dimanche 9 septembre 2007

Tabou: impact de l'immigration sur les résultats et coûts scolaires

Extrait de 10 + 1 questions à Claude Allègre sur l'école. Claude Allègre fut le Ministre socialiste de l’éducation français de 1997 à 2000.
« Le nombre des élèves dans l’école primaire n’a pas augmenté. [il était de 4 551 293 en 1886 avant le mythique Jules Ferry dans une France de moins de 40 millions d'habitants et de 4 002 000 en 2000 (Quid 2002)] En revanche, la population des écoliers a un peu changé, du fait de la présence de nombreux enfants d’immigrés qui viennent de contrées dont la culture est profondément différente de la nôtre. L’immigration n’est certes pas un phénomène nouveau dans notre pays [minime pendant un millénaire avant 1860].

Mais c’est l’origine de l’immigration actuelle qui ajoute une difficulté supplémentaire à l’école primaire. La France a connu, au cours du siècle dernier, une immigration massive de Polonais qui venaient dans le Nord et dans l’Est pour y être mineurs. Au risque de heurter, je dirais qu’ils avaient avec le pays d’accueil un patrimoine commun : le catholicisme. Les prêtres ont joué un rôle très important dans l’intégration des enfants qui allaient au catéchisme et y recevaient un enseignement sur des bases communes aux petits Français, qu’on le veuille ou non.

L’Église catholique a été le ciment de cette intégration. Un processus un peu différent a joué plus tard pour les Italiens et, après la guerre d’Espagne, pour les Espagnols. Les jeunes, mais aussi les parents, apprenaient aisément et rapidement le français, les trois langues ayant des racines et des structures semblables. Et là encore, il y avait une culture commune : la culture gréco-latine chrétienne.
Le même processus ne joue pas aujourd’hui avec l’immigration d’origine maghrébine. Elle appartient à une culture fondamentalement différente de la nôtre. »
Notons que la France n’est pas seule à connaître ces résultats scolaires décevants dans les zones à forte immigration allophone.

D’autres pays européens connaissent une même corrélation entre une forte immigration et des difficultés scolaires accrues. Exemple : la Belgique où, comme le relatait le quotidien de Bruxelles Le Soir,
« Les performances scolaires des élèves issus de l'immigration sont toujours plus faibles que celles des Belges de souche, même si on isole le facteur socio-économique, la langue parlée à la maison et le type d'enseignement suivi.

Voilà ce qui ressort-il d'une étude de l'ULB rendue publique jeudi à Bruxelles par la Fondation Roi Baudouin. Ces résultats approfondissent, pour la Belgique, les résultats d'une enquête internationale PISA de l'OCDE, sortie en mai dernier.

Lorsqu'on examine les scores moyens en mathématiques dans les deux Communautés, on constate dans les deux cas des écarts importants entre élèves autochtones et élèves issus de l'immigration. Il existe également des différences entre élèves de la deuxième génération et les nouveaux arrivants.

En Communauté française, 17 % des élèves autochtones ont un niveau très faible en maths. Ils sont 36 % chez les élèves de la deuxième génération. Quant aux nouveaux arrivants, la moitié d'entre eux rencontrent [sic : éprouvent] de sérieux problèmes [difficultés] en mathématiques.

En Flandre, les pourcentages sont respectivement de 7 %, 42 % et 29 %. En outre, les immigrés arrivés en Belgique avant l'âge de 6 ans obtiennent un meilleur niveau que ceux arrivés plus âgés. Les facteurs d'explication de ces chiffres sont multiples. Les élèves qui parlent le français ou le néerlandais à la maison ont de meilleurs résultats que ceux qui y parlent une autre langue.

Pourtant, même quand les immigrés parlent la même langue que les autochtones à la maison, ils ont toujours des scores plus faibles que les seconds. Par ailleurs, les écarts entre autochtones et immigrés persistent dans toutes les filières d'enseignement (général, technique et professionnel).

Enfin, plus l'élève est issu d'une famille avec un statut socioéconomique élevé, plus il aura des scores élevés en maths. Ainsi, les enfants d'employés, avec ou sans lien avec l'histoire migratoire, ont des scores plus élevés en maths que les enfants d'ouvriers. L'étude conclut dès lors que la langue et la position socioéconomique des parents n'expliquent qu'une partie des différences entre autochtones et immigrés.

Il existe bel et bien une « problématique spécifique » en ce qui concerne les élèves issus de l'immigration. Les établissements scolaires jouent un rôle. La réussite des élèves dépend aussi de l'école, a souligné Andrea Rea, chargé de cours à l'ULB. La Fondation pointe du doigt, par exemple, le manque d'interaction entre parents d'immigrés et professeurs. Elle prône notamment une meilleure connaissance du système scolaire pour les parents par, entre autres, la lecture du journal de classe et des contacts avec les professeurs. »
Autre exemple, le canton de Genève à forte immigration dont les résultats sont moins bons que les autres cantons romands à moindre immigration :
« Le Valais et Fribourg ont non seulement les meilleures performances, mais également les taux les plus faibles de non-réponses; Genève a pour sa part un taux deux fois plus élevé d'items laissés sans réponse. De plus, ces taux sont fortement dépendants de la langue parlée à la maison. »

« Quant à la proportion d'élèves dont un membre n'est pas né en Suisse, d'élèves se déclarant non-francophones et parlant à la maison une autre langue que le français, elle est nettement plus élevée à Genève que dans les cantons de Fribourg, Valais et Jura »

Un tiers des jeunes Québécois est incapable de comprendre le sens d'un paragraphe

Cité dans le Devoir du samedi 8 septembre :
« Selon les plus récentes données, 49 % des Québécois âgés de 16 à 65 ans n’ont pas la capacité de lire suffisamment bien pour fonctionner dans notre monde moderne.
[...]
On compte au Québec 800 000 adultes qui sont incapables de lire une phrase au complet ou d’en dégager le sens. Il y en a également 1 700 000 autres qui éprouvent d’énormes difficultés : par exemple, ils peuvent comprendre le titre des articles d’un journal, mais pas un paragraphe. Une autre donnée importante, relate Maryse Perreault [présidente-directrice de la Fondation pour l’alphabétisation] est le fait que 37 % des jeunes adultes (16-25 ans) sont à ces niveaux. »

[Billet d’humeur : Rappelons, que chez les mennonites conservateurs que le Monopole de l’Éducation a chassés du Québec en déclarant « illégale » leur école, tous les adultes doivent lire la Bible chez eux, devant l’assemblée et doivent débattre par petits groupes à l’école du dimanche de textes religieux. Résultat : l’illettrisme y est quasi inconnu comme en Nouvelle-Angleterre révolutionnaire. Mais voilà, les enfants des mennonites n’apprennent pas à lire grâce à des institutrices ignares diplômées de l’État québécois. C’est donc illégal.]

Viens voir comment vivent les hommes  : L'Enfant qui dit non à l'école

Après avoir été professeur de français à l'étranger, Dominique Agniel est devenue réalisatrice de documentaires pour la télévision et écrivain. Elle a vécu dans différents pays, Liban, Canada, Polynésie, associant très tôt ses trois enfants à ses nombreux voyages.

À l’occasion de la sortie de son livre, Viens voir comment vivent les hommes : L'Enfant qui dit non à l'école, le Figaro l’a interrogée sur les raisons qui l’ont poussée à déscolariser son fils Axel :
« Maman, je veux pas aller à l'école. » Cette phrase, Dominique Agniel l'a entendue dans la bouche d'Axel pendant dix ans. Dix années de fièvres, bouffées d'angoisse et nausées pour son benjamin. Bref, de phobie scolaire. Distrait, hyperactif, Axel n'a jamais pu s'adapter aux impératifs scolaires. « Dès le CP [1ère année], il se mettait sous la table, ne répondait pas aux questions », raconte sa mère. Après six mois, le verdict tombe : Axel doit « consulter ». Dominique et son enfant sont entraînés dans la ronde infernale des thérapeutes. « Psys, famille, tout le monde vous juge. On culpabilise, on est désemparé ».

Dans la tête des parents, les questions affluent : a-t-on surprotégé ou trop gâté le petit dernier ? Avec ses aînés, pourtant, l'ex-enseignante de français, aujourd'hui auteur de documentaires, n'a jamais eu de difficultés. « Mais pour Axel, ça bloque. Je crois que certains n'arrivent pas à entrer dans le moule scolaire, ont plus de mal avec l'abstraction sur laquelle est fondé l'enseignement en classe, et s'enferment dans le rôle du cancre. Quelques profs sont rassurants, d'autres n'hésitent pas à humilier. » Comme cette maîtresse de CE2 [3e année] qui « craque », et jette les cahiers de l'enfant à travers la classe. Malgré tout, Axel passe, bon an mal an, dans la classe supérieure jusqu'en 5e.

« Si un prof lui plaisait, il décrochait une bonne note, on le considérait comme paresseux, mais intelligent. » La souffrance, elle, reste.
Pendant dix ans, Axel va fréquenter psychologues, orthophonistes et thérapeutes. Sans succès. Sa mère décide alors de faire une pause, de le sortir du système scolaire pour aller voir ailleurs comment vivent les hommes. À l'école de Jules Ferry, Dominique Agniel substitue l'appel du grand large. Le voyage devient un apprentissage, une thérapie contre l'échec. À l'âge où les adolescents se replient sur eux-mêmes et se réfugient devant des écrans de télévision ou d'ordinateur, Axel va découvrir le monde, loin des cartes postales : la vie des enfants nomades du Niger, des jeunes Inuit du Grand Nord, des Maoris des îles Marquises.

Esquimaux, Touaregs et Maoris

Dominique décide donc de sortir Axel de l'école et de partir à la rencontre des jeunes de son âge à travers le monde. « Je voulais offrir mon temps à Axel tout en créant une rupture pour prendre du recul, dédramatiser le poids de la pression scolaire focalisée sur la réussite. » L'idée : « Montrer la beauté du monde et redonner le plaisir d'apprendre en étudiant autrement ». Pendant six mois, l'adolescent et sa mère mènent la vie des Touaregs au Niger, d'Esquimaux du Grand Nord, rencontrent les Maoris aux Marquises. « Des conditions plutôt sommaires, voire dures, Axel a parfois voulu renoncer, mais je n'ai pas cédé ».

Parallèlement, l'adolescent, qui suit les cours du CNED, voit son niveau augmenter. Il passe en 4e, reprend confiance. Aujourd'hui en seconde, Axel, après une autre tentative infructueuse de scolarisation, étudie par correspondance. Avec une certitude : « Je ferai un métier qui me permettra de voyager. »

Entre humour et émotion, le livre de Dominique Agniel retrace le parcours d'une mère désemparée devant son fils réfractaire à toute discipline scolaire. Il pose les questions qui taraudent tout parent : Que laissons-nous à nos enfants ? Pourquoi les confie-t-on si vite à des étrangers ? Que peut-on leur transmettre ? Le système d'enseignement obligatoire est-il une machine à broyer ? Viens voir comment vivent les hommes est aussi un récit d'aventures, au bout duquel une mère et un fils finiront par se retrouver.

Un précepteur pour ses enfants, le nec plus ultra

Dans son édition du 8 septembre 2007, le Figaro décrit le succès croissant d’un établissement, la Vladimir School (on ne refera pas nos cousins français anglomanes), qui prodigue une scolarisation complète de haut niveau à domicile. L’école qui rassemble plus de 70 percepteurs triés sur le volet et bardés de diplômes fait recette : qu’il s’agisse de chefs d’entreprises cotées en Bourse, d’ambassadeurs, de juristes ou d’artistes, tous se ruent sur le nec plus ultra en matière d’enseignement à domicile.

Après un bilan de ces compétences, l’élève se voit désigner un précepteur principal entouré d’une équipe de professeurs. Le programme suivi est cousu main, et reprend en condensé le meilleur des programmes français et internationaux. L’objectif est de façonner un « honnête homme » version XXIe siècle d’une vaste culture dont les savoirs ne sont plus cloisonnés. Le prix est à l’avenant : 33 000 euros (47 000 dollars) par an pour un écolier, jusqu’à 70 000 euros (100 000 dollars) pour un lycéen. Soixante pour cent des élèves obtiennent leur baccalauréat avec une mention.

École à la maison : très tendance en France

Le Figaro consacre quelques articles à cette forme d'instruction, trop méconnue :
« [L]es 6-16 ans seraient aujourd'hui entre 30 000 et 40 000, d'après les estimations des associations, à apprendre loin des bancs de l'école. Habitant pour la plupart en région parisienne, ces élèves déscolarisés résident aussi en grande partie dans le sud-est de la France. Parmi ces jeunes hors norme, environ 20 000 suivent les cours du Cned, organisme d'enseignement par correspondance de l'Éducation nationale. Quelque 7 000 lui préfèrent généralement les cours d'écoles privées, dont une petite dizaine est reconnue par l'État. Mais, pour environ 3 000 enfants, les parents choisissent carrément d'établir eux-mêmes le contenu et les méthodes d'enseignement.

Dans certaines limites. Si elle est autorisée [!], l'instruction en famille est soigneusement [entendre scrupuleusement] encadrée par la législation. D'après un texte de 1998, les familles qui souhaitent scolariser leur enfant à domicile doivent effectuer une déclaration à la mairie et à l'inspection d'académie à chaque rentrée des classes. Après enquête d'une assistante sociale, un inspecteur d'académie se rend au domicile de la famille pour vérifier que le niveau d'instruction est conforme aux exigences de l'Éducation nationale.

Les raisons de ce choix parental sont aussi nombreuses que les familles concernées. Beaucoup de parents, en désaccord avec la pédagogie, préfèrent aménager des solutions plus individualisées. Quand ils ne sont pas amenés à cette solution par les circonstances. «Face à la phobie scolaire, à l'échec, certains optent pour cette solution de la dernière chance», explique-t-on à l'association Les Enfants d'abord.

Martine, qui habite près de Toulouse, a décidé il y a deux ans de retirer sa fille de son collège pour lui « épargner l'éternelle pression scolaire ». « Aujourd'hui, le milieu scolaire est une jungle. La violence touche même les établissements dits préservés. Les élèves sont écrasés par la surcharge horaire, les profs focalisés sur les notes plutôt que sur le plaisir d'apprendre », déplore la maman. Elle a choisi d'inscrire Amélie au Cned. « Les cours sont très bien faits [nous reviendrons sur les a priori philosophiques très laïques et très « modernes » de ces cours conformes], structurés clairement pour les parents, estime l'ancienne infirmière. Les enseignants poussent l'élève à la réussite en rédigeant des commentaires toujours encourageants. »
Rappelons que, à la suite d'une énième commission parlementaire française sur les sectes et d'une descente médiatique de ces parlementaires dans les locaux d’une petite secte néojudaïque, le gouvernement Villepin a interdit – pour toutes les familles de France – en février dernier le rassemblement de plus de 2 familles pour l'école à domicile. Imaginez les enfants de cette secte ne connaissaient pas « Zinedine Zidane », « ils étaient coupés du monde » ! Pourtant, cette secte faisait bien l’objet d’inspections tatillonnes d’inspecteurs de l’Éducation nationale et, sur le plan scolaire, les enfants ne présentaient pas de difficultés. En fait, selon les experts interrogés par les commissaires parlementaires (à la 4e minute de la vidéo), les enfants « des sectes » sont des enfants parfaits pour l'Éducation nationale : disciplinés et travailleurs.

C’est la « socialisation » et l’adoption de valeurs modernes qui semblaient faire défaut pour le président de cette commission, le député UMP Fenech. On reconnaît l’astuce habituelle pour imposer la mainmise et un contrôle croissant de l’État sur l’immense majorité des parents : trouver quelques exceptions « folkloriques », les médiatiser, les déclarer dangereuses et puis passer un nouveau texte de loi qui limite une fois de plus la liberté de tous les autres parents.