vendredi 19 décembre 2025

Licenciement du correspondant de longue date du Devoir à Paris, Christian Rioux s'explique

Lettre de Christian Rioux (ci-contre) où il explique son congédiement du Devoir : 

Vous êtes nombreux à vouloir connaître le détail de mon congédiement, car il s’agit bien d’un congédiement.

Vous vous doutez que depuis le changement de direction, je n’étais pas dans les grâces de la nouvelle équipe. Cela s’est rapidement manifesté par de petits signes qui ne trompaient pas.

Des papiers qui normalement faisaient la une se retrouvaient dans le fond du journal, mes grandes entrevues n’intéressaient plus la rédaction («Toi et tes intellectuels français ! », dixit la rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard). [Très mal, les intellectuels... ]

Il y a trois ou quatre ans, pour la première fois, on me refuse de couvrir les élections britanniques et allemandes comme je l’avais pourtant fait sans discontinuer depuis les années 1990. C’est à cette époque que la rédactrice en chef a décidé de resserrer son contrôle sur les chroniqueurs.

On m’a par exemple refusé une chronique sur le changement de nom des Dix petits nègres d’Agatha Christie. C’était un mois exactement avant que ce débat n’éclate au Québec avec la suspension de Verushka Lieutenant-Duval à l’Université d’Ottawa.

Il y a deux ans, ce contrôle s’est encore resserré virant en une sorte de guérilla permanente. Il me fallait dorénavant justifier chaque mot. Impossible d’évoquer un « baiser volé » dans un texte sous peine de se voir accusé de justifier les agressions sexuelles.

Impossible de rappeler que dans de nombreux pensionnats autochtones, les religieuses enseignaient les langues autochtones sans devoir tout justifier.

Le Devoir se montre alors plus sensible aux petits groupes de militants qui me harcèlent sur les réseaux sociaux qu’à soutenir son journaliste. Ce harcèlement me vaudra trois poursuites devant le Conseil de presse en un peu plus d’un an (que j’ai toutes gagnées) alors que je n’en avais jamais eu une seule depuis que je suis journaliste.

Lors de la dernière, alors qu’on m’accuse d’entretenir des préjugés (racistes), Le Devoir a refusé de me soutenir en appel et j’ai donc dû me défendre seul contrairement à la tradition qui veut qu’un journal défende toujours son journaliste. J’ai heureusement gagné.

C’est le même genre de censure qui explique le départ en catastrophe de Normand Baillargeon à qui on avait demandé de réécrire de manière plus « politiquement correcte » une de ses chroniques sur la théorie du genre et les trans.

Ce harcèlement s’est accentué avec la mise en place d’un groupe de « fact checking » qui est aussi en partie un comité de censure destiné à remettre les chroniqueurs dans la droite ligne. Comme par hasard, sous prétexte d’éthique, ce « fact checking » s’exerce minutieusement sur tous les textes qui concernent l’islam, l’immigration ou le genre, mais à peu près pas sur ceux qui concernent la politique française, la culture ou l’Union européenne.




Depuis un an, je suis convaincu qu’on n’attendait qu’une chose, que je claque la porte moi aussi. Et on a tout fait pour. À commencer par m’interdire de couvrir les dernières législatives françaises.

Pour l’anniversaire de l’attentat du Bataclan, on a commandé dans mon dos un article à un pigiste sans m’en informer. Il y a un mois, je décroche une entrevue exceptionnelle avec l’ex-otage israélien Eli Sharabi qui a passé 18 mois dans les tunnels du Hamas, on me la refuse ! Elle ne cadrait pas dans la politique pro-Hamas du journal.

À quelques reprises, on s’est même permis de faire des corrections majeures dans ma chronique sans m’en avertir, y introduisant même parfois des erreurs.

Last but not least, depuis trente ans, tel que convenu avec l’ancien directeur Bernard Descôteaux, ma rémunération avait toujours suivi grosso modo celle des journalistes du Devoir. À chaque nouvelle convention, on me versait donc une rétro comme à mes collègues. Cette année, on a supprimé unilatéralement ces versements sans la moindre explication.

Je réalise aujourd’hui que l’annonce de la décision de me congédier n’attendait probablement que la reconduction de Brian Mile à la direction du journal pour cinq ans et la fin de la campagne de financement qui vient de se clore.

Une semaine avant Noël, c’est aussi pas mal pour étouffer l’affaire.

On me l’a donc annoncée mardi en prétextant mes «mauvais rapports avec les correcteurs». Comme si un journaliste était en plus tenu d’avoir de bons rapports avec ses censeurs !

Lors de cette rencontre, on m’a proposé d’acheter mon silence en échange de deux mois de rémunération et de la signature d’un contrat dans lequel je m’engagerais à ne rien dire sur le Devoir. Moi qui n’ai jamais signé le moindre contrat avec Le Devoir en trente ans, tellement la confiance entre nous était forte ! 


Natalité : taxe sur les préservatifs et contraceptifs en Chine

La Chine impose une taxe à la vente de 13 % sur les préservatifs et contraceptifs à partir de janvier 2026, finissant une exonération en vigueur depuis 1993, pour contrer le déclin démographique avec un taux de natalité en chute de 50 % depuis 2000.

Ce segment de l'émission "Le Monde à la Carte" sur LCI analyse les causes du faible taux de fécondité chinois (1,09 enfant par femme en 2024) et les mesures incitatives du gouvernement, comme des subventions pour naissances multiples.

Une mère se plaint du coût lié à l'éducation des enfants, son enfant serait en CM2 (10-11 ans) et elle a « dû » lui payer un tuteur particulier d'anglais.

Des experts doutent de l'efficacité de cette taxe, soulignant que les facteurs socio-économiques (coût de la vie, urbanisation) pèsent plus que l'accès à la contraception, selon des études de l'ONU sur les dynamiques démographiques.

 

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Corée du Sud — les garderies en anglais sont du gaspillage et néfastes au développement de votre enfant

L'intérêt pour l'anglais diminue en Chine

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Le système éducatif de l'Inde est-il à l'origine des problèmes du sous-continent ? (système souvent anglophone comparaison avec la Chine)

Corée — « la concurrence intense, particulièrement dans l'éducation » une des causes de la sous-fécondité, selon le président

Corée du Sud : la surchauffe éducative, l'implosion démographique

Aucun lien causal entre l’immigration et la délinquance ? Vraiment ?

Une note du CEPII, publiée en 2023,  affirme qu’il n’existe aucun lien causal entre l’immigration et la délinquance. Cette note, qui a récemment refait surface dans une émission particulièrement controversée, Complément d’enquête, diffusée sur le service public mais visant à pointer du doigt les prétendues dérives de la chaîne concurrente CNews, a suscité une vive polémique.
 
Le chercheur invité à Georgetown, Philippe Lemoine, répond à cette publication : il propose un tour d’horizon détaillé des données disponibles en Europe sur la question, soulignant les limites des études économétriques tout en révélant des vérités souvent ignorées.
 
Il commence par réfuter l’affirmation centrale de Philippe et Valette, les auteurs de la note CEPII, qui soutiennent que aucune étude ne trouve d’effet de l’immigration sur la délinquance. Selon lui, c’est faux, et il va plus loin : il suggère que ces deux économistes savent pertinemment que leur assertion ne tient pas face à la littérature existante. 

Il cite des exemples concrets, comme des études menées en Allemagne, en Grèce ou encore en Suède, qui montrent un impact mesurable, notamment en lien avec certains flux d’immigration, en particulier ceux d’immigrés peu qualifiés originaires d’Afrique et du Moyen-Orient.
 
En s’appuyant sur des données individuelles concernant les auteurs de délits, Lemoine met en lumière une surreprésentation constante des immigrés et de leurs enfants dans les statistiques criminelles à travers toute l’Europe. Cette surreprésentation peut atteindre des taux jusqu’à trois fois supérieurs à ceux du reste de la population, même après avoir ajusté les chiffres pour tenir compte de facteurs comme l’âge, le sexe ou le niveau de revenu. Cela vient directement contredire les explications socio-économiques avancées par Philippe et Valette, qui attribuent ces écarts à la pauvreté ou à l’exclusion sociale. 
 
Mais Lemoine ne s’arrête pas là. Il explore pourquoi les études économétriques basées sur des données agrégées échouent souvent à détecter cet effet. Il pointe du doigt un problème de puissance statistique : les flux d’immigration, bien que significatifs, restent relativement faibles par rapport à la population totale, rendant ces analyses peu fiables. Pour illustrer son propos, il a conduit des simulations calibrées avec des données françaises. Ces simulations révèlent un fait troublant : même dans un scénario extrême où les immigrés commettraient des crimes violents à un taux 30 fois supérieur à celui des non-immigrés, une analyse économétrique de ce type ne détecterait un effet que dans à peine plus de la moitié des cas, soit 56 %. Dans des conditions plus réalistes, reflétant les flux d’immigration observés en France sur plusieurs décennies, la probabilité de détecter un effet s’effondre presque à zéro, même s’il est réel et important.
 
Il ajoute que cette faiblesse statistique est amplifiée par d’autres facteurs, comme l’hétérogénéité des populations immigrées (les immigrés d'origine européenne ne sont pas surreprésentés), souvent ignorée dans ces études, ou les adaptations sociales (les gens peuvent davantage se méfier, se protéger, des dépenses sociales supplémentaires) qui peuvent masquer l’impact réel. 

Lemoine souligne aussi que Philippe et Valette évoquent des biais dans le système pénal pour expliquer la surreprésentation des immigrés, mais il conteste cette idée : selon lui, ces biais ne peuvent expliquer qu’une fraction de l’écart, et aucune preuve solide n’est apportée pour soutenir une explication plus large.

Enfin, il critique l’hypothèse selon laquelle la pauvreté serait la cause principale de cette surreprésentation. Même en comparant des immigrés (et leurs enfants) à des autochtones partageant des caractéristiques socio-économiques similaires, les écarts persistent, comme l’a montré une étude française menée par Hugues Lagrange sur un échantillon de 3 500 adolescents
Lemoine rappelle que la corrélation entre pauvreté et criminalité ne prouve pas une causalité directe : d’autres facteurs, peut-être liés à des dynamiques culturelles ou contextuelles, pourraient être en jeu. 

Et il conclut avec une pointe d’ironie : on ne peut pas affirmer à la fois que l’immigration n’a aucun effet sur la délinquance et que les populations défavorisées, dont font souvent partie les immigrés, ont une propension plus élevée à commettre des crimes. Une contradiction qui, selon lui, mérite d’être creusée bien au-delà des studios d’une émission comme Complément d’enquête.


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Une première peine adaptée aux criminels racisés au Québec (comprendre un an de moins car le coupable était noir)

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Et si la diversité diminuait la confiance ?

Étude — Baisse de « solidarité » corrélée à l’augmentation du nombre d’étrangers

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jeudi 18 décembre 2025

Histoire vraie de l'ère woke : l'affaire Yi-Fen Chou

En 2015, une controverse inattendue secoue le milieu littéraire américain et relance le débat sur les préjudices raciaux, conscients ou non, qui traversent les institutions culturelles. Au cœur de cette affaire se trouve Michael Derrick Hudson, poète américain blanc originaire de Fort Wayne, dans l’Indiana, et son poème au titre foisonnant : The Bees, the Flowers, Jesus, Ancient Tigers, Poseidon, Adam and Eve.

Un poème rejeté… puis accepté sous pseudonyme

Avant d’être remarqué, le poème de Hudson avait essuyé environ quarante refus de la part de revues littéraires lorsqu’il était soumis sous son véritable nom. Lassé par ces échecs répétés, l’auteur décide d’adopter un pseudonyme à consonance asiatique, Yi-Fen Chou, inspiré du prénom d’une connaissance d’origine chinoise.
Michael Derrick Hudson alias Yi-Fen Chou

Soumis sous cette nouvelle identité, le même poème est accepté par la prestigieuse revue Prairie Schooner, publication reconnue dans le paysage poétique américain. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais elle prend une dimension nationale lorsque le texte est ensuite sélectionné par Sherman Alexie, écrivain amérindien de renom, pour figurer dans l’anthologie The Best American Poetry 2015.

La révélation et le scandale

C’est Hudson lui-même qui révèla la supercherie. Dans une note adressée aux contributeurs de l’anthologie, il expliqua avoir utilisé ce pseudonyme pour contourner ce qu’il percevait comme une série de rejets injustifiés. Cette révélation déclencha immédiatement une vive polémique.

Sherman Alexie reconnut publiquement que le nom asiatique de l’auteur ait pu jouer un rôle dans sa perception initiale du poème. Il précisa toutefois que son choix reposait aussi sur la qualité littéraire du texte. Cette admission, loin d’apaiser les tensions, alimenta un débat plus large sur la place de l’ethnie ou de l'identité raciale dans les processus de sélection artistique.

Une condamnation quasi unanime

La réaction dominante du monde littéraire est sévère à l’égard de Hudson. Celui-ci est accusé de manipulation, de tromperie et d’appropriation identitaire. En revanche, peu de voix institutionnelles s’élèvent pour interroger de manière approfondie les biais potentiels des comités éditoriaux ou les critères implicites qui auraient pu favoriser un texte en fonction du nom de son auteur.

Ce déséquilibre dans les réactions est souligné par plusieurs observateurs : l’auteur est largement blâmé, tandis que le système de sélection lui-même fait l’objet de peu d’autocritique officielle.

Des conséquences durables pour l’auteur

Après cet épisode, Michael Derrick Hudson disparaît pratiquement de la scène littéraire dominante. Il est ostracisé par une partie du milieu et ne retrouve pas la visibilité qu’il avait brièvement obtenue. Aucune réforme notable des pratiques éditoriales n’est annoncée à la suite de l’affaire, et aucun mea culpa institutionnel majeur n’émerge du scandale.

L’affaire Hudson est solidement documentée. Elle a été couverte par des médias de référence, notamment le New York Times en septembre 2015, et figure dans les archives publiques, y compris sur Wikipédia (anglais), dont la page consacrée à l’auteur est régulièrement mise à jour. Les éléments clés — les nombreux rejets initiaux, l’acceptation sous pseudonyme et la sélection dans Best American Poetry 2015 — sont confirmés par des sources concordantes.

En revanche, les interprétations qui en découlent varient fortement. Certains y voient la preuve de politiques implicites de discrimination positive ou de quotas identitaires dans le monde littéraire ; d’autres estiment qu’il s’agit d’un cas isolé, instrumentalisé à des fins idéologiques. Ces lectures relèvent du commentaire social et politique, non du fait brut.

Une affaire révélatrice

Dix ans plus tard, l’affaire Michael Derrick Hudson demeure un symbole des tensions qui traversent les institutions culturelles contemporaines : entre quête de diversité, exigences d’équité et soupçons de biais inversés. Si les opinions restent profondément polarisées, un point fait consensus : l’épisode est réel, documenté et révélateur des fragilités d’un système où l’identité de l’auteur peut parfois peser aussi lourd que son œuvre.
 
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Les contes de Noël publiés aujourd’hui diluent voire effacent les valeurs chrétiennes

Pourquoi est-il important de lire des contes aux enfants ?

Les contes véhiculent un imaginaire qui permet de structurer leur intelligence et leur apprend à construire leur univers intérieur. Parce qu’ils placent d’emblée le récit hors du temps, hors de la réalité, les contes ont la vertu de stimuler l’imagination de l’enfant, de lui montrer que le champ des possibles est ouvert devant lui, et de le pousser ainsi à grandir, à devenir adulte. On voit malheureusement se développer toute une littérature destinée aux enfants qui consiste essentiellement à explorer des problèmes psychologiques auxquels ils peuvent être confrontés. C’est un dévoiement de la lecture, parce qu’on les prive dans ces livres de la dimension imaginaire, si structurante à leur âge.

Quels sont les ingrédients d’un bon conte de Noël ?

Comme dans tous les contes, il faut qu’il délivre une morale qui élève l’enfant. Pour Noël, cette morale est par essence chrétienne. Et il faut de belles illustrations, car l’image est pour les enfants une porte d’entrée dans la lecture. À Noël, cette nécessité de créer une ambiance qui fasse rêver et donne envie de lire est plus importante encore, car c’est une période de l’année où la vue est très sollicitée, on le voit bien avec les illuminations dans les rues, les vitrines de Noël… C’est le moment par excellence où l’on peut toucher les enfants par de beaux livres illustrés.


Les contes de Noël sont-ils en voie de disparition ?

De nombreux contes liés à Noël continuent d’être publiés chaque année. Ce qui, en revanche, est en voie de disparition, c’est le conte de Noël traditionnel, celui qui est pétri de traditions chrétiennes. Dans les contes de Noël publiés aujourd’hui, ces valeurs chrétiennes sont très souvent diluées, voire effacées. Seule persiste la connotation positive de Noël. On continue d’y trouver l’idée du don de soi, souvent d’ailleurs à travers les cadeaux qui sont une tradition païenne, l’idée de convivialité, de rassemblement, d’esprit de famille qui disent quelque chose de ce qu’est l’amour.

La génération sacrifiée à la « diversité »

Dans The Lost Generation, Jacob Savage analyse comment les politiques de diversité, équité et inclusion (DEI) ont profondément transformé les carrières des hommes blancs millénariaux (nés entre 1981 et 1996) dans les élites professionnelles américaines — en particulier dans les médias, le milieu universitaire et Hollywood — à partir d’environ 2014

Selon Savage, ces politiques n’ont pas simplement rééquilibré les chances d’avancement : elles ont, de manière systématique, bloqué l’accès aux postes de prestige pour une génération entière d’hommes blancs, créant ce qu’il appelle une « génération sacrifiée ». Contrairement aux baby-boomers et à la génération X qui avaient déjà consolidé leurs carrières, les millénariaux blancs se sont heurtés à des barrières croissantes au moment où ils cherchaient à s’établir professionnellement.

Savage situe un tournant décisif en 2014, lorsque la DEI est devenue institutionnalisée dans de nombreuses industries. Alors que les hommes blancs plus âgés, déjà en place, ont été relativement préservés du changement, les jeunes hommes blancs ont vu les portes se fermer autour d’eux.

Des chiffres frappants dans plusieurs secteurs

Médias et télévision
  • En 2011, les hommes blancs représentaient 48 % des scénaristes télé à Los Angeles, mais ce chiffre est tombé à 11,9 % en 2024.
  • À The Atlantic, le personnel éditorial est passé de 89 % blanc et 53 % masculin en 2013 à 66 % blanc et 36 % masculin en 2024.
  • Depuis 2020, seuls 7,7 % des stagiaires au Los Angeles Times sont des hommes blancs.
Universités
  • À Harvard, la proportion d’hommes blancs dans les postes menant à la titularisation en sciences humaines est passée de 39 % en 2014 à 18 % en 2023.
  • À Brown, parmi 45 embauches récentes en sciences humaines et sociales, seuls 3 étaient des hommes blancs américains (6,7 %).
  • À Yale, parmi les 76 professeurs en voie de titularisation, seuls 6 (7,9 %) sont des hommes blancs.
Industrie du divertissement

Savage note aussi que, sur une décennie, les nominations aux Oscars comme scénaristes ont largement favorisé les hommes blancs de la génération X (plus de 50 nominations de 2014 à 2023) contre seulement 6 pour les millénariaux blancs. 

Témoignages personnels qui illustrent le phénomène

Certaines expériences individuelles mises en avant par Savage montrent l’impact humain de ces tendances :
  • Ethan, un chercheur progressiste, a eu du mal à décrocher un poste universitaire malgré un solide CV. Partout, on lui a demandé des déclarations DEI et d’orienter ses recherches autour de la race pour être considéré.
  • Andrew, dans les médias, raconte qu’il s’était vu promettre un poste important, puis qu’il a vu ce poste attribué à une personne plus jeune et « diversifiée », laissant entendre une préférence institutionnelle.
  • Matt à Hollywood, attribue la situation à des hommes blancs plus âgés qui ont consolidé leurs réseaux, empêchant l’émergence de jeunes talents de la même origine.
Savage raconte son propre parcours à Hollywood : après des années à écrire des scénarios tout en survivant grâce à des petits boulots, il a vu sa seule véritable opportunité lui échapper parce que les cadres de l’industrie estimaient qu’un groupe de scénaristes « trop blanc » risquait de nuire à l’image de diversité recherchée par les studios.

Certaines figures publiques ont dénoncé ces pratiques comme potentiellement illégales. Andrea Lucas, présidente de la EEOC (Commission pour l’égalité des chances en emploi), a qualifié ces politiques de discrimination, appelant ceux qui s’estiment lésés à se manifester. De même, Harmeet Dhillon, aide-procureur générale, a encouragé les plaintes formelles contre des pratiques d’embauche biaisées.

Des études externes, comme celle de ResumeBuilder.com en 2022, montrent qu’environ 1 recruteur sur 6 a été encouragé à déprioriser systématiquement les hommes blancs, ce qui alimente l’argument selon lequel certains processus de recrutement privilégient l’identité au détriment des qualifications. 

The Lost Generation présente le récit d’une génération d’hommes blancs millénariaux éloignée de l’accès aux professions les plus influentes, non pas à cause d’un manque de compétences ou d’efforts, mais parce que des politiques de DEI, devenues omniprésentes après 2014, ont réorienté de manière décisive la distribution des opportunités.

Savage conclut que cette exclusion, combinée à une culture qui stigmatise toute critique du système, a créé un profond ressentiment silencieux, qui pourrait contribuer à certaines évolutions sociales et politiques récentes observées parmi les jeunes hommes blancs aux États-Unis. 

mercredi 17 décembre 2025

La femme reconnue comme « la première Britannique noire » par la BBC était en réalité blanche

Reconstitution par Face Lab de la femme de Beachy Head, blonde aux yeux bleus
Des tests ADN montrent que la femme de Beachy Head était originaire du sud de l'Angleterre
 

Une analyse ADN prouve que la femme de Beachy Head était blonde aux yeux clairs.

Une nouvelle étude génétique a révélé qu'une femme reconnue comme « la première Britannique noire » par la BBC était en réalité blanche.

En 2016, la série Black and British: A Forgotten History suggérait que le squelette romain d'une femme trouvé à Beachy Head provenait d'Afrique subsaharienne.

Une plaque a été érigée pour commémorer son héritage, mais elle a ensuite été retirée lorsqu'une étude a suggéré que la femme était plus probablement originaire de Chypre, avec un teint méditerranéen.

Une nouvelle analyse ADN du squelette réalisée par des scientifiques du Musée d'histoire naturelle a maintenant montré que la femme était originaire du sud de l'Angleterre et qu'elle était blanche, avec des cheveux blonds et des yeux clairs.

La plaque dédiée à la femme de Beachy Head. Elle a été retirée en 2022.

Le Dr William Marsh, qui a mené l'étude génétique, a déclaré : « Grâce à des techniques ADN de pointe, nous avons pu déterminer les origines de cette personne. Nous avons montré qu'elle possède un patrimoine génétique très similaire à celui d'autres individus issus de la population locale de la Grande-Bretagne à l'époque romaine. »

L'affirmation selon laquelle le squelette était d'origine africaine a été faite dans la série documentaire du professeur David Olusoga, qui racontait l'histoire de la « relation durable entre la Grande-Bretagne et les personnes dont les origines se trouvent en Afrique ».

Dans le premier épisode, la femme de Beachy Head était présentée comme « d'origine subsaharienne » et le programme montrait une reconstitution de ses traits, avec une peau, des cheveux et des yeux foncés.

Dans l'émission, le professeur Olusoga a fait remarquer qu'« elle est une Britannique noire », tandis que Jo Seaman, archéologue experte, a expliqué que ses origines africaines et l'âge de ses restes faisaient probablement d'elle la « première Britannique noire ».

L'émission de la BBC présentait la femme de Beachy Head comme « originaire d'Afrique subsaharienne » sous cette forme.

Cependant, en 2017, une première étude génétique a suggéré qu'elle venait de la Méditerranée, peut-être de Chypre, plutôt que d'Afrique. À la lumière de ces recherches, la plaque a été retirée en 2022.

Le squelette datant de l'époque romaine aurait été découvert dans les années 1950, bien qu'aucun détail sur les fouilles n'ait jamais été trouvé. Les restes ont été redécouverts dans une boîte parmi les collections de la mairie d'Eastbourne en 2012, avec une étiquette suggérant qu'ils avaient été trouvés à Beachy Head.


Localisation de Beachy Head dans le Sud-Est de l'Angleterre.

Il est désormais confirmé que cette femme descendait de la population britannique locale du sud de l'Angleterre à l'époque romaine. La datation au radiocarbone a montré qu'elle est morte entre 129 et 311 après J.-C., ce qui correspond à l'occupation romaine de la Grande-Bretagne.

L'analyse de ses restes squelettiques suggère qu'elle était âgée d'environ 18 à 25 ans au moment de sa mort et mesurait un peu plus d'1,50 mètre. Une blessure cicatrisée à la jambe suggère qu'elle a subi une blessure grave mais non mortelle à un moment donné de sa vie.

L'analyse alimentaire des valeurs de carbone et d'azote dans ses os a également révélé que son régime alimentaire comprenait probablement beaucoup de fruits de mer.

Le livre pour enfants de l’auteur britannique d’origine nigériane Atinuke affirme que « chaque Britannique est issu d’un migrant », mais que « les tout premiers Britanniques étaient noirs ».

Le Dr Selina Brace, du Musée d'histoire naturelle de Londres, a déclaré : « Nos connaissances et notre compréhension scientifiques évoluent constamment, et en tant que scientifiques, notre travail consiste à continuer à chercher des réponses.

Grâce aux progrès technologiques réalisés au cours de la dernière décennie, depuis que la femme de Beachy Head a été découverte, nous sommes ravis de présenter ces nouvelles données complètes et d'en savoir plus sur cette personne et sa vie. »

Le débat scientifique sur la couleur de peau des premiers Britanniques fait rage, certains chercheurs suggérant que les constructeurs de Stonehenge étaient noirs.

Cependant, certaines études génétiques ont montré que les habitants de la Grande-Bretagne à l'époque où Stonehenge a été achevé, vers 2 500 avant J.-C., étaient des agriculteurs précoces à la peau claire, dont les ancêtres s'étaient répandus depuis l'Anatolie, l'actuelle Turquie.

Une analyse du « Cheddar Man » (le squelette d'un individu qui vivait dans le Somerset il y a 10 000 ans) réalisée par le Musée d'histoire naturelle suggère qu'il avait la peau foncée et les yeux bleus.

Cette étude a été publiée dans le Journal of Archaeological Science.

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La plaque commémorant la première Britannique noire a été retirée parce qu'elle "venait de Chypre"

 

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Le Canada vient d’enregistrer la plus forte baisse de population depuis les années 1940

Le Canada a enregistré sa plus forte diminution de population depuis les années 1940 après les changements apportés au système d'immigration par Ottawa, selon les données démographiques publiées mercredi par Statistique Canada. 

Au total, il y a environ 76 000 personnes de moins au Canada au cours du troisième trimestre, soit une baisse de 0,2 %. Le principal facteur est la chute du nombre d’étudiants étrangers, et plus largement des résidents temporaires.

Fait étonnant, presque l’entièreté de cette baisse a été enregistrée en Ontario (- 67 000) et en Colombie-Britannique (- 14 000). Durant la même période, le Québec a seulement noté 208 habitants de moins.

«Il s’agit de la première contraction démographique jamais enregistrée depuis 1946, à l’exception d’un très léger recul observé pendant la pandémie», plus précisément au quatrième trimestre de 2020, a constaté l’économiste de Desjardins LJ Valencia.

Ce virage fait suite à quelques années de hausse très importantes de l’immigration, et surtout de l’immigration temporaire, qui a donné lieu à un ressac important auprès de la population.

Il y a deux ans, le Canada enregistrait sa croissance démographique de population la plus importante depuis 1957. Pendant les trois mois du troisième trimestre de 2023, la population avait explosé de près de 420 000. Ici encore, cela était principalement dû à l’entrée d’étudiants étrangers et de travailleurs étrangers temporaires.

Puis, au troisième trimestre de 2024, le nombre de résidents temporaires a atteint un pic de 7,6 % de la population générale et diminue lentement depuis.

À la fin de son règne, Justin Trudeau avait reconnu que le gouvernement avait perdu le contrôle et que cela avait exercé de la pression sur les services publics et sur le prix des loyers.

Son ministre de l’Immigration de l’époque, Marc Miller, avait adopté un plan de réduction progressive des seuils. L’objectif actuel est de ramener la proportion de résidents temporaires à 5 % de la population d’ici la fin de 2027.

Desjardins estime que ces nouveaux seuils mèneront à une hausse du PIB réel par habitant, mais que l’économie dans son ensemble ralentira.

Aujourd’hui, le gouvernement de Mark Carney se vante du virage effectué et affirme qu’il fallait continuer dans le même sens.

«Nous sommes d’accord, monsieur [François Legault] et moi [...], qu’il faut réduire le rythme d’immigration parce que les niveaux d’immigration sont plus grands que la capacité d’accueil et la capacité d’intégration à Montréal et au Québec», a déclaré Mark Carney en entrevue à LCN mardi.

Statistique Canada a dévoilé hier qu’entre janvier et octobre 2025, le Canada a accueilli 60% moins de nouveaux étudiants et 48% moins de travailleurs étrangers par rapport à la même période l’année dernière.

Au 1er octobre, la population du Canada était de 41 575 585, estime l’agence fédérale.

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Valeurs — L'écart de fécondité entre conservateurs et « progressistes » se creuse

 
 

 


mardi 16 décembre 2025

Attaques contre l'école libre en France : il est temps que la droite sorte du silence

Face aux attaques d’une gauche vent debout contre l’école libre, Anne Coffinier dénonce ci-dessous une violence révélatrice d’une peur idéologique. Elle appelle la droite à assumer enfin une rupture décisive afin de garantir à chacun la liberté de choisir son école. Anne coffinier est entrepreneure sociale et présidente de l’association Créer son école.

Depuis des semaines, une certaine gauche se déchaîne contre moi avec une violence qui dépasse l’entendement. Tout cela pour avoir consacré ma vie à une idée simple : donner à chaque enfant la possibilité d’accéder à une école libre, si ses parents le souhaitent.

Un tel niveau de violence trahit la peur de ceux qui m’attaquent. Au fond, c’est un aveu de leur part : s’ils frappent si fort, c’est qu’ils sentent le terrain leur échapper et pensent que la cause de l’école libre pourrait l’emporter. Depuis 1960, la gauche et l’extrême gauche récitent ce même mantra : « À école publique, argent public ; à école privée, argent privé ». Ce vieux serment – signé le 19 juin 1960 à Vincennes à l’initiative du CNAL (Comité national d’action laïque) notamment par socialistes, communistes, syndicats laïcs, Ligue de l’enseignement, FCPE et Grand Orient – continue d’unir aujourd’hui ceux qui ne s’entendent sur rien. La liberté scolaire leur est insupportable ; l’école catholique, impardonnable.

Les méthodes d’une partie de cette gauche n’ont pas changé : attaques ad hominem, amalgames outranciers, recours aux délateurs, accusations relayées avec une gourmandise qui oublie la justice. Accusez : il en restera toujours quelque chose.

Dernier terrain d’instrumentalisation en date : les abus sexuels commis dans les écoles catholiques comme à Bétharram. Ils doivent évidemment être combattus partout avec la plus grande détermination mais LFI se sert de l’émotion soulevée pour tenter d’imposer la loi Vannier-Spillebout, qui reviendrait à placer l’enseignement privé sous contrat sous une tutelle administrative contraire à l’esprit de la loi Debré et, bien sûr, au caractère constitutionnel de la liberté d’enseignement. Pendant ce temps, l’État peine à protéger les enfants dans ses propres structures : Éducation nationale, périscolaire notamment parisien, Aide Sociale à l’Enfance… C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.

Et la droite ? Elle murmure là où la gauche hurle. Elle recycle les vieux mantras – « fondamentaux », « autorité », « autonomie » – sans oser encore porter une vision. L’école libre ne figure en bonne place dans aucun projet de reconstruction nationale, seulement dans des ripostes ponctuelles dès qu’un coup tombe. La droite craint de défendre un « privilège ». C’est pourtant l’inverse : aujourd’hui, le véritable privilège est de pouvoir choisir son école. Seules les familles aisées y accèdent pleinement. L’égalité des chances ne suppose plus seulement la gratuité du public à notre époque, mais la possibilité de choisir indifféremment le public ou le privé selon le besoin de son enfant.

Si la droite veut remonter le niveau, restaurer la sécurité éducative et relancer l’ascenseur social, elle doit faire en 2027 ce qu’elle a osé faire pour le travail en 2007 : une rupture lisible, populaire, décisive. Mon vœu est simple : que la droite se passionne enfin pour l’école libre autant que la gauche se passionne pour la combattre. C’est là que se joue désormais l’avenir des enfants… et celui du pays.

dimanche 14 décembre 2025

Paris — Hidalgo coupe à nouveau les vivres au collège catholique Stanislas

Les collectivités locales sont obligées par la loi à verser chaque année une dotation financière aux écoles privées sous contrat avec l’État qui se trouvent sur leur territoire. Certaines ne remplissent pas leurs obligations. C’est le cas de Paris aujourd’hui avec le collège catholique Stanislas.

Le 9 décembre, lors d’une réunion préparatoire au prochain Conseil de Paris, Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo a déclaré : « Je me dois de supprimer les subventions. » Ainsi annonce-t-il que Paris, au mépris de la loi, refuse de verser le forfait qu’il doit. Et il l’assume au nom de la morale arc-en-ciel. 

Selon lui, le controversé programme EVARS (éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité dès la maternelle : deux associations juridiques viennent de saisir l’ONU pour faire respecter le droit des familles actuellement bafoué) ne serait pas enseigné à Stanislas comme certains voudrait qu'il le soit. 

M. Bloche affecte ne penser qu’à « l’intérêt » des élèves, il feint la crainte : « J’ai peur pour les enfants. » 
 
Ce n’est pas la première fois qu’Anne Hidalgo coupe les vivres à Stanislas. Il s'agit d'un vieux combat idéologique entre les laïcards et l’Église catholique, une dizaine de visites ayant été effectuées par l’Académie de Paris, et Médiapart répandant bruyamment l’idée que Stanislas serait « sexiste et homophobe », deux péchés mortels pour la gauche moderne.

Valeurs — L'écart de fécondité entre conservateurs et « progressistes » se creuse

La gauche a un problème avec la famille, voire plusieurs problèmes. Les messages progressistes qui dévalorisent, nient et déconstruisent la valeur de la vie familiale et célèbrent la vie en solo depuis quelques années laissent leur empreinte dans le cœur, l’esprit et la vie des jeunes progressistes. Après avoir été abreuvés de messages tels que « La maternité hétérosexuelle mariée en Amérique… est un jeu où personne ne gagne » (dans le New York Times), « Le divorce m’a conduit à mon bonheur éternel » (dans le Washington Post), « Les femmes qui restent célibataires et n’ont pas d’enfants s’enrichissent » (dans Bloomberg) ou « Pourquoi tant de femmes célibataires sans enfants sont-elles si heureuses ? » (dans Psychology Today), trop de jeunes adultes, en particulier les jeunes femmes de gauche, considèrent désormais que le mariage et la famille ne sont pas faits pour eux ou, du moins, ne constituent pas leur priorité absolue.

Faits saillants

  • Depuis les années 1980, les taux de nuptialité ont diminué tant chez les conservateurs que chez les progressistes. Mais cette baisse a été plus marquée chez les progressistes, tant chez les hommes que chez les femmes.
  • Au cours de la dernière décennie, un fossé s’est creusé entre les jeunes hommes et femmes conservateurs et progressistes en ce qui concerne la proportion d’entre eux qui ont eu des enfants.
  • Nous assistons aux conséquences concrètes d’un clivage idéologique où la droite privilégie le mariage et la procréation, tandis que la gauche les dévalorise, ce qui se traduit par des changements dans la fécondité et la population à travers les États-Unis.

La « mentalité Midas » de la gauche

Au contraire, les progressistes ont souvent tendance à adopter une « mentalité Midas » qui privilégie l’argent, l’éducation et, surtout, la carrière. Le travail est considéré comme la source et le summum d’une vie heureuse et pleine de sens. En revanche, l’amour, le mariage et la fondation d’une famille ne méritent pas le même dévouement. Un récent sondage NBC News a par exemple révélé que les membres de la génération Z (18-29 ans) qui ont voté pour Kamala Harris, en particulier les femmes, ont classé le mariage et la maternité presque en dernière position dans leur « définition personnelle du succès ». 

Les femmes ont plutôt accordé la priorité à « avoir un emploi ou une carrière épanouissante » (n° 1) ou « avoir assez d’argent pour faire ce que l’on veut » (n° 2). 

Le sondage NBC concorde avec d’autres enquêtes indiquant que les progressistes (peut-être faudrait-il parler de régressistes pour leurs pays ?) accordent généralement beaucoup moins d’importance au mariage, à la maternité et à la famille, tant en théorie qu’en pratique, de nos jours. 

Le scepticisme de cette gauche à l’égard du mariage et de la vie familiale ne tient pas seulement à la mentalité Midas, il trouve également son origine dans l’idée que la famille impose un fardeau excessif aux femmes. 

Pensons, par exemple, à la récente publicité de l’ONU mettant en scène l’actrice Anne Hathaway, qui dénonçait le « déséquilibre » mondial entre les femmes et les hommes en matière de tâches domestiques non rémunérées. Être libérée des contraintes familiales est donc souvent présenté comme un moyen important pour les femmes de mener une vie heureuse et épanouissante. Comme l’a récemment écrit la journaliste Glynnis MacNicol dans le New York Times, une vie sans famille ouvre souvent aux femmes d’aujourd’hui « des perspectives tout aussi satisfaisantes, voire plus satisfaisantes, ou qui mènent à une vie plus heureuse et plus épanouie ». 

Ce que la gauche est en train de perdre 

Cette analyse de l’Institute for Family Studies révèle que le mariage et la natalité sont en baisse chez les jeunes adultes à travers le pays, mais qu’ils chutent de manière spectaculaire chez les jeunes femmes et les jeunes hommes de gauche. « De plus en plus, les jeunes issus des milieux progressistes et libéraux ont du mal à se prononcer sur la question de savoir s’ils veulent ou non avoir des enfants, l’une des décisions personnelles les plus importantes qu’ils auront à prendre dans leur vie », comme l’a fait remarquer la philosophe Anastasia Berg, elle-même libérale.

En revanche, pour les jeunes hommes et femmes de droite, la famille est plus susceptible d’être considérée comme un bien pur, et le mariage et la formation d’une famille sont beaucoup plus courants. En effet, dans les années 2020, la majorité des jeunes adultes conservateurs âgés de 25 à 35 ans se sont mariés et sont devenus parents, alors que seule une minorité de jeunes adultes libéraux ont fait de même. De plus, le fossé entre la gauche et la droite en matière de fondation d’une famille semble se creuser. 

samedi 13 décembre 2025

National Post : Statistique Canada semble penser que les enfants de deux ans peuvent être transgenres.

Michael Higgins dans le National Post critique vivement Statistique Canada pour sa gestion des données du recensement de 2021 sur l'identité de genre des enfants et jeunes (0-14 ans) transgenres ou non-binaires. L'agence a collecté ces données mais ne les a pas publiées, préférant consulter uniquement des « experts en la matière » (principalement des chercheurs et militants pro-affirmation de genre) via un guide de consultation.

Points principaux du document de Statistique Canada critiqués :  
  • Affirmation que les enfants dès 18-24 mois peuvent reconnaître les normes de genre et exprimer des comportements genrés, et que les enfants trans ou non-binaires peuvent identifier leur genre de manière cohérente dès 2-3 ans.  
  • L'identité de genre n'est pas statique et peut évoluer tout au long de la vie (sans mention d'études contraires).  
  • Craintes que les données sensibles soient utilisées de manière « marginalisante » par des groupes niant l'existence des personnes trans, et insinuation que le discours public canadien reflète souvent de l'ignorance ou de l'intolérance.  
  • Ne faudrait-il pas imposer des seuils d'âge (ex. : à partir de 10 ans) pour publier les données, ou les restreindre ?
Pour Michael Higgins, Statistique Canada semble captée par l'idéologie du genre, acceptant sans critique des affirmations controversées sur l'identité de genre chez les très jeunes enfants.  

Le ton du document est condescendant, sous-entendant que les Canadiens sont intolérants (exemples : débats sur les pronoms, soins d'affirmation de genre, sports).  

Dans ce document, Statistique Canada donne des exemples où le « discours public » agaçant ne reflétait pas le point de vue des personnes transgenres.

« Par exemple, des discussions sont en cours et des modifications législatives ont récemment été apportées dans certaines provinces concernant l'utilisation des noms et des pronoms dans les écoles, l'accès aux soins de santé affirmant le genre pour les enfants et les jeunes transgenres et non binaires, et la participation des athlètes transgenres et non binaires aux sports », indique le document.

Il s'agit vraisemblablement d'une référence à l'Alberta, où le gouvernement provincial a adopté cette semaine un projet de loi qui obligerait les parents à donner leur consentement pour que les écoles utilisent des noms ou des pronoms différents pour leurs enfants, qui interdirait aux filles transgenres de pratiquer des sports féminins et qui interdirait aux médecins de prescrire des bloqueurs de puberté ou des traitements hormonaux aux jeunes de moins de 16 ans.

Il s'agit là de mesures tout à fait sensées qui défendent les droits des parents, protègent les jeunes vulnérables et permettent aux filles d'accéder à leurs propres sports.

Le gouvernement de l'Alberta est en phase avec la plupart des Canadiens. Un sondage Léger réalisé en 2024 a montré que 42 % des Canadiens s'opposent aux bloqueurs de puberté et aux traitements hormonaux pour les jeunes de moins de 17 ans, tandis que 26 % les soutiendraient avec le consentement des parents. Dans le même sondage, 68 % des Canadiens se sont déclarés opposés à ce que les athlètes nés de sexe masculin puissent participer à des compétitions sportives féminines.

Le document de consultation de Statistique Canada fait référence à diverses études, dont l'une a été co-rédigée par Greta Bauer, professeure au département d'épidémiologie et de biostatistique de l'Université Western, à London, en Ontario.

C'est Mme Bauer qui a témoigné lors de l'audience contre Amy Hamm, l'infirmière (et chroniqueuse au Post) qui a fait l'objet de poursuites disciplinaires par le British Columbia College of Nurses and Midwives pour avoir osé affirmer que le sexe est binaire. Ce n'est pas ce que croit Mme Bauer.

Une copie du jugement indique que Mme Bauer « n'est pas d'accord avec les affirmations selon lesquelles il n'y a que deux sexes, que les êtres humains ne peuvent pas changer de sexe et que les chromosomes sexuels sont immuables ».

Il ajoute : « Le Dr Bauer a expliqué que le terme « femme » dans le langage courant est généralement compris comme une catégorie d'identité sociale plutôt que comme une réalité biologique. » Statistique Canada est donc influencé par des experts qui ne croient pas à la réalité biologique des femmes.

Consultation exclusive d'une minorité d'experts (comme Greta Bauer, qui nie la binarité biologique du sexe) exclut la majorité des Canadiens, contredisant le mandat de l'agence.  

Statistique Canada devrait publier ces données mais en impliquant davantage le public, plutôt que de procéder dans une opacité influencée par des idéologues, ce qui constitue un manque de confiance envers les Canadiens.


Relancer la natalité en France : une prime de 40 000 € au 3e enfant.

Contexte et Objectif de l’Étude
 
L’étude intitulée « Pour un renouveau démographique : la stratégie du troisième enfant », publiée en novembre 2025 par la Fondation Res Publica et rédigée par Oscar Bockel et Tristan Claret-Trentelivres, s’inscrit dans un contexte de préoccupante baisse de la fécondité en France.  

Avec un taux de fécondité tombé à 1,66 enfant par femme en 2024 (selon les données provisoires de l’Insee), loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1, les auteurs alertent sur les risques démographiques et économiques à long terme. 



L’objectif principal est de proposer une stratégie ambitieuse pour relancer la natalité, en mettant l’accent sur l’encouragement du troisième enfant comme levier clé.

vendredi 12 décembre 2025

Manitoba — « La honteuse disparition de l'évêque Grandin »

En 2023, le conseil municipal de Winnipeg a officiellement et à l’unanimité changé le nom du boulevard Monseigneur Grandin (Bishop Grandin) en Abinojii Mikanah, qui signifierait « route des enfants » en ojibwé et en cri, même si un conseiller municipal a estimé que ce changement serait « source de confusion, coûteux et potentiellement dangereux » dans les cas où les premiers intervenants recherchent des adresses. Il a également fait part de ses inquiétudes quant au fait que certaines personnes pourraient refuser d’utiliser ce nouveau nom imprononçable. 



[Winnipeg a également renommé le Sentier Grandin Awasisak Mēskanôw (« la route des enfants » en cri) et la rue Grandin devient la Taapweewin Way ce qui signifierait « La voie de la vérité » en michif la « langue ancestrale » des Métis du Manitoba selon Radio-Canada. Ce qui linguistiquement est — comment dire ? — peu précis. Le michif est une langue métisse, parlée par les Métis, qui mélange le français et le cri et d’autres langues autochtones comme l’ojibwé. Mais il existe en réalité plusieurs langues michif (français michif, michif du Nord, michif du Sud) qui ne sont pas toujours mutuellement intelligibles. Winnipeg n’a pas choisi du michif français (qui serait quelque chose comme La chmin d’la vraytay) alors que c’était de loin la variété la plus parlée par les Métis du Manitoba et que Saint-Boniface était pourtant le centre urbain du Manitoba francophone… Le mot Taapweewin est cri : ᑖᐯᐧᐃᐧᓂᐤ.]

Mais début mars 2023, une conseillère municipale de Winnipeg a demandé que le changement de nom prévu ait lieu dès que possible. 

La conseillère Sherri Rollins, présidente du comité de l’immobilier et du développement, a déclaré que le nouveau nom déjà approuvé par la ville marquait une étape essentielle vers la réconciliation avec les peuples autochtones, un argument commun chaque fois qu’il s’agit de changer des noms actuellement en Amérique du Nord.



À l’appui de sa position, Mme Rollins a souligné que les demandes du public en faveur d’un renforcement des efforts de réconciliation se sont considérablement accrues au Canada au cours des deux années qui ont suivi la première annonce de la découverte de plus de 200 tombes anonymes sur le site de l’ancienne école résidentielle indienne (IRS) de Kamloops, en Colombie-Britannique.

« Abinojii Mikanah, un nom de rue qui rend hommage de manière très importante aux enfants victimes du génocide… (est) d’une importance vitale », a déclaré Mme Rollins.

Ce qu’elle a omis de mentionner, c’est que le site de Kamloops et des dizaines d’autres sites similaires à travers le Canada n’ont fourni aucune preuve de l’existence réelle de dépouilles d’anciens élèves de l’IRS. On n’a détecté que des anomalies dans le sol à l’aide d’un outil peu fiable appelé radar à pénétration de sol.

jeudi 11 décembre 2025

« Et si l’on demandait réparation à Alger pour les milliers de Français qui y furent réduits en esclavage ? »


Cervantès présenté à Hassan Pacha, le roi d’Alger

Alger, qui ne cesse de demander réparation pour les 130 années de colonialisme français, qui a créé l’Algérie, semble avoir oublié que la région a été continuellement sous férule étrangère pendant des siècles : cinq siècles dans l’Empire romain, conquise par les Arabes à partir du VIIe siècle, pour passer sous domination ottomane à partir de 1526. Elle semble aussi avoir oublié son active participation à la traite et à l’esclavage. 

Texte de Marie-Claude Mosimann-Barbier, maître de conférences honoraire de l’École normale supérieure de Paris-Saclay, membre du GRER (groupe de recherche sur le racisme et l’eugénisme) de l’université Paris-Cité.

Pour la plupart de nos concitoyens, la traite continue à être assimilée à la traite négrière et l’esclavage à résulter de la seule traite atlantique. Pourtant la traite des Noirs en Afrique commença dès la fin du VIIe siècle lorsque, vingt ans après la mort de Mahomet, le général arabe Abdallah ben Sayd partit à la conquête de l’Afrique du Nord. Après avoir conquis l’Égypte, il imposa aux chrétiens de Nubie, par un traité, le bakht, la livraison de 360 esclaves par an, puis il continua vers le Maghreb, nom donné par les conquérants arabes à une région que les Européens appelèrent d’abord Berbérie, car peuplé par les Berbères, puis Barbarie. La traite des esclaves de Barbarie est amplement historiographiée : les marchés d’esclaves du littoral maghrébin, dont l’actif marché d’Alger, se livrèrent pendant des siècles à un lucratif commerce d’êtres humains, tant Africains subsahariens qu’Européens. L’Afrique noire paya un tribut particulièrement douloureux à ce commerce arabo-musulman qui demeure mal connu du grand public. Pourtant, dès 2004, le livre d’Olivier Grenouilleau, Les Traites négrières (Gallimard), attirait l’attention sur l’ampleur de cette traite arabo-musulmane que l’historien algérien Malek Chebel qualifie de « tabou bien gardé ».

La traite transsaharienne a précédé celle des chrétiens. Dès le Moyen-Âge, des caravanes partaient de la côte nord de l’Afrique, traversaient le désert du Sahara pour atteindre la région du golfe de Guinée, d’où elles rapportaient de l’or, de l’ivoire ainsi que des esclaves, le plus souvent razziés par les chefs africains à la solde des marchands arabes. Après l’éprouvante traversée du Sahara, les femmes rejoignaient les harems comme concubines ou servantes, les hommes étaient envoyés au service du sultan dans l’armée ou dans les galères, tandis que les jeunes garçons étaient souvent castrés avant leur mise en vente sur le marché pour en faire de futurs eunuques, au prix d’une mortalité effrayante. Au début du XVIe siècle, l’Empire ottoman, en occupant le Maghreb et la région nilotique, continua ces pratiques, bien documentées historiquement. Les spécialistes évaluent à près de 18 millions d’individus le nombre d’Africains victimes de la traite arabo-musulmane du VIIe au XXe siècle (Olivier Grenouilleau l’estime à 11 à 12 millions pour la traite atlantique).

Il y a cependant un second volet, moins connu, à cette traite arabo-musulmane : la capture et l’asservissement des chrétiens. Les ports de la côte des Barbaresques, Alger, Béjaïa (Bougie), Tunis ou Tripoli, servaient de base à des expéditions esclavagistes vers l’Europe qui durèrent jusqu’au XIXe siècle. Cette traite est le plus souvent associée à la domination ottomane sur le Maghreb et aux exactions de ceux que l’on appelle les pirates barbaresques. Elle fut en effet particulièrement active à cette époque. Mais elle est répertoriée dès le IXe siècle et devint si préoccupante que la chrétienté s’en émut. Pour ces captifs européens destinés à l’esclavage, il y avait une libération possible, tout aussi rentable pour les traitants : si le captif avait des biens, sa famille était sollicitée pour payer une importante rançon ; il arrivait même qu’un village entier se cotisât pour faire libérer l’un des siens. Mais, pour la plupart des captifs, il n’y avait guère d’espoir. C’est ainsi que Rome, s’inquiétant de la conversion possible de ces prisonniers à l’islam, décida d’agir. Dans ce contexte apparurent des ordres religieux spécifiquement dévolus au rachat des esclaves chrétiens, que l’on appelle des ordres rédempteurs. Leur création au début du XIIIe siècle montre que la traite était déjà bien développée avant l’arrivée des Barbaresques.

Les trinitaires (qu’on appelait « frères aux ânes », car ils avaient choisi la monture du Christ) furent les premiers à s’investir dans le rachat des captifs. Paul Deslandres, dans L’Ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs, décrit le douloureux quotidien des esclaves du Dey d’Alger. L’ordre fut fondé en 1198 par le religieux provençal Jean de Matha avec l’approbation papale. Il fut décidé qu’un tiers des revenus des écoles et des hôpitaux créés serait consacré au paiement des rançons. Dès le premier voyage en Afrique du Nord furent ramenés 186 prisonniers : une réussite exemplaire qui lança le nouvel ordre. Les trinitaires ouvrirent un hôpital à Marseille et divers centres d’accueil, financés par des quêtes et appelés « maisons de miséricorde » pour recevoir les prisonniers libérés, qui étaient souvent dans un état physique pitoyable. Certains y restaient à demeure et y étaient soignés à vie. L’ordre se répandit dans toute l’Europe. En 1450, les trinitaires avaient 600 maisons. C’est la plus ancienne institution officielle non armée de l’Église catholique au service de la rédemption. Ses membres rachetèrent des dizaines de milliers d’esclaves aux arabo-musulmans et aux Barbaresques d’Afrique du Nord, dont le futur grand écrivain espagnol Cervantès, qui resta cinq ans prisonnier à Alger.

Quelques années plus tard, un deuxième ordre rédempteur « pour le rachat des chrétiens captifs des Barbaresques », vit le jour : l’ordre de la Merci, dont les membres étaient appelés mercédaires. Fondé en 1218, il fut d’abord ressenti comme redondant, mais un premier voyage en terre maure fut un succès : 400 prisonniers furent ramenés au pays. De plus, les mercédaires faisaient vœu de s’offrir comme otages pour prendre la place de captifs dont la foi chrétienne serait en danger. En effet certains captifs en grande souffrance se convertissaient pour échapper à l’esclavage, le Coran interdisant à un musulman d’asservir un autre musulman. En 1585, une mission, sorte de nonciature apostolique, s’installa à Alger, pour être à pied d’œuvre. Du XIIIe au XVIIIe siècle, les seuls mercédaires auraient libéré non moins de 60 000 captifs.

Pirates barbaresques

La traite des chrétiens s’intensifia lorsque le Maghreb (à l’exception de l’Empire chérifien du Maroc) passa sous suzeraineté ottomane. Au XVIe siècle, « il y eut presque autant d’Européens enlevés de force vers la Barbarie pour y travailler ou y être vendus comme esclaves que d’Africains de l’Ouest embarqués pour trimer dans les plantations américaines », écrit l’historien américain Robert C. Davis dans Esclaves blancs, maîtres musulmans. La traite s’intensifia et se structura. Les pirates barbaresques capturaient leur butin humain de deux manières. La première consistait à débarquer sur les côtes du littoral méditerranéen nord : ils pillaient villes et villages et amenaient les populations valides pour en faire des esclaves dans les propriétés de notables, dans les harems d’Afrique du Nord ou dans les galères au service du sultan de l’Empire ottoman (rappelons-nous Molière : « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ! »).

Ces razzias couvraient un grand nombre de pays : Espagne, Baléares, Portugal, France et Corse, Italie, îles grecques. Elles se déployaient aussi à l’intérieur même de l’Empire ottoman dans les pays slaves — dont les femmes étaient très appréciées — et dans la région danubienne. On évalue à un million le nombre d’Européens de l’Ouest enlevés par les Barbaresques au cours de batailles navales et de razzias sur les côtes européennes, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, et près de trois millions en Europe de l’Est. Notons que ces raids dépeuplèrent des régions entières, en particulier en Provence et en Italie, où certaines zones côtières de Calabre et de Sicile furent vidées de leur population.

L’autre procédé utilisait une technique dite « de course » bien développée et fort profitable qui consistait à aborder des navires, nombreux en Méditerranée, pour en capturer l’équipage et les passagers. La cargaison du navire revenait au propriétaire de bateau corsaire, qui reversait un pourcentage au sultan : l’équipage était le plus souvent envoyé aux galères et les gens de bien qui se trouvaient à bord jetés en prison, en attendant le paiement éventuel d’une rançon. Dans des geôles sinistres croupissaient ainsi de nombreux Européens. Le but des pirates était non seulement de procurer à leurs compatriotes des esclaves, mais aussi de la main-d’œuvre qualifiée dont ils manquaient (armuriers, artisans, jardiniers…) et de la « chair fraîche » pour les harems, tout en extorquant le plus d’argent possible aux familles qui voulaient délivrer les leurs. On sait qu’en huit ans, de 1689 à 1697, Marseille perdit ainsi 260 navires ou barques de pêche et plusieurs milliers de marins et de passagers, tous réduits en esclavage.

En 1643, un trinitaire, le père Hérat, demanda le soutien de la reine régente Anne d’Autriche, dans une lettre où il décrit les terribles exactions que subissent les captifs. Il écrit : « Les empalements sont ordinaires, et le crucifiment se pratique encore parmy ces maudits barbares, en cette sorte ils attachent le pauvre patient sur une manière d’echelle, et lui clouent les deux pieds, et les deux mains à icelle, puis après ils dressent ladite Eschelle contre une muraille en quelque place publique, où aux portes et entrées des villes (…) et demeurent aussi quelque fois trois ou quatre jours à languir sans qu’il soit permis à aucun de leur donner soulagement. […]  D’autres sont écorchez tous vifs, et quantité attachez tout nuds avec une chaine à un poteau, et un feu lent tout autour rangé en rond, de vingt-cinq pieds ou environ de diamètre, afin de faire rostir à loisir, et cependant leur servir de passe-temps, d’autres sont accrochez aux tours ou portes des villes, à des pointes de fer, où bien souvent ils languissent fort longtemps »

Actions des nations chrétiennes

Il y eut diverses actions des nations chrétiennes pour mettre un terme à ces exactions. La plus célèbre fut peut-être la bataille navale de Lépante en 1571 (où s’affrontèrent la flotte ottomane de Sélim II et la flotte de la Sainte-Ligue), à laquelle participa Cervantès, peu avant d’être lui-même capturé par les Barbaresques et racheté, cinq ans plus tard, par les Rédempteurs. Le film Cervantès avant Don Quichotte, d’Alejandro Amenabar, sorti récemment, offre une bonne reconstitution du sort des captifs à Alger.

Au XVIIe siècle, le roi de France Louis XIV relança la guerre contre les corsaires d’Alger et de Tunis en vue d’assainir la Méditerranée et de montrer son attachement à la chrétienté : en 1683, les galères de l’amiral Duquesne bombardèrent Alger ; en représailles, le consul de France et vingt autres captifs furent exécutés à la bouche d’un canon ; Duquesne obtint toutefois la libération de tous les captifs et esclaves chrétiens. Enfin, rappelons qu’au début du XIXe siècle, les États-Unis, las de voir leurs navires harcelés et ponctionnés par les pirates, leur livrèrent par deux fois la guerre, accélérant la fin des exactions barbaresques. Quand les Français débarquèrent à Sidi Ferruch en 1830, marquant le début de la conquête de l’Algérie, la guerre de course était moribonde, mais les Français purent encore libérer 128 esclaves chrétiens qui croupissaient dans les geôles d’Alger.

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Le génocide voilé (traite négrière musulmane)  

Histoire — la traite esclavagiste a-t-elle permis le décollage économique de l’Occident ?

 
Manuel d’histoire québécois approuvé par le Ministère (1) — chrétiens intolérants, Saint-Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part

« “Connais-toi toi-même”, ce proverbe africain », selon le plus grand syndicat d’enseignants américain