dimanche 12 octobre 2025

Vandalisme antichrétien en forte hausse en France et en Allemagne : l'inquiétude grandit

En France comme en Allemagne, les églises sont la cible croissante d’actes de vandalisme, de vols, de profanations et parfois même d’attaques contre les fidèles. Les chiffres et les faits récents témoignent d’une intensification inquiétante de ce phénomène, dans un climat de plus en plus tendu autour des symboles religieux chrétiens.

Guingamp : une statue de la Vierge Marie incendiée en pleine messe

En France, une recrudescence marquée des actes antichrétiens

Au premier semestre 2025, 322 actes antichrétiens ont été recensés en France, soit une augmentation de 13 % par rapport à l’an passé. Selon le ministère de l’Intérieur, la majorité de ces actes concernent des atteintes aux biens : croix arrachées, portes fracturées, statues brisées, objets liturgiques volés. Le nombre de vols d’objets sacrés a bondi de 22,8 % en 2024, avec 820 cas signalés.

Les zones rurales sont particulièrement touchées. Dans les Landes, 27 églises ont été profanées en quelques semaines. À Mont-de-Marsan, trois individus ont été arrêtés en possession de ciboires et de calices volés. Le diocèse s’est constitué partie civile. À Badefols-d’Ans, en Dordogne, la mairie a fermé l’église du XIIe siècle après un cambriolage : tronc vidé, tapis liturgique disparu, cierges allumés retrouvés sous les chaises. Les clés sont désormais délivrées en mairie.

Dans le Nord et la Creuse, des vagues de cambriolages similaires ont visé des édifices parfois centenaires. Les régions les plus touchées en 2024 sont la Nouvelle-Aquitaine, l’Île-de-France, le Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie. À l’Observatoire du patrimoine religieux, on évoque une moyenne de cinq vols par semaine dans les églises françaises. Des plateformes de revente comme Leboncoin proposent régulièrement des calices ou ciboires en argent, sans traçabilité. Le président de l’Observatoire, Édouard de Lamaze, appelle à un encadrement strict de la vente de biens liturgiques, uniquement par des commissaires-priseurs.

La violence ne s’arrête pas aux objets. À Lyon, un chrétien d’origine irakienne a été assassiné en direct sur TikTok. À Paris, deux incendies ont ravagé l’église Notre-Dame-des-Champs en juillet ; le préjudice est estimé entre 2 et 3 millions d’euros. L’auteur présumé, déclaré pénalement irresponsable, était un SDF en situation irrégulière. À Pantin et La Courneuve, un autre homme, sous l’emprise du crack, a vandalisé deux églises en pleine messe, sous les yeux des fidèles.

Les profanations deviennent parfois sciemment humiliantes : à Arudy, dans les Pyrénées-Atlantiques, des excréments ont été déposés à l’entrée de l’église, de façon à ce que les fidèles les piétinent. À Panilleuse, dans l’Eure, l’autel a été partiellement incendié par des jeunes délinquants. Ces actes prennent une dimension clairement antireligieuse, au-delà du simple vandalisme.

Face à cette vague, des voix s’élèvent. La sénatrice LR Sylviane Noël dénonce une asymétrie de traitement médiatique et politique entre les actes antichrétiens et ceux visant d’autres confessions. Dans une tribune cosignée par 86 sénateurs, elle réclame la création d’un dispositif national de signalement pour les victimes d’actes antichrétiens, à l’instar des structures existantes pour l’antisémitisme et l’islamophobie. Elle critique aussi une forme d’hostilité culturelle envers les racines chrétiennes, évoquant des syndicats qui souhaitent débaptiser les vacances de Noël.

En Allemagne, une hostilité croissante envers le christianisme

La situation en Allemagne suit une évolution similaire. Si les autorités fédérales, via le Bundeskriminalamt (BKA), ne recensent que les actes motivés politiquement, ces derniers sont en forte hausse. En 2024, 337 actes antichrétiens à motivation politique ont été enregistrés, contre 277 en 2023 (+21,7 %), ainsi que 111 infractions visant des églises (contre 92 l’année précédente).

Les chiffres globaux, cependant, seraient bien supérieurs. L’Observatoire OIDAC Europe, basé à Vienne, estime à au moins 2 000 le nombre de dommages matériels causés aux églises chrétiennes allemandes en 2023. Ces actes incluent des vols, des détériorations graves et des profanations. Selon sa directrice, Anja Hoffmann, « les bibles brûlées, têtes de statues décapitées, confessionnaux détruits » deviennent de plus en plus fréquents.

La paroisse Saint-Antonius de Gronau, en Rhénanie-du-Nord–Westphalie, a ainsi décidé en février de ne plus ouvrir son église en dehors des offices, après des insultes envers les fidèles, des vols de plaques commémoratives, et des dégradations du tabernacle. Le sceptre d’une statue de la Vierge du XVIIe siècle a été volé ; le baptistère a été utilisé comme poubelle. Une habitante déplore « la perte du respect pour le sacré », dans un pays où près de 50 % de la population se réclame encore du christianisme.

Matthias Kopp, porte-parole de la conférence épiscopale allemande, observe une aggravation qualitative des attaques contre les lieux de culte. Il y voit une « hostilité ouverte contre le christianisme » et demande une répression systématique de ces actes, considérés comme des atteintes à la liberté religieuse. Il insiste sur la gravité du phénomène, qui touche au cœur de la pratique spirituelle.

Les autorités allemandes relèvent également une montée générale des « crimes de haine » : en 2024, les actes islamophobes ont augmenté de 26 %, les actes antisémites de 20,7 %. Le chancelier Friedrich Merz, dans un discours empreint d’émotion, a récemment dénoncé cette recrudescence, qualifiant de « honte » le retour d’un antisémitisme manifeste. Mais plusieurs observateurs regrettent que l’antichristianisme, bien que réel et croissant, ne bénéficie pas de la même visibilité ni du même traitement politique et médiatique.

OIDAC et la conférence épiscopale allemande s’accordent : au-delà des dégâts matériels, la fermeture progressive des églises face à ces attaques envoie un signal négatif, affaiblissant le droit au culte et le rôle spirituel de ces lieux. Ils appellent à des mesures concrètes pour sécuriser les églises, soutenir les fidèles, et préserver la liberté religieuse chrétienne, souvent perçue aujourd’hui comme minorée.

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