dimanche 17 août 2008

Manuel d'histoire agréé par le Monopole de l'Éducation du Québec : pas moins de cinquante erreurs !

Nous en avions déjà parlé, les manuels d'histoire du Québec sont d'un affligeant correctivisme politique, on apprend que certains fourmillent aussi d'erreurs grossières.

On a ainsi relevé plus de cinquante erreurs dans le manuel d'histoire de deuxième secondaire intitulé « L'Occident en douze évènements » pourtant approuvé par le Monopole de l'Éducation. La ministre de l'Éducation Michelle Courchesne — qui semble devoir éteindre de nombreux feux ces jours-ci — a assuré qu'elle allait se pencher sur le dossier.

Petit florilège :

— « D'autres peuples vivent encore aujourd'hui sous la domination d'un pays étranger. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis, entre autres, possèdent encore quelques colonies. Les Antilles françaises (Martinique et Guadeloupe), par exemple, appartiennent encore à la France. ». La Martinique et la Guadeloupe sont des départements qui élisent démocratiquement leurs représentants.

— Un antisémite est quelqu'un qui déteste les Juifs « de manière irrationnelle ». En réalité, le Petit Robert définit le terme comme un « racisme dirigé contre les Juifs ».

— Copernic a précisé sa théorie astronomique 117 ans après sa mort.

— L'expédition française Fachoda (1898 ou 1899) ! Pourquoi ce doute alors qu'un dictionnaire comme le Petit Robert indique que cet évènement s'est déroulé en 1898 ?

— Les Blacks Panthers et les Black Muslims seraient nées, selon ce manuel, après l'assassinat de Martin Luther King en 1968. Or, les deux mouvements ont été créés respectivement en 1966 et en 1930.

— Les cartes portent des noms en graphie « internationale » comme Ulaanbaatar pour Oulan-Bator (la capitale de la Mongolie), ou encore Addis-Ababa plutôt qu'Addis-Abeba (capitale de l'Éthiopie). On note le même phénomène dans les manuels d'éthique et de culture religieuse où les graphies pédantes (Muhammad, Pangu, Sukkoth) sont privilégiées aux graphies françaises (Mahomet, Pankou, Souccot) même quand on s'adresse à des enfants du primaire

—  « Adolf Eichmann convoque la conférence de Wannsee. Adolf Hitler, Reinhard Heydrich et Heinrich Himmler y mettront au point les procédures d'extermination de toute la population juive d'Europe. » En réalité, ni Hitler ni Himmler n'ont participé à cette conférence ; Heydrich l'a convoquée.

Visiblement, le Monopole s'intéresse plus à la représentation « inadéquate » des rôles masculins et féminins et des ethnies dans les manuels québécois qu'à la précision de ses manuels d'histoire ou même d'éthique et de culture religieuse.

On envoie les enfants à l'école pour les matières de base, pas pour que l'État fasse évoluer leur spiritualité

Extrait de la Voix de l'Est de ce samedi (dans sa version papier) :
« Pour ce qui est de Granby, la présidente de la CLÉ, Marie-Josée Croteau [...] affirme ne pas être rendu [au stade du boycottage], mais la situation pourrait changer. « Je vais voir avec les commentaires des parents qui me parviendront à la réunion de Valcourt, s'il y a des besoins. On pourrait opter pour le boycott, mais mon approche repose plus sur une base individuelles, c'est-à-dire que chaque parent s'organise avec ses propres moyens », souligne-t-elle.

Toutefois, elle assure que de nombreux parents de la région lui ont manifesté leur opposition. « Il y en a beaucoup qui me disent que leurs enfants n'iront jamais à ce cours. Ils craignent que ce programme amène trop de confusion dans la tête des enfants, s'ils doivent démêler les religions. On envoie les enfants à l'école pour leur apprendre les matières de base et non faire évoluer leur spiritualité », termine-t-elle. »


Le Monopole de l'Éducation remercie La Presse de lui servir de porte-voix

Encore un article de haute volée professionnelle de la part des médias québécois. Ici La Presse semble simplement avoir reproduit ce que le Monopole de l'Éducation lui a dicté :
« Le cabinet de la ministre Courchesne n'a pas été en mesure de préciser si les enfants qui n'assisteront pas au cours d'éthique et de culture religieuse risquent des sanctions. Le Ministère privilégie l'information plutôt que l'affrontement. »
Comment ça « le Ministère privilégie l'information » ? La Presse nous assène cela comme un fait ! Aucun guillemet, aucune distance, aucun conditionnel, de verbe introducteur (« dit privilégier »).

La Presse voulait probablement dire que le Ministère privilégie — puisqu'il a le gros bout du bâton — la répétition de ses slogans au dialogue qui est pourtant tant vanté par ce même cours d'ECR ?

Mais cet entêtement mène justement à l'affrontement. La Presse le soulignait d'ailleurs dans le reste de l'article : parents outrés de l'imposition à tous (pas de diversité ici!) de ce cours décidé en haut lieu, boycottage et recours judiciaires.

Et enfin rappelons ces mesures de contrôle supplémentaires subites là où les parents ne se soumettent pas au diktat de l'État. Mais on suppose que ces mesures font partie de l'information privilégiée par le Monopole de l'Éducation du Québec ?