samedi 26 février 2011

Allemagne — Mère de douze enfants emprisonnée : elle refuse pour ses enfants le cours d'éducation sexuelle au primaire

Prison de Gelsenkirchen
Salzkotten (Nord-ouest de l'Alle­magne) - Une mère de douze enfants a été condamnée le 3 février 2011 à 43 jours de prison pour avoir refusé d'inscrire trois de ses enfants au pro­gramme d'édu­cation sexuelle dans une école pri­maire locale, selon deux sites alle­mands de nouvelles catho­liques Kath.net et Katholisches.info. La mère, Irene Wiens, devait être incarcérée dans l'établissement péni­ten­tiaire de Gelsen­kirchen. Depuis 2006, on compte en Allemagne 35 cas de parents condamnés pour la même raison.

La femme est une baptiste issue d'une commu­nauté d'Allemands de Russie qui ont émigré il y a une vingtaine d'années en Allemagne. La mère et son époux s'opposent au programme gouvernemental pour des raisons religieuses. Le couple affirme que ses droits protégés par la Convention européenne des droits de l'homme, dont l'Allemagne est l'un des signataires, sont bafoués.

Les parents invoquent l'article 2 du Protocole additionnel à la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales qui stipule : « L'État, dans l'exercice des fonctions qu'il assumera dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement, respectera le droit des parents d'assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. »

L'école primaire de Salzkotten aurait nié ce droit depuis l'arrivée d'une nouvelle directrice en 2005. Outre la peine d'incarcération, les autorités locales désirent infliger une amende aux parents.

École primaire Liborius (Liboire) de Salzkotten,
il s'agit d'une école « catholique »
Il ne s'agit pas de la première fois que des parents allemands sont incarcérés pour s'être opposés à l'imposition du cours d'édu­cation sexuelle à leurs enfants du primaire. En avril de l'année dernière, on apprenait ainsi que plusieurs mères alle­mandes de la même région avaient dû passer jusqu'à une se­maine de prison pour la même raison. À la fin 2009, huit familles de la même région s'étaient vu impo­ser de lourdes amendes et les pères de famille avaient été condamnés à de la prison ferme pour s'être opposés à l'impo­sition du cours d'éducation sexuelle à leurs enfants du primaire.

Ces amendes avaient suivi de peu la décision, le 21 juillet 2009, de la Cour constitutionnelle allemande qui statuait que l'obligation scolaire l'emportait sur les droits parentaux quand la « neutralité » et la « tolérance » de l'école publique s'opposent aux conceptions pédagogiques des parents. Comme les parents allemands ne peuvent retirer leurs enfants de l'école (pour les instruire à la maison par exemple) et que l'éducation sexuelle est au programme, tous les enfants sont requis de suivre cette instruction quoi qu'en pensent leurs parents. (La décision de la Cour de Karlsruhe est ici, en allemand).

D'autres condamnations en 2010 ont été rapportées dans les journaux régionaux comme le Neue Westfälische dans un article du 15 avril 2010 intitulé « Baptisten-Mütter müssen hinter Gitter » (Les mères baptistes envoyées derrière les barreaux).

En 2007, la direction de l'école avait imposé aux enfants de prendre part à une pièce de théâtre intitulé « Mon corps m'appartient » malgré les protestations répétées des parents. Ce programme prétend s'attaquer aux abus sexuels mais, pour les enfants de huit à dix ans qui devaient participer, le message est clair selon l'avocat des familles baptistes :
  • « Mon corps n'appartient qu'à moi » je suis le seul à décider de mon propre corps, je me respecte, l'étalon en matière d'avis sexuels sont mes sentiments : « Ce que je ressens voilà ce qui est vrai, ce qui est bon ».
  • Selon le conseil juridique des parents, cette éducation sexuelle crée un fossé entre l'enfant et les parents qui veulent leur transmettre d'autres valeurs. L'obligation de soins de la part des parents dans le domaine sexuel est également minée par ce programme. Le parent n'a plus son mot à dire : les sentiments de l'enfant sont plus importants que l'éducation morale que ses parents veulent lui transmettre.

Ai-je un sentiment positif ou négatif ?

  • L'enfant est affranchi de toute morale sexuelle. On lui propose le libertinage comme règle de vie, car seuls les sentiments – c'est-à-dire la volupté – servent de base en la matière.

En outre, pour certains critiques, la pièce contrevient à l'esprit même du Code criminel en vigueur. En effet, en Allemagne, toute relation sexuelle avec un enfant de moins de 14 ans est sévèrement réprimée (article 176 du Code criminel allemand), pourtant l'important dans cette pièce pour accepter ou refuser des relations sexuelles ce n'est pas tant l'âge, mais de savoir si l'enfant a un sentiment positif ou négatif envers quelqu'un.

Après des années de combat, l'avocat des familles de Salzkotten se dit consterné par le comportement pachydermique de l'administration et de l'école. Selon lui, ceux-ci ne cherchent en rien le bien-être des enfants, mais plutôt à établir qui a le droit exclusif d'enseigner aux enfants.

Les parents allemands qui instruisent leurs enfants à la maison sont également persécutés par les autorités de leurs pays, plusieurs ont émigré aux États-Unis et au Canada pour cette raison.


Voir aussi

Ajout février 2014 : Allemagne — Un père en prison pour avoir refusé que sa fille suive un cours d’éducation sexuelle en primaire (reportage vidéo à la sortie de la prison de Hamm).


École à la maison : les familles fuient l’Allemagne









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6 commentaires:

Rex a dit…

Ils n'ont pas de vrais délinquants en Allemagne pour remplir leurs prisons ?

Philippe Y. a dit…

Et dire que le gouvernement veut imposer un cours d'éducation sexuelle au primaire aussi...

On va encore avoir du plaisir avec les idéologues de l'État !

Anonyme a dit…

Pourquoi dites-vous que c'est une école « catholique » ?

Pour une école libre a dit…

Anonyme,

Parce qu'en suivant le lien (http://www.liboriusschule.de/pageID_4168899.html) on voit

« Liboriusschule, Kath. Grundschule der Stadt Salzkotten »

Et le Kath. est l'abrégé de « catholique ».

Les villages de Westphalie sont historiquement à dominante catholique (Harsewinkel) ou protestante (« évangélique » comme on dit là-bas, voir Versmold).

Sébas a dit…

C'est débile comme approche... quoi dire de plus?

Les "démocraties" (euh-hum), occidentales dérivent de plus en plus et ce, dans de plus en plus de domaines...

Phivern a dit…

Sébas a dit…

" C'est débile comme approche... quoi dire de plus?"

Que ça nous pend au nez au Québec?

Que la Loi permet d'imposer la débilité et personne ne dit rien...

Pas entendu les gauchistes s'insurger contre ceci, non Radio-Canada annonce en manchette (18h, TV) : *Les* Français contre le gaz de schiste, pas *des*, mais *les*.

La propagande aujourd'hui consiste non pas à changer les faits, mais à sélectionner les faits et ne pas parler de ce qu'on n'aime pas.