vendredi 28 septembre 2007

Priorité du ministère de l’Éducation : sévir et serrer la vis...

Contre le décrochage des garçons ? La violence à l’école ? Non ! Contre l’illettrisme fonctionnel de tant de jeunes ? Que nenni ! Contre la sexualité précoce qui ravage les écoles québécoises ? Nullement ! La drogue que fument au moins occasionnellement quarante pour cent des élèves du secondaire ? Eh, bien, non.

L’urgence est ailleurs. Car, comme nous l’apprend un article médiocre du Devoir publié le 22 septembre, des informations « pour le moins dérangeantes ont éclaté au grand jour ». Imaginez : les jeunes juifs hassidiques passeraient la majeure partie de leur journée à étudier la Torah à partir de 12 ans. La grande nouvelle !
Pourtant établies depuis une centaine d'années au Québec, les écoles privées juives ont créé de grands remous dernièrement. [N.D.L.R : Ah ?] « Certaines écoles juives ont un permis du ministère de l'Éducation même si, au secondaire, elles n'enseignent pratiquement que les livres religieux aux adolescents. Si, en tant que société multiculturelle, il est souhaitable de ne pas imposer un modèle unique d'enseignement, il est toutefois de notre devoir de se demander jusqu'où on doit aller », indique Mme Garand.
La réponse suit dans le titre suivant...
Les écoles juives devront se conformer
Et voilà : « ne pas imposer un modèle unique » et pourtant il n’y aura qu’un programme unique permis, qu’un régime pédagogique unique, que des professeurs certifiés par Québec. Et on ose vanter la diversité, le tolérance et le « métissage culturel » dans ce même journal, alors qu'on fait tout pour que tous les jeunes Québécois passent par le même moule !
Selon la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, il n'y a pas de doute. Les écoles juives doivent se conformer rapidement. Au début de l'été, elle a réuni les directeurs autour d'une même table pour dégager un terrain d'entente.

La difficulté est que, dans la religion juive, tout garçon doit, dès l'âge de 13 ans et jusqu'à ce qu'il devienne chef de famille, passer la majorité de sa journée à étudier la Torah. L'enseignement d'autres matières n'est pas exclu, mais le partage du temps est problématique.
Les Juifs hassidim sont au Québec depuis plus de 60 ans... Qu’est-ce qui pousse le ministère à vouloir corriger la situation subitement ? Pourquoi faut-il même corriger quelque chose, si ce n’est l’application aveugle de règles monopolistiques ? Les enfants hassidim soulèvent-ils des difficultés ? Ou la véritable raison ne serait-elle pas, comme l’a avoué à l’Assemblée nationale l’année passée, le ministre de l'Éducation de l'époque, M. Fournier, que les enfants juifs doivent adopter les valeurs de la société québécoise (définies par le Ministère) : « il est important pour [les enfants juifs] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde. » De les assimiler donc ? Parce qu’on ne les aime pas comme ils sont actuellement ?
« Les directeurs d'école comprennent toutefois que, au Québec, la loi oblige les enfants à fréquenter l'école jusqu'à 16 ans, et ils devront la respecter. Ce ne sera pas facile, mais le processus de consultation et de transition a été établi. Toutefois, les écoles juives existent au Québec depuis très longtemps et il faut en tenir compte. Il y aura une période de transition, d'environ un an ou deux, au maximum trois ans, mais si jamais des écoles rejetaient tout simplement nos exigences, elles seraient informées que nous entreprendrions les procédures judiciaires appropriées », affirme la ministre Courchesne, toutefois confiante en la bonne volonté de la communauté.
On aimerait bien savoir ce que pensent vraiment ces communautés orthodoxes juives et ne pas seulement entendre la version de la ministre du Monopole. Car, enfin, voilà des paroles ministérielles bien autoritaires... Il ne faut pas compter sur le Devoir semble-t-il.
D'autres groupes religieux, plus petits et plus reclus, exploitent légalement ou non des écoles au Québec, alors qu'on ne sait pas toujours ce qui y est enseigné. Prenons l'Académie des petits phénix de Longueuil. « Cette école, dirigée par l'Église de la scientologie, a un permis du ministère de l'Éducation. Pourtant, on ne sait pas vraiment ce qui y est enseigné. On entend seulement des ouï-dire. Le ministère devrait faire enquête. On ne devrait pas donner de permis sans savoir ce qui est enseigné dans un établissement et avec quelles techniques », soutient Mme Garand, qui, par le CINR, vient en aide aux personnes fragilisées à la suite d'une expérience de croyance.
Article médiocre et inquiétant comme nous l’avions dit :
  1. La journaliste ne semble interroger qu’une personne pour le moins partiale en matière religieuse.
  2. Ces « révélations » du Devoir – qui utilise les dénonciations d’une personne peu sympathique envers les religions – semblent surtout faire partie d’une volonté de voir le Ministère prendre des mesures sévères devant les « dérives » des « groupes nébuleux » et des « nouvelles religions » — spécialité de la seule dénonciatrice — comme le judaïsme (!).
  3. Au fait, qui finance le CINR ? La journaliste ne nous en dit mot alors qu’elle dénonce ceux qui seraient derrière certaines écoles.
  4. La journaliste ne semble pas chercher à vérifier les faits présentés par son interlocutrice en demandant l’avis des personnes incriminées... Très étranges procédés, mais bon c’est la presse francophone du Québec.
Ces procédés ne pouvaient manquer bien sûr d’attirer les foudres d’un des rares lecteurs du Devoir en la personne de Gilles Léonard, président et directeur général de l’Académie des petits Phénix dont il est question ci-dessus qui dénonce vertement le paragraphe cité dans sa lettre au Devoir :
« Dans votre article du 22 septembre 2007, les seules informations véridiques que vous ayez mentionnées au sujet de l'Académie des petits Phénix sont qu'elle est bel et bien située à Longueuil et qu'elle détient un permis du Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Le reste est faux et même diffamatoire dans certains cas. On vous a vraiment très mal informé !

Il n'existe aucune école scientologue au Québec, aucune école où l'on fait l'enseignement de la religion de la Scientologie dans un cadre scolaire.

L'Académie des petits Phénix est une école tout ce qu'il y a de plus laïque qui ne fait aucun enseignement religieux, seulement de l'enseignement moral. Ni la directrice pédagogique, ni les enseignantes‑titulaires ne sont scientologues. Par contre, elles utilisent la technique d'étude Applied Scholatics avec les élèves pour leur permettre de mieux réussir leurs études et obtiennent d'excellents résultats. »
Le ministère de l'Éducation se défend bien d'accorder des permis sans s'assurer que les écoles répondent bien aux critères prescrits, notamment en ce qui a trait au régime pédagogique et à l'évaluation. « Les règles sont claires. Plusieurs demandes de permis sont refusées, d'autres sont accordées, mais des suivis sont faits. Certaines écoles se voient accorder leur permis sous conditions, alors nous les suivons de plus près. De plus, les permis peuvent toujours être révoqués si les critères ne sont pas respectés. D'ailleurs, en ce moment, il y a un gros resserrement qui se fait », précise Michelle Courchesne.
Pourquoi ? Quelle est l’urgence ? Pourquoi le Monopole tolère-t-il de moins en moins les écoles différentes ? Y a-t-il vraiment la moindre menace faite aux enfants ? Qui peut le penser sérieusement par exemple dans le cas des Juifs ou des mennonites qui pratiquent depuis des décennies, si ce n’est des siècles, leur forme d’enseignement bien à eux...
Du côté de Gatineau maintenant, l'école évangélique pentecôtiste illégale de l'Église Nouvelle Alliance, dénoncée dans les médias l'année dernière, semble toujours bien opérationnelle. « Nous n'avons vu aucune action du ministère dans ce dossier », déplore Mme Garand.
Euh, Mme Garand déplore, elle admet donc qu’elle souhaite qu’elle ne soit plus opérationnelle, qu’on la ferme. Sous quel prétexte alors que le Ministère n’a pas statué ? Un excès de zèle intolérant ?
Au ministère de l'Éducation, on précise que cette école a déposé une demande de permis qui fait toujours l'objet d'une analyse.
Voir notre autre billet sur le sujet.
Enfin, le ministère de l'Éducation a récemment exigé la fermeture de la petite école mennonite de Roxton Falls, en Estrie,
Stricto sensu en Montérégie, mais bon c’est le Devoir.
qui enseignait le créationnisme.
Ceci n’a jamais été attesté, voir la source du mythe et comment des universitaires, tolérants bien sûr, et conseillers du Monopole, expliquent ensuite que c’est une excellente raison pour fermer l’école mennonite et pour menacer les parents et les enfants d’actions de la part de la Direction de la « protection » de la jeunesse.
Refusant de se conformer aux exigences du gouvernement, l'établissement se retrouvait dans l'illégalité.
Nous en avons déjà parlé, ces exigences sont uniques au Québec. D’ailleurs, l’école et la plupart des enfants ont simplement déménagé en Ontario (d’autres au Nouveau-Brunswick).
Toutefois, devant la menace de poursuites judiciaires si la communauté rouvrait l'école cette année, les membres ont affirmé qu'ils déménageaient en Ontario,
À nouveau, la travail bâclé de la journaliste apparaît au grand jour, elle qui n’a pas vérifié ses infos :
  1. les mennonites ont dit que les parents d’enfants scolarisés à l’école de Roxton Falls (note pour journalistes du Devoir : donc pas tous les membres, car tous ne sont pas dans ce cas-là) déménageraient avant la rentrée et la mise en action de la dimension « protectrice » de la DPJ.

  2. Tous ces parents ont déménagé (suffit d’un petit coup de fil au maire, au pasteur, une visite, etc.) à grands frais, car pour l’instant plusieurs ont encore leur ferme à Roxton Falls et louent en sus des appartements dans d’autres provinces.
où le gouvernement est moins strict.
Non, plus tolérant et moins obnubilé dans sa volonté d’imposer un monopole inutile, intolérant et néfaste.

Notez qu'il est paradoxal de voir tout à coup ces grands libertaires du Devoir qui ne condamnent ni les « identités sexuelles floues », ni les mariages homosexuels, ni l'usage de drogues récréatives soient subitement en faveur de mesures strictes ! Bien sûr il s’agit ici de lutter contre l’infâme comme aurait dit Voltaire : la religion.

Entre-temps, ce genre de dogmatisme a fait fuir des citoyens modèles de Roxton Falls comme le regrettent les habitants de ce village. Et cela dans une région qui commence à manquer de bras ! Bravo MM. les fonctionnaires de Québec qui serrez subitement et à mauvais escient la vis !

On serre même la vis dans les garderies...

Ça se passe au Québec en 2007 
Une mère est choquée : un garderie fortement subventionnée par l'État a refusé que sa fille de 4 ans réalise un bricolage de l’Oratoire St-Joseph parce qu’il s’agit d’un monument religieux.

Chaque enfant devait réaliser et présenter le bricolage d’un monument de son choix. Y ayant passé du temps avec sa famille, l’Oratoire Saint-Joseph est un endroit qu’affectionne la fillette. Pour la mère, Mylène Forget, il s’agissait aussi d’un bricolage facile et intéressant à réaliser. Devant le refus de la garderie subventionnée, elle décide de ne pas réagir.

Pour Mylène Forget, l’Oratoire est un monument religieux, certes, mais il s’agit aussi d’un monument historique et culturel visité par des millions de visiteurs de toutes nationalités et religions. Elle se questionne : « A-t-on encore le droit de dessiner le Taj Mahal ou les Pyramides ? Le Mont Royal avec sa croix ? Notre culture doit-elle être mise de côté au nom de la tolérance ? » Elle se demande aussi : « Si un enfant désire dessiner une église ou une synagogue, n’est-ce pas de la censure que de l’en empêcher ? »
Quos vult perdere, Jupiter prius dementat.

Source : TVA