samedi 9 août 2014

Québec — Triplement du nombre d'heures d'anglais en une trentaine d'années

Dans une lettre publiée dans le Devoir, Jean-François Vallée, professeur au Département de lettres et communications au cégep de La Pocatière écrit :
« Facile, l’anglais ? Vous voulez rire ! Si l’anglais était facile, son enseignement dans le réseau scolaire québécois ne serait pas passé depuis une trentaine d’années de 500 heures à plus de 1000, et le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, et le premier ministre, Philippe Couillard, n’en imposeraient pas 400 heures de plus en 5e et 6e année !

Demandez à un professeur d’anglais si cette langue est « facile » : après avoir bien ri, il vous répondra que les seuls locuteurs qui trouvent l’anglais facile sont ceux qui le parlent mal… Arriver à maîtriser toutes les nuances de l’anglais est difficile. Son orthographe et sa prononciation, pour ne parler que d’elles, sont à donner des maux de tête. Prenons trois mots comme thought (pensée), tough (dur) et though (quoique), qui se prononcent d’autant de façons différentes tout en s’écrivant presque pareil. Un néophyte y perd son anglais ! »
Triplement d'heures avec quel gain ? À quel coût ? Avec quel impact sur le français ? N'exige-t-on pas trop souvent le bilinguisme au Québec ?

Rappelons que ce triplement d'heures en langue seconde ne s'applique qu'aux petits francophones pas assez bilinguisés sur un continent anglo-saxon, les élèves du réseau anglophone ne seront pas soumis à des mesures équivalentes d'« enrichissement » linguistique obligatoire.

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Québec — Réformes éducatives en série sans évaluation ?

Martine Desjardins se penche sur les réformes éducatives qui rythment quasi annuellement les rentrées scolaires québécoises. Rappelons que les résultats des élèves québécois sont en baisse dans les études interprovinciales et internationales. Premier sujet Mme Desjardins : les tableaux  blancs interactifs. (Nous pourrions en suggérer d'autres comme des évaluations sur le cours ECR, le triplement du nombre d'anglais en une trentaine d'années, l'imposition du constructivisme à l'école, etc.) 

« Il n’est pas rare de voir à chaque rentrée scolaire différentes annonces sur le système de l’éducation au Québec. Souvent il s’agit d’investissement, de changement d’idéologie ou encore des nouvelles priorités du ministère. Cette année ne fait donc pas exception, mais certaines propositions m’ont laissée quelque peu perplexe.

L’éducation c’est scientifique

Alors que le milieu de l’enseignement n’a toujours pas d’évaluation claire et précise sur le véritable impact qu’ont les tableaux blancs interactifs sur l’apprentissage des élèves, le ministre Bolduc annonce en grande pompe qu’il continuera l’investissement promis par Jean Charest le 23 février 2011, soit de doter chaque classe d’un tableau blanc interactif (TBI). Aucune évaluation depuis 2011 (même avant l’annonce de 2011) n’a pourtant été faite pour prouver que l’apport de cette technologie est bénéfique. Alors quand le ministre affirme que : « C’est un incontournable, toutes les classes devraient avoir ça», dit-il. Les nouvelles technologies sont des outils efficaces, selon lui, pour aider les jeunes à «apprendre à apprendre » , il n’a aucune preuve de ce qu’il avance dans le cas des TBI.

Il est vrai et prouvé que la technologie, en particulier l’utilisation d’ordinateur, a permis à plusieurs enfants, notamment ceux qui souffrent de dyslexie grave, de poursuivre des études à des niveaux supérieurs. Cependant, chaque technologie ne se vaut pas! Ce n’est pas parce que vous avez un nouveau logiciel ou encore un superbe tableau avec lequel vous pouvez écrire avec vos doigts que l’élève va retrouver sa motivation scolaire. La pédagogie, ce n’est pas une subdivision de la magie!

D’ailleurs, une étude sur les TBI réalisée par le professeur Karsenti de l’Université de Montréal dressait un sombre tableau pour la nouvelle technologie en 2013.


Tableaux blancs, la revanche

Au coût de 5000 $ chacun, nous sommes en droit de nous demander si cet investissement n’est pas un peu déraisonnable compte tenu que plusieurs écoles souffrent de problèmes de salubrité. Ne serait-il pas plus simple d’investir dans la construction ou la reconstruction de nouvelles écoles qui permettent aux enfants de s’instruire sans avoir un risque de souffrir de troubles respiratoires?

Aussi, avec 5000 $ vous pouvez facilement embaucher une journée par semaine un orthopédagogue qui travaillera de façon plus individualisée avec les élèves en difficulté. Ce qui aurait pour effet de favoriser le travail en classe avec l’enseignant(e) et le reste des élèves. C’est une mesure par contre qui n’est pas aussi visible qu’un cadre blanc dans une classe, mais elle est prouvée d’une efficacité redoutable.

Plusieurs collègues en éducation m’ont aussi fait remarquer que ces tableaux blancs interactifs avaient fait l’objet d’une petite controverse lorsqu’en mars 2012 Vincent Marissal et son collègue André Noël avait révélé dans leur article que les tableaux achetés par les écoles provenaient principalement (de façon inhabituelle) d’un seul fournisseur le Smart Technologies dont le lobbyiste était un ancien membre du cabinet de monsieur Charest.


Recherche en sciences de l’éducation

Il faut voir l’ensemble de la recherche en éducation qui discute de la motivation scolaire ou encore le nombre de chaire de recherche ou de travaux que l’on finance chaque année qui traitent du sujet de la technologie de l’information pour se rendre compte que nous avons les moyens de travailler intelligemment dans le milieu de l’éducation. Chaque année, plusieurs propositions et moyens sont trouvés et testés pour permettre aux élèves d’améliorer leur résultats. Si ces propositions sont moins dispendieuses que celles proposées par le gouvernement, elles sont aussi moins flamboyantes. C’est peut-être pour cette raison que le système de l’éducation est toujours peu écouté par la sphère politique. Ces intervenants ne font pas dans le spectacle, mais ils travaillent dans la dure réalité scolaire! »

Source

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