mardi 27 février 2018

Méta-étude — Différences entre les sexes dans les préférences des enfants en matière de jouets

Selon une enquête publiée dans la revue Infant and Child Developement, dès leur plus jeune âge, la plupart des enfants choisissent de jouer avec des jouets typiquement associés à leur sexe.

Afin d’isoler les variables qui prédisent la préférence des jouets, les auteurs ont réalisé une méta-analyse des études d’observation de la sélection libre des jouets par les garçons et les filles âgés de 1 à 8 ans. D’un fonds initial de 1788 articles potentiels, 16 études (portant 787 garçons et 813 filles) répondaient aux critères d’inclusion des chercheurs. 

Ils ont constaté que les garçons jouaient plus avec des jouets de garçons que les filles (Cohen d = 1,03, p < 0,0001) et que les filles jouaient plus avec les jouets de filles que les garçons (Cohen : d = -0,91, p < 0,0001). La métarégression n’a montré aucun effet significatif de la présence d’un adulte, du contexte de l’étude, de la localisation géographique de l’étude, de la date de publication, de l’âge de l’enfant ou de l’inclusion de jouets neutres. Cependant, une analyse plus poussée des données sur les garçons et les filles a révélé que les garçons plus âgés jouaient plus avec les jouets de type masculin qu’avec les jouets de type féminin (β = 0,68, p < 0,0001).



Faits saillants

  • Des différences entre les sexes dans le choix des jouets existent et semblent être le produit de forces innées et sociales.
  • Malgré la variation méthodologique dans le choix et le nombre de jouets offerts, le contexte de test et l’âge de l’enfant, la constance dans la découverte des différences sexuelles dans les préférences des enfants pour les jouets typés selon leur propre sexe suggère que la force de ce phénomène et sa probabilité sont d’origine biologique.
  • Le temps que les garçons jouent avec des jouets typiques pour garçons augmente à mesure que les garçons vieillissent, mais on n’a pu retrouver la même tendance chez les filles ; cela indique que les effets sociaux stéréotypés peuvent persister plus longtemps chez les garçons ou qu’il existe une prédisposition biologique plus forte pour certains styles de jeu chez les garçons.

Les pères célibataires meurent plus jeunes

Le risque de mourir prématurément est plus que doublé pour les pères célibataires par rapport aux mères célibataires ou aux pères en couple, selon une étude publiée jeudi et réalisée au Canada.

« Notre étude souligne que les pères célibataires ont une mortalité plus élevée, et démontre la nécessité de politiques de santé publique pour contribuer à identifier et soutenir ces hommes », a affirmé l’auteur principal, Maria Chiu, chercheuse en santé publique à l’université de Toronto.

Publiée par The Lancet Public Health, l’étude porte sur des questionnaires de santé auprès de 40 500 personnes entre 2000 et 2012.

Chez les 871 pères sans compagne dénombrés, le taux de mortalité atteignait 5,8 pour mille. C’est nettement plus que chez les mères célibataires (1,7 pour mille) et les pères en couple (1,9 pour mille).

En prenant en compte des facteurs spécifiques à ces pères célibataires, en moyenne plus âgés et plus souvent atteints par le cancer ou les maladies cardiovasculaires, le risque de mortalité restait deux fois plus élevé.

La raison n’est pas établie avec certitude, mais les chercheurs soupçonnent le stress et « des modes de vie moins sains » : alimentation peu équilibrée, manque d’exercice physique, et consommation plus forte d’alcool. De plus, ces hommes ont, semble-t-il, « moins souvent un réseau social, une assistance sociale ou un soutien dans l’éducation de leurs enfants » que les mères célibataires.

Par rapport à elles, qui ont plus souvent été abandonnées par leur partenaire avant la naissance d’un enfant, les pères seuls sont plus fréquemment veufs, divorcés ou séparés après une relation durable.

Les séparations font que de plus en plus d’enfants dans le monde vivent avec un seul parent.

Aux États-Unis, la proportion est passée de 8 à 23 % entre 1960 et 2016, selon le Bureau du recensement. En Europe, le Danemark est d’après l’OCDE le pays à la plus forte proportion de ménages monoparentaux (23 % avec une femme, 7 % avec un homme).

Un démographe de l’ONU, Joseph Chamie, avait calculé en 2016 que « sur les 2,3 milliards d’enfants que compte le monde, 14 %, soit 320 millions, vivent dans une famille monoparentale ».

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France — Le grand oral du bac risque d’être une fabrique de conformisme

La création d'un grand oral au baccalauréat encouragera le politiquement correct au détriment des savoirs fondamentaux, argumente l'essayiste Roland Hureaux dans le Figaro. Roland Huteaux est un an­cien élève de l’École nor­male su­pé­rieure et de l’École na­tio­nale d’ad­mi­nis­tra­tion, l’au­teur a été le col­la­bo­ra­teur de Phi­lippe Sé­guin. Il a pu­blié, no­tam­ment, « Les nou­veaux féo­daux, l’er­reur de la dé­cen­tra­li­sa­tion » (Gal­li­mard, 2004) et « La grande dé­mo­li­tion, la France cas­sée par les ré­formes » (Bu­chet-Chas­tel, 2012).

Se sou­vient-on en­core du pas­sage de Claude Al­lègre au mi­nis­tère de l’Édu­ca­tion na­tio­nale ? Il y re­cueillit la sym­pa­thie de la droite par quelques for­mules-chocs comme la pro­messe de « dé­grais­ser le mam­mouth ». Non seule­ment il n’en fit rien, mais ce mi­nistre pro­fi­ta de cette po­pu­la­ri­té fac­tice pour pour­suivre les ré­formes les plus no­cives.

M. Blan­quer, pour sa part, mul­ti­plie les pe­tits si­gnaux en di­rec­tion de la droite édu­ca­tive : re­tour du la­tin (sans ré­ta­blis­se­ment du Capes de lettres clas­siques, néan­moins), classes bi­lingues, re­dou­ble­ments au­to­ri­sés, ap­pren­tis­sage ana­ly­tique de la lec­ture, cho­rales voire uni­forme à l’école. On com­prend la sa­tis­fac­tion que sus­citent ces an­nonces, mais il fau­drait at­tendre de voir quelle mise en oeuvre sui­vra avant de don­ner un sa­tis­fe­cit au mi­nistre sur ces su­jets. Reste sa ré­forme du bac, elle aus­si bien re­çue. Qu’en pen­ser ?

Une par­tie du pro­jet, au moins, est très in­quié­tante : l’ins­tau­ra­tion d’un grand oral d’une de­mi-heure où les can­di­dats s’ex­pri­me­raient li­bre­ment sur un su­jet choi­si par eux deux ans plus tôt.

Le pre­mier risque porte sur l’or­ga­ni­sa­tion des ly­cées : même s’il doit s’ap­puyer en­core, nous dit-on, sur une « do­mi­nante », un tel oral se­rait la consé­cra­tion des tra­vaux que les élèves doivent réa­li­ser dans le cadre des « en­sei­gne­ments pra­tiques in­ter­dis­ci­pli­naires », qui ont vu leur im­por­tance ren­for­cée par Na­jat Val­laud-Bel­ka­cem. Or leur ef­fet est d’af­fai­blir une des qua­li­tés qui res­tent au corps en­sei­gnant fran­çais, celle d’être des spé­cia­listes, pour les trans­for­mer en ani­ma­teurs in­ter­dis­ci­pli­naires. Cette orien­ta­tion tend à faire de nos éta­blis­se­ments, non plus des lieux d’ap­pren­tis­sage, mais de simples « lieux de vie ». Seules les ZEP [zones d'éducation prioritaires, grosso modo les banlieues immigrées dotées de plus de moyens], à la re­cherche, elles, de mé­thodes ef­fi­caces, sont exo­né­rées de cette évo­lu­tion.

L’autre risque est plus po­li­tique : ce­lui d’ins­tau­rer, plus clai­re­ment en­core qu’au­jourd’hui, la dic­ta­ture du po­li­ti­que­ment cor­rect au coeur de l’en­sei­gne­ment se­con­daire.

Le grand oral de­vant un ju­ry, ce­la existe certes à l’ENA et dans beau­coup de grandes écoles – pas les plus sé­rieuses comme Nor­male ou Po­ly­tech­nique, du reste. Mais à vingt ans ou plus, les can­di­dats ont suf­fi­sam­ment de ma­tu­ri­té pour jouer le jeu qu’on at­tend d’eux quitte à faire la bête. À l’ado­les­cence, ce se­ra plus dif­fi­cile et il n’est de toute fa­çon pas sou­hai­table d’in­ci­ter les jeunes à jouer la co­mé­die. Ajou­tons que l’exer­cice concer­ne­ra, en ter­mi­nale, toute une classe d’âge et non les seuls can­di­dats à des concours.

Outre le po­li­ti­que­ment cor­rect et les modes qui risquent fort de pe­ser sur les su­jets choi­sis, ce grand oral se­ra la der­nière épreuve, par­ti­cu­liè­re­ment so­len­ni­sée. Elle pri­vi­lé­gie­ra la confiance en soi, le cu­lot, l’air « bran­ché ». Elle ou­vri­ra aus­si la porte in­si­dieu­se­ment, au mo­tif de com­pen­ser cer­tains han­di­caps, à la dis­cri­mi­na­tion po­si­tive des mi­no­ri­tés de toute sorte, qui reste avant tout une dis­cri­mi­na­tion. Avec ou sans ins­truc­tions, les ju­rys y se­ront conduits as­sez na­tu­rel­le­ment pour suivre l’air du temps.

Pour le reste, on ne peut que se louer du sou­ci de dé­cloi­son­ner les sé­ries, mais se­ra-ce dans le sens de la sim­pli­ci­té ? Au lieu de trois sé­ries, L, S et ES, la ré­forme, fon­dée sur un choix d’op­tions abou­ti­rait à 30 com­bi­nai­sons de fi­lières ! N’avait-on pas le moyen de re­va­lo­ri­ser les sé­ries L sans in­ven­ter une telle usine à gaz, en par­lant par exemple de « lettres et com­mu­ni­ca­tion », ce à quoi le mi­nis­tère s’est tou­jours re­fu­sé ? Quelle place dans ces com­bi­nai­sons pour l’his­toire et la géo­gra­phie, ma­tière de culture au moins au­tant au­jourd’hui que la lit­té­ra­ture et la phi­lo­so­phie (dont l’épreuve écrite de­meure, il est vrai, sans doute pour ras­su­rer) ou pour la se­conde langue ? Les ma­tières se­ront, se­lon les élèves, tan­tôt des ma­jeures, tan­tôt des mi­neures : nous sou­hai­tons bien du plai­sir aux pro­vi­seurs qui de­vront or­ga­ni­ser les em­plois du temps.

On sait au de­meu­rant com­bien l’ins­tau­ra­tion du contrôle conti­nu en mai 68 au sein de l’Uni­ver­si­té y avait gé­né­ra­li­sé le ba­cho­tage au dé­tri­ment de la culture gé­né­rale et de la li­ber­té de l’es­prit.

Com­ment con­ci­lier des ré­sul­tats du bac connus as­sez tôt pour gé­rer l’orien­ta­tion des élèves et as­sez tard pour ne pas dé­mo­bi­li­ser les élèves en fin d’an­née ? Pro­blème tech­nique en ap­pa­rence, mais qui se pose dans une hy­po­thèse de sé­lec­tion gé­né­ra­li­sée et pré­coce.

Le prin­ci­pal risque de­meure que cette ré­forme soit une nou­velle étape dans le for­ma­tage de la jeu­nesse, et par là de la po­pu­la­tion, à une pen­sée unique. Après la chasse aux [bobards] le for­ma­tage des es­prits par le nou­veau bac ?

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