinal Ouellet!

Marcel a dit…

Ceux qui, de manière péremptoire, jugent raciste de vouloir un enfant de sa couleur n'imaginent pas les conséquences que peut avoir sur le développement d'un enfant d'être élevé par des parents qui manifestement ne peuvent pas être ses parents biologiques. Certains psychologues ont le courage d'en avertir les candidats à l'adoption lors des entretiens préalables....

Marre des laïcistes a dit…

Bon là, on n'a que le point de vue des autorités françaises.

Il faut être prêt à accepter les critiques, toutefois.

Et s'il est vrai que dans cette école on ne parle jamais des autres religions (ce qui reste à démontrer), il me paraît par exemple nécessaire de dire aux enfants ce que professent les autres religions, sans animosité ni caricature - ce qui n'empêche pas de dire que seule l'Eglise, nouveau peuple élu, proclame la vérité sur Dieu.

Samizdat a dit…

Le collège pourra continuer d'exister, à condition de trouver des élèves (dont les parents seront condamnés s'ils y mettent leurs enfants...).

Comme en URSS : les dissidents pouvaient y être publiés, à condition de trouver un éditeur...

D.E. a dit…

"Le socle commun est le ciment de la nation" (...) "fonder la république sur les valeurs qui sont les siennes, à savoir (...) laïcité et respect des autres".
Tiens donc: de "nation" on passe à "république": le Royaume Uni, le Canada, l'Espagne, ... ne sont donc pas des nations?

Inquiétant, de la part d'un haut cadre, qui devrait maîtriser, en plus des exigences du socle commun, la signification des mots et leurs nuances.

La "culture humaniste" une des "grandes compétences du socle commun": mais quand on regarde comment cela est traduit dans le texte même du socle commun et opérationalisé dans les établissements publics, on peut se poser des questions sur la signification des mots.

Anonyme a dit…

Quand un catholique fait et dit des choses débiles, et qu’il se prévaut du catholicisme pour les dire et les faire, ce n’est pas anticatholique de dénoncer ses agissements et l’image du catholicisme qu’il donne. Il est quand même singulier de voir certains catholiques traditionalistes réagir, quand leurs intérêts de groupe sont menacés, comme le font certaines officines qui voient de l’antisémitisme partout où des critiques même légitimes sont soulevées.

Angelo a dit…

Métissages des ethnies et des valeurs obligatoire !

Georges Leroux et Fernand Ouellet seraient heureux.

Anonyme a dit…

Les élèves n'auraient pas les moyens d'avoir un regard critique sur l'histoire (parce qu'ils le sont dans le cadre de l'enseignement obligatoire et officiel ?). Quant aux sciences de la vie, notamment en 4e et 3e, ils comportent au programme l'étude de la sexualité et de la reproduction humaine sous l'angle de la contraception, de l'avortement, de l'évitement d'enfant et de la fourniture d'adresses de planning familial.

Cela fait quelque temps que les exigences en matière de respect des programmes, de la laïcité et de la pensée unique sont inscrites dans la loi. Ces dispositions légales, je l'ai toujours pensé, constituent une bombe à retardement contre les droits des parents de choisir une éducation en conformité avec leur foi et leurs convictions.

Gaspard L a dit…

Plus d'info


Joint par téléphone dans la matinée, le président de l'association Me Thomas Rivière n'a pas souhaité « pour l'instant » s'attarder sur le sujet. L'avocat s'est borné à dénoncer « une belle machine de guerre politique en marche », précisant que, selon lui, « 80 % des écoles ne parviennent pas à respecter le socle commun, il y a donc deux poids, deux mesures ».

«Un prisme religieux»

« Le socle commun ne se limite pas à la maîtrise des langues ou du calcul, il contient aussi l'exigence de fonder la République sur des valeurs de laïcité et de respect des autres », avait expliqué le recteur Jean-Louis Nembrini. Le dernier contrôle, en date du 7 mai, avait selon l'inspection académique pointé de « graves carences », notamment dans « les sciences du vivant », et dans un enseignement de l'histoire « passé à travers un prisme religieux ».

Autant dire que la « direction pédagogique » du cours Saint-Projet, confiée à un abbé de la paroisse traditionaliste Saint-Éloi et de l'Institut du bon pasteur (selon le site de l'Institut) n'a pas convaincu les inspecteurs en ce qui concerne le collège. Rappelons que l'école primaire, elle, devrait continuer à fonctionner normalement.

L'abbé Yannick Vella, le curé de la paroisse rattachée au Vatican depuis 2005, n'a pas souhaité faire de commentaire, pas plus que le diocèse de Bordeaux.

Pour une ancienne mère d'élève du collège, la prudence est aussi de mise. « Je n'ai pas constaté ce qui est dénoncé lorsque mes enfants y étaient », déclare-t-elle. Mais elle ajoute avoir retiré ses enfants pour les scolariser à Grand Lebrun cette année, pour notamment « éveiller une curiosité plus élevée chez des adolescents dans un établissement d'une plus grande taille ». Même si, « en tant que membre de Saint-Éloi, ça faisait d'une pierre deux coups ».

Quant à ce paroissien de Saint-Éloi, s'il se déclare « choqué » par certains propos rapportés par le film des « Infiltrés », et s'il reconnaît que l'affaire fait « une publicité pas vraiment positive à la paroisse », il se console. En juillet, le primat d'Espagne devrait venir à Saint-Éloi pour une ordination de diacres. « La preuve du soutien à 100 % du Vatican. »

http://www.sudouest.fr/2010/06/05/les-parents-restent-discrets-a-st-projet-109606-4626.php

Anonyme a dit…

On imagine facilement la gourmandise avec laquelle a été rédigée la décision annonçant que les parents qui scolariseront à la rentrée leurs garçons dans le collège hors contrat Saint-Projet (proche de l’Institut du Bon Pasteur) seront considérés comme ne remplissant pas l’obligation d’instruction de leurs enfants et donc passibles de poursuites pénales. La directrice de l’établissement a été mise en demeure de fournir la liste des élèves et les coordonnées de leurs parents. Tout cela à la suite de l’émission « Les Infiltrés » dont les responsables avaient choisi de parfaire leur œuvre de provocation et de délation en dénonçant avant même sa diffusion l’établissement libre au rectorat, qui avait immédiatement lancé une première inspection, le jour du Vendredi Saint.

Je parle de gourmandise parce que, ayant pris cette décision, le recteur Jean-Louis Nembrini et l’inspecteur André Mercier se sont abondamment exprimés devant la presse, ce qui les rend tout de même un peu juges et parties. Sans compter que le second inspecteur diligenté pour visiter Saint-Projet, suintait – de l’avis de ceux qui l’ont vu et entendu – la haine anti-catholique. Il est vrai que le rectorat n’a pas le pouvoir de fermer le collège Saint-Projet – il espère simplement le vider – et que la publicité médiatique lui est sans doute nécessaire pour faire monter la mayonnaise autour de cet établissement présenté comme catholique, intégriste, antisémite et donc nazi.

A-t-on découvert des enseignements séditieux, un endoctrinement fasciste, un apprentissage de la haine à Saint-Projet ? Nullement. De fait, au mépris de tout respect de la liberté, du pluralisme, de la tolérance religieuse, le principal reproche adressé à l’enseignement concerne l’esprit catholique dans lequel il est dispensé. Comme l’écritSud-Ouest, « il est reproché au collège de ne fournir aucun enseignement sur l’histoire des religions (hormis le catholicisme) et de distiller une instruction historique uniquement marquée par “une vision catholique du monde” qui, “en l’absence de cours d’instruction civique” ne permet pas aux élèves de “se former un esprit critique” ».

Anonyme a dit…

Ici on se tordrait de rire – quid de l’endoctrinement « historique » par les écoles, forcément irréprochables, qui respectent à la lettre programmes et manuels officiels – s’il n’y avait le fait gravissime de la négation des droits éducatifs des parents. L’école Saint-Projet, école catholique, serait donc coupable d’enseigner au travers d’un « prisme catholique ».

Même chose pour l’enseignement des sciences, dont l’inspecteur a déploré qu’il reste « lourd de carences ».

En fait, tout cela respire le détournement de pouvoir et la mauvaise foi. Me Thomas Rivière, président de l’association d’enseignement populaire (AEP) qui gère l’école et le collège Saint-Projet, nous a expliqué que deux inspections sont exigées, la seconde après qu’un temps soit accordé aux responsables pour se mettre en conformité avec les exigences du rectorat. Dans ce cas précis, compte tenu de la date d’envoi des conclusions de la première inspection et des vacances, le collège a disposé de deux jours et demi. Et la date de deuxième inspection est intervenue – sciemment – un jour où aucun cours de sciences n’était prévu, les professeurs n’étant même pas joignables.

Mieux, l’inspection a inventé une obligation pour l’école de suivre exactement les programmes et les rythmes d’enseignement officiels, auxquels les écoles hors contrat ne sont pas soumises, sans tenir compte du fait que les contenus obligatoires sont enseignés par « promotion » et non par année, avec un programme réaménagé sur plusieurs années.

Mais l’important, c’est le fait que le rectorat de Bordeaux se soit appuyé sur le « socle minimum de connaissances » que doit recevoir tout élève en France, quel que soit son mode d’instruction. Un corpus considérable, dont le respect dans le public et le privé sous contrat n’est pas assuré partout (faut-il obliger les élèves à les quitter sous peine d’emprisonner leurs parents), d’autant que 40 % des élèves quittent l’école primaire sans maîtriser comme il se doit la lecture et le calcul ?

Un corpus fortement marqué du point de vue de l’idéologie, aussi : j’ai écrit cela en son temps dans « Génération décervelée » en expliquant qu’une épée de Damoclès pesait sur les écoles catholiques hors contrat.

A Bordeaux, à n’en pas douter, les parents se battront pied à pied. Au nom de tous les parents du hors-contrat. Et même pour les parents qui les ignorent et pensent disposer pour longtemps de toute la liberté à laquelle ils croient encore avoir droit.

Article paru dans Présent du 5 juin 2010.