Jacques Maurais, ancien coordonnateur de la recherche et de l’évaluation à l’OQLF, souligne dans une lettre ouverte que
2. L’OQLF devait publier en 2018 le bilan que l’article 160 de la Charte de la langue française lui impose de faire « au moins tous les cinq ans ». Il n’a publié aucun bilan complet depuis 2008. Je vous prie de demander à l’OQLF de mettre à jour tous les tableaux du bilan de 2008 pour que les citoyens puissent se faire une idée de l’évolution de la situation linguistique.
[...]
4. Le bilan de 2008 comportait un chapitre sur la maîtrise du français. On y trouvait des données sur le taux de réussite en qualité de la langue aux épreuves de français de 5e secondaire et à l’épreuve uniforme de français du collégial. Le ministère de l’Éducation ne met pas en ligne les résultats détaillés aux épreuves du secondaire : il importe donc que l’OQLF mette à jour les données de son bilan de 2008. Pour le collégial, nous savons que le taux de réussite au critère de la qualité de la langue est passé de 90 % en 1998-1999 à 84,8 % en 2015-2016. Les analyses que j’ai faites des données du Ministère montrent aussi que les résultats en orthographe sont en baisse depuis 1997-1998 et en syntaxe depuis 2002-2003. Le Ministère n’a pas publié les résultats de 2016-2017 et de 2017-2018. Pourriez-vous demander à votre collègue de l’Éducation de les mettre en ligne en attendant qu’ils soient intégrés au bilan de l’OQLF ?
On apprend aussi :
3. La place du français dans l’affichage à Montréal vous inquiète à juste titre. L’OQLF a publié le 29 mars 2018 une étude sur l’affichage à Montréal. On y affirmait que, de 2010 à 2017, il y avait eu une hausse dans la conformité à la réglementation. Cette hausse n’est pas étonnante quand on sait que la règlementation a été assouplie en 2016. Le Devoir a bien débusqué l’astuce quand il a titré dans son édition du 30 mars : « De nouvelles règles embellissent le portrait de l’affichage en français. » L’étude publiée en 2018 se concentre sur la conformité des commerces au nouveau règlement édulcoré mais fournit très peu de données sur la concurrence des langues dans l’affichage et encore moins sur l’évolution de cette concurrence.
Il m’a néanmoins été possible d’établir à partir de ces données parcellaires que, de 1997 à 2017, les commerces ayant pignon sur rue affichant uniquement en français sont passés de 52 % à 22,8 %, soit une baisse de 29,2 points.
Les données partielles dont nous disposons à l’heure actuelle permettent de croire qu’il y a eu un recul significatif de la présence du français dans l’affichage commercial sur l’île de Montréal depuis vingt ans.
Pendant cette période, l’Office a effectué quatre enquêtes sur le sujet. Il a reçu le mandat de suivre l’évolution de la situation linguistique. Il dispose des données nécessaires pour informer la population de l’évolution de la concurrence des langues dans l’affichage commercial à Montréal de 1997 à 2017. Il ne l’a pas fait dans son rapport de 2018. Il se doit de le faire le plus tôt possible.
5. L’OQLF a publié, en 2017, une nouvelle Politique de l’emprunt linguistique [à l'anglais "windshield", "bumper" ?], « sans réelle consultation du milieu » comme l’ont écrit les auteurs de dictionnaires Marie-Éva de Villers et Jean-Claude Corbeil. Ces derniers ajoutent : « La politique de l’emprunt linguistique adoptée par l’OQLF en 2017 constitue un recul évident, un retour à la case départ des années 60. Si l’on avait appliqué les critères d’acceptabilité retenus dans la nouvelle politique de l’emprunt linguistique, jamais nous n’aurions été en mesure d’entreprendre et de réaliser les chantiers linguistiques menés par l’Office de la langue française » (Le Soleil, 23 septembre 2017). J’espère que vous n’hésiterez pas à rappeler à l’OQLF que son rôle n’est pas de décrire les usages populaires québécois mais de proposer l’usage d’un français correct dans l’Administration, l’affichage, le commerce, la publicité, l’enseignement, etc.
6. Je vous suggère, Madame la Ministre, de jeter un coup d’œil sur les priorités organisationnelles de l’OQLF. Le nombre d’inspecteurs y est passé de huit, en 2013‑2014, à quatre en 2014‑2015. On me dit que ce nombre serait toujours de quatre. Parallèlement, j’ai appris que deux terminologues ont été chargés de préparer, pendant au moins deux ans, des dossiers de « désofficialisation » de termes publiés à la Gazette officielle ces quarante dernières années : ce travail de Pénélope est-il vraiment nécessaire ? [Il s'agit donc de pouvoir utiliser dans la communication officielle des termes anglais plutôt que des termes français offciels.] L’OQLF ne pourrait-il pas mieux gérer ses ressources humaines ? Plusieurs termes qui étaient déconseillés dans les avis publiés à la Gazette officielle sont dorénavant considérés par l’OQLF comme acceptables en contexte familier. Est-ce le rôle de l’OQLF de régenter la langue familière ? Ne devrait-il pas plutôt s’occuper des usages institutionnels de la langue ?
2. L’OQLF devait publier en 2018 le bilan que l’article 160 de la Charte de la langue française lui impose de faire « au moins tous les cinq ans ». Il n’a publié aucun bilan complet depuis 2008. Je vous prie de demander à l’OQLF de mettre à jour tous les tableaux du bilan de 2008 pour que les citoyens puissent se faire une idée de l’évolution de la situation linguistique.
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4. Le bilan de 2008 comportait un chapitre sur la maîtrise du français. On y trouvait des données sur le taux de réussite en qualité de la langue aux épreuves de français de 5e secondaire et à l’épreuve uniforme de français du collégial. Le ministère de l’Éducation ne met pas en ligne les résultats détaillés aux épreuves du secondaire : il importe donc que l’OQLF mette à jour les données de son bilan de 2008. Pour le collégial, nous savons que le taux de réussite au critère de la qualité de la langue est passé de 90 % en 1998-1999 à 84,8 % en 2015-2016. Les analyses que j’ai faites des données du Ministère montrent aussi que les résultats en orthographe sont en baisse depuis 1997-1998 et en syntaxe depuis 2002-2003. Le Ministère n’a pas publié les résultats de 2016-2017 et de 2017-2018. Pourriez-vous demander à votre collègue de l’Éducation de les mettre en ligne en attendant qu’ils soient intégrés au bilan de l’OQLF ?
On apprend aussi :
3. La place du français dans l’affichage à Montréal vous inquiète à juste titre. L’OQLF a publié le 29 mars 2018 une étude sur l’affichage à Montréal. On y affirmait que, de 2010 à 2017, il y avait eu une hausse dans la conformité à la réglementation. Cette hausse n’est pas étonnante quand on sait que la règlementation a été assouplie en 2016. Le Devoir a bien débusqué l’astuce quand il a titré dans son édition du 30 mars : « De nouvelles règles embellissent le portrait de l’affichage en français. » L’étude publiée en 2018 se concentre sur la conformité des commerces au nouveau règlement édulcoré mais fournit très peu de données sur la concurrence des langues dans l’affichage et encore moins sur l’évolution de cette concurrence.
Il m’a néanmoins été possible d’établir à partir de ces données parcellaires que, de 1997 à 2017, les commerces ayant pignon sur rue affichant uniquement en français sont passés de 52 % à 22,8 %, soit une baisse de 29,2 points.
Les données partielles dont nous disposons à l’heure actuelle permettent de croire qu’il y a eu un recul significatif de la présence du français dans l’affichage commercial sur l’île de Montréal depuis vingt ans.
Pendant cette période, l’Office a effectué quatre enquêtes sur le sujet. Il a reçu le mandat de suivre l’évolution de la situation linguistique. Il dispose des données nécessaires pour informer la population de l’évolution de la concurrence des langues dans l’affichage commercial à Montréal de 1997 à 2017. Il ne l’a pas fait dans son rapport de 2018. Il se doit de le faire le plus tôt possible.
5. L’OQLF a publié, en 2017, une nouvelle Politique de l’emprunt linguistique [à l'anglais "windshield", "bumper" ?], « sans réelle consultation du milieu » comme l’ont écrit les auteurs de dictionnaires Marie-Éva de Villers et Jean-Claude Corbeil. Ces derniers ajoutent : « La politique de l’emprunt linguistique adoptée par l’OQLF en 2017 constitue un recul évident, un retour à la case départ des années 60. Si l’on avait appliqué les critères d’acceptabilité retenus dans la nouvelle politique de l’emprunt linguistique, jamais nous n’aurions été en mesure d’entreprendre et de réaliser les chantiers linguistiques menés par l’Office de la langue française » (Le Soleil, 23 septembre 2017). J’espère que vous n’hésiterez pas à rappeler à l’OQLF que son rôle n’est pas de décrire les usages populaires québécois mais de proposer l’usage d’un français correct dans l’Administration, l’affichage, le commerce, la publicité, l’enseignement, etc.
6. Je vous suggère, Madame la Ministre, de jeter un coup d’œil sur les priorités organisationnelles de l’OQLF. Le nombre d’inspecteurs y est passé de huit, en 2013‑2014, à quatre en 2014‑2015. On me dit que ce nombre serait toujours de quatre. Parallèlement, j’ai appris que deux terminologues ont été chargés de préparer, pendant au moins deux ans, des dossiers de « désofficialisation » de termes publiés à la Gazette officielle ces quarante dernières années : ce travail de Pénélope est-il vraiment nécessaire ? [Il s'agit donc de pouvoir utiliser dans la communication officielle des termes anglais plutôt que des termes français offciels.] L’OQLF ne pourrait-il pas mieux gérer ses ressources humaines ? Plusieurs termes qui étaient déconseillés dans les avis publiés à la Gazette officielle sont dorénavant considérés par l’OQLF comme acceptables en contexte familier. Est-ce le rôle de l’OQLF de régenter la langue familière ? Ne devrait-il pas plutôt s’occuper des usages institutionnels de la langue ?
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