« [L]es 6-16 ans seraient aujourd'hui entre 30 000 et 40 000, d'après les estimations des associations, à apprendre loin des bancs de l'école. Habitant pour la plupart en région parisienne, ces élèves déscolarisés résident aussi en grande partie dans le sud-est de la France. Parmi ces jeunes hors norme, environ 20 000 suivent les cours du Cned, organisme d'enseignement par correspondance de l'Éducation nationale. Quelque 7 000 lui préfèrent généralement les cours d'écoles privées, dont une petite dizaine est reconnue par l'État. Mais, pour environ 3 000 enfants, les parents choisissent carrément d'établir eux-mêmes le contenu et les méthodes d'enseignement.Rappelons que, à la suite d'une énième commission parlementaire française sur les sectes et d'une descente médiatique de ces parlementaires dans les locaux d’une petite secte néojudaïque, le gouvernement Villepin a interdit – pour toutes les familles de France – en février dernier le rassemblement de plus de 2 familles pour l'école à domicile. Imaginez les enfants de cette secte ne connaissaient pas « Zinedine Zidane », « ils étaient coupés du monde » ! Pourtant, cette secte faisait bien l’objet d’inspections tatillonnes d’inspecteurs de l’Éducation nationale et, sur le plan scolaire, les enfants ne présentaient pas de difficultés. En fait, selon les experts interrogés par les commissaires parlementaires (à la 4e minute de la vidéo), les enfants « des sectes » sont des enfants parfaits pour l'Éducation nationale : disciplinés et travailleurs.
Dans certaines limites. Si elle est autorisée [!], l'instruction en famille est soigneusement [entendre scrupuleusement] encadrée par la législation. D'après un texte de 1998, les familles qui souhaitent scolariser leur enfant à domicile doivent effectuer une déclaration à la mairie et à l'inspection d'académie à chaque rentrée des classes. Après enquête d'une assistante sociale, un inspecteur d'académie se rend au domicile de la famille pour vérifier que le niveau d'instruction est conforme aux exigences de l'Éducation nationale.
Les raisons de ce choix parental sont aussi nombreuses que les familles concernées. Beaucoup de parents, en désaccord avec la pédagogie, préfèrent aménager des solutions plus individualisées. Quand ils ne sont pas amenés à cette solution par les circonstances. «Face à la phobie scolaire, à l'échec, certains optent pour cette solution de la dernière chance», explique-t-on à l'association Les Enfants d'abord.
Martine, qui habite près de Toulouse, a décidé il y a deux ans de retirer sa fille de son collège pour lui « épargner l'éternelle pression scolaire ». « Aujourd'hui, le milieu scolaire est une jungle. La violence touche même les établissements dits préservés. Les élèves sont écrasés par la surcharge horaire, les profs focalisés sur les notes plutôt que sur le plaisir d'apprendre », déplore la maman. Elle a choisi d'inscrire Amélie au Cned. « Les cours sont très bien faits [nous reviendrons sur les a priori philosophiques très laïques et très « modernes » de ces cours conformes], structurés clairement pour les parents, estime l'ancienne infirmière. Les enseignants poussent l'élève à la réussite en rédigeant des commentaires toujours encourageants. »
C’est la « socialisation » et l’adoption de valeurs modernes qui semblaient faire défaut pour le président de cette commission, le député UMP Fenech. On reconnaît l’astuce habituelle pour imposer la mainmise et un contrôle croissant de l’État sur l’immense majorité des parents : trouver quelques exceptions « folkloriques », les médiatiser, les déclarer dangereuses et puis passer un nouveau texte de loi qui limite une fois de plus la liberté de tous les autres parents.
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