samedi 31 juillet 2021

France — Stress de la concentration urbaine, « élèves difficiles », le désir d'exode des instituteurs

La tendance n’est pas nouvelle, mais elle s’est accentuée. À peine les jeunes professeurs des écoles ont-ils réussi le concours en Île-de-France qu’ils demandent à la quitter. Selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale français, il y avait, en 2020, 56 fois plus de demandes de sortie du département de Seine–Saint-Denis [département à forte présence immigrée] que d’entrées… À l’inverse, dans les Hautes-Alpes, on comptabilise 76 fois plus de candidats à l’installation qu’au départ.

En bleu foncé, les départements les plus demandés, en rouge foncé les moins demandés

Sur la carte de France, trois départements se détachent : les Hautes-Alpes, les Pyrénées-Atlantiques et le Finistère. Là-bas, on se bouscule : dans les Pyrénées-Atlantiques, par exemple, on comptabilisait, en 2020, 995 demandes d’entrées pour 16 départs ! « Il y a aussi un mouvement plus sociologique, comme l’exode vers le littoral, que toute profession connaît, accentué par la pandémie, précise Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire nationale du syndicat des enseignants de l’Unsa en charge des questions de carrières. Mais on note une patience moindre : on a envie de fuir le stress de la concentration urbaine et des élèves difficiles. »

Conséquence logique, les départements les moins bien cotés sont bien moins regardants sur les moyennes obtenues au concours. Les académies [grosses commissions scolaires] franciliennes ont ainsi des taux d’admission très élevés. En 2021, le seuil d’admissibilité au concours externe de recrutement de professeurs des écoles était de 57,75 sur 80 à Rennes, tandis que le seuil d’admission, la note du dernier admis, était 167,13 (sur 240). Dans l’académie de Créteil, il suffisait d’obtenir 22,05 pour être admissible, et 71,96 (toujours sur 240) pour être admis…

Pour l’académie de Versailles, le taux de réussite est de plus de 80 %. « En gros, les profs les plus pourris vont aux moins bons élèves, soupire Pierre Favre, Vice-président du Syndicat national des écoles (SNE). Cette loi de l’offre et de la demande est telle que, dès qu’on entre dans l’académie de Créteil, on sait qu’on y sera assigné à résidence. On aura beau exciper d’une dépression ou d’une grand-mère malade, ça ne marchera pas avant d’avoir une très grande ancienneté. C’est un système intrinsèquement pervers, instable et volontiers immoral. »

Extraits du Figaro

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