mardi 28 mars 2017

ECR — Jacques Pettigrew payé 90 K $ pour réviser le programme qu’il a aidé à créer

La révision du controversé cours d’éthique et culture religieuse (ECR) se fera sous les judicieux conseils de celui qui a piloté son implantation dans les écoles du Québec.

Devant les critiques, le ministre Sébastien Proulx s’est engagé à réévaluer cette matière qui a remplacé l’enseignement religieux confessionnel et moral depuis 2008 dans les classes du primaire et du secondaire. [Sur M. Proulx et son attaque médiocre contre le programme ECR alors qu'il était encore dans les rangs de l'ADQ, voir ici.]

C’est l’éminence grise qui a chapeauté la mise en place du cours, il y a maintenant presque 10 ans, qui sera chargée de guider le gouvernement dans cet exercice.

Jacques Pettigrew vient d’obtenir un contrat de gré à gré d’une valeur de 87 583 $ pour « agir à titre d’expert-conseil pour les dossiers relatifs au programme Éthique et culture religieuse ».

Au tribunal pour défendre le cours

Ancien fonctionnaire, M. Pettigrew était le grand responsable du contenu d’éthique et culture religieuse au ministère de l’Éducation. Le gouvernement l’avait même dépêché au tribunal en 2009 lorsque le cours avait été contesté par des parents ayant demandé une exemption pour leurs enfants.

M. Pettigrew est un habitué du conseil lucratif... Il avait ainsi caché au tribunal en 2009 qu’il avait des activités professionnelles supplémentaires liées à la future implantation du programme ECR alors qu’il participait précisément à son élaboration ! Conseiller le gouvernement de mettre en place un programme alors qu’on a une petite activité de conseil qui profitera dudit programme éducatif, y a rien de tel...




Ne pas dialoguer avec les parents

M. Pettigrew avait également présidé une réunion houleuse à Valcourt à la rentrée 2008 au cours de laquelle il avait été bousculé par les parents présents en grand nombre. Comme on l’apprit lors du procès de Drummondville, la recommandation de cette éminence grise fut de ne plus dialoguer avec les parents, mais de simplement imposer le programme usant de son caractère coercitif. En effet, comme M. Pettigrew l’écrivait au sous-ministre de l’Éducation : « ce genre de rencontres risque d’offrir aux représentants de la CLÉ une tribune que ce mouvement, pour l’instant marginal, recherche à des fins de promotion de ses idées, ainsi nous estimons qu’il serait préférable de ne pas répéter ces rencontres. » Lors du même contre-interrogatoire, M. Pettigrew dut admettre (c’est écrit noir sur blanc) que le programme gouvernemental ECR vise à « structurer l’identité » ou d’instiller une « vision du monde » aux élèves (voir par exemple la « galaxie » illustrée ci-dessous) et que les parents sont singulièrement absents de ce processus dans la documentation du Ministère de l’Éducation. Enfin, ils peuvent évidemment appuyer la démarche pondue par des fonctionnaires, mais pas demander d’exemption, ça c’est exclu. On dira plutôt, c’est flatteur, que l’enfant est au centre de l’éducation gouvernementale inculquée sous l’œil jaloux de professeurs dûment formés en structuration d’identité et formation d’une vision du monde approuvée.



« Expertise sera fort utile » pour la révision...

Au ministère, on précise qu’il « a effectivement été engagé pour participer à une réflexion » sur la révision du programme ECR et que son expertise sera fort utile.

Est-ce que cette embauche signifie qu’on exclut d’emblée une transformation en profondeur du cours ou même sa disparition ? Le porte-parole à l’Éducation se limite à dire que « divers scénarios » sont examinés.

Simon Fortin assure que ce n’est pas M. Pettigrew qui prendra les décisions. « [Il] n’a pas été engagé pour procéder à une révision du programme, mais bien pour collaborer à sa documentation », insiste le relationniste.

Opposants

Le Parti québécois veut faire table rase du cours d’éthique et culture religieuse. Le chef péquiste Jean-François Lisée demande qu’il soit plutôt remplacé par une formation sur la citoyenneté.
En décembre, le Conseil du statut de la femme (CSF) a recommandé une révision complète du programme. L’organisme reproche à ce cours d’enseigner les religions sans formuler aucune critique sur leurs discours sexistes.

Le CSF suggère que les religions soient plutôt enseignées dans les cours d’histoire.

Échange médiocre à l'Assemblée nationale

Mme Agnès Maltais du PQ a interrogé à l'Assemblée nationale le ministre Sébastien Proulx au sujet de cette embauche. Voici l'échange (sans surprise assez médiocre à notre sens) :






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