samedi 5 janvier 2019

Chine — Malgré la fin de la politique de l'enfant unique, la natalité continue de baisser

Des démographes chinois ont déclaré que le nombre de nouveau-nés en 2018, la troisième année après la mise en œuvre complète de la politique en faveur des deux enfants, aurait peut-être diminué de plus de 2 millions et que le nombre de naissances continuera de diminuer. Le nombre de bébés nés en 2018 aurait chuté de plus de deux millions par rapport à 2017, qui avait déjà connu une chute de 3,5 % par rapport à l’année précédente.

La Chine sera-t-elle vieille avant d’être riche ? Contrairement au Japon qui a commencé à vieillir après être devenu riche, ce qui est plus facile à gérer.

L’âge médian de la Chine était de 22 ans en 1980. En 2018, il était de 40 ans. Il passera à 46 ans en 2030 et à 56 ans en 2050. Aux États-Unis, l’âge médian était de 30 ans en 1980 et de 38 ans en 2018. En 2030, il sera de 40 et 44 ans en 2050. L’âge médian au Québec a atteint 42 ans en 2016, par rapport à 34 ans en 1991 et à 26 ans en 1971. À titre de comparaison, l’Inde avait un âge médian de 20 ans en 1980 et de 28 ans en 2018.

« Bien que les données nationales sur la naissance de nouveau-nés n’aient pas encore été publiées, les données révélées par les services de santé locaux ont montré que le nombre de nouveau-nés en 2018 avait diminué d’au moins 15 % par rapport à l’année précédente », a déclaré mardi He Yafu au Global Times. He Yafu est démographe et auteur d’un livre sur l’impact de la politique de population de la Chine.

« Le nombre de naissances en 2017 était de 17,23 millions. Selon les calculs actuels, le nombre de nouveau-nés à travers le pays pourrait chuter de plus de 2 millions », a-t-il prédit.

Il a ajouté que le nombre de naissances en 2018 pourrait tomber en dessous de 15 millions de personnes, citant une source proche de la Commission nationale de la santé.

Yi Fuxian, chercheur à l’Université du Wisconsin à Madison, et Su Jian, directrice du Centre national de recherche économique de l’Université de Pékin, ont également déclaré au Global Times que le nombre de nouveau-nés en 2018 diminuerait de plus de 2 millions, une baisse qui contredit les prédictions optimistes des autorités de la santé chinoises. La plus haute autorité sanitaire du pays avait également prévu que le nombre de nouveau-nés en 2018 dépasserait de 790 000 naissances celui de 2017, alors qu’on assisterait plutôt à une baisse trois plus forte.

Baisse de la population en 2018 de 1,27 million

On apprend également une nouvelle qui serait une première en 70 ans ! La population de la Chine a baissé l’an dernier. Les chiffres officiels ne seront connus que courant janvier, mais le spécialiste Yi Fuxian, chercheur basé aux États-Unis à l’université du Wisconsin-Madison, estime que la population de la Chine a reculé l’an dernier de 1,27 million de personnes. Une paille par rapport à une population totale de 1,39 milliard d’habitants…

Dogme de l’enfant unique

Décidé afin d’éviter qu’un accroissement trop rapide de la population ne freine le développement économique, l’impopulaire dogme de l’enfant unique, introduit en 1979, a provoqué de terribles dérives, comme les stérilisations et les avortements forcés. Même si elle comportait des exceptions, cette politique répressive a également dangereusement accéléré le vieillissement de la population chinoise. D’où le revirement du gouvernement dès fin 2013 : les couples dont l’un des membres est enfant unique ont eu le droit d’avoir un deuxième rejeton. Deux ans plus tard, cette possibilité était étendue à l’ensemble des foyers, pour une entrée en application début 2016.

La Chine est confrontée à une véritable bombe à retardement. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait atteindre 487 millions en 2050, soit près de 35 % de la population, contre 241 millions fin 2017, selon des estimations des autorités chinoises. De quoi mettre en péril les fragiles systèmes de santé et de retraite du pays. Et menacer l’économie nationale. La population en âge de travailler (de 16 à 59 ans) a en effet chuté de près de 5,5 millions de personnes en 2017, déclinant pour la sixième année consécutive.

Véritable politique nataliste

L’assouplissement de la réglementation n’a pour l’instant pas eu les effets attendus. Après un rebond des naissances en 2016, leur nombre a chuté en 2017. Plus de 53 % des couples ayant déjà un enfant n’ont pas l’intention d’agrandir la famille, selon une enquête réalisée en 2016 par l’Association des femmes de Chine. Le coût de l’éducation, de la santé et du logement décourage notamment les parents. « De nombreux jeunes Chinois n’ont pas envie d’avoir d’enfant du tout ou de deuxième enfant, car ils craignent de faire chuter leur niveau de vie », souligne Chen Youhua, professeur à l’université de Nanjing, pour qui la multiplication des enfants uniques a contribué au développement de l’« individualisme » et de l’« hédonisme » en Chine. Les réticences sont particulièrement fortes au sein de la classe moyenne, précise-t-il. « La génération née après 1979 a grandi avec la propagande de l’enfant unique : l’idée d’avoir peu de descendants est ancrée dans leur mentalité », complète Yi Fuxian, démographe à l’université du Wisconsin à Madison.

Beaucoup d’experts estiment que la Chine va devoir se lancer tôt ou tard dans une véritable politique nataliste. « Il faut des réformes draconiennes dans toute la société », avec un système de sécurité sociale qui encourage les naissances, une baisse des coûts de l’immobilier, d’éducation et de santé, ou une prise en charge du congé maternité par l’État et non par l’employeur, insiste Yi Fuxian.

Mais, « quelles que soient les mesures, elles n’auront pas de réelle efficacité durant les trente ou cinquante prochaines années », indique le professeur Chen Youhua, tant la faiblesse du taux de fécondité est structurelle. « Des dizaines d’années de planification familiale ont dévasté la structure démographique de la Chine. Les problèmes ne peuvent pas être résolus du jour au lendemain », renchérit Yi Fuxian, qui rappelle que les enfants nés aujourd’hui n’entreront sur le marché du travail que dans une vingtaine d’années au plus tôt…


Québec — Passer aux actes pour défendre la langue française

Robert Dutrisac souligne avec justesse dans le Devoir de ce 5 janvier :

François Legault a eu beau exprimer ses craintes quant à l’avenir du français au Québec, son discours d’ouverture ne mentionnait aucune mesure pour défendre ou promouvoir la langue française. Manifestant la même préoccupation, la ministre Nathalie Roy a écarté d’emblée tout renforcement de la loi 101, promettant seulement de se montrer plus ferme dans l’application des règlements actuels sur la langue d’affichage commercial, comme si c’était suffisant.

Pendant près de quinze ans, les libéraux se sont refusés à affermir la Charte de la langue française (CLF) ; ils l’ont plutôt assouplie, en encadrant les écoles passerelles ou l’affichage des marques de commerce anglaises. En matière de langue de travail, ils n’ont rien fait, sinon déployer avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain une « stratégie commune d’intervention », faite de mesures volontaires, dans le but d’inciter les plus petites entreprises à se franciser, stratégie dont les résultats ont été des plus modestes. Mais au moins, la passivité libérale s’expliquait [au mieux] par une vision jovialiste de la situation de la langue française au Québec.

Pour l’heure, la stratégie linguistique du gouvernement Legault repose essentiellement sur une meilleure francisation des immigrants.

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Comme en éducation, on attend un vrai changement plutôt que des mesurettes qui ne modifient rien sur le fond.