vendredi 3 février 2017

Pays-Bas — Une femme « euthanasiée contre sa volonté »

Aux Pays-Bas, un médecin sera jugé pour avoir réalisé une « euthanasie à l’encontre de la volonté de la patiente ». Bien que cette affaire soit « choquante », le Comité régional d’examen a estimé que « le médecin avait agi de bonne foi ». Il demande à la Cour de ne pas le condamner, mais de clarifier les faits et de « confirmer qu’un médecin agissant de bonne foi ne peut être poursuivi s’il “euthanasie” une personne atteinte de démence ». Le Comité n’exclut pas d’avoir affaire à d’autres cas de ce genre à l’avenir.

La patiente était âgée de plus de 80 ans et souffrait de démence. Placée dans une maison de soins par son mari, elle y montrait des signes de « peur et de colère ». Le médecin a estimé qu’« elle souffrait intolérablement », mais « qu’elle n’était plus en mesure d’exprimer son souhait d’euthanasie ». Il reconnait qu’elle a tout de même répété à plusieurs reprises dans les jours précédant sa « mise à mort » : « Je ne veux pas mourir ». À son insu, il a versé un sédatif dans son café puis commencé les injections létales. La patiente a réagi et « lutté désespérément pour ne pas être tué » ; le médecin a alors « demandé aux parents de la patiente de la tenir pour achever son geste ».

Cette affaire est révélée alors que la loi sur l’euthanasie est en passe d’être de nouveau étendue dans ce pays, pour « autoriser l’euthanasie de toutes les personnes de plus de 75 ans ».

Sources:
Volkskrant. Peter de Graaf (26/1/2017)
The Daily Mail, Giulia Crouch (28/1/2017)

1 commentaire:

Walter E a dit…

Plus de 350 médecins ont signé une pétition demandant d’interdire l’euthanasie de patients déments, rendue possible depuis 2002. Ils expriment leur refus « de mettre fin à la vie d’êtres humains sans défense ».



[...]

Au départ, l’euthanasie dans les cas de démence requérait une double condition, pour écarter le doute sur le choix des patients : la présence d’une demande anticipée précédant l’état de démence, et d’être encore en mesure de confirmer leur choix. Mais le gouvernement néerlandais a souhaité assouplir ces conditions pour des personnes atteintes de démence sévère.

Depuis décembre 2015, une directive conjointe des ministères de la Santé et de la Justice prévoit que « ces patients peuvent être aidés à mourir, même s’ils ne sont plus capables d’exprimer leur volonté » à partir du moment où ils étaient encore lucides lors du dépôt de leur déclaration anticipée.



Sur quoi porte la mobilisation des médecins ?

Un collectif de 34 médecins a pris l’initiative de lancer un site Internet et une pétition baptisés « niet stiekem bij dementie » (« ne pas agir en catimini dans les cas de démence »).

Leur message tient en quatre phrases : « Donner une injection mortelle à un patient atteint de démence avancée, sur la simple base d’une déclaration anticipée ? À quelqu’un qui n’est pas en mesure de confirmer qu’il veut mourir ? Non, nous nous y refusons. Notre réticence morale à mettre fin à la vie d’un être humain sans défense est trop grande. »

Cette pétition a recueilli en une semaine plus de 350 signatures et été publiée dans deux grands quotidiens du pays.

LA Croix