vendredi 7 novembre 2025

École catholique subventionnée en France : un enseignant doit-il pouvoir prier en classe avec ses élèves ?


Pour Anne Coffinier, présidente de Créer son école, les établissements catholiques sous contrat sont aujourd’hui menacés dans leur identité même. Face à une offensive politique et idéologique, elle défend le droit de ces écoles à rester fidèles à leur caractère propre, tel que garanti par la loi Debré. Son texte paru dans Famille chrétienne est repris ci-dessous.

Le temps n’est pas au beau fixe pour les écoles catholiques sous contrat, qui sont sous le feu des critiques croisées de l’extrême gauche et des milieux anticléricaux traditionnels. Il faut dire que la baisse de la population scolaire alimente ce regain de tension : il suffit actuellement de quelques élèves en moins pour qu’une classe voire une école publique ferme. Dans ce contexte de pénurie d’élèves, les défenseurs de l’école publique sont tentés de faire de l’école catholique sous contrat un bouc-émissaire. À lire aussi

Tout en tenant bon sur ce qui le différencie, l’Enseignement catholique doit trouver les outils pour rejoindre les élèves sur les questions actuelles.


Des contrôles à charge 
 
Au lendemain du scandale des abus sexuels dans l’Eglise mis en exergue par la CIASE en 2021 puis de son pendant dans l’Enseignement catholique cette année, notamment avec l’affaire Bétharram, les tenants et acteurs de l’école catholique rasent les murs et les ennemis historiques de l’école catholique mettent à profit ce moment favorable, ce kairos, pour mener leur guerre scolaire. Le député LFI Paul Vannier est l’emblème de cette offensive acharnée qui touche autant au financement de l’école catholique qu’à la nature des libertés spécifiques qui font la force et, au fond, la raison d’être de ces écoles catholiques. 

C’est ainsi que des contrôles « à charge » se sont abattus sur de nombreux établissements catholiques sous contrat partout en France, sans même que le cadre juridique de ces contrôles n’ait été préalablement fixé. Les inspecteurs de l’Éducation nationale manquent cruellement de culture de ce qu’est une école libre avec des classes sous contrat. La loi Debré de 1959 n’est pour eux qu’un vague souvenir et la plupart d’entre eux sont enclins à nier le droit au respect du caractère propre des écoles catholiques, vu qu’ils ont oublié la raison d’être de sa sanctuarisation constitutionnelle. 
 
Le droit de prier, pas l'obligation 
 
Mais de quoi s’agit-il ? Le caractère propre est reconnu par la loi Debré, qui est la loi voulue par le général de Gaulle pour organiser la place des écoles catholiques dans le paysage éducatif français. Les classes qui ont passé le contrat avec l’État doivent admettre les enfants de toutes origines et ne pas les contraindre à poser des actes de foi personnels (c’est ce qu’on appelle le respect de la liberté de conscience), et respecter les programmes scolaires définis par l’Éducation nationale dans le cadre des heures financées par l’État pour les dispenser. En échange de cela, les classes sous contrat reçoivent un financement total de leurs enseignants, et doivent percevoir une couverture de leurs frais de fonctionnement équivalente à celle que perçoivent les écoles publiques du même territoire.

Mais ces classes ont aussi droit au respect de leur caractère propre dans toutes les dimensions de la vie de l’établissement y compris l’enseignement des matières scolaires, et ce point est capital. Elles peuvent organiser des cours d’instruction religieuses obligatoires et des cours de catéchisme (ou éveil à la foi) facultatifs. Les enseignants du privé sous-contrat ne sont pas soumis au principe de neutralité des fonctionnaires (qu’ils ne sont pas) et encore moins à celui de la laïcité. Les enseignants, s’ils le souhaitent et dans le respect de leur liberté de conscience, ont ainsi le droit – pas l’obligation !- de prier et de faire prier les élèves en classe. 
 
Un enrichissement précieux

Ces prières sont brèves et il est aisé de compenser le temps en empiétant sur la récréation pour ne pas mordre sur le temps des cours imposés et financés par l’État. Ceux qui ne veulent pas prier doivent avoir tout loisir de s’en dispenser, rêver, lire à la place…. Ce n’est en tout état de cause pas un drame d’entendre une prière voire d’assister à une cérémonie religieuse, dès lors que ces familles ont choisi sciemment une école catholique. N’est-ce pas l’occasion d’un enrichissement culturel précieux ou d’une pause méditative bienvenue, dès lors qu’on ne contraint évidemment pas l’enfant à prononcer des prières, se confesser, communier, ou à poser des actes publics de foi ? L’ampleur des difficultés de l’Éducation nationale doit pousser ses protagonistes et défenseurs à concentrer tous leurs efforts sur son relèvement, au lieu de regarder dans l’assiette du voisin et de mener une guerre d’arrière-garde contre les libertés de l’enseignement libre ! 

jeudi 6 novembre 2025

Cette « réconciliation » avec les Premières Nations est un désastre pour le Canada

Mise à jour 7 novembre 

L'Assemblée des Premières Nations (APN), l'Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et le Conseil national des Métis (CNMW) ont soumis individuellement des demandes budgétaires au gouvernement fédéral avant le budget du 4 novembre, qui totalisent 443 milliards de dollars sur au moins les 10 prochaines années.

L'APN a également demandé 367 milliards de dollars sur 10 ans en investissements en capital pour diverses infrastructures communautaires, notamment l'eau potable, les routes et la connectivité Internet, ainsi que 139 milliards de dollars uniquement pour le logement dans les communautés des Premières Nations.

Selon les données de Statistique Canada et de l'Agence du revenu du Canada, les Autochtones, dont les Premières Nations représentent environ 70 % des 1,8 million d'individus, contribuent chaque année à hauteur d'environ 11 à 14 milliards de dollars au Trésor public fédéral, principalement par le biais des impôts sur le revenu et de la TPS/TVH. En 2021, le revenu moyen des Autochtones était de 44 300 $, contre 53 300 $ pour les non-Autochtones. Plus de 55 % des Autochtones sont pleinement imposables en raison de leur résidence hors réserve ou de leur emploi non exempté en vertu de la section 87 de la Loi sur les Indiens.


Billet du 6 novembre

Des milliards de dollars versés au titre des accords de règlement. Des prières pour reconnaître les droits fonciers amérindiens avant chaque événement gouvernemental. Un accès exclusif à des parcs autrefois publics. Bientôt, peut-être, la cession de propriétés privées ordonnée par les tribunaux. Telle a été la recette du gouvernement fédéral pour la réconciliation avec les peuples autochtones au cours des dix dernières années. Recette désastreuse. 

Selon Le National Post, le Canada doit expier le traitement qu’il a réservé à ses citoyens autochtones au cours de l’histoire. Mais cela ne devrait pas impliquer de se plier aux exigences extrêmes de la gauche « Retour des Terres », solution à cette réconciliation jusqu’à présent.

Depuis des années, le discours sur la restitution des « terres volées » est populaire sur les ondes de la CBC (le diffuseur public anglophone), entre autres médias progressistes. Mais ce n’est qu’en 2025, avec la décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique concernant les tribus Cowichan, qui a jugé que la propriété foncière pleine et entière (entre blancs) ne remplace pas le titre aborigène, que la réalité de la restitution des « terres volées » s’est imposée.

Concrètement, cela se traduit ainsi : les propriétaires fonciers en Colombie-Britannique se voient dire par leur maire que la revendication autochtone sur leurs terres « pourrait compromettre le statut et la validité de (leur) propriété » ; les entreprises affirment se voir refuser des prêts pour des projets dans la zone concernée ; les agents immobiliers font état d’une incertitude en matière d’hypothèques.

Leurs terres ne seront pas saisies demain, et les défenseurs de la décision Cowichan Tribes vous rappelleront que les demandeurs autochtones ne l’ont pas demandé. Mais, dans ce cas-ci. les plaignants autochtones ont demandé comme réparation des terres appartenant au gouvernement et le tribunal a ordonné la remise de ces terres. À moins qu’un appel ne parvienne à renverser la nouvelle interprétation du tribunal sur le fonctionnement du droit immobilier, ces propriétaires fonciers n’auront pas beaucoup de moyens de défense.


Des centaines de personnes assistent à la séance d’information sur la décision Cowichan à l’hôtel Sheraton Vancouver Airport à Richmond, en Colombie-Britannique, le 28 octobre 2025. 

La saisie de terres est un risque réel : au Nouveau-Brunswick, où toute la province fait l’objet de revendications des Premières Nations, un juge a suggéré que les tribunaux pourraient ordonner à la Couronne de saisir des propriétés privées au nom d’un groupe autochtone et d’indemniser les propriétaires fonciers en retour. Les Québécois devraient également s’inquiéter, car les Algonquins viennent de déposer une revendication de titre sur de vastes étendues de la province.

Pour Adam Pankratz dans le National Post, la décision Cowichan provoque déjà une panique autour des droits de propriété en Colombie-Britannique.

mercredi 5 novembre 2025

« La France est-elle encore chrétienne ? »

Débat exclusif entre Éric Zemmour et Jérôme Fourquet dans le Figaro Magazine.  Autrefois qualifiée de « fille aînée de l’Église », la France est un des pays les plus déchristianisés d’Occident. Mais est-ce irrémédiable ?   La citrouille d’Halloween va-t-elle définitivement l’emporter sur le chrysanthème de la Toussaint ? « La messe n’est pas dite », répond Éric Zemmour dans son nouvel essai. Le président de Reconquête en appelle à un sursaut spirituel, seul moyen selon lui de préserver l’identité de la France face à un islam conquérant.  Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP et analyste lumineux de la société française, observe pour sa part des signes d’un regain d’attrait pour le catholicisme, mais doute qu’une rechristianisation du pays soit pour autant possible. Ils ont accepté de confronter leurs points de vue pour Le Figaro Magazine.

Question. — Comment qualifieriez-vous la situation du christianisme en France ?

Éric Zemmour. — Je commencerai par rappeler une réalité historique : c’est le christianisme qui a fait la France. Le général de Gaulle disait : « L’histoire de mon pays a commencé avec la conversion de Clovis au catholicisme. » Au cours de mille ans d’histoire, l’Église a fait les rois, les rois ont fait la nation et la nation a fait la République. Mais, dès le milieu du XVIIIe siècle, avant même la Révolution française donc, un phénomène de déchristianisation colossal s’est amorcé avec les Lumières. Je cite dans mon livre cette phrase magnifique de Chateaubriand : « Voltaire eut l’art funeste, chez un peuple capricieux et aimable, de rendre l’incrédulité à la mode… » Il y a eu des vagues de rechristianisation très puissantes, en général d’ailleurs après nos catastrophes militaires, en 1815, 1870 ou 1940, mais qui n’ont pas arrêté la déchristianisation du pays. Dans une période plus récente, je pense que Vatican II a accéléré ce mouvement. La chanson de Brassens : « Sans le latin la messe nous emmerde » résume, sur un registre évidemment rigolard, le sentiment général. De façon un petit peu plus savante et malheureusement moins talentueuse, je dirai que l’Église a protestantisé le catholicisme. Là où le christianisme avait eu le génie depuis 2000 ans de fonder la liturgie sur l’émotion, la hiérarchie catholique a fait sienne la philosophie du protestantisme qui est de faire appel à la raison. Et je pense que ce fut une erreur historique.

Jérôme Fourquet. — Je partage le constat d’Éric Zemmour sur la déchristianisation de la France. En ce qui concerne Vatican II, je ferais volontiers un parallèle avec ce qu’avait tenté Gorbatchev en Union soviétique. Voyant que les lézardes dans le barrage étaient de plus en plus importantes, la hiérarchie catholique comme les dirigeants soviétiques ont essayé de relâcher la pression en desserrant le carcan. Et ce faisant, on n’a fait qu’accélérer un mouvement qui était déjà entamé et qui a finalement tout emporté. L’historien Guillaume Cuchet raconte comment les éléments de piété populaire, faire maigre le vendredi par exemple, ont été abandonnés, parce qu’on préférait que les églises soient moins remplies, mais avec des gens ayant vraiment la foi. Tout cela n’a fait qu’accélérer la déchristianisation. Aujourd’hui, 5 % de la population française va encore à la messe le dimanche. C’était 35 % avant Vatican II. 30 % des enfants sont baptisés à la naissance, contre 70 % au début des années 1980. Les constantes vitales du catholicisme en France sont donc très dégradées. Mais de surcroît, le soubassement culturel et anthropologique judéo-chrétien s’est lui-même disloqué. La citrouille d’Halloween n’a pas encore complètement remplacé le chrysanthème, mais on s’en approche. Dans nos enquêtes récentes, plus personne ou presque ne connaît les fondements de la doctrine chrétienne comme l’Assomption ou la Pentecôte. Le substrat chrétien est en voie d’effacement en ce qui concerne par exemple le rapport au corps, l’institution du mariage, la hiérarchie homme-animal ou les rites funéraires, etc. En 1980, 1 % des obsèques donnaient lieu à une crémation en France. On est à 45 % aujourd’hui. Un autre signe de la déchristianisation est l’évolution des prénoms : en 1900, 20 % de petites filles s’appelaient Marie, c’est 0,2 % aujourd’hui. Le catholicisme, comme les autres religions est non seulement une foi, mais également une identité culturelle, qui est en voie de disparition.

Disparition du prénom Marie en France

Les Américains pensent de plus en plus que le sexe et le genre sont déterminés à la naissance

Les données de 2025 suggèrent que la tendance américaine à croire que les hommes sont des mâles et les femmes des femelles se poursuit.


En 2017, près de la moitié des adultes américains pensaient qu'une personne pouvait être un homme ou une femme indépendamment de son sexe biologique à la naissance.

Sources : Pew, AP Norc


L’Université de Chicago, victime de sa course au prestige


Des ambitions dignes des Ivy League, une facture astronomique


Célèbre pour avoir formé Milton Friedman et plus d’une trentaine de lauréats du Nobel, l’Université de Chicago traverse une grave crise financière. Après quatorze années de déficits budgétaires consécutifs, l’établissement est contraint de réduire la voilure : gel des embauches, suspension de près de vingt programmes de doctorat, et coupes de 100 millions de dollars annoncées cet été.

Cette institution du Midwest, longtemps considérée comme un bastion de rigueur intellectuelle, a voulu rivaliser avec les prestigieuses universités de la côte Est. Sous la présidence du mathématicien Robert Zimmer (2006–2021), l’université s’est lancée dans une série d’investissements colossaux : laboratoires ultramodernes, nouvelles résidences, centre d’arts occupant tout un pâté de maisons, et même un campus flambant neuf à Hong Kong. Objectif : attirer davantage d’étudiants et hausser son profil international.

La dette d’un rêve

Ces projets ont dopé l’attractivité de l’université : le nombre d’étudiants de premier cycle a doublé en vingt ans et le taux d’admission est tombé à moins de 5 %. Mais le rêve a un prix : la dette totale atteint aujourd’hui 4,5 milliards de dollars, un niveau comparable à celui de Princeton ou Yale, bien que Chicago dispose de deux fois moins d’actifs.

Pour financer cette expansion, l’université a souvent recouru à des emprunts à taux élevés, voire à des prêts destinés à couvrir ses frais de fonctionnement — une pratique rare dans l’enseignement supérieur. En parallèle, les frais de scolarité ont explosé : plus de 71 000 dollars par an, soit deux fois plus qu’au début des années 2000.

Malgré une campagne de levée de fonds record (plus de 5 milliards de dollars) et un milliard supplémentaire collecté en 2025, le déséquilibre demeure. Les agences de notation, de Moody’s à Fitch, signalent un secteur universitaire « sous tension » et jugent la situation de l’université « stable mais fragile ».

L’ombre d’un modèle à bout de souffle

Les causes du malaise dépassent le cas de Chicago. Dans tout le pays, les universités prestigieuses sont piégées par une spirale d’endettement née des taux d’intérêt historiquement bas des années 2010. La concurrence pour attirer étudiants et mécènes a déclenché une frénésie de construction et de communication coûteuse, sans garantie de rentabilité.

À Chicago, les rendements du fonds de dotation sont inférieurs à ceux des Ivy League, tandis qu’une grande partie de l’argent reste bloquée dans des placements privés peu liquides. La hausse du coût du travail et la stagnation des subventions fédérales n’ont fait qu’aggraver la situation.

Tensions sur le campus

Sur le terrain, la grogne monte. Des tracts circulent sur le campus : « UChicago : vous dépensez nos frais de scolarité pour réparer vos erreurs », dénoncent des étudiants. Des enseignants fustigent des décisions prises sans concertation, notamment la suspension d’admissions en doctorat.

Les humanités sont les plus touchées. « Nous devons décider quel type d’université nous voulons être », résume la professeure de lettres classiques Carolina López-Ruiz, qui craint une réduction durable des ambitions de recherche au profit de l’enseignement de masse.

Quand l’élitisme se heurte à la réalité financière

L’Université de Chicago n’est pas seule à faire face à ce mur budgétaire : New York University ou l’Université de Californie du Sud affichent elles aussi des déficits croissants. Mais dans le cas de Chicago, symbole de l’excellence académique américaine, le contraste est saisissant : des dépenses d’apparat, une dette colossale et un avenir incertain.

Derrière la façade d’un campus rénové à coups de milliards se profile une question que tout l’enseignement supérieur américain devra affronter : jusqu’où peut-on acheter du prestige avant que la facture ne devienne insoutenable ?

mardi 4 novembre 2025

Timbre « Le Soldat Singh », faire la morale en se cachant derrière l’histoire « méconnue »

Pour commémorer le 11 novembre, Postes Canada vient d’émettre un timbre à l’effigie d’un « Soldat Singh », présenté comme un hommage aux soldats sikhs ayant servi dans l’armée canadienne durant la Première Guerre mondiale. L’image empreinte de pathos montre un soldat barbu et enturbanné qui se penche pensivement devant une tombe militaire.

Une présence infime, un symbole amplifié

En 1914, la communauté sikhe au Canada comptait à peine 1 500 personnes, concentrées surtout en Colombie-Britannique — moins de 0,02 % de la population canadienne.

La législation leur interdisait de voter, d’amener leur famille d’Inde ou d’acquérir librement des terres.

Parmi les Pendjabis installés au Canada, seuls dix ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien pendant la Grande Guerre. Selon une étude de l’Association for the History of Saskatchewan’s Newcomers to Canada, un était musulman, un autre probablement hindou et huit portaient le patronyme sikh Singh (c’est-à-dire Lion). 

Un seul, Buckam (ou Bukkam ou encore Buk Am) Singh, aurait une tombe militaire au pays. Il est mort de la tuberculose en 1919 après son retour au Canada. Il avait été blessé à deux reprises pendant la guerre. On ne lui connaît aucun fait de guerre particulier.

Nous n’avons aucune photo de lui (nous ne savons pas s’il portait un turban ou une barbe). Il mesurait 1,70 m. Ses papiers d’attestation indiquent que son teint était « basané » et, bien qu’il fût sikh, il était enregistré comme appartenant à l’Église d’Angleterre (il n’y avait pas de catégorie « sikh » sur le formulaire). Ayant été intégré dans les unités traditionnelles (« blanches »), il est peu probable qu’il portât un turban.

Une tradition martiale, pas un patriotisme canadien naissant

La tradition martiale sikhe remonte au XVIIᵉ siècle, quand le dixième Gourou, Gobind Singh, fonda la Khalsa, une fraternité de « saints-soldats » chargée de défendre la communauté sikhe contre les persécutions des mogholes musulmans.

Cette culture du courage et de la discipline s’est transmise au sein de l’armée britannique après l’annexion du Pendjab en 1849.

Les Britanniques classèrent les sikhs parmi les « races martiales » de l’Empire — réputées naturellement aptes au combat.

En échange de leur loyauté, ils leur offrirent terres, pensions et respect. Les sikhs s’alliaient ainsi à un empire qui leur permettait de sortir du lot et les protégeaient contre les musulmans et les hindous.

Des dizaines de milliers de sikhs servirent alors dans les armées impériales britanniques, de l’Afrique à la France.

C’est donc d’abord à l’Empire britannique que les quelques sikhs du Canada se sentaient traditionnellement liés, non à une nation canadienne.

Leur service s’inscrivait dans une continuité traditionnelle impériale et non un acte de patriotisme canadien au sens moderne.

Un anachronisme instrumentalisé

Le soldat du timbre, turban et barbe impeccables, est une figure contemporaine. Sur son épaule, on voit « Queen’s ranger » un régiment formé en 1921, soit deux ans après la mort de Buckam Singh. Il s’agit donc d’un anachronisme. Il s’agit d’ancrer le timbre dans la modernité et sa démographie transformée par des grandes vagues successives d’immigration du Pendjab.

En 1915, les rares soldats sikhs (8 ou 9) enrôlés au Canada portaient l’uniforme britannique standard et se rasaient probablement conformément aux règlements militaires en vigueur dans leurs unités à l'époque. Il en allait, bien sûr, différemment pour les unités homogènes sikhes incorporées aux Indes.

L’image proposée est donc une relecture identitaire du passé : elle transpose la visibilité religieuse d’aujourd’hui dans un contexte militaire canadien qui à l'époque ne la reconnaissait probablement pas.

Il s’agit de symbolisme anachronique et non de reconstitution historique.

La mémoire au service de la morale multiculturelle


Pourquoi célébrer une poignée de soldats plutôt que les centaines de milliers d’autres ?

Dans ce contexte, le timbre Soldat Singh ne se veut pas un simple hommage, il cherche à rééduquer et à culpabiliser les Canadiens ignorants, à légitimer la place des immigrants du sous-continent indien en laissant entendre qu’ils se sont sacrifiés pendant la Première Guerre mondiale pour le Canada.

Il ne s’agit pas vraiment de dire « merci », mais de demander « pardon ».

Produire un timbre qui évoque les soldats des minorités raciales engagés dans la Première Guerre mondiale peut se comprendre, mais consacrer le timbre du 11 novembre à une dizaine de soldats sur 600 000 est vraiment disproportionné.

Il est révélateur d’une tendance : celle de transformer le passé en miroir des luttes politiques présentes.

En 1915, la présence sikhe au Canada était infime, et leur engagement relevait de leur fidélité à l’Empire britannique plus que d’un patriotisme canadien.

Le rappeler ne diminue pas leur courage ; cela replace simplement leur participation à sa juste échelle.


La faille atlantique

Dans son nouvel essai, les Deux Occidents, Mathieu Bock-Côté brosse un tableau du gouffre qui s’est créé entre une Amérique trumpiste en pleine révolution conservatrice et une Europe devenue citadelle du progressisme diversitaire. De l’issue de ce choc frontal dépend l’avenir de notre civilisation. Texte de Laurent Dandrieu.  

Le 14 février 2025, à Munich, devant une cohorte de hauts dignitaires européens réunis pour la 61e édition de la Conférence pour la sécurité, le vice-président américain J. D. Vance a tenu un discours qui a fait l’effet, dans cette enceinte policée, d’une véritable déflagration. « La menace qui m ’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ce n’est pas la Chine, ce n’est aucun autre acteur extérieur. Et ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales, des valeurs partagées avec les États-Unis. » Et de brosser un tableau désolant, mais criant de vérité, d’une Europe où l’on peut annuler une élection présidentielle sur simples soupçons d’“ingérence étrangère”, où sous prétexte de traques des “propos haineux”, la liberté d’expression est chaque jour en recul, où une immigration incontrôlée menace la prospérité, l’identité, la sécurité et la survie même de la civilisation européenne, sous l’œil indifférent, voire complaisant, des autorités. La veille de ce discours, un attentat à la voiture-bélier, perpétré à Munich même par un Afghan débouté du droit d’asile, mais toujours présent sur le territoire allemand, attentat ayant fait deux morts et de nombreux blessés, avait confirmé par avance la justesse du diagnostic de JD Vance. Pour autant, au lieu d’être reçu comme une invitation légitime à l’introspection, le discours fut perçu comme une agression, le titre du Monde résumant le sentiment dominant : “J.D. Vance déclare une guerre idéologique à l’Europe.”

C’est ce divorce occidental, entre une Amérique trumpienne qui mène une révolution conservatrice contre le wokisme et tous les délires progressistes qui étaient, jusqu’à l’accession de l’extravagant milliardaire au pouvoir, devenus une forme de pensée unique aux États-Unis jusqu’au sein même du Parti républicain, et une Europe qui tend à se vivre de plus en plus, malgré des résistances croissantes, comme le refuge et le sanctuaire de ces valeurs progressistes, que raconte Mathieu Bock-Côté dans son nouvel essai : “J’entends ici raconter le choc entre la rébellion et l’empire qui contre-attaque.” L’essayiste, devenu l’intellectuel organique de CNews où la profondeur de ses analyses emmène l’info en continu bien au-delà d’un simple ressassement factuel, est bien placé, non seulement pour rendre compte de la vie intellectuelle nord-américaine qu’il suit avec une acuité passionnée, mais aussi de la façon dont l’Europe, et plus particulièrement la France, tend à enfermer la vie de l’esprit dans des limites juridiquement de plus en plus contraignantes — dont les démêlés réguliers de la chaîne de Vincent Bolloré avec l’Arcom ne sont malheureusement qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. De ce point de vue, les interventions médiatiques et les essais de Mathieu Bock-Côté sont beaucoup plus qu’un précieux éclairage : ils sont aussi un appel à la résistance contre ce camp de rééducation à ciel ouvert qu’est devenue l’Europe.

​Venant de beaucoup plus loin que le personnage délirant qui incarne sa “phase carnavalesque”, la révolution trumpienne n’est pas uniquement, nous dit Mathieu Bock-Côté, une réaction contre une gauche wokisée à laquelle Joe Biden servit de paravent, donnant les airs débonnaires d’un politicien à l’ancienne à un Parti démocrate en réalité radicalisé, converti au racisme anti-Blancs, à la cancel culture, au transgenrisme et à la déconstruction généralisée. Le Parti républicain lui-même n’était plus que “l’aile droite du régime diversitaire”, converti au mondialisme, au multiculturalisme, et soumis autant que la gauche au gouvernement des juges et à la domination de l’État profond.

L’élection de Trump, et plus encore son second mandat, bien plus révolutionnaire que le premier, est la résultante, explique l’essayiste, de plusieurs décennies de combat culturel qui virent converger un libertarisme renouvelé et un conservatisme soucieux de renouer avec les origines de ce courant de pensée. Côté libertarisme, Javier Milei, plus encore que Trump, incarne “une nouvelle classe politique insurrectionnelle, identitaire, antimondialiste et antibureaucratique”. Identitaire, parce que ce libertarisme, dont la figure intellectuelle de référence est Murray Rothbard, n’est pas seulement un individualisme exacerbé à la Ayn Rand, mais un “libertarisme enraciné” : c’est cette dimension enracinée qui lui a permis de faire une sorte de convergence des luttes avec un courant traditionaliste, soucieux après la chute du mur de Berlin de réinventer le conservatisme pour éviter qu’au “mondialisme athée” succède un “mondialisme démocratique” qui serait “sa poursuite par d’autres moyens”. Loin d’être une simple “dissolution de la politique dans la télé-réalité”, le trumpisme, porté par ces deux courants de fond, est bien une contre-révolution qui entend revenir sur les révolutions culturelles issues des radical sixties et restaurer une anthropologie traditionnelle : “Celle de l’homme faillible, limité, […] sachant le paradis sur terre impossible et pour cela attaché à un ordre politique contenant la tentation de la toute-puissance propre au pouvoir.”

​L’Europe, de son côté, s’obstine dans la direction inverse, bien qu’elle la conduise de toute évidence à son effondrement politique, civilisationnel et même psychique. Elle s’obstine à défendre “une anthropologie nouvelle : celle de l’homme illimité, autoengendré, devant s’épanouir en déconstruisant […] tous les repères”. Pour l’imposer, “l’État n’est plus ici considéré comme l’organisateur d’une société lui préexistant. L’État doit plutôt arracher la société au monde d’hier, et en fabriquer une nouvelle. C’est le travail de l’ingénierie sociale [qui] exige un contrôle social toujours plus grand”.

Mathieu Bock-Côté détaille les outils de cette ingénierie sociale : un État de droit détourné de sa fonction première de défense des libertés publiques pour devenir un instrument de confiscation de la souveraineté populaire au profit de la nomenklatura du régime diversitaire ; une pression constante sur les médias pour écarter tout récit s’éloignant de la vision idyllique de la société multiculturelle ; une répression de la liberté de pensée s’étendant désormais à la sphère intime ; des processus de contrôle social dont les restrictions liberticides de la période Covid ont constitué le laboratoire ; un changement de peuple qui, en dissolvant les identités nationales, vise à rendre tout retour en arrière impossible, au risque d’une islamisation que la naïveté diversitaire croit pouvoir contenir d’un “coup de baguette laïque”, et au risque que la “créolisation” ne conduise à la “crépolisation”, c’est-à-dire à l’anarchie et à l’ensauvagement généralisés. Mais comme le note Éric Werner, c’est le propre du système totalitaire, qui prospère sur le chaos : car “lui seul est en mesure de maîtriser l’ensemble des problèmes qu’il s’est lui-même ingénié à créer”.

​À cause de ce chaos qui vient de ce côté de l’Atlantique, Mathieu Bock-Côté conclut sur une note étonnamment pessimiste, se demandant si nous ne vivons pas “la fin du cycle de 1492”, qui ne serait qu’une parenthèse de centralité de l’Occident. Il rappelle pourtant que la fracture qui oppose les deux Occidents travaille aussi chaque société occidentale : ce qui veut dire que la contre-révolution trumpienne pourrait bien, sous une forme moins carnavalesque espérons-le, advenir aussi de notre côté de l’océan.

Les Deux Occidents,
par Mathieu Bock-Côté, 
aux Presses de la Cité, 
288 pages

Pourquoi l'extrême centre est antidémocratique - Mathieu Bock-Côté

Chapitrage :

 00:00:00 Pourquoi avoir écrit ce livre ? 

 00:04:19 L’ébranlement de l’ordre post-1989

 00:10:54 Anatomie de « l’extrême centre »

 00:21:16 L’hégémonie de la troisième voie 

 00:26:09 Le progressisme se sent assiégé 

 00:32:34 Mort programmée du « socle commun »

 00:38:12 Existe-t-il une élite de rechange en France ? 

 00:42:32 Contre culture, ou contre-élite ?

 00:49:36 Les tentations totalitaires 

 00:57:17 L’État grossit quel que soit le régime

 01:11:16 Différences culturelles France/Québec 

 01:19:50 Conseil de lecture de Mathieu Bock-Côté 

01:29:59 Pourquoi lire ?

 

Pour des raisons étonnantes, le « centrisme » comme catégorie politique bénéficie d’une sorte de présomption de modération. Pourtant, le New York Times avait démontré dès 2018 que, pays par pays, ceux qui s’identifiaient au Centre étaient les plus hostiles en moyenne à la démocratie.

Dans le fond, certains centristes se perçoivent comme neutres, scientifiques, et objectifs, renvoyant la Gauche et la Droite a des entités partisanes, biaisées, militantes. 

Cette conception de soi ne s’harmonise que difficilement avec l’acceptation du fait majoritaire.

Avec un bloc central agonisant, et sur la défensive, ces tendances antidémocratiques se radicalisent :
  • Élargissement constant et liberticide de la définition des « propos haineux » passibles de justifier la suppression de comptes numériques
  • Élargissement constant et liberticide de la définition de l’État de droit, au point d’en retourner le sens et de la rendre incompatible avec le fait majoritaire
  • La justification de l’annulation d’élections en Roumanie. Un précédent inédit.
Tout ceci favorisera évidemment un contrecoup populiste, des tensions inédites dans le pays, et des « extrêmes » — catégorie qui ne concernerait jamais le Centre — qui se placent en position idéale pour récupérer le fruit électoral.

Et ceux qui ont allumé l’incendie pourront ensuite se poser en pompiers, gardiens de la démocratie.

lundi 3 novembre 2025

« La messe n'est pas dite », appel à un sursaut culturel chrétien

Dans son nouveau livre, l’essayiste et président du Parti Reconquête se livre à un vibrant plaidoyer pour l’identité chrétienne de la France, sa seule voie de salut. En voici quelques extraits. 

Une compétition avec l’islam dans l’espace public 

Depuis le VIIe siècle, c’est l’islam qui déploie et incarne l’étendard d’un Orient toujours en quête de revanche contre l’Occident.

Mais l’Église ne veut rien entendre. Avec à sa tête, jusqu’à sa mort il y a quelques mois, un pape « pacifiste », comme on l’était lors des années 1930, elle s’est perdue dans une quête inlassable de complaisance et de compromis, et s’est obstinée à appeler ami ce qu’elle devrait reconnaître comme ennemi. De concession en concession, il est fait une place de plus en plus grande dans le paysage urbain de l’Occident, et donc dans l’imaginaire des populations européennes, à la religion islamique. Et donc à la civilisation islamique. De plus en plus de mosquées, d’écoles coraniques, de boutiques halal, de nourriture halal, de femmes voilées, d’hommes en qamis. Pour reprendre […] la terminologie de Fukuyama, les formes islamiques imprègnent peu à peu l’espace européen, tandis que les formes chrétiennes s’effacent et disparaissent.

En France, de nombreuses églises sont brûlées, vandalisées, pillées dans l’indifférence générale. En revanche, si la moindre mosquée, la moindre synagogue sont simplement taguées avec des mots insultants, c’est l’émotion générale, les autorités médiatiques, politiques, voire les représentants de l’État, sans oublier les autorités religieuses chrétiennes et juives, s’émeuvent, manifestent dans la rue. Seul l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a suscité une immense et intense émotion planétaire. Certains esprits y ont vu un avertissement divin, annonçant la fin de l’Europe chrétienne.

Quoi qu’il en soit, l’avenir de la chrétienté en Europe s’écrit en lettres de feu dans ce XXIe siècle de tous les dangers : des Européens de moins en moins chrétiens et de moins en moins nombreux, noyés au milieu de musulmans de plus en plus nombreux et de plus en plus musulmans.

Une alliance entre Juifs et catholiques

De plus en plus de Juifs et de plus en plus de catholiques ont pris conscience que seule leur alliance peut sauver la France et l’Europe d’une inéluctable et funeste islamisation. Ils ont compris qu’ils étaient liés par la même menace, celle que résume le fameux proverbe arabe : « Après le samedi, vient le dimanche ». Je parle bien d’une lutte contre l’islamisation, et non contre tous les musulmans. Ce n’est pas la rhétorique prudente. Des personnalités musulmanes, venues d’Algérie, comme les écrivains Kamel Daoud ou Boualem Sansal, sans oublier des réfugiés iraniens qui ont fui le régime islamique de Téhéran, et bien d’autres anonymes — Libanais survivants de la guerre civile, Algériens qui ont échappé aux milices du GIA pendant les années 1990, ou musulmans maghrébins ou africains qui apprécient le mode de vie laïque à la française, respectueux de la liberté individuelle — rejoindront ce combat pour l’identité française. Ils savent, eux, que seule une France française, c’est-à-dire à la fois chrétienne et laïque, peut les protéger de la pression familiale et communautaire qui les somme, non sans violence, d’être de « bons musulmans » et non pas des « sales Français ». Malheureusement, une grande partie de la jeunesse musulmane, née en France mais biberonnée, depuis sa plus tendre enfance, à la haine de soi française et à la culture du ressentiment colonial par l’école de la République et les médias de gauche, ne semble pas partager ce combat pour l’identité française.

Le clivage se situe aussi au milieu des catholiques français et européens. Les uns se sont engagés résolument dans la lutte pour l’identité de la France et de l’Europe, liant foi catholique et civilisation chrétienne. D’autres refusent de voir dans leur foi « une identité », même française et européenne, et s’accrochent aux plis d’une Église universelle (katholikos, καθολικὴ ἐκκλησία) et à son message humaniste.

[…]

C’est la sempiternelle querelle qui divise le christianisme depuis l’origine. Identité ou universalisme ? Une loi ou une foi ? Pierre (et Jacques) ou Paul ? Judéo-chrétien ou ami des gentils ?

On se souvient que l’universalisme humaniste de Paul a permis à la petite secte des adorateurs de Jésus de conquérir le monde romain sans armes, en quelques siècles seulement. Or, cette fois-ci, il ne s’agit pas de conquérir, mais de sauver. Pas d’attaquer, mais de défendre. Pas de gagner les cœurs, mais de sauvegarder les âmes. Après tout, saint Paul lui-même, l’homme des grandes ambitions et des grandes perspectives, ne méconnaît pas les nécessités de la protection de sa famille et de sa nation : « Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, et en particulier de ceux de sa maison, il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. » Un pays ressemble beaucoup à une famille.

[…]

Pour survivre, la chrétienté européenne doit accomplir une […] révolution culturelle. Des évêques aux fidèles, tous doivent comprendre que l’humanisme abâtardi en humanitarisme et l’universalisme abâtardi en mondialisme nous tuent. Ils font le lit de l’islamisation de l’Europe et de la destruction du christianisme d’Europe, conduisant en quelques décennies à une inéluctable minoration démographique, qui entraînera une marginalisation culturelle et une soumission politique. Les peuples chrétiens d’Europe deviendront minoritaires sur leur propre sol : c’est le destin qui les guette s’ils refusent de renoncer à leur ingénuité universaliste. S’ils refusent de défendre dans le christianisme une identité, une culture, une civilisation. S’ils refusent de préserver les fameuses formes chrétiennes qui ont fait l’Europe et de les imposer à tous ceux qui vivent sur le continent européen. S’ils s’avèrent incapables de renouer avec leur vigueur, leur intrépidité, leur courage passé, à peine tempérés par les « paix de Dieu » et le message charitable des Évangiles imposés par l’Église, dans une sorte de catholicisme viril du Moyen Âge.

L’Église commence à muer

Un frémissement […] agite aujourd’hui notre vieille terre chrétienne d’Occident : les messes de rite traditionnel font le plein ; les évangéliques renouent avec le côté festif et liturgique du christianisme des origines, pour le plus grand plaisir d’assemblées de fidèles joyeux et enthousiastes ; le romancier français le plus célèbre, Michel Houellebecq, combat une législation autorisant l’euthanasie et clame sa quête de Dieu ; les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) connaissent un grand succès populaire… Dans le même temps, les colonnes de jeunes gens pérégrinant sur les chemins ardus et caillouteux qui conduisent à la cathédrale de Chartres le lundi de Pentecôte s’étendent indéfiniment d’année en année : les 500 pèlerins de 1983 sont devenus, quarante ans plus tard, près de 20 000 qui proclament haut et fort l’encyclique de Pie XI : « Il faut chercher la paix du Christ par le règne du Christ. » À Lourdes, les églises sont submergées : 20 000 jeunes et adultes se sont fait baptiser à l’occasion du carême qui préparait à la Pâques de 2024 ; les jeunes hommes reviennent peu à peu dans les églises pour se faire baptiser, alors qu’ils avaient depuis des décennies fait place nette aux femmes, ce qui avait fait dire à l’écrivain Joseph Conrad à l’humour très britannique : « Dieu est pour les hommes, mais la religion est pour les femmes. » L’Église catholique de France commence à muer intelligemment en « une contre-société », tenant un contre-discours, refusant le dogme imposé par les lobbys féministes et LGBT et renouant le contact avec de jeunes hommes déboussolés par les coups de boutoir de l’idéologie de genre, alors que ses prêtres avaient, pendant des siècles, entretenu avant tout des relations avec les femmes.

Comme si le « grand remplacement » d’une civilisation par une autre, en cours dans tous les pays d’Occident — catastrophe plus irrémédiable encore qu’une défaite militaire —, associé a l’offensive woke, démolissant sans vergogne les réalités biologiques et anthropologiques les plus profondes, entraînait au sein de la jeunesse occidentale une réaction de survie, un réflexe commandé par la peur de disparaître : Qui suis-je ? Que dois-je défendre ? En quoi crois-je ? En qui puis-je espérer ? Qui peut me sauver ?


La Messe n’est pas dite, 

par Éric Zemmour, 
chez Fayard, « Pensée libre »,
128 pp.


États-Unis : l’enseignement de l’histoire amorce un retour à l’équilibre

Des programmes militants remis en question

Longtemps dominé par une vision « progressiste » de l’histoire et de la société, le monde de l’éducation américain vit aujourd’hui une profonde réévaluation.

Sous l’effet conjugué des pressions politiques, des controverses publiques et d’un ras-le-bol grandissant face à l’idéologie militante dans les écoles, plusieurs États et grandes institutions universitaires ont commencé à revoir leurs programmes — parfois à les retirer purement et simplement.

Dans de nombreux cas, il s’agit de corriger des excès idéologiques : des manuels centrés sur la « race », le « genre » ou le « colonialisme » sont mis de côté, tandis que les cours d’éducation civique ou d’histoire reviennent à des contenus plus factuels et moins polémiques.

Fin d’un cycle d’endoctrinement éducatif

La Californie, bastion démocrate, illustre bien cette inflexion.

Après avoir voulu rendre obligatoire un cours d’« études ethniques » au secondaire — discipline souvent militante, accusant l’Occident et Israël de colonialisme —, l’État a finalement suspendu son financement.

Désormais, les districts scolaires ne sont plus tenus d’offrir ce cours, et les enseignants de San Francisco doivent s’en tenir à un manuel unique, expurgé de tout contenu idéologique lié au conflit israélo-palestinien.

Ce recul marque un tournant symbolique pour un État longtemps à la pointe du militantisme éducatif. « Même les démocrates de centre gauche s’éloignent de ces idéologies gauchistes, devenues un handicap politique », résume le penseur conservateur Christopher Rufo. Selon ce militant conservateur qui a milité pour ces changements dans l’éducation, le retour au pouvoir de Donald Trump n’a qu’accéléré le mouvement du pendule. Depuis cinq ans, au moins 20 États ont adopté des lois encadrant les discussions en classe sur la race, le genre et l’histoire américaine.

Des institutions sous pression pour plus de neutralité

Le mouvement touche aussi le monde universitaire.

L’Université Brown, connue pour ses programmes d’éducation sociale, a fermé son programme “Choices”, utilisé depuis trente ans dans de nombreuses écoles secondaires.

Conçu à l’origine pour encourager la réflexion critique, le programme avait glissé vers une approche partisane, notamment dans ses modules sur le Moyen-Orient, accusés d’entretenir un biais anti-israélien.

Officiellement, l’université invoque des raisons budgétaires, mais des documents internes montrent que la baisse de la demande et les controverses autour de ses contenus ont pesé lourd dans la décision.

Les archives en ligne ont été effacées, et les plans de cours — représentant plus de 200 000 $ de matériel pédagogique — ne seront pas redistribués.

L’Anti-Defamation League (ADL), pourtant pilier militant du mouvement antiraciste américain, a elle aussi retiré des dizaines de leçons de son site.


Parmi les sujets supprimés : l’identité transgenre (voir ci-dessus), les microagressions, ou encore les stéréotypes de genre dans les jeux vidéo. Comme on peut le voir le programme cherchait à faire naître l'empathie envers les adolescents dits transgenres.

Officiellement, ces contenus sont « révisés », mais leur retrait marque un virage vers davantage de prudence et de neutralité dans le traitement des questions sociales.

Des enseignants désormais plus prudents

Même les organismes non partisans ressentent ce changement.

iCivics, plateforme d’enseignement fondée par l’ancienne juge de la Cour suprême Sandra Day O’Connor, note une baisse de fréquentation de certaines de ses leçons, notamment celles sur la séparation des pouvoirs ou la Constitution.

Les enseignants, craignant d’ouvrir des débats politiques houleux, se concentrent sur des documents primaires et des explications neutres, évitant de commenter l’actualité ou les personnalités politiques.

L’organisation encourage cette approche : enseigner le fonctionnement du gouvernement américain sans glisser dans le militantisme, en s’appuyant sur les textes fondateurs plutôt que sur les débats idéologiques du moment.

Un recentrage bienvenu

L’ensemble de ces évolutions traduit une prise de conscience croissante : l’école ne peut pas être un laboratoire d’expérimentations idéologiques.

Le rôle de l’enseignement de l’histoire et de la citoyenneté est d’instruire, non de militer.

Alors que la polarisation politique continue de diviser la société américaine, de plus en plus d’éducateurs, de parents et de responsables politiques appellent à un retour à la neutralité, au pluralisme et à la rigueur historique.

Ce recentrage, encore fragile, pourrait bien marquer la fin d’une époque où l’éducation servait d’instrument à des combats identitaires, au détriment de la transmission des savoirs et du sens civique.

dimanche 2 novembre 2025

Accords de 1968 entre la France et l'Algérie : les privilèges et les coûts

 
 Eric Zemmour a réagi aux récentes déclaration de monsieur Nunez sur l'Algérie. Il a dénoncé son positionnement et le fait qu'il allait se coucher devant ce pays ennemi qui cherche à nous coloniser et à créé le trouble en France. Eric Zemmour appelle à la fin des négociations avec l'Algérie et à la prise d'un rapport de force.
 

Billet du 30 octobre 2025

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Francophonie — L’Algérie [qui se tourne vers l’anglais] en déclin économique, devient le pays le moins riche du Maghreb [Maroc plus francophone la dépasse]

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Alger ordonne la chasse au français dans les écoles

Algérie : des porteurs de drapeaux berbères écopent de 6 mois de prison ferme. Une vingtaine de personnes avaient été arrêtées lors d'une manifestation le 17 septembre 2019 à Alger, dont une majorité pour avoir brandi des drapeaux berbères.
 
 
 
 
 

À l'ère de l'IA, faut-il encore faire des études ?

L’entendez-vous, cette petite musique qui monte tout doucement ? Les étudiants et les diplômés seraient trop nombreux, superflus, voire parfois carrément inutiles. En publiant Le Chaos qui vient, traduit en français par les Éditions du Cherche midi, Peter Turchin avait sonné le tocsin. Nos sociétés occidentales, assure-t-il, produisent plus d’aspirants à l’élite qu’il n’y a de places disponibles. Selon l’anthropologue américain, ce déséquilibre a des conséquences catastrophiques : l’appauvrissement des classes populaires et l’émergence d’une génération de déclassés, frustrés au point de menacer l’édifice social tout entier. Milan Kundera, déjà, dans L’insoutenable Légèreté de l’être, faisait dire à Franz : «Il y a de plus en plus d’universités et d’étudiants. Pour décrocher leurs parchemins, il faut qu’ils se trouvent des sujets de diplômes. Il y a un nombre infini de sujets, car on peut disserter sur tout. Les liasses de papier noirci s’accumulent dans les archives qui sont plus tristes que des cimetières parce qu’on n’y vient même pas à la Toussaint. »

Et voilà que surgit l’intelligence artificielle. Dans leur nouveau livre, Ne faites plus d’études : comment apprendre à l’ère de L’IA ? (Buchet-chastel), le médecin et conférencier charismatique Laurent Alexandre et l’économiste Olivier Babeau prédisent la fin de «l’aristocratie des talents» . Ils ne s’interrogent pas sur l’éventualité d’un cataclysme. Pour eux, l’affaire est entendue : « les robots ouvriers auront les mêmes compétences que celles du polytechnicien ». Ils spéculent seulement sur la date de péremption des formations traditionnelles.

Le glas des « je-sais-tout-je-vais-à-la-fac », moqués dans l’excellente série satirique américaine South Park, aurait sonné. À quoi bon s’encroûter sur les bancs de la faculté de médecine si CHATGPT 5 peut diagnostiquer une maladie rare mieux qu’un interne en médecine après sept années d’études ? L’IA est déjà quatre fois plus performante dans les diagnostics médicaux, d’après Laurent Alexandre, chirurgien de formation. Et pourquoi débourser 15 000 euros par an pour une école de commerce quand un agent conversationnel peut produire une stratégie marketing impeccable en quelques secondes ? Sam Altman, le patron d’openai, a déclaré que son enfant n’étudierait « probablement pas» à l’université. On rétorquera au créateur de CHATGPT qu’il a tout intérêt à jouer les bonimenteurs pour vendre son élixir miracle.

Certains titres desservent leurs auteurs et le contenu de leur œuvre. Cet ouvrage volontairement provocateur, en fait partie. Il aurait dû s’intituler « Ne faites plus d’études telles qu’on les connaît » ou « Apprenez autrement ». « La bonne question n’est plus “quelle école dois-je intégrer ?” mais “quelles compétences dois-je maîtriser pour atteindre mon objectif ?”», résument-ils. En réalité, le médecin énarque et le docteur en sciences de gestion conseillent moins de briser le moule qui les a façonnés que de repenser l’architecture de la connaissance. Les « rois » du marché du travail de demain seront «les compositeurs d’intelligence», assurent-ils. Derrière cette formule barbare, aux airs de mantra de développement personnel tout droit sorti du réseau social Linkedin, se dessine une idée plus stimulante. Le savoir de demain sera hybride par nécessité, s’appuiera sur la puissance des algorithmes et marquera « la revanche des autodidactes » face à ceux accrochés aux diplômes comme à la bouée d’un bateau académique en plein naufrage.

Cette tectonique des plaques cognitives tient de la rupture civilisationnelle à en croire les auteurs, qui la comparent à « l’invention du feu ». Toute révolution couronne ses élus. Qui seront ceux de L’IA ? Aux côtés des magnats de la tech, les rois de demain, selon la prophétie des auteurs, certaines professions pourraient être reconsidérées. Les aides-soignants, auxiliaires de vie, sages-femmes, éducateurs spécialisés… un tas de professions où l’on ne roule pas sur l’or, mal rétribuées dans nos sociétés obsédées par les cols blancs, vont gagner en valeur. Celles « du soin et du lien ». CHATGPT ne change pas la couche de votre bambin, Mistral ne prend pas la main de votre grand-mère souffrante et « désamorcer une crise d’angoisse, aucune IA ne peut réellement s’y substituer ».

Pour ceux qui s’obstinent à travailler dans le domaine des services, une compétence vaudra son pesant de cacahuètes sur le marché de l’emploi : le « faire savoir ». Les auteurs conseillent aux futurs étudiants de ne plus chercher à «accumuler les notes ». « Ce que vous montrerez vaut mille fois plus que ce que vous déclarerez avoir appris, déclarent-ils. La compétence ne se proclame plus. Elle s’expose. » C’est en tout cas ce qu’ils exposent.

Est-ce à dire que les «premiers de cordée» seront des influenceurs de leur supposé savoir ? Des marchands de leurs compétences avant d’être des sachants ? Babeau et Alexandre assurent qu’ils ne font pas « une apologie du décrochage », louent les vertus de « l’ennui » pour la créativité et insistent sur la fracture à venir : d’un côté, les lecteurs et les connaisseurs d’une histoire millénaire, capables de « reconnaître le doute, détecter le biais, sentir l’absurde et le dangereux derrière la belle tournure » des IA, et de l’autre ceux engloutis dans une époque où la moitié de notre temps libre est déjà vampirisée par les écrans, où nos adolescents s’abîment en scrollant sur Tiktok. « Les livres érigeront les fondations du château de vos savoirs », écrivent-ils. Dans le flot de livres sur l’IA publiés par les maisons d’édition chaque mois depuis deux ou trois ans, Ne faites plus d’études prend, à sa manière, ses distances avec les techno-béats de la Silicon Valley, sans tomber sans le luddisme primaire. Une vertu qui souligne à elle seule l’intérêt du livre.


Source: Le Figaro


samedi 1 novembre 2025

Trump annonce une possible intervention militaire au Nigeria

Le président américain Donald Trump a exprimé samedi son intention de prendre des mesures militaires si le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, ne met pas fin à ce qu’il décrit comme des « meurtres de chrétiens » perpétrés par des « terroristes islamistes ».

Un policier monte la garde à l’intérieur de l’église catholique Saint-François, au lendemain d’une attaque qui a visé des fidèles à Owo, au Nigeria, en 2022.

« Si le gouvernement nigérian continue de tolérer les meurtres de chrétiens, les États-Unis cesseront immédiatement toute aide au Nigeria et pourraient envisager une intervention dans ce pays avec une action décisive pour éliminer complètement les terroristes islamistes responsables de ces actes graves », a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social.

« Je demande au ministère de la Guerre de se préparer à une éventuelle action », a-t-il ajouté. 

Avertissement : le gouvernement nigérian a intérêt à agir rapidement ! », a-t-il insisté en majuscules.

Vendredi, Donald Trump a placé le Nigeria sur la liste des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse, estimant que « le christianisme y est confronté à une menace existentielle ». « Les islamistes radicaux sont responsables de ce massacre de masse », avait-il affirmé dans un message précédent. « Il faut agir lorsque des chrétiens, ou tout autre groupe, sont massacrés comme c’est le cas au Nigeria », a-t-il ajouté.

Samedi, le président nigérian Bola Tinubu a réagi sur X, affirmant que « la caractérisation du Nigeria comme un pays intolérant sur le plan religieux ne reflète pas notre réalité nationale ».

Cette décision de Donald Trump intervient après plusieurs mois de démarches de la part d’élus américains conservateurs, qui estiment que les chrétiens au Nigeria font face à de graves difficultés. Ces préoccupations ont également été relayées par des associations chrétiennes et évangéliques, ainsi que par certains responsables politiques européens.


Contexte sécuritaire au Nigeria

Le Nigeria fait face à de nombreux défis sécuritaires. Dans le nord-est, l’insurrection djihadiste de Boko Haram, active depuis 2009, a causé plus de 40 000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes, selon les estimations des Nations unies. 

Bien qu’affaiblis, Boko Haram et son groupe dissident, la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP), restent actifs.

Au centre du pays, des affrontements entre éleveurs peuls, majoritairement musulmans, et agriculteurs, souvent chrétiens, surviennent régulièrement. Ces conflits, souvent perçus comme interreligieux, trouvent principalement leurs origines dans la concurrence pour l’accès aux terres.

Dans le nord-ouest, des bandes criminelles, appelées localement « bandits », sèment la terreur en attaquant des villages, en tuant, en kidnappant pour des rançons et en incendiant des maisons après les avoir pillées.

Mi-octobre, le conseiller pour l’Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, basé au Nigeria depuis plusieurs décennies, a indiqué que les djihadistes tuaient « plus de musulmans que de chrétiens ».

Le Nigeria est divisé de manière presque égale entre un nord à majorité musulmane et un sud majoritairement chrétien.

Cette attention particulière portée aux chrétiens nigérians s’inscrit dans la continuité des positions de Donald Trump concernant les Afrikaners, descendants européens établis en Afrique du Sud depuis 1652.

Voir aussi

L’Occident reste indifférent alors que des chrétiens sont massacrés et persécutés dans le monde entier

Le Nigéria a connu en 2023 l’année la plus sanglante en matière d’attaques islamistes contre les chrétiens (8000 chrétiens assassinés)

Nigéria : 38 millions d’habitants en 1950, 190 millions en 2018, 400 millions en 2050 ?

France — Actes antichrétiens : l’assourdissant silence des médias et de la classe politique

Attaque de colons sionistes contre un village chrétien palestinien (Taybeh/Tayibé)

Les communautés chrétiennes en Israël font face à une hostilité croissante, selon un rapport annuel

Le Noël tourmenté des chrétiens d’Orient

Syrie — Au moins 20 morts dans un attentat contre une église grecque-orthodoxe

« Certains Israélites crachent sur les chrétiens qu’ils croisent à Jérusalem », Mgr Gollnisch de l’Œuvre d’Orient

Nouvelle enquête de Reuters sur les massacres d’Alaouites. Les forces syriennes ont massacré 1 500 alaouites. La chaîne de commandement a conduit à Damas.

Révisionnisme — Pour Mélenchon, Saladin a permis aux Occidentaux de construire les cathédrales

 

jeudi 30 octobre 2025

« Nous ne sommes pas en URSS, mais... »

Question. — De livres en livres, d’articles en d’articles, vous ne cessez de pointer la dérive autoritaire, voire totalitaire du camp progressiste. Dans Les Deux Occidents (La Cité), vous allez jusqu’à présenter la victoire de Trump comme une libération et expliquer que le monde occidental est désormais divisé en deux blocs antagonistes : un nouveau rideau de fer séparerait l’Amérique trumpienne d’une Europe dominée par des forces d’« extrême centre ». Avez-vous vraiment le sentiment que l’Union européenne est en train devenir la nouvelle Allemagne de l’Est ou la nouvelle Union soviétique ?

Bock-Côté. — Je n’ai jamais dit que Trump était une libération, mais qu’une bonne moitié de l’Amérique, au moins, l’a vécu ainsi. Le wokisme était devenu tyrannique. Le commun des mortels ne comprenait pas la banalisation de la censure à grande échelle pour lutter contre la « haine », qu’on traite les enfants comme les cobayes de la théorie du genre, qu’on institutionnalise le racisme antiblanc à travers le paradigme du DEI (diversity, equity, and inclusion, une expression résumant les trois principes établis pour promouvoir l’inclusion et la lutte contre les discriminations envers des groupes historiquement minoritaires ou minorisés, NDLR), qu’on légitime une immigration massive devenue inassimilable ou que la puissance américaine se perde dans une forme de guerre perpétuelle pour assurer la promotion de la « démocratie » dans le monde. Alors le commun des mortels s’est révolté en votant pour un homme improbable, extravagant, brutal, qui dira le contraire, entendant renverser la table. Cette victoire de la révolte populiste au cœur de l’empire, à Washington, a fait paniquer la nomenklatura européenne, qui s’est jurée d’empêcher la victoire des insurgés chez eux, et qui aujourd’hui, entend verrouiller les institutions politiques, sous le signe de l’État de droit, pour à tout prix empêcher les populistes d’arriver au pouvoir. Je crois que nous parlerons de ces moyens dans notre entretien.

mercredi 29 octobre 2025

Tension en Israël : les juifs ultra-orthodoxes réprimés violemment (m à j. vidéo Montréal)

Rarement a-t-on vu autant de juifs hassidiques manifester au centre-ville de Montréal. Ils étaient plusieurs centaines à se diriger hier soir au consulat d’Israël. L’enjeu tourne autour de l’obligation de servir le pays en zone de guerre. Cette communauté en est actuellement exemptée.


En Israël, des juifs ultraorhodoxes de la communauté haredim (les « pieux ») s’opposent à l'engagement militaire de leur pays au Proche-Orient. 

À la suite des attaques terroristes du 7 octobre, Israël a mobilisé son armée sur de nombreux fronts. Avec un besoin d’hommes important pour mener ses campagnes militaires, le pays s’est tourné vers les Haredim, une communauté d’ultra-orthodoxes juifs, exemptés jusqu’alors de service militaire.

Depuis plusieurs mois, les Haredim manifestent contre les guerres d’Israël et pour sauvegarder leur statut spécial, estimant que leur judéité doit se traduire dans leur pratique religieuse et non par des campagnes militaires.
 


Voir aussi 

Brève : mise à jour de l'indice de fécondité en Israël pour 2024 et (1T2025)

Israël a besoin de plus de troupes, mais la coalition au pouvoir ne veut pas enrôler les ultra-orthodoxes. (2024)

Les « séminaristes » Israéliens ultra-orthodoxes s'opposent au service militaire (2024)

En Israël, le taux de fécondité en 2022 était de 3 enfants par femme (1,49 au Québec; 1,80 en France; 1,39 en Suisse et 1,53 en Belgique)

Les communautés chrétiennes en Israël font face à une hostilité croissante, selon un rapport annuel

Le Noël tourmenté des chrétiens d'Orient

« Certains Israélites crachent sur les chrétiens qu’ils croisent à Jérusalem », Mgr Gollnisch de l'Œuvre d'Orient

Un journaliste israélien se fait passer pour un prêtre - et se fait cracher dessus à Jérusalem (juin 2023)

Attaque de colons sionistes contre un village chrétien palestinien (Taybeh/Tayibé) (2025)

 

 

 

 

Erasmus la nouvelle auberge...maghrébine ?

L’Union européenne envisage d’intégrer des pays du Maghreb et du Proche-Orient au programme Erasmus. Une nouvelle route à sens unique pour l’immigration.

C’était au début du siècle. En 2002, sortait dans les salles françaises L’Auberge espagnole, avec Romain Duris et Cécile de France. Film choral sur la vie de huit étudiants européens partageant un même appartement à Barcelone, le long-métrage de Cédric Klapisch allait devenir emblématique de la génération Erasmus, du nom du programme universitaire d’échange. Deux décennies plus tard, Klapisch pourra bientôt tourner une suite intitulée… « L’Auberge algérienne » ! Le premier film faisait l’éloge de l’ouverture européenne. Cette fois, il s’agirait de vanter l’inclusivité des dictatures arabes. Klapisch pourrait même imaginer un scénario où l’Algérie démontrerait tout son sens de l’hospitalité en retenant sur son sol ses étudiants européens. Cela ressemble à une blague, c’est pourtant tout ce qu’il y a de plus sérieux : l’Union européenne envisage d’intégrer des pays du Maghreb et du Proche-Orient au programme Erasmus. Les 10 pays concernés sont l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, les territoires palestiniens, la Syrie et la Tunisie. Au moment même où le budget 2026 présenté par Sébastien Lecornu supprime les aides personnalisées au logement (APL) pour les étudiants étrangers hors UE non boursiers, la Commission européenne entend accueillir encore davantage d’élèves émanant de ces pays. Rappelons par ailleurs qu’en 2023, cette même Commission a exclu la Hongrie du programme Erasmus sous prétexte que Viktor Orbán entraverait l’État de droit et ciblerait des minorités. Est-ce à dire qu’aux yeux de l’UE, le régime du chef de gouvernement Orbán, démocratiquement élu, est moins fréquentable que celui du président Tebboune, qui détient arbitrairement dans ses geôles Boualem Sansal et Christophe Gleizes ? Ou moins respectable que le Hamas, qui exécute les homosexuels en les jetant du haut des immeubles ?

Cet élargissement d’Erasmus s’inscrit dans le pacte pour la Méditerranée et s’accompagne d’un doublement du budget consacré à cette région, qui passerait à 42 milliards d’euros. Une « université méditerranéenne » délivrant diplômes conjoints devrait aussi voir le jour. « La région méditerranéenne constitue un pont vital », peut-on lire dans le pacte. Plus qu’un pont, il faut y voir une route à sens unique. En vérité, on imagine mal les jeunes Français ou les jeunes Italiens se précipiter à Gaza ou à Tripoli pour poursuivre leurs études.

En revanche, il ne fait aucun doute qu’une partie des étudiants extra-européens resteront en Europe une fois leur année Erasmus achevée. La commissaire Dubravka Suica, qui porte le projet, ne cache d’ailleurs pas que l’un des objectifs de la Commission est de « faciliter la délivrance des visas » et d’ouvrir des « voies légales pour répondre aux besoins de main-d’oeuvre de l’Europe ». En France, l’immigration étudiante est déjà, depuis 2022, le principal motif d’octroi des premiers titres de séjour. Huit ans après leur arrivée pour motif étudiant, 61 % des Algériens ont gardé un titre de séjour en France, dont les deux tiers pour motif familial. Tout cela en dit long sur l’Europe voulue par Bruxelles. Si la montée des partis dits « populistes » témoigne de la révolte des peuples contre l’immigration de masse, la technostructure européenne n’entend rien céder et poursuit son projet utopique d’UE supranationale coupée de ses racines culturelles. Une Europe qui ne serait plus une civilisation, mais une auberge mondiale.

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