mercredi 30 mai 2018

Situation de l'école québécoise : témoignage de deux enseignants


Hausse du nombre d'élèves hors du public au Canada et au Québec

L’attrait de l’école privée est en progression depuis 2001 pratiquement dans toutes les provinces du Canada que l’école privée soit subventionnée (comme au Québec) ou non (notamment l’Ontario). Il en va de même de l’instruction à domicile.


Toutes les provinces du Canada ont des écoles indépendantes (elles sont dites privées au Québec). Les écoles indépendantes sont caractérisées par des approches distinctes au niveau pédagogique ou une orientation religieuse. Notons qu’au Québec, l’école privée est nettement moins libre ailleurs qu’au Canada (lire Les règles imposées à l’école privée sont responsables de la sélection pratiquée). Plusieurs types d’écoles privées (notamment religieuses) sont légales au Canada, mais interdites uniquement au Québec (c’est le cas d’écoles mennonites par exemple).

Les écoles universitaires alternatives comprennent celles qui utilisent les méthodes d’enseignement Waldorf ou Montessori. La plupart des écoles à vocation confessionnelle au Canada sont soit catholiques (dans les provinces sans commission scolaire entièrement financée par la province) soit protestantes, bien que des écoles islamiques, juives, mennonites, adventistes du Septième jour, Amish et d’autres écoles confessionnelles existent aussi.

Actuellement, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et le Québec subventionnent en partie les écoles indépendantes approuvées, tandis que l’Ontario et les provinces de l’Atlantique ne le font pas.

Le montant des subventions des écoles indépendantes diffère d’une province à l’autre, mais elles sont généralement liées à une proportion du coût moyen lié à l’instruction d’un élève dans la commission scolaire publique où se trouve l’école indépendante.

La figure ci-dessus présente le pourcentage d’inscriptions dans les écoles indépendantes en 2014-2015, comparé à celui de 2000-2001. La Colombie-Britannique compte la plus forte proportion d’élèves inscrits dans une école indépendante, soit 12,9 %. Ce n’est plus le Québec qui arrive au deuxième rang avec 12,3 %. C’est un changement par rapport à l’édition précédente de cette étude qui avait le Québec avec le plus haut taux et la Colombie-Britannique avec la deuxième plus forte proportion d’élèves dans les écoles indépendantes durant l’année scolaire 2012-13. Un nombre croissant de familles en Colombie-Britannique choisissent des écoles indépendantes pour l’éducation de leurs enfants.

Fait intéressant, l’Ontario compte un pourcentage plus élevé (6,1 %) d’élèves inscrits dans des écoles indépendantes que deux des cinq provinces (Alberta et Saskatchewan) qui offrent un soutien financier aux écoles indépendantes. Cependant, il est important de noter que l’Ontario est aussi la province, de par un règlement peu tatillon, qui facilite le plus l’ouverture d’écoles indépendantes (Allison, 2015) et que le changement de politique de la Saskatchewan qui finance désormais toutes les écoles indépendantes indépendantes n’a été introduit qu’en 2012.

Le Nouveau-Brunswick conserve le taux le plus bas d’inscriptions dans des écoles indépendantes en proportion au nombre total d’écoliers, soit 0,8 %. En général, les provinces de l’Atlantique affichent des taux relativement faibles de scolarisation dans les écoles indépendantes : 2,7 % en Nouvelle-Écosse, 1,1 % à l’Île-du-Prince-Édouard et 1,4 % à Terre-Neuve-et-Labrador.

La part des inscriptions dans les écoles indépendantes par rapport au nombre total d’inscriptions a augmenté entre 2000-2001 et 2014-2015 dans chacune des dix provinces. Bien que la Saskatchewan compte une proportion relativement faible d’élèves fréquentant des écoles indépendantes (2,4 % du nombre total d’inscriptions), elle a connu la plus forte augmentation (102,3 %) comparativement à 1,2 % en 2000-2001. Le nombre d’inscriptions dans les écoles indépendantes du Nouveau-Brunswick a diminué en termes absolus, mais a tout de même enregistré une modeste augmentation de la part des inscriptions totales, qui est passée de 0,7 % en 2000-2001 à 0,8 % en 2014-2015. Rappelons que la population scolaire en chiffres absolus est en forte baisse partout au Canada (sauf en Alberta) malgré une très importante immigration.

Instruction à domicile (indépendante)

Les parents de toutes les provinces ont légalement le droit d’éduquer leurs enfants à la maison. Certaines provinces accordent aux parents plus de liberté dans leur choix d’éduquer leur famille, exigeant seulement un avis au conseil scolaire local, tandis que d’autres exigent l’approbation des plans d’éducation avant de commencer l’école, ainsi que des rapports périodiques sur les progrès de l’élève. Il n’y a pas de preuves que les enfants instruits à domicile dans les provinces les plus tatillonnes ont globalement de meilleurs résultats. Aux États-Unis, des études ont montré que les enfants instruits à la maison ont d’aussi bons résultats dans les États peu contraignants que dans les États tatillons.

En général, l’éducation à domicile n’est pas financée par les gouvernements provinciaux. Trois provinces — la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan — offrent un financement limité pour les coûts directs liés à l’instruction à domicile. Alors que les autres provinces n’offrent pas de financement particulier aux élèves scolarisés à domicile, elles peuvent permettre aux étudiants formés à domicile de s’inscrire à des cours spécifiques, de participer à des activités parascolaires scolaires telles que des équipes sportives et des excursions scolaires. Le Québec débourse de l’argent, mais c’est surtout pour surveiller les enfants instruits à domicile, un refus de déclaration entraînant une dénonciation des services sociaux (la redoutée DPJ). Pour plus de détails sur le projet de loi 144 sur l’instruction à domicile au Québec.


En général, l’enseignement à domicile représente une très petite part de l’effectif total des étudiants. Le Manitoba a le plus haut niveau d’enseignement à domicile au pays, bien qu’il ne représente que 1,5 % du total des inscriptions. Les deux autres provinces des Prairies, l’Alberta et la Saskatchewan, ont la plus forte proportion d’élèves scolarisés à la maison, soit respectivement 1,4 % et 1,2 %. Le Québec a la proportion la plus faible d’élèves scolarisés à la maison à seulement un peu plus de 0,1 %, soit 1 275 élèves en 2014. Depuis 2014, ce chiffre atteint près de 2 000 élèves (0,2 %), principalement parce que le Québec impose la fermeture des écoles trop religieuses (il les qualifie d’« écoles illégales »). Les parents qui y envoyaient leurs enfants n’ont guère d’autre choix que l’école à la maison puisqu’ils considèrent comme inacceptables les écoles publiques et les écoles privées approuvées par l’État.

En dépit des faibles effectifs liés à cette forme de scolarisation, l’instruction à domicile a connu une forte croissance en termes d’effectifs absolus au cours des cinq dernières années dans neuf provinces sur dix.

La seule exception est la Colombie-Britannique. Dans son rapport sur l’état de l’éducation à domicile au pays, Van Pelt (2015) attribue ce déclin en partie à l’énorme croissance des programmes d’apprentissage distribué (DL, une forme d’éducation à distance, comme le CNED en France, qui peut être fournie par une école publique ou privée) en Colombie-Britannique au cours de cette même période, un substitut et un complément pour l’apprentissage traditionnel à domicile.

Voir aussi

Les règles imposées à l’école privée sont responsables de la sélection pratiquée

Étude sur l’instruction à domicile au Canada

Nombre record d’enfants instruits à la maison au Québec (en 2016)

Les enfants instruits à la maison ont d’aussi bons résultats dans les États peu contraignants que dans les États tatillons

Les enfants instruits à la maison aux États-Unis réussissent mieux que ceux des écoles publiques

Source : Fraser Institute

Mauvais signal quand l'État légalise le cannabis et se lance dans sa production

Christian Saint-Germain professeur d’éthique à l’UQAM :


Christian Saint-Germain est un indépendantiste québécois anti-Parti québécois. Il est un virulent critique, d’aucuns diront un pamphlétaire sans nuance, d’une certaine modernité qui aboutit à cul-de-sac collectif.

Il a ainsi critiqué avec virulence dans son ouvrage Le mal du Québec, paru au début de l’automne 2016, l’héritage de la Révolution tranquille à la lumière de ce que Saint-Germain croit être son aboutissement funeste : la loi sur les soins de fin de vie, ou si on préfère, la transformation du suicide assisté en droit fondamental garanti par l’État social. Pour reprendre la recension de cet ouvrage par Mathieu Bock-Côté : « Derrière ce qu’on présente comme un progrès humaniste, Christian Saint-Germain voit la manifestation d’un désir de disparaître qui se ferait de plus en plus sentir au Québec, même si rares sont ceux qui le nomment par son nom. En d’autres mots, la normalisation thérapeutique du suicide assisté serait la traduction inconsciente d’un peuple qui renonce à la vie.

Saint-Germain, en d’autres mots, fait le procès d’une modernité québécoise qui aurait échoué. Les gardiens de la Révolution tranquille ne toléreraient pas la moindre critique parce qu’ils se prennent pour les Québécois les plus évolués. En s’abonnant à la social-démocratie technocratique pour régler tous ses problèmes, le peuple québécois se serait transformé en association d’assistés faisant passer leur dépendance à l’État pour une marque de solidarité nationale. Il aurait renié sa conscience identitaire, son épaisseur historique, pour se laisser absorber par la froide mécanique de l’État bureaucratique. En fait, le désastre serait global. Non seulement l’hôpital tuerait plutôt que soigner mais l’école fabriquerait des analphabètes à la tonne au nom de la massification de l’éducation. “Depuis la Révolution tranquille, l’école publique au Québec n’a-t-elle jamais été autre chose qu’un entrepôt d’enfants mal-aimés, un site d’enfouissement laissé sans surveillance ni inspection générale” (p.100) ? Encore une fois, il frappe fort, très fort, et probablement trop fort. Mais à travers une critique qui peut sembler terriblement injuste, il révèle des vérités désagréables qu’il sera seul à oser regarder en face. »