« C’est le cœur lourd, mais avec un profond amour pour Harvard que je vous écris pour vous annoncer que je vais quitter mon poste de présidente », a déclaré Claudine Gay, 53 ans, dans une lettre de démission publiée mardi.
Cette professeure de sciences politiques – devenue en juillet la première présidente noire de l’université Harvard, située près de Boston – était ces dernières semaines sous le feu des critiques. Elle détient ainsi le mandat de présidente le plus court de l'histoire de Harvard.
Elle était visée par des accusations de plagiat liées à ses travaux universitaires et par des critiques liées à ses réponses, lors d’une audition parlementaire sur la lutte contre l’antisémitisme sur les campus. Notons que dans le monde de Harvard (voir ci-dessous), le plagiat de la part d'une présidente d'origine haïtienne devient du « langage dupliqué » pour finit encore plus euphémisé en « faux pas ». Nouveaux exemples de plagiats découverts ces derniers jours.
Depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans les universités américaines les plus renommées.
Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l’université de Pennsylvanie et du Massachusetts Institute of Technology, Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, avaient répondu cinq heures durant aux questions d’élus de la Chambre des représentants.
Lorsque Mme Stefanik avait demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Mme Gay avait répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. »
Leurs réponses, devenues virales, ont provoqué un tollé jusqu’à la Maison-Blanche, dont un porte-parole, Andrew Bates, a jugé « incroyable que cela doive être dit : les appels au génocide sont monstrueux ».
«Il a été compliqué de voir le doute planer quant à mes engagements à faire face à la haine et à respecter la rigueur académique... et effrayant de faire l'objet d'attaques personnelles et de menaces alimentées par du racisme», a expliqué Claudine Gay dans sa lettre de démission. Vieille technique pour détourner l'attention, inverser les rôles et jouer la victime. Mais le "racisme" explique-t-il pourquoi la présidente de l'Université de Pennsylvanie, Liz Magill, blanche elle, a également démissionné après le même genre de déclarations devant Mme Stefanik ? À moins que ce soit alors du sexisme ?
▶️ #Harvard - Crise ouverte dans le mouvement woke ? : “Une présidente d’université fait cause commune avec des propos à nos yeux, inacceptables mais a un dossier universitaire d’une minceur redoutable. Elle n’a jamais publié de livres à 53 ans.”@rpdroit#24hPujadas #LCI ⤵️ pic.twitter.com/06SzbR7Sk9
— 24h Pujadas (@24hPujadas) January 3, 2024
Claudine Gay est une descendante d'immigrants haïtiens aux États-Unis ; ses parents se sont rencontrés à New York alors qu'ils étaient étudiants.
Billet du 28 décembre sur la solidarité ethnique et le soutien actif de Barack Obama
Selon le New York Post, l’ancien président Barack Obama a secrètement fait pression sur les responsables de l’université de Harvard pour qu’ils soutiennent la présidente Claudine Gay, alors qu’elle est poussée à démissionner pour avoir cautionné l’antisémitisme sur le campus de son université et pour avoir commis des plagiats dans la rédaction de sa thèse.
Barack Obama (à gauche), Mme Gay (à droite) |
M. Obama, 62 ans, diplômé de la faculté de droit de Harvard en 1991, a demandé en privé à l’université de laisser Mme Gay en poste après son témoignage du 5 décembre devant la commission de l’éducation et du travail de la Chambre des représentants, lors duquel elle a déclaré que les appels au génocide des juifs pouvaient être autorisés par le code de conduite de l’université, selon le « contexte ».
« Il semble que l’on ait demandé aux gens de resserrer les rangs pour préserver la stabilité de l’administration dans son ensemble, y compris sa composition », a déclaré une source au Jewish Insider à propos des efforts dissimulés de l’ancien président.
Le rapport ne précise pas si cet effort s’est poursuivi après que les compétences de Mme Gay ont été remises en question en raison de son témoignage sur des dizaines de cas de plagiat présumés.
Une porte-parole d’Obama n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire. Harvard a refusé de commenter l’affaire auprès de Jewish Insider.
Le sort de Mme Gay est en partie entre les mains de Penny Pritzker, ancienne secrétaire d’État au commerce de Barack Obama, membre d’une grande famille de Chicago — son frère est le gouverneur de l’Illinois J. B. Pritzker — qui est membre de la Harvard Corporation, la plus haute instance dirigeante de l’université, qui a récemment examiné les publications universitaires de la présidente Gay pour y déceler des preuves de plagiat.
Mme Gay a déclaré au Boston Globe : « Je suis convaincue de l’intégrité de mon travail universitaire. Tout au long de ma carrière, j’ai veillé à ce que mes travaux universitaires respectent les normes académiques les plus strictes ».
Harvard a annoncé que des « exemples de duplication de langage sans attribution appropriée » avaient été trouvés dans la thèse de doctorat de M. Gay en 1997, à la suite d’un examen effectué par un sous-comité de quatre personnes de la Corporation.
« Si une université est prête à fermer les yeux et à ne pas demander des comptes à ses professeurs pour des comportements scientifiques malhonnêtes, elle dévalorise sa mission et la valeur de son enseignement », a écrit la présidente de la commission, la députée Virginia Foxx (R-NC).
« Les étudiants doivent être évalués équitablement, selon des normes connues, et ont le droit de voir que les professeurs le soient aussi. »
Au cours de l’audition, la députée Elise Stefanik (R-NY) a reproché à Mme Gay, à la présidente du Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth, et à la présidente de l’Université de Pennsylvanie, Liz Magill, d’avoir refusé de dénoncer les manifestations antisémites qui se déroulaient sur leurs campus.
Chacun a souligné que les discours antisémites — y compris les appels au génocide des Juifs — n’enfreignaient pas nécessairement les politiques universitaires et dépendaient du contexte.
Magill a démissionné une semaine après l’audition, tandis que Gay et Kornbluth sont restés à leur poste.
Mme Pritzker, diplômée de Harvard en 1981, a été nommée senior fellow de la Corporation en 2022 après avoir fait don de 100 millions de dollars à l’université — et elle a dirigé le comité de recherche qui a nommé Mme Gay comme nouvelle présidente de l’école l’année dernière.
Lors de l’annonce de ce choix en décembre 2022, elle a fait l’éloge de Mme Gay en la qualifiant de « dirigeante remarquable profondément dévouée au maintien et à l’amélioration de l’excellence académique de Harvard ».
À la suite de nouvelles allégations de plagiat à l’encontre de la présidente, de nombreux universitaires ont demandé la démission de Claudine Gay, en plus de ceux qui l’ont demandée après son audition au Congrès, notamment un professeur dont la présidente de Harvard aurait copié les travaux.
« Virez Claudine Gay sans délai », a déclaré Carol Swain, professeur de sciences politiques à l’université Vanderbilt, sur X. « Elle peut être relevée de ses fonctions jusqu’à ce que les conditions [de son renvoi] soient négociées. Engagez le meilleur homme ou la meilleure femme qui puisse ramener l’université à la raison ».
Mme Swain a déclaré que Mme Gay avait repris des parties d’un livre qu’elle avait publié en 1993 et d’un article qu’elle avait écrit en 1997 sans les citer.
John McWhorter, chroniqueur au New York Times et professeur de linguistique à l’université de Columbia, a également demandé à Mme Gay de démissionner. Il estime que les plus de 40 cas d’attribution incorrecte dans ses travaux scientifiques « rendent insoutenable son maintien en fonction ».
Mme Pritzker n’a pas encore réagi publiquement à la controverse, mais les membres du conseil d’administration de la Harvard Corporation ont déclaré, le 12 décembre, qu’ils « réaffirmaient » leur soutien à la direction de Mme Gay.
Toutefois, le gestionnaire de fonds spéculatifs et milliardaire Ken Griffin a déclaré au New York Times que Mme Pritzker, qui est juive, avait convenu en privé que la réaction de Harvard à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre avait été tiède et qu’une déclaration de solidarité avec Israël s’imposait.
Entre-temps, les fidèles partisans de l’école ont suspendu des centaines de millions de dollars de dons en raison de la décision de Mme Gay de soutenir les groupes d’étudiants qui accusent l’État juif des atrocités commises par le Hamas.
Voir aussi
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Un club d’étudiants sadomasochistes à Harvard
J’ai essayé la formation sur les « préjugés inconscients ». Une arnaque.
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