samedi 20 décembre 2025

À Paris, l’inexorable chute du niveau dans les très bons lycées publics

Depuis la réforme d’Affelnet en 2021, l’origine sociale compte autant que les notes, si ce n’est plus, pour intégrer un établissement réputé. Et les résultats ont considérablement baissé. Affelnet (Affectation des élèves par le Net) est la plateforme informatique du ministère de l'Éducation nationale français qui gère l'affectation centralisée des collégiens de 3e dans les lycées publics (seconde générale, technologique, professionnelle ou CAP) en fonction de leurs vœux, résultats scolaires, critères sociaux et localisation géographique, grâce à un algorithme qui classe les élèves pour leur attribuer une place dans un établissement à la rentrée

L’indice de positionnement social utilisé pour organiser la mixité scolaire augmente les candidatures des élèves des collèges défavorisés et pèse sur les résultats des lycées élitaires. 

Lycée Charlemagne. En 2025, Charlemagne s’est ainsi tout juste maintenu dans le top 100 du classement du Figaro Étudiant.

Condorcet, Charlemagne, Lavoisier, Sophie-Germain, Fénelon… Dans l’esprit des familles parisiennes attachées à l’école publique, ces noms riment encore avec réussite scolaire. Des lycées prisés pour leur exigence et leurs bons résultats.

Pourtant, la situation a bien changé depuis 2021 et la réforme d’Affelnet, cette plateforme de répartition des élèves de 3e vers le lycée. Le recteur de l’académie de Paris et chef d’orchestre de la réforme, Christophe Kerrero, l’avait du reste annoncé : le problème, c’était les « lycées de niveau» (comprendre, les établissements élitistes et attractifs). Puisqu’ils engendraient une « anxiété généralisée », le rectorat entendait introduire davantage de mixité sociale et scolaire dans les établissements de la capitale.

Objectif atteint : entre 2019 et 2023, la « ségrégation sociale » a baissé de 49 %, et la « ségrégation scolaire » de 39 % dans les lycées publics parisiens, selon le bilan du comité de suivi de la réforme de mars 2024. Mais cette mixité scolaire, et l’accueil d’élèves au niveau plus hétéroclite, présentés de manière positive par le rectorat, ont conduit à une baisse du niveau des meilleurs lycées publics parisiens. Une crainte exprimée au moment de la réforme par une partie des parents d’élèves et des enseignants des lycées les plus prestigieux.

Les résultats du baccalauréat 2024 permettent de comparer équitablement le niveau des élèves de terminale de la première promotion recrutée via Affelnet en 2021, sur la base de leurs performances à un examen national. Selon les données compilées par Le Figaro, le niveau a sensiblement baissé dans plusieurs lycées parmi les plus réputés. Le lycée Condorcet (9e arrondissement) obtenait ainsi 40% de mentions « très bien » (entre 16 et 18/20 de moyenne) en 2022, et 45 % en 2023. En 2024, ce taux est tombé à 25 %. Les mentions « félicitations du jury» (18/20 de moyenne au moins) ont aussi chuté à 3 %, contre 7 et 9% précédemment. La baisse s’observe aussi au classement annuel des lycées du Figaro Étudiant, qui prend notamment en compte les résultats au baccalauréat de l’année précédente : 17e en 2023, 14e en 2024, Condorcet est tombé à la 54e place en 2025 (bac 2024).

Cette réalité n’a pas échappé aux parents d’élèves de l’établissement. « Le lycée reçoit des gens qui n’ont plus le niveau par rapport à celui qu’on constatait auparavant », témoigne Emmanuel Garot, président de la Peep (la deuxième fédération de parents d’élèves sur le plan national), longtemps engagé auprès du lycée Condorcet. « Il y a toujours de bons élèves, il y a plus de mentions “bien”, mais on est moins sur l’excellence. »

Depuis sa réforme, Affelnet organise cette mixité scolaire en combinant les résultats scolaires de l’élève, la proximité géographique des lycées demandés, mais aussi le fameux « bonus IPS » (« indice de positionnement social») fondé sur la profession des parents. Ce critère favorise considérablement les candidatures des élèves des collèges défavorisés au détriment de ceux des établissements de meilleur niveau. Contacté, le rectorat de Paris n’a pas souhaité réagir.

Au-delà des résultats, l’adaptation des élèves n’est pas toujours simple. « Pour certains élèves priorisés grâce à leur IPS, c’est un vrai cadeau empoisonné », souligne Sébastien Friedrich, représentant de la Peep pour le collège Condorcet. « Ils vont se faire laminer par des profs qui ne changent pas leur pédagogie ni leur façon de noter. À l’inverse, les élèves basculés des bons collèges vers des lycées moins bons vont parfois se retrouver stigmatisés parce qu’ils bossent, alors qu’ils sont entourés d’élèves qui ne bossent pas ! Le risque, c’est qu’ils finissent eux-mêmes par devenir très moyens. »

D’autres parents d’élèves y voient une formidable chance pour leurs enfants. Grâce à la réforme et un bonus IPS maximal, la fille de Claire, qui était inscrite dans un collège peu réputé de l’est parisien, a pu intégrer le prestigieux lycée Sophie-germain (4e arrondissement).

« Ma fille avait 16 de moyenne, donc elle a mérité sa place », souligne Claire, qui se dit satisfaite de la réforme. « Je ne crois pas que le niveau ait baissé, ce sont encore les bons dossiers qui passent, mais il y a plus de mixité, c’est certain. »

Sophie-Germain a pourtant connu la même trajectoire que Condorcet. Ainsi, 95 % des élèves ont obtenu le baccalauréat avec mention en 2022 et 2023. Ils n’étaient plus que 8 sur 10 en 2024. Les mentions « très bien », elles, sont passées de 27% à 17% seulement. Au classement du Figaro Étudiant, l’établissement a rétrogradé de 100 places entre 2024 et 2025 (résultats du bac 2024). À quelques pâtés de maisons, la situation est comparable pour le lycée Charlemagne (4e arrondissement) : seulement un bachelier sur quatre avec mention «très bien» en 2024 contre environ 37 % les années précédentes. Les « félicitations » sont passées de 4 % à 1 %.

« Le lycée Condorcet reçoit des gens qui n’ont plus le niveau par rapport à celui qu’on constatait auparavant »

Emmanuel Garot président de la Peep

En 2025, Charlemagne s’est tout juste maintenu dans le top 100 du classement du Figaro Étudiant (99e place), alors qu’il était 26e et 7e les années précédentes. Ce, alors même que le comité de suivi de la réforme regrettait, dans son dernier bilan, que l’établissement recrute encore trop de bons élèves : 74 % des élèves qui sont entrés en seconde en 2022 avaient encore plus de 15/20 de moyenne. Ils étaient 69 % en 2023.

Les grands perdants de cette mixité scolaire imposée sont les familles des quartiers bourgeois de la capitale. Avant la réforme, l’académie de Paris était divisée en quatre secteurs géographiques. Affelnet valorisait les candidatures des collégiens pour un lycée de leur secteur. Depuis la réforme de 2021, chaque collège se voit assigner cinq lycées (dits « lycées de secteur 1»), de niveau variable, situés à proximité. Mais beaucoup constatent que leurs enfants, en dépit d’un excellent niveau, n’ont plus accès ou presque aux meilleurs lycées de leur secteur faute de bonus IPS (Lavoisier, Fénelon, Charlemagne, Sophie-germain, Turgot, Condorcet, Chaptal, Carnot…).

Les collégiens d’Henri-IV peuvent par exemple postuler théoriquement à Sophie-Germain, Fénelon, Lavoisier et dans les moins réputés lycées Paul Bert et Rodin. Sauf qu’il était quasi impossible d’accéder aux trois premiers pour un collégien sans bonus IPS (comme à Henri-IV) en 2023, selon les données compilées par Frédéric Gaume. Agnès*, parent d’élève d’un collégien d’Henri-IV, s’attend à ce que son fils, pourtant bon élève, n’intègre pas l’un de ces lycées faute de bonus IPS. « La plupart des parents acceptent l’impératif de mixité sociale, mais la mixité scolaire pose question », s’insurge la mère de famille. « C’est difficile d’expliquer à mon ado que le travail paye, alors que dans les faits non, le travail ne paie pas!» Certains élèves sont donc contraints à étudier dans des lycées moyens (dans le meilleur des cas) pour y jouer le rôle d’éléments moteurs. Dans le même temps, le niveau des lycées Lavoisier (5e arrondissement) et Fénelon (6e arrondissement), moins accessibles à ces profils de bon niveau, a baissé. Les terminales de Lavoisier n’ont ramené que 25 % de mentions « très bien » et 1 % de « félicitations » en 2024 contre 38% de « très bien » et 4% à 6% de « félicitations » en 2022 et 2023. Dans l’arrondissement voisin, rue de l’éperon, le taux de mentions « très bien » des bacheliers de Fénelon est passé de 42 % à 32 % sur la même période.

Le lycée Henri-IV et son non moins prestigieux voisin de la colline Sainte-Geneviève, Louis-le-Grand, font figure d’exception. Leur intégration à Affelnet en 2022, un an après la réforme, avait suscité une levée de boucliers, puisqu’elle signait la fin de la sélection sur dossier (à l’exception des collégiens non-parisiens) des candidats les plus brillants, faisant craindre, là encore, une baisse de niveau. Pour calmer la colère, les deux meilleurs lycées publics de Paris ont bénéficié d’un traitement de faveur : ils sont accessibles à tous les collégiens de Paris et des quotas selon les collèges d’origine (favorisés, intermédiaires, défavorisés) ont été introduits pour atténuer le poids de L’IPS. Un système sur mesure qui avait l’avantage de renforcer la mixité sociale mais pas scolaire, et donc de conserver le caractère élitiste des lieux. Le bilan 2023 du comité de suivi de la réforme faisait donc état d’une diversification sociologique des profils chez les admis en seconde, mais d’un niveau stable et même en légère hausse compte tenu des résultats au brevet.

Les résultats du bac 2025 transmis par ces deux établissements témoignent d’un niveau stable. La première promotion de terminales recrutée via Affelnet a obtenu des résultats comparables aux années précédentes avec 30 % de « félicitations » et 50 % de « très bien » à Louis-le-Grand et 63 % de mentions « très bien » et « félicitations » à Henri-IV. « Certains disaient que ça allait être l’effondrement du niveau, or il n’en est rien », soulignait en septembre Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand, auprès du Figaro. « Parcoursup, réussite et mentions au baccalauréat, concours général... tous les voyants sont au vert. L’équilibre est maintenu. »

Le célèbre concours général, précisément, est le seul point d’alerte pour le lycée Henri-IV. L’établissement, qui partageait le podium des lycées les plus titrés avec Louis-le-grand et Stanislas ces dernières années, s’est effondré en 2025 avec seulement trois récompenses et une décevante 13e place au classement du Figaro Étudiant. «C’est une année sans», balayait en septembre la proviseur du lycée, Stéphanie Motta-Garcia, qui confiait n’avoir « pas d’éléments d’explication objectifs à apporter », mais se disait persuadée que cela n’était pas lié à Affelnet.

De fait, les mentions au baccalauréat, qui témoignent d’un niveau stable, sont un indicateur plus fiable qu’un concours auquel seul une petite partie des élèves, les meilleurs, se présentent. Pour autant, le concours général reste un élément de réputation important pour ces lycées élitistes. « Cela fait très longtemps que le premier thermomètre qu’on a sur ce genre de lycée, ce n’est plus le bac mais le concours général », souligne Anne, une ancienne élève d’Henri-IV.

Le brassage des niveaux n’a pas que des conséquences négatives. C’est aussi une aubaine pour certains lycées autrefois boudés par les bons élèves. Le lycée Voltaire (11e arrondissement) a par exemple vu son IPS moyen progresser de 109 à 122 entre 2020 et 2023. En 2024, 54 % des bacheliers de l’établissement ont obtenu une mention au baccalauréat, contre seulement 34 % et 38 % les années précédentes. Même chose au lycée Henri Bergson (19e arrondissement), qui a souffert longtemps d’une mauvaise réputation : 54% de mentions en 2024, contre 31% l’année précédente.

«C’était un lycée très fui», reconnaît Lise Bilien, parent d’élève à Henri Bergson, qui souligne que cette progression s’explique aussi par « l’arrivée d’élèves en cursus musique » et danse depuis la fermeture du voisin lycée Georges Brassens (19e arrondissement). «Mais ça n’a pas empêché beaucoup de parents de se tourner vers le privé pour le lycée », estime Lise Bilien. Une fuite dont témoignent plusieurs parents, mais dont l’ampleur n’est pas chiffrée.

C’est l’angle mort de la réforme d’Affelnet. « Avant cette réforme, on se faisait concurrence entre nous à l’intérieur du système public, avec l’émergence des lycées de niveaux», soulignait Christophe Kerrero auprès du Monde en février 2023. «Aujourd’hui, on va vers plus d’apaisement et moins de pression pour les élèves et leurs familles. » Mais il reconnaissait plus loin : « Nous avons repéré des écoles dans le nord et l’est de Paris où l’évitement était important. »

Et si l’un des grands gagnants de la réforme était l’enseignement privé ? Aujourd’hui, à Paris, se dessine année après année une carte scolaire dans laquelle il n’y aurait plus que deux lycées publics d’élite et une quarantaine de lycées de niveau moyen. Et tant pis pour les établissements qui, jusqu’ici, se démarquaient. « Le rectorat, qui souhaitait rapprocher les niveaux des différents lycées, est en train d’arriver à ses fins », soupire Emmanuel Garot.


* Le prénom a été modifié

Source : Le Figaro

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Décryptage


Études (n = 400) — Correcteurs biaisés à l'encontre des garçons

L’école se veut le lieu par excellence de la méritocratie, où les élèves sont évalués uniquement sur la base de leurs compétences et de leurs efforts. Pourtant, une étude publiée en 2020 dans la revue scientifique Economics of Education Review par l’économiste Camille Terrier met en lumière une réalité plus dérangeante : les pratiques d’évaluation des enseignants ne sont pas toujours neutres et tendent, en France, à désavantager les garçons. 

Une étude fondée sur la comparaison entre notation anonyme et notation classique

Pour mener son analyse, Camille Terrier s’appuie sur un ensemble de données particulièrement riche, portant sur plus de 4 000 élèves suivis de la classe de sixième à la troisième dans 35 collèges français, majoritairement situés dans des zones socialement défavorisées.

L’originalité de la démarche réside dans la comparaison entre deux types d’évaluations :
  • des épreuves corrigées à l’aveugle, c’est-à-dire anonymement, par des correcteurs extérieurs ne connaissant ni l’identité ni le genre des élèves ;
  • des notes attribuées par les enseignants, dans le cadre habituel de la classe, où l’identité des élèves est connue.
Cette double source permet d’isoler l’effet propre des pratiques d’évaluation des enseignants, indépendamment du niveau réel des élèves.

Un désavantage net pour les garçons en mathématiques

Les résultats sont sans équivoque. Lorsque les copies sont corrigées à l’aveugle, les performances des filles et des garçons sont comparables. En revanche, dès lors que les enseignants savent à qui ils attribuent une note, un écart apparaît.

En mathématiques, les garçons reçoivent des notes inférieures à celles des filles pour un niveau de compétence identique. L’écart atteint 0,259 écart-type, ce qui correspond à un avantage d’environ 5 % en faveur des filles dans la notation non anonyme.

Ce biais, loin d’être anecdotique, s’accumule au fil des années. Sur l’ensemble du collège, il conduit à une progression plus lente des garçons, avec une perte estimée à 0,123 écart-type par rapport aux filles. À lui seul, ce mécanisme explique jusqu’à 6 % de l’écart de performance observé entre les deux sexes en fin de collège.

Des effets durables sur les trajectoires scolaires

L’étude montre que ces biais d’évaluation ne se limitent pas à des différences de notes ponctuelles. Ils influencent également les choix d’orientation des élèves.

Les meilleures notes obtenues par les filles en mathématiques — en partie dues au biais d’évaluation — augmentent leur probabilité de s’orienter vers des filières scientifiques au lycée. À l’inverse, si les notes reflétaient strictement les compétences mesurées par les évaluations anonymes, l’avantage des garçons dans ces filières serait plus marqué, de l’ordre de 12,5 % supplémentaires.

Ainsi, des écarts initialement modestes dans la notation contribuent à façonner des parcours scolaires différenciés, avec des conséquences potentielles sur l’accès aux études supérieures et aux carrières scientifiques.

Des biais liés aux attentes et aux stéréotypes

Comment expliquer ces écarts ? L’étude suggère que les enseignants, le plus souvent sans en avoir conscience, peuvent être influencés par des attentes différenciées selon le genre.

Certains comportements plus fréquents chez les garçons — agitation, prise de parole jugée excessive, moindre conformité aux normes scolaires — peuvent être interprétés négativement et se traduire par une évaluation plus sévère, y compris lorsque le niveau scolaire est équivalent. Il ne s’agit donc pas d’un favoritisme volontaire, mais de biais implicites, profondément ancrés dans les représentations sociales.

La notation anonyme comme levier d’équité

L’un des enseignements majeurs de cette recherche est la supériorité, en matière d’équité, de la notation à l’aveugle. En supprimant toute information sur l’identité des élèves, cette méthode permet de recentrer l’évaluation sur les seules compétences scolaires.

Déjà utilisée pour certains examens nationaux ou concours, sa généralisation dans les évaluations scolaires pourrait contribuer à réduire les inégalités de traitement entre filles et garçons, mais aussi à renforcer la confiance des élèves dans la justice du système éducatif.

Repenser l’évaluation pour garantir l’égalité


L’étude de Camille Terrier invite à une remise en question profonde des pratiques d’évaluation à l’école. Elle rappelle que l’égalité des chances ne dépend pas uniquement des programmes ou des moyens alloués, mais aussi de mécanismes plus discrets, comme la manière dont les performances sont jugées.

Former les enseignants à la reconnaissance de leurs biais implicites, développer la notation anonyme et repenser les critères d’évaluation constituent autant de pistes pour faire de l’école un espace réellement équitable, où les trajectoires scolaires reflètent les compétences réelles plutôt que des attentes genrées.

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vendredi 19 décembre 2025

Licenciement du correspondant de longue date du Devoir à Paris : Christian Rioux s'explique

Lettre de Christian Rioux (ci-contre) où il explique son congédiement du Devoir :  

Vous êtes nombreux à vouloir connaître le détail de mon congédiement, car il s’agit bien d’un congédiement.

Vous vous doutez que depuis le changement de direction, je n’étais pas dans les grâces de la nouvelle équipe. Cela s’est rapidement manifesté par de petits signes qui ne trompaient pas.

Des papiers qui normalement faisaient la une se retrouvaient dans le fond du journal, mes grandes entrevues n’intéressaient plus la rédaction (« Toi et tes intellectuels français ! », dixit la rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard). [Très mal, les intellectuels…]

Il y a trois ou quatre ans, pour la première fois, on me refuse de couvrir les élections britanniques et allemandes comme je l’avais pourtant fait sans discontinuer depuis les années 1990. C’est à cette époque que la rédactrice en chef a décidé de resserrer son contrôle sur les chroniqueurs.

On m’a par exemple refusé une chronique sur le changement de nom des Dix petits nègres d’Agatha Christie. C’était un mois exactement avant que ce débat n’éclate au Québec avec la suspension de Verushka Lieutenant-Duval à l’Université d’Ottawa.

Il y a deux ans, ce contrôle s’est encore resserré virant en une sorte de guérilla permanente. Il me fallait dorénavant justifier chaque mot. Impossible d’évoquer un « baiser volé » dans un texte sous peine de se voir accusé de justifier les agressions sexuelles.

Impossible de rappeler que dans de nombreux pensionnats autochtones, les religieuses enseignaient les langues autochtones sans devoir tout justifier.

Le Devoir se montre alors plus sensible aux petits groupes de militants qui me harcèlent sur les réseaux sociaux qu’à soutenir son journaliste. Ce harcèlement me vaudra trois poursuites devant le Conseil de presse en un peu plus d’un an (que j’ai toutes gagnées) alors que je n’en avais jamais eu une seule depuis que je suis journaliste.

Lors de la dernière, alors qu’on m’accuse d’entretenir des préjugés (racistes), Le Devoir a refusé de me soutenir en appel et j’ai donc dû me défendre seul contrairement à la tradition qui veut qu’un journal défende toujours son journaliste. J’ai heureusement gagné.

C’est le même genre de censure qui explique le départ en catastrophe de Normand Baillargeon à qui on avait demandé de réécrire de manière plus « politiquement correcte » une de ses chroniques sur la théorie du genre et les trans.

Ce harcèlement s’est accentué avec la mise en place d’un groupe de « fact checking » qui est aussi en partie un comité de censure destiné à remettre les chroniqueurs dans la droite ligne. Comme par hasard, sous prétexte d’éthique, ce « fact checking » s’exerce minutieusement sur tous les textes qui concernent l’islam, l’immigration ou le genre, mais à peu près pas sur ceux qui concernent la politique française, la culture ou l’Union européenne.



Depuis un an, je suis convaincu qu’on n’attendait qu’une chose, que je claque la porte moi aussi. Et on a tout fait pour. À commencer par m’interdire de couvrir les dernières législatives françaises.

Pour l’anniversaire de l’attentat du Bataclan, on a commandé dans mon dos un article à un pigiste sans m’en informer. Il y a un mois, je décroche une entrevue exceptionnelle avec l’ex-otage israélien Eli Sharabi qui a passé 18 mois dans les tunnels du Hamas, on me la refuse ! Elle ne cadrait pas dans la politique pro-Hamas du journal.

À quelques reprises, on s’est même permis de faire des corrections majeures dans ma chronique sans m’en avertir, y introduisant même parfois des erreurs.

Last but not least, depuis trente ans, tel que convenu avec l’ancien directeur Bernard Descôteaux, ma rémunération avait toujours suivi grosso modo celle des journalistes du Devoir. À chaque nouvelle convention, on me versait donc une rétro comme à mes collègues. Cette année, on a supprimé unilatéralement ces versements sans la moindre explication.

Je réalise aujourd’hui que l’annonce de la décision de me congédier n’attendait probablement que la reconduction de Brian Myles à la direction du journal pour cinq ans et la fin de la campagne de financement qui vient de se clore.

Une semaine avant Noël, c’est aussi pas mal pour étouffer l’affaire.

On me l’a donc annoncée mardi en prétextant mes « mauvais rapports avec les correcteurs ». Comme si un journaliste était en plus tenu d’avoir de bons rapports avec ses censeurs !

Lors de cette rencontre, on m’a proposé d’acheter mon silence en échange de deux mois de rémunération et de la signature d’un contrat dans lequel je m’engagerais à ne rien dire sur le Devoir. Moi qui n’ai jamais signé le moindre contrat avec Le Devoir en trente ans, tellement la confiance entre nous était forte ! 

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Natalité : taxe sur les préservatifs et contraceptifs en Chine

La Chine impose une taxe à la vente de 13 % sur les préservatifs et contraceptifs à partir de janvier 2026, finissant une exonération en vigueur depuis 1993, pour contrer le déclin démographique avec un taux de natalité en chute de 50 % depuis 2000.

Ce segment de l'émission "Le Monde à la Carte" sur LCI analyse les causes du faible taux de fécondité chinois (1,09 enfant par femme en 2024) et les mesures incitatives du gouvernement, comme des subventions pour naissances multiples.

Une mère se plaint du coût lié à l'éducation des enfants, son enfant serait en CM2 (10-11 ans) et elle a « dû » lui payer un tuteur particulier d'anglais.

Des experts doutent de l'efficacité de cette taxe, soulignant que les facteurs socio-économiques (coût de la vie, urbanisation) pèsent plus que l'accès à la contraception, selon des études de l'ONU sur les dynamiques démographiques.

 

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Aucun lien causal entre l’immigration et la délinquance ? Vraiment ?

Une note du CEPII, publiée en 2023,  affirme qu’il n’existe aucun lien causal entre l’immigration et la délinquance. Cette note, qui a récemment refait surface dans une émission particulièrement controversée, Complément d’enquête, diffusée sur le service public mais visant à pointer du doigt les prétendues dérives de la chaîne concurrente CNews, a suscité une vive polémique.
 
Le chercheur invité à Georgetown, Philippe Lemoine, répond à cette publication : il propose un tour d’horizon détaillé des données disponibles en Europe sur la question, soulignant les limites des études économétriques tout en révélant des vérités souvent ignorées.
 
Il commence par réfuter l’affirmation centrale de Philippe et Valette, les auteurs de la note CEPII, qui soutiennent que aucune étude ne trouve d’effet de l’immigration sur la délinquance. Selon lui, c’est faux, et il va plus loin : il suggère que ces deux économistes savent pertinemment que leur assertion ne tient pas face à la littérature existante. 

Il cite des exemples concrets, comme des études menées en Allemagne, en Grèce ou encore en Suède, qui montrent un impact mesurable, notamment en lien avec certains flux d’immigration, en particulier ceux d’immigrés peu qualifiés originaires d’Afrique et du Moyen-Orient.
 
En s’appuyant sur des données individuelles concernant les auteurs de délits, Lemoine met en lumière une surreprésentation constante des immigrés et de leurs enfants dans les statistiques criminelles à travers toute l’Europe. Cette surreprésentation peut atteindre des taux jusqu’à trois fois supérieurs à ceux du reste de la population, même après avoir ajusté les chiffres pour tenir compte de facteurs comme l’âge, le sexe ou le niveau de revenu. Cela vient directement contredire les explications socio-économiques avancées par Philippe et Valette, qui attribuent ces écarts à la pauvreté ou à l’exclusion sociale. 
 
Mais Lemoine ne s’arrête pas là. Il explore pourquoi les études économétriques basées sur des données agrégées échouent souvent à détecter cet effet. Il pointe du doigt un problème de puissance statistique : les flux d’immigration, bien que significatifs, restent relativement faibles par rapport à la population totale, rendant ces analyses peu fiables. Pour illustrer son propos, il a conduit des simulations calibrées avec des données françaises. Ces simulations révèlent un fait troublant : même dans un scénario extrême où les immigrés commettraient des crimes violents à un taux 30 fois supérieur à celui des non-immigrés, une analyse économétrique de ce type ne détecterait un effet que dans à peine plus de la moitié des cas, soit 56 %. Dans des conditions plus réalistes, reflétant les flux d’immigration observés en France sur plusieurs décennies, la probabilité de détecter un effet s’effondre presque à zéro, même s’il est réel et important.
 
Il ajoute que cette faiblesse statistique est amplifiée par d’autres facteurs, comme l’hétérogénéité des populations immigrées (les immigrés d'origine européenne ne sont pas surreprésentés), souvent ignorée dans ces études, ou les adaptations sociales (les gens peuvent davantage se méfier, se protéger, des dépenses sociales supplémentaires) qui peuvent masquer l’impact réel. 

Lemoine souligne aussi que Philippe et Valette évoquent des biais dans le système pénal pour expliquer la surreprésentation des immigrés, mais il conteste cette idée : selon lui, ces biais ne peuvent expliquer qu’une fraction de l’écart, et aucune preuve solide n’est apportée pour soutenir une explication plus large.

Enfin, il critique l’hypothèse selon laquelle la pauvreté serait la cause principale de cette surreprésentation. Même en comparant des immigrés (et leurs enfants) à des autochtones partageant des caractéristiques socio-économiques similaires, les écarts persistent, comme l’a montré une étude française menée par Hugues Lagrange sur un échantillon de 3 500 adolescents
Lemoine rappelle que la corrélation entre pauvreté et criminalité ne prouve pas une causalité directe : d’autres facteurs, peut-être liés à des dynamiques culturelles ou contextuelles, pourraient être en jeu. 

Et il conclut avec une pointe d’ironie : on ne peut pas affirmer à la fois que l’immigration n’a aucun effet sur la délinquance et que les populations défavorisées, dont font souvent partie les immigrés, ont une propension plus élevée à commettre des crimes. Une contradiction qui, selon lui, mérite d’être creusée bien au-delà des studios d’une émission comme Complément d’enquête.


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Suède — Un rapport explosif fait le lien entre immigration et criminalité

Pays-Bas — Plus les non-Occidentaux y vivent depuis longtemps, plus leur confiance envers autrui diminue

Vaste étude confirme que la diversité ethnique a des effets négatifs sur la cohésion sociale 

Et si la diversité diminuait la confiance ?

Étude — Baisse de « solidarité » corrélée à l’augmentation du nombre d’étrangers

 « À long terme, une politique nataliste est plus efficace qu’une politique d’immigration »

Racialisation de la justice : un Amérindien invoque ses origines pour écoper d'une peine moins lourde

jeudi 18 décembre 2025

Histoire vraie de l'ère woke : l'affaire Yi-Fen Chou

En 2015, une controverse inattendue secoue le milieu littéraire américain et relance le débat sur les préjudices raciaux, conscients ou non, qui traversent les institutions culturelles. Au cœur de cette affaire se trouve Michael Derrick Hudson, poète américain blanc originaire de Fort Wayne, dans l’Indiana, et son poème au titre foisonnant : The Bees, the Flowers, Jesus, Ancient Tigers, Poseidon, Adam and Eve.

Un poème rejeté… puis accepté sous pseudonyme

Avant d’être remarqué, le poème de Hudson avait essuyé environ quarante refus de la part de revues littéraires lorsqu’il était soumis sous son véritable nom. Lassé par ces échecs répétés, l’auteur décide d’adopter un pseudonyme à consonance asiatique, Yi-Fen Chou, inspiré du prénom d’une connaissance d’origine chinoise.
Michael Derrick Hudson alias Yi-Fen Chou

Soumis sous cette nouvelle identité, le même poème est accepté par la prestigieuse revue Prairie Schooner, publication reconnue dans le paysage poétique américain. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais elle prend une dimension nationale lorsque le texte est ensuite sélectionné par Sherman Alexie, écrivain amérindien de renom, pour figurer dans l’anthologie The Best American Poetry 2015.

La révélation et le scandale

C’est Hudson lui-même qui révèla la supercherie. Dans une note adressée aux contributeurs de l’anthologie, il expliqua avoir utilisé ce pseudonyme pour contourner ce qu’il percevait comme une série de rejets injustifiés. Cette révélation déclencha immédiatement une vive polémique.

Sherman Alexie reconnut publiquement que le nom asiatique de l’auteur ait pu jouer un rôle dans sa perception initiale du poème. Il précisa toutefois que son choix reposait aussi sur la qualité littéraire du texte. Cette admission, loin d’apaiser les tensions, alimenta un débat plus large sur la place de l’ethnie ou de l'identité raciale dans les processus de sélection artistique.

Une condamnation quasi unanime

La réaction dominante du monde littéraire est sévère à l’égard de Hudson. Celui-ci est accusé de manipulation, de tromperie et d’appropriation identitaire. En revanche, peu de voix institutionnelles s’élèvent pour interroger de manière approfondie les biais potentiels des comités éditoriaux ou les critères implicites qui auraient pu favoriser un texte en fonction du nom de son auteur.

Ce déséquilibre dans les réactions est souligné par plusieurs observateurs : l’auteur est largement blâmé, tandis que le système de sélection lui-même fait l’objet de peu d’autocritique officielle.

Des conséquences durables pour l’auteur

Après cet épisode, Michael Derrick Hudson disparaît pratiquement de la scène littéraire dominante. Il est ostracisé par une partie du milieu et ne retrouve pas la visibilité qu’il avait brièvement obtenue. Aucune réforme notable des pratiques éditoriales n’est annoncée à la suite de l’affaire, et aucun mea culpa institutionnel majeur n’émerge du scandale.

L’affaire Hudson est solidement documentée. Elle a été couverte par des médias de référence, notamment le New York Times en septembre 2015, et figure dans les archives publiques, y compris sur Wikipédia (anglais), dont la page consacrée à l’auteur est régulièrement mise à jour. Les éléments clés — les nombreux rejets initiaux, l’acceptation sous pseudonyme et la sélection dans Best American Poetry 2015 — sont confirmés par des sources concordantes.

En revanche, les interprétations qui en découlent varient fortement. Certains y voient la preuve de politiques implicites de discrimination positive ou de quotas identitaires dans le monde littéraire ; d’autres estiment qu’il s’agit d’un cas isolé, instrumentalisé à des fins idéologiques. Ces lectures relèvent du commentaire social et politique, non du fait brut.

Une affaire révélatrice

Dix ans plus tard, l’affaire Michael Derrick Hudson demeure un symbole des tensions qui traversent les institutions culturelles contemporaines : entre quête de diversité, exigences d’équité et soupçons de biais inversés. Si les opinions restent profondément polarisées, un point fait consensus : l’épisode est réel, documenté et révélateur des fragilités d’un système où l’identité de l’auteur peut parfois peser aussi lourd que son œuvre.
 
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Les contes de Noël publiés aujourd’hui diluent voire effacent les valeurs chrétiennes

Pourquoi est-il important de lire des contes aux enfants ?

Les contes véhiculent un imaginaire qui permet de structurer leur intelligence et leur apprend à construire leur univers intérieur. Parce qu’ils placent d’emblée le récit hors du temps, hors de la réalité, les contes ont la vertu de stimuler l’imagination de l’enfant, de lui montrer que le champ des possibles est ouvert devant lui, et de le pousser ainsi à grandir, à devenir adulte. On voit malheureusement se développer toute une littérature destinée aux enfants qui consiste essentiellement à explorer des problèmes psychologiques auxquels ils peuvent être confrontés. C’est un dévoiement de la lecture, parce qu’on les prive dans ces livres de la dimension imaginaire, si structurante à leur âge.

Quels sont les ingrédients d’un bon conte de Noël ?

Comme dans tous les contes, il faut qu’il délivre une morale qui élève l’enfant. Pour Noël, cette morale est par essence chrétienne. Et il faut de belles illustrations, car l’image est pour les enfants une porte d’entrée dans la lecture. À Noël, cette nécessité de créer une ambiance qui fasse rêver et donne envie de lire est plus importante encore, car c’est une période de l’année où la vue est très sollicitée, on le voit bien avec les illuminations dans les rues, les vitrines de Noël… C’est le moment par excellence où l’on peut toucher les enfants par de beaux livres illustrés.


Les contes de Noël sont-ils en voie de disparition ?

De nombreux contes liés à Noël continuent d’être publiés chaque année. Ce qui, en revanche, est en voie de disparition, c’est le conte de Noël traditionnel, celui qui est pétri de traditions chrétiennes. Dans les contes de Noël publiés aujourd’hui, ces valeurs chrétiennes sont très souvent diluées, voire effacées. Seule persiste la connotation positive de Noël. On continue d’y trouver l’idée du don de soi, souvent d’ailleurs à travers les cadeaux qui sont une tradition païenne, l’idée de convivialité, de rassemblement, d’esprit de famille qui disent quelque chose de ce qu’est l’amour.

La génération sacrifiée à la « diversité »

Dans The Lost Generation, Jacob Savage analyse comment les politiques de diversité, équité et inclusion (DEI) ont profondément transformé les carrières des hommes blancs millénariaux (nés entre 1981 et 1996) dans les élites professionnelles américaines — en particulier dans les médias, le milieu universitaire et Hollywood — à partir d’environ 2014

Selon Savage, ces politiques n’ont pas simplement rééquilibré les chances d’avancement : elles ont, de manière systématique, bloqué l’accès aux postes de prestige pour une génération entière d’hommes blancs, créant ce qu’il appelle une « génération sacrifiée ». Contrairement aux baby-boomers et à la génération X qui avaient déjà consolidé leurs carrières, les millénariaux blancs se sont heurtés à des barrières croissantes au moment où ils cherchaient à s’établir professionnellement.

Savage situe un tournant décisif en 2014, lorsque la DEI est devenue institutionnalisée dans de nombreuses industries. Alors que les hommes blancs plus âgés, déjà en place, ont été relativement préservés du changement, les jeunes hommes blancs ont vu les portes se fermer autour d’eux.

Des chiffres frappants dans plusieurs secteurs

Médias et télévision
  • En 2011, les hommes blancs représentaient 48 % des scénaristes télé à Los Angeles, mais ce chiffre est tombé à 11,9 % en 2024.
  • À The Atlantic, le personnel éditorial est passé de 89 % blanc et 53 % masculin en 2013 à 66 % blanc et 36 % masculin en 2024.
  • Depuis 2020, seuls 7,7 % des stagiaires au Los Angeles Times sont des hommes blancs.
Universités
  • À Harvard, la proportion d’hommes blancs dans les postes menant à la titularisation en sciences humaines est passée de 39 % en 2014 à 18 % en 2023.
  • À Brown, parmi 45 embauches récentes en sciences humaines et sociales, seuls 3 étaient des hommes blancs américains (6,7 %).
  • À Yale, parmi les 76 professeurs en voie de titularisation, seuls 6 (7,9 %) sont des hommes blancs.
Industrie du divertissement

Savage note aussi que, sur une décennie, les nominations aux Oscars comme scénaristes ont largement favorisé les hommes blancs de la génération X (plus de 50 nominations de 2014 à 2023) contre seulement 6 pour les millénariaux blancs. 

Témoignages personnels qui illustrent le phénomène

Certaines expériences individuelles mises en avant par Savage montrent l’impact humain de ces tendances :
  • Ethan, un chercheur progressiste, a eu du mal à décrocher un poste universitaire malgré un solide CV. Partout, on lui a demandé des déclarations DEI et d’orienter ses recherches autour de la race pour être considéré.
  • Andrew, dans les médias, raconte qu’il s’était vu promettre un poste important, puis qu’il a vu ce poste attribué à une personne plus jeune et « diversifiée », laissant entendre une préférence institutionnelle.
  • Matt à Hollywood, attribue la situation à des hommes blancs plus âgés qui ont consolidé leurs réseaux, empêchant l’émergence de jeunes talents de la même origine.
Savage raconte son propre parcours à Hollywood : après des années à écrire des scénarios tout en survivant grâce à des petits boulots, il a vu sa seule véritable opportunité lui échapper parce que les cadres de l’industrie estimaient qu’un groupe de scénaristes « trop blanc » risquait de nuire à l’image de diversité recherchée par les studios.

Certaines figures publiques ont dénoncé ces pratiques comme potentiellement illégales. Andrea Lucas, présidente de la EEOC (Commission pour l’égalité des chances en emploi), a qualifié ces politiques de discrimination, appelant ceux qui s’estiment lésés à se manifester. De même, Harmeet Dhillon, aide-procureur générale, a encouragé les plaintes formelles contre des pratiques d’embauche biaisées.

Des études externes, comme celle de ResumeBuilder.com en 2022, montrent qu’environ 1 recruteur sur 6 a été encouragé à déprioriser systématiquement les hommes blancs, ce qui alimente l’argument selon lequel certains processus de recrutement privilégient l’identité au détriment des qualifications. 

The Lost Generation présente le récit d’une génération d’hommes blancs millénariaux éloignée de l’accès aux professions les plus influentes, non pas à cause d’un manque de compétences ou d’efforts, mais parce que des politiques de DEI, devenues omniprésentes après 2014, ont réorienté de manière décisive la distribution des opportunités.

Savage conclut que cette exclusion, combinée à une culture qui stigmatise toute critique du système, a créé un profond ressentiment silencieux, qui pourrait contribuer à certaines évolutions sociales et politiques récentes observées parmi les jeunes hommes blancs aux États-Unis. 

mercredi 17 décembre 2025

La femme reconnue comme « la première Britannique noire » par la BBC était en réalité blanche

Reconstitution par Face Lab de la femme de Beachy Head, blonde aux yeux bleus
Des tests ADN montrent que la femme de Beachy Head était originaire du sud de l'Angleterre
 

Une analyse ADN prouve que la femme de Beachy Head était blonde aux yeux clairs.

Une nouvelle étude génétique a révélé qu'une femme reconnue comme « la première Britannique noire » par la BBC était en réalité blanche.

En 2016, la série Black and British: A Forgotten History suggérait que le squelette romain d'une femme trouvé à Beachy Head provenait d'Afrique subsaharienne.

Une plaque a été érigée pour commémorer son héritage, mais elle a ensuite été retirée lorsqu'une étude a suggéré que la femme était plus probablement originaire de Chypre, avec un teint méditerranéen.

Une nouvelle analyse ADN du squelette réalisée par des scientifiques du Musée d'histoire naturelle a maintenant montré que la femme était originaire du sud de l'Angleterre et qu'elle était blanche, avec des cheveux blonds et des yeux clairs.

La plaque dédiée à la femme de Beachy Head. Elle a été retirée en 2022.

Le Dr William Marsh, qui a mené l'étude génétique, a déclaré : « Grâce à des techniques ADN de pointe, nous avons pu déterminer les origines de cette personne. Nous avons montré qu'elle possède un patrimoine génétique très similaire à celui d'autres individus issus de la population locale de la Grande-Bretagne à l'époque romaine. »

L'affirmation selon laquelle le squelette était d'origine africaine a été faite dans la série documentaire du professeur David Olusoga, qui racontait l'histoire de la « relation durable entre la Grande-Bretagne et les personnes dont les origines se trouvent en Afrique ».

Dans le premier épisode, la femme de Beachy Head était présentée comme « d'origine subsaharienne » et le programme montrait une reconstitution de ses traits, avec une peau, des cheveux et des yeux foncés.

Dans l'émission, le professeur Olusoga a fait remarquer qu'« elle est une Britannique noire », tandis que Jo Seaman, archéologue experte, a expliqué que ses origines africaines et l'âge de ses restes faisaient probablement d'elle la « première Britannique noire ».

L'émission de la BBC présentait la femme de Beachy Head comme « originaire d'Afrique subsaharienne » sous cette forme.

Cependant, en 2017, une première étude génétique a suggéré qu'elle venait de la Méditerranée, peut-être de Chypre, plutôt que d'Afrique. À la lumière de ces recherches, la plaque a été retirée en 2022.

Le squelette datant de l'époque romaine aurait été découvert dans les années 1950, bien qu'aucun détail sur les fouilles n'ait jamais été trouvé. Les restes ont été redécouverts dans une boîte parmi les collections de la mairie d'Eastbourne en 2012, avec une étiquette suggérant qu'ils avaient été trouvés à Beachy Head.


Localisation de Beachy Head dans le Sud-Est de l'Angleterre.

Il est désormais confirmé que cette femme descendait de la population britannique locale du sud de l'Angleterre à l'époque romaine. La datation au radiocarbone a montré qu'elle est morte entre 129 et 311 après J.-C., ce qui correspond à l'occupation romaine de la Grande-Bretagne.

L'analyse de ses restes squelettiques suggère qu'elle était âgée d'environ 18 à 25 ans au moment de sa mort et mesurait un peu plus d'1,50 mètre. Une blessure cicatrisée à la jambe suggère qu'elle a subi une blessure grave mais non mortelle à un moment donné de sa vie.

L'analyse alimentaire des valeurs de carbone et d'azote dans ses os a également révélé que son régime alimentaire comprenait probablement beaucoup de fruits de mer.

Le livre pour enfants de l’auteur britannique d’origine nigériane Atinuke affirme que « chaque Britannique est issu d’un migrant », mais que « les tout premiers Britanniques étaient noirs ».

Le Dr Selina Brace, du Musée d'histoire naturelle de Londres, a déclaré : « Nos connaissances et notre compréhension scientifiques évoluent constamment, et en tant que scientifiques, notre travail consiste à continuer à chercher des réponses.

Grâce aux progrès technologiques réalisés au cours de la dernière décennie, depuis que la femme de Beachy Head a été découverte, nous sommes ravis de présenter ces nouvelles données complètes et d'en savoir plus sur cette personne et sa vie. »

Le débat scientifique sur la couleur de peau des premiers Britanniques fait rage, certains chercheurs suggérant que les constructeurs de Stonehenge étaient noirs.

Cependant, certaines études génétiques ont montré que les habitants de la Grande-Bretagne à l'époque où Stonehenge a été achevé, vers 2 500 avant J.-C., étaient des agriculteurs précoces à la peau claire, dont les ancêtres s'étaient répandus depuis l'Anatolie, l'actuelle Turquie.

Une analyse du « Cheddar Man » (le squelette d'un individu qui vivait dans le Somerset il y a 10 000 ans) réalisée par le Musée d'histoire naturelle suggère qu'il avait la peau foncée et les yeux bleus.

Cette étude a été publiée dans le Journal of Archaeological Science.

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La plaque commémorant la première Britannique noire a été retirée parce qu'elle "venait de Chypre"

 

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Le Canada vient d’enregistrer la plus forte baisse de population depuis les années 1940

Le Canada a enregistré sa plus forte diminution de population depuis les années 1940 après les changements apportés au système d'immigration par Ottawa, selon les données démographiques publiées mercredi par Statistique Canada. 

Au total, il y a environ 76 000 personnes de moins au Canada au cours du troisième trimestre, soit une baisse de 0,2 %. Le principal facteur est la chute du nombre d’étudiants étrangers, et plus largement des résidents temporaires.

Fait étonnant, presque l’entièreté de cette baisse a été enregistrée en Ontario (- 67 000) et en Colombie-Britannique (- 14 000). Durant la même période, le Québec a seulement noté 208 habitants de moins.

«Il s’agit de la première contraction démographique jamais enregistrée depuis 1946, à l’exception d’un très léger recul observé pendant la pandémie», plus précisément au quatrième trimestre de 2020, a constaté l’économiste de Desjardins LJ Valencia.

Ce virage fait suite à quelques années de hausse très importantes de l’immigration, et surtout de l’immigration temporaire, qui a donné lieu à un ressac important auprès de la population.

Il y a deux ans, le Canada enregistrait sa croissance démographique de population la plus importante depuis 1957. Pendant les trois mois du troisième trimestre de 2023, la population avait explosé de près de 420 000. Ici encore, cela était principalement dû à l’entrée d’étudiants étrangers et de travailleurs étrangers temporaires.

Puis, au troisième trimestre de 2024, le nombre de résidents temporaires a atteint un pic de 7,6 % de la population générale et diminue lentement depuis.

À la fin de son règne, Justin Trudeau avait reconnu que le gouvernement avait perdu le contrôle et que cela avait exercé de la pression sur les services publics et sur le prix des loyers.

Son ministre de l’Immigration de l’époque, Marc Miller, avait adopté un plan de réduction progressive des seuils. L’objectif actuel est de ramener la proportion de résidents temporaires à 5 % de la population d’ici la fin de 2027.

Desjardins estime que ces nouveaux seuils mèneront à une hausse du PIB réel par habitant, mais que l’économie dans son ensemble ralentira.

Aujourd’hui, le gouvernement de Mark Carney se vante du virage effectué et affirme qu’il fallait continuer dans le même sens.

«Nous sommes d’accord, monsieur [François Legault] et moi [...], qu’il faut réduire le rythme d’immigration parce que les niveaux d’immigration sont plus grands que la capacité d’accueil et la capacité d’intégration à Montréal et au Québec», a déclaré Mark Carney en entrevue à LCN mardi.

Statistique Canada a dévoilé hier qu’entre janvier et octobre 2025, le Canada a accueilli 60% moins de nouveaux étudiants et 48% moins de travailleurs étrangers par rapport à la même période l’année dernière.

Au 1er octobre, la population du Canada était de 41 575 585, estime l’agence fédérale.

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Valeurs — L'écart de fécondité entre conservateurs et « progressistes » se creuse

 
 

 


mardi 16 décembre 2025

Attaques contre l'école libre en France : il est temps que la droite sorte du silence

Face aux attaques d’une gauche vent debout contre l’école libre, Anne Coffinier dénonce ci-dessous une violence révélatrice d’une peur idéologique. Elle appelle la droite à assumer enfin une rupture décisive afin de garantir à chacun la liberté de choisir son école. Anne coffinier est entrepreneure sociale et présidente de l’association Créer son école.

Depuis des semaines, une certaine gauche se déchaîne contre moi avec une violence qui dépasse l’entendement. Tout cela pour avoir consacré ma vie à une idée simple : donner à chaque enfant la possibilité d’accéder à une école libre, si ses parents le souhaitent.

Un tel niveau de violence trahit la peur de ceux qui m’attaquent. Au fond, c’est un aveu de leur part : s’ils frappent si fort, c’est qu’ils sentent le terrain leur échapper et pensent que la cause de l’école libre pourrait l’emporter. Depuis 1960, la gauche et l’extrême gauche récitent ce même mantra : « À école publique, argent public ; à école privée, argent privé ». Ce vieux serment – signé le 19 juin 1960 à Vincennes à l’initiative du CNAL (Comité national d’action laïque) notamment par socialistes, communistes, syndicats laïcs, Ligue de l’enseignement, FCPE et Grand Orient – continue d’unir aujourd’hui ceux qui ne s’entendent sur rien. La liberté scolaire leur est insupportable ; l’école catholique, impardonnable.

Les méthodes d’une partie de cette gauche n’ont pas changé : attaques ad hominem, amalgames outranciers, recours aux délateurs, accusations relayées avec une gourmandise qui oublie la justice. Accusez : il en restera toujours quelque chose.

Dernier terrain d’instrumentalisation en date : les abus sexuels commis dans les écoles catholiques comme à Bétharram. Ils doivent évidemment être combattus partout avec la plus grande détermination mais LFI se sert de l’émotion soulevée pour tenter d’imposer la loi Vannier-Spillebout, qui reviendrait à placer l’enseignement privé sous contrat sous une tutelle administrative contraire à l’esprit de la loi Debré et, bien sûr, au caractère constitutionnel de la liberté d’enseignement. Pendant ce temps, l’État peine à protéger les enfants dans ses propres structures : Éducation nationale, périscolaire notamment parisien, Aide Sociale à l’Enfance… C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.

Et la droite ? Elle murmure là où la gauche hurle. Elle recycle les vieux mantras – « fondamentaux », « autorité », « autonomie » – sans oser encore porter une vision. L’école libre ne figure en bonne place dans aucun projet de reconstruction nationale, seulement dans des ripostes ponctuelles dès qu’un coup tombe. La droite craint de défendre un « privilège ». C’est pourtant l’inverse : aujourd’hui, le véritable privilège est de pouvoir choisir son école. Seules les familles aisées y accèdent pleinement. L’égalité des chances ne suppose plus seulement la gratuité du public à notre époque, mais la possibilité de choisir indifféremment le public ou le privé selon le besoin de son enfant.

Si la droite veut remonter le niveau, restaurer la sécurité éducative et relancer l’ascenseur social, elle doit faire en 2027 ce qu’elle a osé faire pour le travail en 2007 : une rupture lisible, populaire, décisive. Mon vœu est simple : que la droite se passionne enfin pour l’école libre autant que la gauche se passionne pour la combattre. C’est là que se joue désormais l’avenir des enfants… et celui du pays.

dimanche 14 décembre 2025

Paris — Hidalgo coupe à nouveau les vivres au collège catholique Stanislas

Les collectivités locales sont obligées par la loi à verser chaque année une dotation financière aux écoles privées sous contrat avec l’État qui se trouvent sur leur territoire. Certaines ne remplissent pas leurs obligations. C’est le cas de Paris aujourd’hui avec le collège catholique Stanislas.

Le 9 décembre, lors d’une réunion préparatoire au prochain Conseil de Paris, Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo a déclaré : « Je me dois de supprimer les subventions. » Ainsi annonce-t-il que Paris, au mépris de la loi, refuse de verser le forfait qu’il doit. Et il l’assume au nom de la morale arc-en-ciel. 

Selon lui, le controversé programme EVARS (éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité dès la maternelle : deux associations juridiques viennent de saisir l’ONU pour faire respecter le droit des familles actuellement bafoué) ne serait pas enseigné à Stanislas comme certains voudrait qu'il le soit. 

M. Bloche affecte ne penser qu’à « l’intérêt » des élèves, il feint la crainte : « J’ai peur pour les enfants. » 
 
Ce n’est pas la première fois qu’Anne Hidalgo coupe les vivres à Stanislas. Il s'agit d'un vieux combat idéologique entre les laïcards et l’Église catholique, une dizaine de visites ayant été effectuées par l’Académie de Paris, et Médiapart répandant bruyamment l’idée que Stanislas serait « sexiste et homophobe », deux péchés mortels pour la gauche moderne.

Valeurs — L'écart de fécondité entre conservateurs et « progressistes » se creuse

La gauche a un problème avec la famille, voire plusieurs problèmes. Les messages progressistes qui dévalorisent, nient et déconstruisent la valeur de la vie familiale et célèbrent la vie en solo depuis quelques années laissent leur empreinte dans le cœur, l’esprit et la vie des jeunes progressistes. Après avoir été abreuvés de messages tels que « La maternité hétérosexuelle mariée en Amérique… est un jeu où personne ne gagne » (dans le New York Times), « Le divorce m’a conduit à mon bonheur éternel » (dans le Washington Post), « Les femmes qui restent célibataires et n’ont pas d’enfants s’enrichissent » (dans Bloomberg) ou « Pourquoi tant de femmes célibataires sans enfants sont-elles si heureuses ? » (dans Psychology Today), trop de jeunes adultes, en particulier les jeunes femmes de gauche, considèrent désormais que le mariage et la famille ne sont pas faits pour eux ou, du moins, ne constituent pas leur priorité absolue.

Faits saillants

  • Depuis les années 1980, les taux de nuptialité ont diminué tant chez les conservateurs que chez les progressistes. Mais cette baisse a été plus marquée chez les progressistes, tant chez les hommes que chez les femmes.
  • Au cours de la dernière décennie, un fossé s’est creusé entre les jeunes hommes et femmes conservateurs et progressistes en ce qui concerne la proportion d’entre eux qui ont eu des enfants.
  • Nous assistons aux conséquences concrètes d’un clivage idéologique où la droite privilégie le mariage et la procréation, tandis que la gauche les dévalorise, ce qui se traduit par des changements dans la fécondité et la population à travers les États-Unis.

La « mentalité Midas » de la gauche

Au contraire, les progressistes ont souvent tendance à adopter une « mentalité Midas » qui privilégie l’argent, l’éducation et, surtout, la carrière. Le travail est considéré comme la source et le summum d’une vie heureuse et pleine de sens. En revanche, l’amour, le mariage et la fondation d’une famille ne méritent pas le même dévouement. Un récent sondage NBC News a par exemple révélé que les membres de la génération Z (18-29 ans) qui ont voté pour Kamala Harris, en particulier les femmes, ont classé le mariage et la maternité presque en dernière position dans leur « définition personnelle du succès ». 

Les femmes ont plutôt accordé la priorité à « avoir un emploi ou une carrière épanouissante » (n° 1) ou « avoir assez d’argent pour faire ce que l’on veut » (n° 2). 

Le sondage NBC concorde avec d’autres enquêtes indiquant que les progressistes (peut-être faudrait-il parler de régressistes pour leurs pays ?) accordent généralement beaucoup moins d’importance au mariage, à la maternité et à la famille, tant en théorie qu’en pratique, de nos jours. 

Le scepticisme de cette gauche à l’égard du mariage et de la vie familiale ne tient pas seulement à la mentalité Midas, il trouve également son origine dans l’idée que la famille impose un fardeau excessif aux femmes. 

Pensons, par exemple, à la récente publicité de l’ONU mettant en scène l’actrice Anne Hathaway, qui dénonçait le « déséquilibre » mondial entre les femmes et les hommes en matière de tâches domestiques non rémunérées. Être libérée des contraintes familiales est donc souvent présenté comme un moyen important pour les femmes de mener une vie heureuse et épanouissante. Comme l’a récemment écrit la journaliste Glynnis MacNicol dans le New York Times, une vie sans famille ouvre souvent aux femmes d’aujourd’hui « des perspectives tout aussi satisfaisantes, voire plus satisfaisantes, ou qui mènent à une vie plus heureuse et plus épanouie ». 

Ce que la gauche est en train de perdre 

Cette analyse de l’Institute for Family Studies révèle que le mariage et la natalité sont en baisse chez les jeunes adultes à travers le pays, mais qu’ils chutent de manière spectaculaire chez les jeunes femmes et les jeunes hommes de gauche. « De plus en plus, les jeunes issus des milieux progressistes et libéraux ont du mal à se prononcer sur la question de savoir s’ils veulent ou non avoir des enfants, l’une des décisions personnelles les plus importantes qu’ils auront à prendre dans leur vie », comme l’a fait remarquer la philosophe Anastasia Berg, elle-même libérale.

En revanche, pour les jeunes hommes et femmes de droite, la famille est plus susceptible d’être considérée comme un bien pur, et le mariage et la formation d’une famille sont beaucoup plus courants. En effet, dans les années 2020, la majorité des jeunes adultes conservateurs âgés de 25 à 35 ans se sont mariés et sont devenus parents, alors que seule une minorité de jeunes adultes libéraux ont fait de même. De plus, le fossé entre la gauche et la droite en matière de fondation d’une famille semble se creuser.