lundi 19 août 2013

Le système de garderies du Québec : un cul-de-sac

De Myriam Ségal au Saguenay :

Les jeunes libéraux proposent que les places en garderie soient accordées aux plus démunis d'abord. Mauvaise idée, qui émane d'un constat d'échec. Mais comme un randonneur perdu qui refuse de revenir sur ses pas, chacun cherche à sauver ce système malgré son cul-de-sac financier et social.

Mère lisant à ses enfants
Il y a 15 ans, le PQ créait les garderies à 5 $, en promettant une place pour chaque enfant. Rapidement les « lologues » ministériels ont exigé des programmes de formation pour les bambins, du matériel pédagogique, des immeubles hyper-sécuritaires, des diplômes pour les éducatrices. Les syndicats se sont emparés des CPE; les salaires et les coûts ont explosé.

On disqualifiait du coup des femmes qui gardaient fort bien des enfants. Même au noir, elles coûtaient moins cher à l'État que les éducatrices patentées. Les parents responsables faisaient leur job sans se fier au « gouvernemaman » : ils choisissaient leur gardienne, l'interrogeaient, s'impliquaient, veillaient. Mon fils a ainsi été élevé en partie à la campagne, par une mère de famille adorable.

À l'envers

Une amie, qui termine son congé parental, m'a raconté son chemin de croix. Le fœtus à peine conçu, elle l'a inscrit au guichet unique de la région. Liste d'attente : deux à trois ans! Mais plusieurs garderies ont leur propre liste. Elle a donc en plus quémandé une place partout, plaidé sa cause, fait miroiter l'horaire avantageux de son conjoint pour que la garderie encaisse la subvention sans avoir l'enfant toute la journée...

Le monde à l'envers : les parents passent des entrevues, des sélections. Ce devrait être l'inverse ! Mais à cause de l'explosion, prévisible, des coûts du système, on n'a jamais créé assez de places, ce qui donne le gros bout du bâton aux garderies. Après 18 mois de vaines démarches, elle a trouvé... au privé.

Une récente étude de l'Université McGill montre que le bébé sagittaire a moins de chance d'avoir sa place à 7 $ que le bébé bélier. Les places se libèrent à la rentrée scolaire; le bébé d'automne n'aura qu'une chance avant 18 mois, mais le bébé né au printemps en aura deux ! Les jeunes libéraux se rendent bien compte qu'on ne pourra jamais étendre ce ruineux système, et proposent une sélection impossible à administrer, qui transformera les garderies publiques en « ghettos » de pauvreté.

Cela découragera la classe moyenne d'avoir trois ou quatre enfants. Notre société, à force de filet social, aide ses plus démunis à se reproduire et décourage ses « nantis ». À deux salaires de 45 000 $ par an, on vous presse comme un citron. Sales riches » !

En Finlande

La Finlande sert souvent d'exemple aux penseurs sociaux ministériels, qui nous ont imposé une réforme scolaire absurde en prétendant copier ce pays scandinave, aux jeunes instruits, heureux et performants.

Mais ils ont négligé quelques détails : les écoles finlandaises ne comptent que rarement plus de 500 élèves, même au secondaire. Les classes intègrent toutes les catégories d'élèves, des « bollés » aux cancres, et on y ajoute des aides pédagogiques. Tous les jeunes ont des après-midi complets de sport. Les universités trient, sur le volet, ceux qui étudient pour enseigner. On y adule les profs comme nous adulons les médecins.

Le petit Finlandais ne commence l'école qu'à 7 ans. Avant, les parents ont droit à un congé parental jusqu'à trois ans. Ensuite ils ont une allocation pour garder l'enfant à domicile, ou peuvent choisir un service de garde qui recevra une subvention. Ils décident à qui va la subvention. Résultat : dans ce pays modèle, 69 % des enfants restent avec leurs parents jusqu'à 3 ans, et 36 % jusqu'à 7 ans.

Au lieu de nationaliser les enfants, de les enrôler, de les extraire de leur famille, de pénaliser ceux qui gardent leurs enfants, on donne là-bas aux parents les moyens de faire leur job.

Qui aura le courage ?

Qui aura le courage de nous ramener sur nos pas, de rendre aux parents leur fonction première et à l'État son rôle de soutien et non de remplacement ? Pas les jeunes libéraux en tout cas !

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