mercredi 28 novembre 2018

Humour — L'inclusivité est-il/elle un·e progrès ?


Québec — 220 nouvelles classes de maternelle d'ici septembre 2019 ? De qualité ? À quel coût ?

Le ministre du Monopole de l'Éducation, Jean-François Roberge, veut ouvrir 220 nouvelles classes de préscolaire 4 ans en septembre 2019. Les commissions scolaires de la région de Montréal lui rétorquent que c’est mission impossible à cause du manque de personnel et de locaux.

Le dépistage précoce des élèves à risque de difficultés ou d’adaptation peut contribuer à leur réussite éducative (en apprenant par exemple plus tôt le français aux enfants allophones) et pourrait réduire le décrochage scolaire.

Toutefois, le ministre doit considérer les difficultés signalées par les commissions scolaires et comment y remédier. S’il prévoit recourir à des enseignants moins qualifiés pour contrer la pénurie du personnel, il n’améliorera pas la situation auprès des ces élèves « vulnérables. À défaut, la création de ces classes n'améliorera sans doute rien et ne fera qu’augmenter les coûts pour les contribuables. Augmentation des coûts qui semble la seule certitude dans le domaine de l'Éducation au Québec.

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Qualité des professeurs plutôt que la taille des classes

Extrait :
Francesco Avvisati va plus loin en affirmant que « les classes à taille réduite dégradent le niveau moyen d’expérience, car elles amènent à embaucher plus de contractuels pour faire face au besoin plus important d’enseignants ».

La majorité des Québécois d'accord pour réduire l'immigration de 20 %

Les deux tiers des répondants sont d’accord à la fois avec le projet de réduire à 40 000 personnes (-20 %) le seuil d’immigration annuel de la province et avec l'affirmation que celle-ci n'est tout simplement pas en mesure d'intégrer convenablement tous ceux qui viennent s'y installer.


« Espaces sûrs » : des étudiants qui ne supportent plus la contradiction

De plus en plus d’étudiants, aux États-Unis, refusent l’étude de certains sujets, la lecture de certains auteurs. Ils les jugent « offensants ».


J’ai déjà abordé à plusieurs reprises le phénomène très inquiétant qui s’est répandu dans les universités d’Amérique du Nord, ces dernières années. Paradoxalement, au nom de la lutte contre les inégalités, contre les discriminations, un climat d’intolérance autrefois inimaginable s’est répandu sur les campus. Par de multiples procédures, comme les « trigger warning » [difficile à traduire, quelque chose comme « avertissement de vexation »] ou la constitution de « safe spaces » (espaces sûrs), certains étudiants exigent de ne pas être exposés à des idées qu’ils risqueraient de ne pas approuver. Ils les jugent « offensantes ».

Un certain nombre d’universitaires commencent enfin à s’en inquiéter. C’est tout à leur honneur, car le fait de dénoncer publiquement certains agissements est dorénavant risqué et expose ses auteurs à des représailles. Ainsi Jonathan Haidt, psychologue et professeur d’éthique à l’Université de New York, n’a cessé de mettre en garde contre ces dérives depuis déjà quelques années. L’article qu’il a publié à ce sujet avec Grek Lukianoff dans la revue The Atlantic, a eu un énorme retentissement.

Haidt y déplorait notamment l’inflation sémantique subie, dans un certain milieu intellectuel, par l’adjectif « violent ». Une mode intellectuelle, disait-il, tend à dénoncer comme « violente » toute opinion qui dérange. Or, une opinion n’est pas violente. Mais, au nom de cette pseudo « violence », ont été commises de bien réelles et pas du tout virtuelles s agressions. Nombre de conférenciers invités dans des universités américaines, ont été interdits de parole par des groupes d’étudiants intolérants, au nom de leur droit de ne pas subir la « micro-agression » que constituerait cette présence sur le campus. Des personnalités telles que Ayaan Hirsi Ali, ou Christine Lagarde en ont été victimes. Des professeurs ont été agressés, comme Bret Weinstein, un professeur de biologie à l’Evergreen College de Washington. Il avait refusé de participer au « Jour d’absence » durant lequel les étudiants et professeurs blancs étaient priés de rester chez eux.



Trop maternés dans leur enfance, ils ne supportent pas la contradiction.

Dans la dernière lettre Phébé, Cécile Philippe rend compte du livre que Jonathan Haidt et Greg Lukianoff viennent de consacrer à ce sujet, sous le titre Le maternage de l’esprit américain : comment les bonnes intentions et de mauvaises idées préparent une génération à l’échec (The Coddling of the American Mind: How the Good Intentions and Bad Ideas are setting up a Generation for Failure”?)

Depuis 2013, écrivent ces auteurs, le climat sur les campus est devenu franchement délétère. Cela a coïncidé avec l’arrivée des premiers étudiants de la génération internet, nés entre 1995 et 2012. Habitués à ne communiquer, sur les réseaux sociaux, qu’avec des individus qui leur ressemblent, partagent leurs idées et leurs goûts, la différence, le dissensus, la contradiction les laissent désemparés.

En réalité, on a affaire à une génération de jeunes Américains qui ont été trop protégés sur le plan émotionnel durant leur enfance. Leurs parents, s’étant exagéré leur fragilité, les ont maternés. Ils ne supportent tout simplement pas la contradiction. En outre, on leur a trop répété qu’ils devaient se fier à leurs impressions, protéger leur susceptibilité, préserver leur authenticité. Personne ne les a prévenus que nos jugements pouvaient être biaisés par nos émotions. Au contraire, leur éducation les a habitués à considérer que leur vérité particulière devait être respectée et jamais contestée.

Par ailleurs, leur manichéisme ne fait que refléter l’ambiance politique américaine actuelle, terriblement polarisée depuis l’élection de Trump. « Leur monde est composé de bons et de méchants ». Le juste combat, c’est « nous » contre « eux ».

Enfin, il faut compter avec les bureaucraties universitaires, créées, au départ, pour lutter contre le racisme, le sexisme et les discriminations. Elles ont été parfois détournées de leur fonction et justifient leur existence en montant des sortes de procès contre des enseignants, coupables de péchés plus ou moins imaginaires, comme cela a été illustré par un certain nombre de romans récents.

Propre à l’entre-soi des universités d’élite.

Haidt a observé que cette intolérance se manifestait tout particulièrement dans les universités d’élite, celles qui préparent au doctorat. Les étudiants y vivent en circuit fermé. Ils développent un « ordre moral » spécifique. Au contraire, dans les community colleges, ces collèges communautaires, où l’on acquiert une formation professionnelle en deux ans, et où beaucoup d’étudiants payent leurs études en ayant un job à l’extérieur, les choses se présentent différemment. D’où le conseil pratique qu’il donne : renouer avec la vieille habitude de l’année sabbatique après le bac. En parcourant le vaste monde, comme le faisaient leurs prédécesseurs des années 60 et 70, les étudiants se confronteraient à d’autres mentalités, à d’autres modes de vie. Ils en reviendraient plus tolérants, davantage aptes à supporter la contradiction.

Source : France culture, 16-11-2018

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