Les médias portent en eux une crédibilité totalement imméritée. Vous avez tous vécu cela, dans ce que j’appelle l’effet d’amnésie Murray Gell-Mann. (Je m’y réfère par ce nom parce que j’en ai discuté une fois avec Murray Gell-Mann [prix Nobel de physique en 1969] et qu’en utilisant un nom célèbre, je me rehausse moi-même et donne plus de sérieux à cet effet qu’il n’en aurait autrement.)
En bref, l’effet d’amnésie Gell-Mann est le suivant. Vous ouvrez le journal et lisez un article sur un sujet que vous connaissez bien. Dans le cas de Murray, la physique. Dans le mien, le monde du spectacle. Vous lisez l’article et voyez que le journaliste n’a absolument aucune compréhension ni des faits ni des enjeux. Souvent, l’article est si faux qu’il présente en fait l’histoire à l’envers, inversant la cause et l’effet. J’appelle cela les histoires « les rues mouillées provoquent la pluie ». Les journaux en sont pleins.
Dans tous les cas, vous lisez avec exaspération ou amusement les multiples erreurs de cet article, puis tournez la page et tombez sur les affaires nationales ou internationales, et lisez comme si le reste du journal était en quelque sorte plus précis sur la Palestine que les bêtises que vous venez de lire. Vous tournez la page et oubliez ce que vous veniez d’apprendre.
C’est l’effet d'amnésie Gell-Mann. Je soulignerai que cet effet ne s’applique pas dans d’autres domaines de la vie. Dans la vie ordinaire, si quelqu’un exagère ou vous ment souvent, il se déconsidère rapidement et vous doutez de tout ce qu’il dit. En droit commun, on parle de la doctrine du falsus in uno, falsus in omnibus, qui signifie « faux en une chose, faux en toutes choses ». Mais en ce qui concerne les médias, nous pensons contre toute évidence qu’il vaut probablement la peine de lire d’autres parties du journal. Alors qu’en fait, ce n’est presque certainement pas le cas. La seule explication possible de notre comportement est l’amnésie.
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