dimanche 5 mai 2013

Afrique du Sud — Les enseignants en colère

Plusieurs milliers d’enseignants étaient en grève et ont manifesté mercredi à Pretoria et au Cap. Ils dénoncent un secteur de l’enseignement à la dérive, qui manque cruellement de ressources. Les enseignants évoquent notamment des bourses trop faibles pour les étudiants, et la persistance des écoles de boue dans les régions rurales.

Kobus Markee, enseignant :
« Les problèmes qui existaient sous l’apartheid sont toujours là. Nous attendons toujours beaucoup de changements. Plus que tout, il faut que davantage d’étudiants noirs terminent leur cursus ».
Les grévistes reprochent également au gouvernement de ne pas avoir tenu sa promesse d’augmenter les salaires des enseignants. Des accusations rejetées par le ministère de l’Éducation, qui les estime injustes.

Rose Mokgathle, représentante du Ministère de l’Éducation :
« Maintenant tout le monde ramène tout au passé [à l'apartheid]. C’est comme un couple marié qui aurait accumulé les problèmes à travers les années, et quand finalement ils éclatent, ils parlent de problèmes qui remontent à 10 ans en arrière. C’est très injuste pour le ministère ».
Ce mouvement de grève a été lancé par le SADTU, le syndicat des enseignants. Il est affilié au Cosatu, la plus puissante fédération syndicale d’Afrique du Sud.





L’Afrique du Sud a plus que quadruplé les dépenses en éducation depuis les premières élections multiraciales tenues en 1994. Cette forte augmentation ne s’est cependant pas traduite par de meilleurs résultats. On attribue habituellement ces échecs à la mauvaise formation des enseignants, à une réforme scolaire qui a augmenté la charge administrative imposée aux enseignants et à une culture rurale qui ne privilégie pas l’étude scolaire.

Les politiques de discrimination positive en faveur des Noirs menées par le gouvernement ANC depuis 16 ans privent également l’Afrique du Sud d’enseignants qualifiés. C’est ainsi que le quotidien Beeld avait signalé en août de l'année passée que plusieurs dizaines de milliers de postes d’enseignants et de directeurs d'école sont à pourvoir dans les écoles publiques sud-africaines. Ils ne sont pas comblés, car l’Administration n’en fait pas la publicité ou quand des professeurs blancs qualifiés y postulent on rejette systématiquement leur candidature. Le grand nombre de postes à pourvoir s’explique en partie par l’épidémie de SIDA qui fauchait déjà 55 enseignantes par mois en 2000. L'épidémie de SIDA touche principalement les éducatrices noires.

L’augmentation des dépenses en éducation n'a pas réduit substantiellement le taux d’analphabétisme. L’Afrique du Sud s'est classée au dernier rang dans un classement regroupant 40 pays, derrière le Maroc et le Koweït. Ce classement a été publié en 2007 dans le cadre du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS:2006). Cette étude vise à établir les compétences de lecture des élèves de 10 et 11 ans quand ils sont confrontés à des textes littéraires et informatifs authentiques.

L'Afrique du Sud dépense 6,1 % de son produit national brut à l'éducation, une plus grande portion que la plupart des autres pays, mais ses résultats sont constamment parmi les plus mauvais.

Selon le dernier Indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial, l'Afrique du Sud se classait 129e sur 139 pays en matière d'éducation primaire et 137e en sciences et mathématiques.


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