La Croix interroge le philosophe athée André Comte-Sponville au sujet du retour de la morale à l'école :
« La Croix — L’école a-t-elle oublié l’éducation morale ?
André Comte-Sponville — Jamais complètement, mais elle en a longtemps sous-estimé l’importance. Les enseignants faisaient des cours d’éducation civique, mais se sentaient souvent mal à l’aise pour parler de morale. C’est ainsi que nos enfants en savaient plus sur la différence entre le conseil général et le conseil régional, par exemple, qu’entre le bien et le mal.
Sans vouloir tout mettre sur le dos de 1968, il faut dire que l’idéologie permissive et libertaire de ces années-là ne favorisait pas un discours moral. Toute morale passait pour oppressive, répressive, castratrice…
[...]
Rappelons toutefois que le meilleur enseignement, en matière de morale, est encore de donner l’exemple. Quant à l’école, sa fonction principale n’est pas l’éducation (la transmission des valeurs) mais l’instruction (la transmission des savoirs).
Pour la famille, c’est l’inverse : sa fonction principale est d’éduquer, non d’instruire. C’est sans doute parce que les parents ont plus de mal à assumer leurs responsabilités qu’on en demande plus à l’école. Mais si les parents ne font pas leur travail, qu’ils ne comptent pas sur les enseignants pour le faire à leur place !
[...]
Pour tout vous dire, je crois que la discipline, à l’école, est un problème plus important – encore plus important ! – que la morale. Relisez Freud. Pas de morale sans interdits ; pas d’interdits sans sanctions. »
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