dimanche 29 octobre 2017

Effet d'écrémage lié à la liberté scolaire : faible ou déjà présent

Les opposants à la liberté scolaire soutiennent que celle-ci encourage le départ des meilleurs élèves du secteur public pour se réfugier dans les écoles privées (ou aujourd’hui les écoles publiques à vocation particulière). C’est ce qu’on nomme l’écrémage. Pour ces détracteurs du libre choix, cet écrémage empirera les résultats de ceux qui restent dans les écoles publiques. Apparemment, l’amélioration des résultats de ceux qui partent est chose moins importante.

Mais quelle est l’ampleur de cet effet d’écrémage lié à une plus grande liberté scolaire ?

Trois chercheurs (Altonji de Yale, Huang de l’Université nationale de Taïwan et Taber de l’Université du Wisconsin) se sont penchés sur cette question. Ils ont développé un modèle économétrique pour étudier l’effet d’écrémage d’hypothétiques programmes de coupons (bons scolaires, « vouchers ») sur le taux d’obtention du diplôme d’études secondaires et d’autres résultats des étudiants qui resteraient à l’école publique. Leurs travaux aboutissent à prévoir de faibles effets (plutôt négatifs) liés à cet écrémage et ces résultats sont constants pour une grande variété de paramètres.

Pour le chercheur Patrick Walsh, la population scolaire de chaque école publique est déjà nettement plus homogène que la population générale puisque le bassin scolaire de ces écoles est géographique et donc relativement homogène socioéconomiquement. Les écoles publiques aux mauvais résultats scolaires sont déjà homogènes et déjà écrémées. L’impact négatif d’un libre choix supplémentaire vers le privé est donc grandement exagéré. Dans ces circonstances, pour que l’écrémage aboutisse à un retard d’un semestre en mathématiques (retard mesuré lors de tests), le déficit dû à l’absence des meilleurs devrait être aussi fort que l’augmentation de la taille des classes de 8 à 20 élèves, une importance qui ne semble pas réaliste.


Les oubliés du 375e : Jeanne Mance, Chénier, de Gaulle, Dollard et de Maisonneuve passés à la trappe

Extraits d’un texte de Gilles Proulx sur les oubliés des commémorations, ou plutôt des festivités, du 375e anniversaire de la fondation de Montréal. Gilles Proulx est l’auteur de Nouvelle-France : Ce qu’on aurait dû vous enseigner paru aux éditions du journal en 2015.

En voyant le prestigieux nouveau parc sur le boulevard urbain Robert-Bourassa, je me suis dit : c’est beau, mais qu’y a-t-il de montréalais là-dedans ? Encore une fois, Montréal préfère ériger des monuments qui ne parlent PAS de sa personnalité ou de sa propre histoire. Encore une fois, notre ville est parvenue à oublier d’honorer ses fondateurs : Jeanne Mance et de Maisonneuve. Pour un anniversaire, c’est très ironique.



Montréal fête sa fondation en 1642, oui... mais sans la commémorer concrètement et en ignorant ses fondateurs, Jeanne Mance et Paul de Chomedey de Maisonneuve, comme si on en avait honte !

Les grandes et impressionnantes œuvres appelées Source et Dentrites, en vedette dans le nouveau parc qui remplace un tronçon désuet de l’autoroute Bonaventure (bon débarras !), je n’ai rien contre... mais ces réalisations modernes ne nous rappellent rien de typiquement montréalais. Elles seraient chez elles n’importe où dans le monde. Ce n’est pas la « modernité » ou la « diversité » ou Dieu sait quelle valeur superficielle à la mode du jour qu’il faut célébrer, c’est Montréal elle-même, notre ville... en ce qu’elle a d’unique ! La modernité et la diversité, on les célèbre tous les jours, chaque heure, chaque minute, chaque seconde ; pas besoin de confisquer le 375e pour nous les recracher au visage une millionième fois !

Oubliés, Jeanne Mance et de Maisonneuve. Ça aurait pourtant été l’endroit idéal pour les honorer par un monument prestigieux : à l’entrée du centre-ville, pour faire le lien entre 1642 et le dynamisme d’aujourd’hui. Les automobilistes et les travailleurs qui pique-niquent auraient alors vu ces deux grands obstinés qui ont relevé le défi que leurs compatriotes jugeaient « suicidaire » de bâtir une ville là où ils risquaient de se faire massacrer. Mais pour cela, il faut avoir une conscience historique, ce que nous n’avons pas. Pourtant, lorsque ce Journal a décidé de publier mon livre Nouvelle-France : l’histoire que l’on n’enseigne plus, quelque 15 000 exemplaires se sont vendus... comme quoi il y a une demande !

De Gaulle : l’autre oublié

À l’hôtel de ville, notre maire, si énergique soit-il, n’a pas eu le courage de perpétuer tangiblement l’événement marquant du discours du général de Gaulle, il y a de cela 50 ans. Une statue grandeur nature du général prononçant son discours sur le balcon serait une attraction touristique (que nous ne verrons jamais, bien sûr). Un hideux obélisque en granit appelé « Hommage à Charles de Gaulle » dans le parc Lafontaine témoigne de notre indigence culturelle et de notre impuissance à honorer... sauf l’amiral Nelson bien sûr, glorieux sur sa colonne en pleine place Jacques-Cartier où il n’y a même pas de statue honorant Jacques Cartier lui-même ! Nelson, je le déménagerais sur un îlot de gazon près de la rue Trafalgar, du nom d’une bataille qu’il a gagnée et qui l’a rendu célèbre — Pierre Bourque avait eu cette bonne idée. Sur la colonne, je placerais une belle grande statue de Cartier, pour surplomber la place.

Au moins, Denis Coderre pourrait annoncer que le balcon sera baptisé « balcon du général » ou inaugurer une plaque, mais ne nous attendons à rien de la part d’un premier magistrat qui a interdit l’utilisation de l’escalier de l’hôtel de ville à ceux qui commémoraient (en marge des célébrations officielles cautionnées) ce moment où le Québec a fait irruption sur la scène internationale après deux siècles d’invisibilité. De Gaulle voulait acquitter la « dette de Louis XV » que la France a contractée envers le Québec en l’abandonnant. Et c’est bien sûr en 1967, la plus glorieuse année pour Montréal, avec l’Expo universelle qui fracassait tous les records de popularité, que le grand Charles est venu nous reconnaître. Aussi, on oublie de « meubler » le pont du bout de l’île qui porte son nom, question de l’embellir.

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Chénier, disparu

Cela fait deux ans au moins que la statue du patriote Jean-Olivier Chénier a été retirée de son emplacement pendant la réfection du square Viger le long de la rue Saint-Denis. Déjà, des vandales avaient dérobé le « fusil » que tenait ce héros... fusil que l’on ne remplaçait pas au nom du « pacifisme »... Ce n’était que la première étape vers l’oubli. Adieu, Chénier. Combien de mes lecteurs savent qui tu es ? Voilà ce qui arrive quand on est le héros d’un peuple d’oublieux.

Dollard, le négligé

Dollard des Ormeaux est mort héroïquement pour sauver Montréal... mais la ville qui lui doit l’existence se complaît à le snober. Que voulez-vous ? Dollard était un Français. S’il avait été un Anglais, son nom serait partout ! Regardez le gagnant Amherst qui a pollué notre toponymie pendant deux siècles !

Plaques volées et oubliées

Depuis plusieurs années, je « crie dans le désert » pour dénoncer la disparition de plaques commémoratives de cuivre (volées pour le prix du métal) que personne ne remplace. Et quant à certaines plaques épargnées par les voleurs, elles sont dans un état lamentable, même en plein Montréal touristique. La plaque honorant Antoine de Lamothe-Cadillac sur le McDonald près du palais de justice a disparu. Celle rappelant l’emplacement de la Cour martiale non loin de l’actuel journal La Presse a elle aussi été dévissée. Même chose pour la plaque commémorant Lambert-Closse. Quant à celle de l’ambassadeur Joncaire, elle est usée à la corde, presque illisible. Comme si la ville se disait : « Bof ! C’est privé. Qu’ils s’arrangent avec ! »

Un Québec à l'avenir radieux : l'euthanasie pour tous ?

Un texte de Mathieu Bock-Côté qui rejoint notre analyse à la suite de la décision de la Cour suprême du Canada sur le sujet (voir Suicide assisté : décision disproportionnée de la Cour suprême dans ses effets prévisibles et potentiels ?)

Au moment de passer la loi sur le suicide assisté, pompeusement appelée « mourir dans la dignité », ses promoteurs soutenaient fièrement que les critères pour accéder aux « soins de fin de vie » étaient rigoureux et n’allaient pas changer de sitôt. L’euthanasie demeurerait une exception. Il aura fallu très peu de temps pour que cette promesse se dissipe, comme si elle n’avait jamais été faite. Est-ce parce que les promoteurs de l’euthanasie ont menti ? Peut-être. Peut-être est-ce aussi parce que cette loi a sa propre logique et qu’une fois qu’on accepte la possibilité du suicide assisté, on en vient rapidement à le banaliser ?

Banalisation

Quoi qu’il en soit, nous y sommes. On entend désormais de plus en plus de gens en appeler à ouvrir le suicide assisté aux victimes de la maladie d’Alzheimer. Et on doit s’attendre à ce que, dans les années à venir, les catégories candidates au suicide assisté se multiplient. On pourra se faire une idée de l’avenir qui nous est réservé en consultant un dossier sur l’euthanasie aux Pays-Bas, réalisé par Alain Crevier, de l’émission Second regard, à Radio-Canada, paru vendredi dernier sur Internet. On y apprend que, dans ce pays, l’euthanasie a été banalisée à un point tel qu’il s’agit d’une « façon normale de mourir ». On peut même y bénéficier du suicide assisté dans des cas de démence ou même dans des cas graves d’alcoolisme. Le critère déterminant, nous dit Crevier, c’est la souffrance. L’euthanasie est disponible pour les enfants malades de 12 ans ou plus. Et on se demande si on peut l’étendre aux moins de 12 ans. Il en faudrait moins que cela pour qu’on se dise en plein délire. Pour reprendre les mots du philosophe Christian Saint-Germain, notre civilisation est dans la logique de « l’euthanasie proactive ». Mais rien de tout cela n’est surprenant, en fait. Car à partir du moment où nous transformons le suicide assisté en droit fondamental, on est naturellement amené à en faire le droit capital. L’homme n’est-il pas en droit, dès lors, de quitter ce monde dès qu’il le juge insupportable ? N’est-il pas maître de son destin ? Et puisque la souffrance extrême sur cette terre n’est pas exclusivement physique, puisqu’elle peut être morale, n’en viendrons-nous pas, un jour, à réclamer l’euthanasie sur demande, sans même avoir à nous justifier ? C’est même inévitable. On me répondra que cette proposition n’est pas sur la table. Rien n’interdit pourtant de penser qu’elle le sera dans une quinzaine d’années. Il était bien hasardeux de transformer le suicide en droit social financé par l’État.

Barbarie


Nous subissons une telle révolution des mentalités en ce moment que ce qui semblait inconcevable la veille peut devenir évident le lendemain. Il pourrait bien y avoir demain, au Québec, des cliniques « médicales » où la mort sera vendue comme un service parmi d’autres. On accusera ceux qui afficheront quelques réserves devant ce progrès de manquer de cœur et d’être réactionnaires. Les valeurs se renversent, les repères moraux aussi. Les médecins donnent la mort. Et nous nous croyons privilégiés.

Source : le Journal de Montréal

La Sûreté du Québec a saisi des jujubes contenant du cannabis


MONTRÉAL — À l’approche de l’Halloween, les autorités dans le nord du Québec mettent la population en garde contre des oursons en gélatine contenant du cannabis.

La Sûreté du Québec a récemment intercepté une livraison de ces jujubes recelant des drogues dans un véhicule en direction d’une des communautés cries du territoire de la Baie-James.

Le corps de police local et le conseil de la santé ont signalé dans un communiqué conjoint que ces friandises contenaient du THC, une substance que l’on retrouve dans le cannabis.

Les autorités disent ignorer la quantité de drogue dans chaque jujube, mais elles soulèvent un risque d’empoisonnement.

Un porte-parole de la Sûreté a confirmé la récente saisie, mais a précisé que l’enquête montre que les bonbons ne sont pas destinés à être distribués le soir de l’Halloween.

Le sergent Daniel Thibaudeau invite tout de même les parents à vérifier avec soin ce que reçoivent leurs enfants.

Source : La Presse canadienne

Voir aussi : La police de Laval saisit des jujubes contenant du cannabis (2015)

L'IRIS et la ségrégation scolaire...

Texte de Alexandre Moreau est analyste en politiques publiques à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Ces derniers jours, des commentateurs ont qualifié de « ségrégation » le fait qu’un nombre grandissant d’élèves du secondaire, soit près de 40 %, fréquentent des écoles privées ou des programmes particuliers dans des écoles publiques. Certains ont même utilisé le terme « apartheid »... Ils affirment aussi que cela nuit à la réussite des élèves. Nonobstant le choix de mots douteux, et si c’était le contraire?

Quelle ségrégation?

Quelle est cette « ségrégation scolaire » qui prévaudrait au Québec, et qui en sont les auteurs? Des parents qui font des efforts supplémentaires pour aider leurs enfants à s’accomplir. Certains font le choix d’écoles publiques à programmes ou vocations particulières, tandis que d’autres privilégient l’école privée et font un sacrifice financier personnel afin d’offrir à leurs enfants ce qu’ils considèrent être la meilleure éducation possible.

Il existe pourtant de réelles injustices dans notre système scolaire, bien plus dommageables. Par exemple, au Québec, le code postal dicte généralement l’école que les enfants devront fréquenter. Les parents d’élèves désirant fréquenter une autre école peuvent tout de même faire une demande auprès de leur commission scolaire. Cela s’appelle le « libre choix », dans le jargon scolaire.

Le « libre choix » à l'école publique...

Cependant, les places en « libre choix » sont limitées, de sorte que l’acceptation n’est pas garantie. Des élèves qui fréquentent une école depuis plusieurs années peuvent même s’en voir expulsés, même lorsque les classes ont recommencé.

Les défenseurs à tout crin de l’école publique unique et uniforme devraient se demander pourquoi des parents vont jusqu’à falsifier leur adresse pour éviter l’école de leur quartier; pourquoi les places dans des programmes particuliers qui, manifestement, répondent aux besoins et aux désirs des parents et des élèves, doivent être attribuées au hasard; pourquoi, plus simplement, les commissions scolaires demeurent toujours incapables de s’ajuster aux demandes des parents, et décident pour eux de ce qui est le mieux pour leurs enfants?

Ce n’est pas moins de choix dont les parents et les élèves ont besoin, mais plus.

Pourtant, la réussite scolaire augmente

Pour justifier la fin de la « ségrégation », l’IRIS lui attribue la baisse du taux de réussite des élèves du réseau public lors des épreuves uniques du ministère, un taux qui est passé de 91,8 % à 83,6 entre 2011 et 2015.

Il y a quatre faiblesses dans l’utilisation de cette statistique. La première est qu’il s’agit d’un échantillon relativement court en durée; la seconde est que les examens du ministère portent sur des matières précises et qu’elles ne disent pas si l’élève a finalement obtenu son diplôme ou après combien de temps; la troisième est que la variation dans les taux de réussite peut s’expliquer par le fait que le contenu des examens change d’année en année; la quatrième est que ces statistiques ne tiennent pas compte de l’importante croissance du taux d’élèves handicapés ou élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).

D’une part, il est faux de croire que le secteur privé pratique une forme d’écrémage, laissant ainsi le secteur public avec l’ensemble des élèves en difficulté. Dans l’ensemble du réseau privé, le taux global d’élèves EHDAA a presque doublé en 5 ans pour atteindre 13 % l’an dernier, comparativement à 22 % dans le réseau public. Le secteur privé fait donc sa part. D’ailleurs, près du quart des élèves considérés comme EHDAA dans le secteur privé fréquentent un établissement d’enseignement privé spécialisé en adaptation scolaire.

D’autre part, le portrait dans le réseau public n’est pas aussi sombre que les opposants aux écoles privées le laissent entendre. Le taux de diplomation et de qualification après 5 ans pour les élèves qui sont entrés au secondaire de 2001 à 2010 (et qui ont terminé entre 2006 et 2015) a augmenté de 13 % dans le secteur public, comparativement à 5 % pour le privé. Bien que le taux soit beaucoup plus élevé dans le secteur privé, cet écart suit une tendance à la baisse et l’ensemble des élèves en bénéficient, peu importe le réseau.

Il semble donc que le fait que de plus en plus de Québécois se préoccupent de l’éducation de leurs enfants et demandent des programmes particuliers est accompagné non pas par une diminution, mais par une augmentation de la réussite scolaire.

En toute logique, si ce qu’ils souhaitent est la réussite des enfants, ceux qui dénoncent la « ségrégation scolaire » devraient applaudir et réclamer davantage de programmes et d’écoles particulières qui ont pour effet de motiver les élèves et de les pousser à se surpasser.

Alexandre Moreau est analyste en politiques publiques à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.