mardi 26 janvier 2016

Bock-Côté : « Il est temps de réduire les seuils d’immigration »

Extrait d’un texte de Mathieu Bock-Côté.

Le Devoir nous confirme ce matin une chose dont nous nous doutions: la francisation des immigrés est un échec. Les immigrants boudent les cours de français. Nos efforts pour les intégrer n’aboutissent pas à des résultats convaincants. Et plus encore, ces efforts, aussi admirables soient-ils, sont mal coordonnés et mal orientés. En un mot, du point de vue de l’intégration linguistique et culturelle, l’immigration est un échec, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des milliers et des milliers de belles histoires réussies.

Si Montréal est de plus en plus bilingue..
pourquoi apprendre le français ?
Résumons : 60 % des immigrés d’âge adulte qui arrivent au Québec et qui ne parlent pas le français en y arrivent refusent de prendre des cours de français. La tendance est à la hausse depuis quelques années. En un mot, nous ne les intéressons pas. Ils arrivent chez nous et peuvent aisément se passer d’une interaction avec la majorité francophone et ceux qui la composent pour vivre et travailler, comme le note d’ailleurs Robert Dutrisac dans son article. Dans la société du Bonjour/Hi, ils choisissent le Hi.

Ce n’est pas qu’ils sont méchants. C’est que nous ne comptons tout simplement pas. Ils arrivent en Amérique du Nord. Ils arrivent au Canada. Ils arrivent à Montréal. Ils arrivent dans un environnement qui fonctionne en anglais et où la langue française a de moins en moins de pouvoir et n’est plus prestigieuse du tout. À la rigueur, nous sommes considérés comme un résidu historique plutôt sympathique. Mais nous n’incarnons plus l’avenir. On peut se passer de nous. Il y a un prix à payer à ne pas être un pays.

On devine déjà la réponse des nationalistes médiatiquement respectables : il faudrait augmenter les budgets en francisation. Les plus courageux voudront même rendre obligatoires les cours de français. Évidemment. Cela va de soi. Mais il faut aller plus loin et poser la question qui demeure fondamentalement interdite dans notre système médiatique : est-ce que l’immigration massive telle que nous la connaissons aujourd’hui est favorable aux intérêts du Québec et à la survie de sa culture ? La réponse est non.

On veut nous faire croire depuis des années qu’une immigration massive est indispensable à la prospérité économique et au rajeunissement de la population. Ce mythe a été démonté depuis un bon moment déjà par plusieurs chercheurs, qui ont bien montré en quoi l’immigration n’était pas une solution miracle pour sauver le Québec. Cela n’empêche pas certaines figures du patronat atteintes d’illettrisme économique ou militant férocement pour la fin des frontières de plaider pour une augmentation des seuils d’immigration.

Source

Voir aussi

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Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages)

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Québec — Les cours de français de plus en plus boudés par les immigrants

Environ 60 % des immigrants adultes qui ne connaissent pas le français en arrivant au Québec refusent de suivre les cours de français qui leur sont offerts gratuitement par l’État, une proportion en nette progression ces dernières années.

Selon le rapport annuel de gestion 2014-2015 du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI), des 13 455 immigrants reçus qui déclaraient ne pas connaître le français en 2012, seulement 3689 s’étaient inscrits à un cours de français dans les deux ans qui ont suivi, soit un pourcentage de 27,4 %. Mais comme les cours offerts par le MIDI ne représentent que les deux tiers des cours de français offerts aux nouveaux arrivants, a-t-on précisé au ministère — l’autre tiers est le fait du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) —, il s’agit d’un peu plus de 40 % des immigrants anglophones ou allophones qui jugent bon d’apprendre formellement le français dans les deux ans qui suivent leur arrivée.

Or en 2008, la proportion était inversée : 60 % des nouveaux arrivants ne connaissant pas le français assistaient aux cours offerts par l’État, évaluait-on au ministère. On s’inquiétait toutefois du fait que 40 % d’entre eux choisissaient de bouder les cours.

Source : Le Devoir