vendredi 27 octobre 2017

France — 122 nouvelles écoles libres pour la rentrée 2017


À la rentrée 2017, pas moins de 122 nouveaux établissements scolaires (écoles maternelles et/ou élémentaires, collèges et lycées) ont ouvert leurs portes, soit 29 de plus que l’année dernière. La croissance s’accélère d’année en année : + 9,5 % en 2015, + 12 % en 2016 et + 14 % cette année.

Cette année :

Appartenance confessionnelle écoles indépendantes

84 % des 122 nouveaux établissements créés sont non confessionnels (contre 80 % l’an dernier).

Pédagogies écoles indépendantes

Depuis l’an dernier, la tendance générale est en faveur des écoles Montessori (28 %), talonnées de près par les écoles démocratiques (23 %).





1 tiers des créations concerne un établissement du secondaire (collège ou lycée).




Parmi ces écoles, 30 % proposent un parcours bilingue, trilingue ou international.

Elles sont également nombreuses à offrir des solutions pour les enfants dys ou haut potentiel.



La diversité scolaire : une chance pour la France

« Il ne faut certainement pas opposer les initiatives publiques et privées. Ces convergences entre secteur public et secteur privé, ce partage de compétences, cette capacité à travailler dans la même direction au service des enfants et des adolescents, c’est ce qui me paraît décisif. »

Jean-Michel Blanquer (4 avril 2016, depuis ministre de l’Éducation)

« Le “moule scolaire unique” condamne à l’échec un nombre scandaleusement élevé d’enfants. La multiplication des écoles indépendantes permet l’accomplissement d’enfants aux talents et aux aspirations variés. C’est pour cela que c’est une chance pour notre pays ! »

Anne Coffinier, Présidente de Créer son école

Pour mémoire :

  • La France compte en tout 1 305 établissements scolaires indépendants en activité
  • 3 établissements sur 5 non confessionnels
  • Plus de 65 000 élèves sont scolarisés dans les écoles indépendantes, soit 0,5 % des enfants relevant de l’instruction obligatoire
  • Comme les autres écoles indépendantes du monde, les écoles indépendantes françaises se caractérisent par la liberté de recrutement de leur corps professoral et la liberté de leur programme académique. En France, l’État ne participe pas au financement de ces écoles.


La Finlande a perdu des places dans le classement PISA, elle essaie de se réformer (mise à jour)

Depuis 2006, tous les indicateurs dans les principales matières évaluées par le programme PISA sont en baisse en Finlande. Voir ci-dessus la comparaison entre les résultats depuis 2006 et ceux de 2015.

Plus précisément, la performance des élèves finlandais en sciences a diminué de plus de 10 points en moyenne tous les trois ans (selon l’hypothèse d’un rythme constant) sur une note de 531 en 2015. Une différence statistiquement significative selon l’OCDE qui évaluent les résultats du PISA. Pendant cette même période, la baisse en compréhension de l’écrit a été de 5 points par période de 3 ans, alors qu’elle a été de 10 points en moyenne tous les trois ans en mathématiques.


Billet originel

Les éducateurs en Finlande sont inquiets : les résultats des élèves finlandais aux épreuves PISA ont diminué en 2009 et 2012 (les prochains résultats seront publiés en décembre 2016). Les données suggèrent que la baisse des résultats a commencé au tournant du siècle. Les enfants d’immigrants ont tendance à avoir de moins bons résultats, mais le niveau des Finlandais de souche a également baissé. Le problème est pire parmi les filles dont la langue maternelle n’est pas le finnois et les garçons finlandais de souche : le niveau de lecture d’un garçon de 15 ans sur huit n’est pas suffisant pour qu’il poursuive ses études.

Source : OCDE, PISA (2012), tableau III.2.3a.
(aucune corrélation ne se dessine entre résultats PISA
et bonheur à l’école...)

Autre problème : la morosité des enfants finlandais quand ils sont à l’école. Environ la moitié des jeunes de 14 et 15 ans ont le sentiment que leurs enseignants ne se soucient pas d’eux. Les élèves finlandais sont plus susceptibles que la moyenne des étudiants de l’OCDE de dire que leur environnement en classe ne favorise pas l’apprentissage. Selon Tuomas Kurtilla, l’ombudsman du pays pour les enfants, 20 à 25 % des filles finlandaises âgées de 14 et 15 font appel aux services d’assistance sociopsychologique de leur école.

L’alphabétisation est prisée de longue date en Finlande, affirme Sirkku Kupiainen de l’Université d’Helsinki. Jusqu’à il y a environ 50 ans, l’Église luthérienne refusait de marier des Finlandais s’ils ne savaient pas lire. Mais, entre 2000 et 2009, la part des jeunes gens de 15 ans qui lisent plus de 30 minutes par jour est passée de la moitié à un tiers de ceux-ci.

La Finlande n’est pas la seule à être confrontée à ces changements dans la culture des jeunes, note Tim Oates de Cambridge Assessment, une société qui organise des examens comparatifs. Certains pays, comme l’Angleterre, ont réagi en resserrant la discipline à l’école. Mais la Finlande adopte une autre méthode dite « sensible » et « dirigée par l’élève ». En août ses 313 municipalités déploieront leurs versions d’un nouveau programme national destiné à rétablir « la joie » et à redonner « du sens dans l’apprentissage ».

Cela signifie plus d’art, de musique et d’apprentissage par compétences transversales : des projets en équipe qui combinent plusieurs sujets. Par exemple, un module sur l’origine de la Terre qui regroupe le Big Bang avec des leçons religieuses et de poésie finlandaise.

Les critiques se divisent en deux thèmes principaux. La première est l’inégalité. L’écart en Finlande entre les élèves riches et pauvres est plus faible que dans la plupart des pays de l’OCDE, mais elle a crû depuis 2000. Selon M. Kurttila, les parents aisés déjouent le système en louant des appartements à proximité de bonnes écoles et inscrivant leurs enfants aux cours de musique exigeants. Car l’enseignement de la musique requiert encore la discipline, l’effort et la précision. Les critiques de l’apprentissage transversal disent qu’il ne va qu’empirer les choses en réduisant le temps que les élèves pauvres passent sur les matières de base.

Les opposants pensent donc le nouveau programme sape de ce qu’ils considèrent comme les clés du succès de la Finlande naguère : un mélange original de culture, d’histoire et d’éducation traditionnelle. Pour Gabriel Heller Sahlgren du Centre pour l’étude de la réforme du marché de l’éducation, un laboratoire d’idées, la question clé est d’identifier ce qui a conduit à l’augmentation des résultats des élèves finlandais aux tests PISA entre 1965 et 2000, pas ce qui se passe dans les écoles aujourd’hui.

Certains points forts de la Finlande sont difficiles à reproduire ailleurs. Les enseignants y ont un statut social exceptionnellement élevé : seuls les médecins sont plus recherchés en tant que partenaires. Elle découle de leur rôle dans la défense de la culture finlandaise lors de la répression russe au XIXe siècle.

La lecture pose moins de problèmes en Finlande que dans d’autres contextes linguistiques et culturels. La correspondance graphèmes/phonèmes très forte en finlandais facilite les premières phases de l’apprentissage. Elle engage à faire appel à des méthodes de nature syllabique, utilisées également pour l’apprentissage de la lecture dans d’autres langues maternelles comme le suédois, et prévient toute querelle de méthodes à cet égard.

La culture de discipline de la population finlandaise la démarque en effet des autres sociétés nordiques. La Finlande a toujours été un pays frontière entre l’est et l’ouest. La naissance de la nation finlandaise a été réalisée sous l’Empire russe au XIXe siècle. D’où la présence d’éléments de l’est un peu partout en Finlande qui ne rend pas paradoxale sa situation aux côtés de la Corée et du Japon dans les comparaisons internationales.

La Finlande s’est également industrialisée tard que les autres pays nordiques et ne s’est lancé dans l’éducation de masse que dans les années 1960. Le passage très rapide d’une société agricole à une société industrielle, puis postindustrielle, rend compte du caractère particulier de l’État providence finlandais : d’un côté industriel et individualiste, de l’autre agraire et collectiviste. La culture finnoise connaît, pour ces raisons, un caractère discipliné et un esprit collectif fort.

Pour Mme Kupiainen cela signifie que les parents de la « génération PISA » ont connu une certaine mobilité sociale vers le haut et qu’ils ont inculqué à leurs enfants un respect pour l’éducation. Selon elle, les jeunes parents d’aujourd’hui craignent que leurs enfants n’aient pas hérité de leur diligence.

Les partisans des réformes insistent sur le fait que les politiques éducatives ont eu un impact sur la montée de la Finlande dans les classements internationaux. Ils soulignent le soutien que l’école finlandaise apporte aux élèves en difficulté ainsi que la formation rigoureuse des enseignants. Les Finlandais se soucient en général moins de rester en haut du classement PISA que les visiteurs ne le croient et, après tout, la Finlande a toujours de bons résultats même s’ils ne sont pas aussi bons qu’avant.

Mais défenseurs et opposants du nouveau programme s’accordent sur un point : la motivation des élèves a diminué. « Il y a dix ans l’éducation était très valorisée parmi tous les Finlandais », de déclarer Ilppo Kivivuori, vice-directeur d’établissement à Hiidenkivi. « Maintenant c’est moins sûr ». Tout comme les effets d’une réforme aux matières transversales fortement décriée par le passé en Suisse et au Québec.

Voir aussi

Finlande — Fin des matières cloisonnées, bienvenue aux compétences transversales

En Turquie et en Roumanie, les enfants seraient plus heureux

Les traits du système finlandais que copie l’étranger n’expliquent pas le succès finlandais, ils sont au contraire source de problèmes

Nathalie Bulle sur le modèle finlandais et les tests PISA

Les dessous de la réussite finlandaise

Finlande — Immigration à 2 % dont beaucoup de Caréliens

Québec — Adieu, compétences transversales