samedi 22 avril 2023

Indépendance d'esprit et mutins de Panurge (lexique)

Dans le cadre du cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR), toujours obligatoire, le début d’un lexique :

AMOUR — « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles » (Gilbert Keith Chesterton).

ARISTOCRATIE — Étymologiquement : le gouvernement des meilleurs. Il est significatif que ce terme ait progressivement pris un sens péjoratif avec la modernité qui a instauré le règne de la bourgeoisie, c’est-à-dire le gouvernement des marchands et calculateurs.

BIEN — « Qui veut faire l’ange fait la bête », dit le proverbe, ce qui signifie notamment que la morale des intentions est dangereuse. Nous vivons à l’époque de « l’angélisme exterminateur », celle où les ingénieurs sociaux prétendent créer de force le paradis sur Terre et faire le bonheur des gens malgré eux.

BOURGEOISIE — Le phénomène marquant de la fin du XXe siècle est le ralliement définitif de la bourgeoisie à l’idéologie de gauche et au cosmopolitisme et donc sa rupture avec les valeurs conservatrices et traditionnelles. Cette évolution résulte de deux phénomènes. D’abord, la richesse est de plus en plus transnationale : c’est la bourgeoisie qui tire le plus grand profit de l’ouverture des frontières. Ensuite, la chute du communisme en Europe : le communisme faisait peur, en effet, à la bourgeoisie marchande et l’incitait à ne pas se couper de ceux qui pouvaient lui faire obstacle, la droite et les nationalistes notamment ; elle incitait aussi la bourgeoisie à soutenir des politiques sociales afin de contrecarrer l’influence des communistes dans les milieux populaires. La disparition de cette menace a rendu cette prudence superflue.

CARÊME — Le ramadan des chrétiens, ainsi que le précisait un périodique et que le rappelait un évêque afin d’être mieux compris de ses ouailles, auxquelles il conseillait d’en profiter pour se rapprocher de nos frères musulmans.

CATHOLICISME — Pour les bien-pensants, le catholicisme doit adopter une lecture progressiste de Vatican II, se rapprocher des autres religions (« les trois monothéismes ») au nom d’un œcuménisme béat, admettre la relativité et l’adaptation de ses dogmes et se conformer aux principales croyances de la modernité triomphante, et, au fond, séculariser et laïciser l’expérience religieuse.

CHARTE — La charte des droits et libertés de la personne du Québec, nouveau décalogue qu’il faut respecter (voir page 64 du manuel pour la 6e primaire de Modulo pour le cours ECR) qui présente l’avantage de pouvoir « progresser » et être facilement modifié pour en éliminer des droits, surtout ceux des parents. Progrès récent : amender l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés pour limiter le rôle des parents dans le choix de l’éducation de leurs enfants et leur droit à des programmes scolaires qui respectent leurs croyances et convictions.

CHRÉTIEN PROGRESSISTE — Il flirte avec son adversaire pour se faire pardonner sa foi. Pour lui, le prochain est ce qui est le plus éloigné de sa famille et de son pays : Zoulous, hindous, Tibétains, vagabonds et gitans, etc.

DÉCROCHAGE SCOLAIRE — Problème récurrent produit par le monopole (avec une minuscule) de l’éducation et qui persiste de plan d’action à plan d’actions, de millions en millions dépensés ; prétexte invoqué pour intimider les parents qui s’opposent aux cours d’ECR : « en appelant au boycottage du cours d’ECR, vous favorisez le décrochage scolaire ».

DIALOGUE — Acceptation des arguments d’autrui, affadissement, par exemple « dialogue interreligieux » ; tenir le gros bout du bâton et imposer son point de vue quand il s’agit du Monopole de l’Éducation : « Le ministère dialogue avec les mennonites » quand il vient de les menacer de faire intervenir la DPJ [protection des mineurs] pour « s’occuper » de leurs enfants.

HÉDONISME — L’hédonisme est, avec l’individualisme et le narcissisme, une des « valeurs » modernes en Occident ; il conduit l’individu, qui n’a plus d’autre fin que lui-même (son bonheur égoïste et sa seule survie), au nihilisme. L’hédonisme est bien vu, car il s’exprime principalement dans la consommation marchande et parce qu’il détruit les communautés intermédiaires qui sont des contre-pouvoirs.

HUMANITÉ — Naguère on déplorait l’absence de Dieu dans la société, remplacé par l’Homme celui-ci en est à son tour chassé, remplacé par l’humanité, sans que le véritable amour chrétien du prochain y ait gagné.

IMPARTIALITÉ — Un homme impartial est assuré de déplaire à tous les partis alors qu’un homme habile est toujours prêt à hurler avec les loups et à bêler avec les moutons.

INTELLECTUEL — Est réputé « intellectuel » tout ce qui n’est pas facilement intelligible. « Le cours d’éthique et de culture religieuse a été validé par des intellectuels québécois. »

JÉSUITE MODERNISTE — Le meilleur moyen d’attrister certains jésuites modernistes est de rendre hommage à l’éducation remarquable et stricte inculquée jadis aux jeunes gens dans leurs collèges.

LÉGALITÉ — Il existe un curieux souci de la légalité chez ceux qui ont toujours milité pour l’esprit rebelle, l’autonomie et ont vécu en marge des lois dès qu’il s’agit d’imposer leurs propres préjugés aux autres (exemple : « Le cours d’ECR est obligatoire »).

LIBERTÉ MODERNE — « L’homme d’aujourd’hui est libre, comme le voyageur perdu dans le désert. » (Nicolas Gomez Davila)

MENSONGE — Il y a plus de courage à démasquer le menteur qu’à dénoncer le mensonge.

OUVERTURE — Euphémisme souvent équivalent de « démission » qui qualifie le ralliement au point de vue de personnes issues des partis politiques de gauche ou de la « société civile » ; l’ouverture ne se fait jamais à droite pour inclure des personnes conservatrices.

PRESSE (LA) — La presse est bien nommée, car elle est devenue un instrument de pression.
 
REBELLE — Il en existe de différents types. Pour Philippe Muray, le mutin de Panurge est un rebelle de confort, de plateaux télé, le mutin de Panurge hurle avec le troupeau contre tous ceux qui s’opposent à la « bonne pensée » des « autruistes ». Quant au rebellocrate, c’est une personnalité vindicative dont la rébellion n’est qu’une posture médiatique, insoumis de confort, le « rebellocrate » est en réalité proche des rouages du pouvoir (politique ou médiatique).  

RÉVOLUTION —  « mécanismes destinés à adapter le monde moderne au programme de la bourgeoisie » (Nicolás Gómez Dávila)

SOCIAL — « “Social” est l’adjectif qui sert de prétexte à toutes les escroqueries. » (Nicolás Gómez Dávila)

THÉORIE DU GENRE — Selon cette théorie, l’identité et l’orientation sexuelles, loin d’avoir une origine biologique, sont de simples constructions sociales. S’oppose pourtant à cette autre idée populaire que l’on naît homosexuelle et qu’on n’y peut rien.

UTOPIE — Il faut se méfier des utopies, car elles conduisent aux pires réalités.

VÉRITÉ — « Ne nous mettons pas d’accord sur une vérité en dialoguant, mais en mûrissant. » (Nicolas Gomez Davila)

Voir aussi

Les néologismes de Philippe Muray

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